Chapitre 3 - La vérité


Lorsqu'il se réveilla le lendemain matin avec Jeongin recroquevillé contre lui, Minho s'étira en bâillant et ôta le linge plus si humide que ça qui était resté sur son front toute la nuit. Il ouvrit ensuite les yeux et sursauta lorsqu'il s'aperçut que Hyunjin les observait depuis une chaise placée dans un coin de la pièce. Celui-ci s'excusa en souriant avant de se lever et de sortir pour revenir à peine quelques minutes plus tard avec une tasse fumante qu'il tendit au brun.

« C'est pour quoi ? » demanda-t-il, méfiant.

« Le gosse m'a dit que tu avais régulièrement des migraines. J'en avais aussi mais je vais mieux depuis que j'en bois une tasse tous les jours. » expliqua calmement le grand blond.

« Qui me dit que tu n'essayes pas de m'empoisonner ? »

« Je ne tiens pas à me faire tuer par la main de sa Majesté ou par Chan. » grimaça Hyunjin.

Minho lui lança un regard suspicieux mais finit tout de même par boire une gorgée de l'infusion que Hyunjin lui avait servie. A peine l'eut-il avalée qu'il grimaça à cause de son amertume, faisant rire le plus grand qui se remémora sa première gorgée.

« Et tu bois ce truc tous les jours ?! » s'exclama Minho, visiblement dégouté.

« Entre boire ça pendant cinq minutes et avoir envie de me fracasser le crâne toute la journée, le choix est vite fait. »

Le brun réfléchit un instant avant d'hausser les épaules. Après tout, Hyunjin n'avait pas tort. Tant que ça fonctionnait, il pourrait bien passer outre ce goût infect. Il termina donc rapidement sa tasse avant de la poser sur le meuble à côté du lit et de se tourner vers le lit.

« Au fait, le gamin s'appelle Jeongin. » dit-il en posant sa main dans les cheveux de son ami.

« Rassure-moi, vous n'êtes pas en couple ? »

« Tu crois vraiment que j'aurais amené mon amant ici vu les circonstances ? Je ne suis pas fou. »

Hyunjin acquiesça, satisfait avant de se présenter, puisqu'il ne l'avait pas officiellement fait. Minho voulut en fait de même mais le blond lui assura que ça n'était pas la peine, qu'il savait déjà qui il était et surtout, pourquoi il était là.

« Et toi, c'est quoi ton rôle ici ? » demanda Minho.

« Officiellement, je suis le médecin de sa Majesté. »

« Et officieusement ? »

« Tu sauras ça plus tard, retiens juste que je suis médecin et que si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. »

Minho le remercia et le laissa s'en aller. Il se leva et observa pour la première fois attentivement sa chambre. la pierre aux murs était assez sombre, même presque noire, tout comme les différents meubles qui avaient été construits et taillés dans du bois particulièrement foncé. Pourtant, toute cette obscurité était largement contrastée par le linge de lit dont le tissu était d'un blanc éclatant décoré de motifs dorés. Minho devait bien avouer que le tour lui plaisait beaucoup. Il s'approcha des larges et hautes fenêtres cachées par de lourds rideaux de la même couleur que les draps du lit et les ouvrit, baignant la pièce dans la lumière du jour et réveillant Jeongin par la même occasion.

« Hyung... » geignit-il.

« Viens voir ! » s'exclama Minho, tout excité, ignorant royalement ses plaintes.

Jeongin souffla d'agacement mais se leva tout de même pour rejoindre son meilleur ami et, lorsqu'il fut près de la fenêtre, il s'arrêta immédiatement de râler et observa la vue, bouche-bée. Ce qu'il voyait de leur chambre était incroyable pour eux qui n'avait jamais voyagé.

« On voit la mer. » souffla Jeongin, impressionné.

Minho acquiesça vivement, se sentant comme un gosse qu'on emmène en voyage pour la première fois. Mais lorsqu'il se retourna vers son ami pour le regarder, son sourire fana bien vite lorsqu'il vit que celui-ci pleurait silencieusement.

« Innie... » murmura-t-il en passant un bras autour de ses épaules et de poser sa tête contre la sienne.

« Ma petite sœur avait toujours voulu voir la mer. » soupira tristement Jeongin.

« Je sais, Innie. »

Les deux amis restèrent ainsi un long moment avant qu'une jeune femme ne frappe à la porte et n'entre, chargée de deux énormes seaux d'eau chaude. Les deux garçons se précipitèrent pour l'aider, lui faisant peur. S'en rendant compte, Minho arrêta Jeongin et s'adressa à la nouvelle venue.

« Pardon. Nous voulons juste vous aider, ça a l'air lourd. » se justifia Minho.

« Oh je... ça va aller ne vous inquiétez pas. Je vais juste les déposer près de la baignoire dans la salle de bain. »

Minho acquiesça, tout de même mal à l'aise et la laissa faire. Elle revint ensuite près d'eux et les salua avant de s'en aller rapidement. Les deux jeunes hommes se regardèrent un instant, surpris, avant que Minho ne demande à Jeongin d'aller se laver en premier.

« Mais hyung... »

« Vas-y je te dis. »

Jeongin acquiesça et se dépêcha d'aller se laver, laissant Minho seul dans la chambre. Celui-ci alla rechercher la lettre que Chan lui avait remise et la relut attentivement, pour être certain qu'il n'avait loupé aucune information.

« Mon fils,

Si tu lis cette lettre, c'est que je ne suis plus de ce monde.

Il y a des années, lorsque tu n'étais encore qu'un enfant, le Roi en personne est venu ordonner que tu épouses le Prince, son fils. Évidemment, j'ai voulu refuser ! Mais le Roi n'a rien voulu entendre. J'ai tout de même obtenu qu'il te laisse tranquille jusqu'à ma mort. Hélas, ce jour est sûrement arrivé puisque j'écris cette lettre. Je suis sur le front avec l'armée de sa Majesté, et je vois ma mort arriver.

Je suis désolé, mon fils.

Je t'aime. »

Minho ne put s'empêcher de pouffer, de disant que son père était bien ridicule. Il était certain que son père n'était pas mort au combat comme il le prétendait, mais qu'il s'était lâchement sauvé, condamnant par la même occasion son fils. Pourtant, Minho n'était pas si anxieux que ça malgré le sort qui lui était réservé. Il avait l'habitude de satisfaire les autres et s'il pouvait avoir une vie confortable en le faisant, il n'allait certainement pas rechigner. Son regard se perdit à nouveau dans l'horizon lorsque Jeongin revint, propre comme un sous neuf.

« Ils ont laissé des vêtements propres dans la salle de bain. » annonça-t-il au brun qui sursauta.

Minho le remercia d'un signe de tête et se leva, laissant la lettre posée sur le lit, avant de rejoindre la salle de bain. Il fut tout d'abord surpris d'apercevoir deux baignoires mais finit par hausser les épaules avant d'aller verser l'eau chaude du seau dans le grand bain. Lorsque ce fut fait, il ôta le seul sous-vêtement qu'il lui restait de la nuit et se glissa dans l'eau, soupirant de bien-être quand il fut installé. Il commença par se savonner le corps et les cheveux avant de laisser sa tête reposer contre le bord de la baignoire et ferma les yeux pour se reposer encore un instant. Pourtant, après quelques secondes, il rouvrit brusquement les yeux pour se redresser, les sourcils froncés. Quelque chose venait de le frapper. S'il avait bien entendu parler du Roi qu'il savait froid et autoritaire, il n'avait jamais rien entendu a proposé du Prince. Bien sûr, il savait qu'il existait, mais il ne savait rien à son propos. Rien à propos de son caractère, ni de son physique, et encore moins de ce qu'il avait accompli et cela semblait étrange au brun. Il se hâta alors de sortir de son bain pour se sécher et s'habiller. Il enfila un pantalon noir relativement près du corps ainsi qu'une chemise de satin blanc qu'il laissa, comme d'habitude, ouverte sur la moitié supérieure avant de revenir dans la chambre, là où Jeongin discutait nerveusement avec Chan.

« Bonjour. » le salua le commandant. « Comment tu te sens ? »

« Mieux, merci. La crasse de Hyunjin a fonctionné, visiblement. »

Chan lui adressa un sourire amusé avant de vivement acquiescer, lui assurant qu'il voyait bien de quoi il parlait, ayant lui-même goûté au remède du médecin. Il annonça ensuite à Minho que le Roi souhaitait le rencontrer dans les jardins et que la jeune servante qui était venue leur apporter l'eau chaude l'y conduirait.

« Et Jeongin ? Il peut venir avec moi ? »

« Sa Majesté est au courant de sa présence et il la tolère puisque tu l'as demandé mais... il serait mieux qu'il se fasse discret quelques temps. En revanche, tu peux m'accompagner à l'écurie si tu le souhaites. J'ai un jour de repos aujourd'hui, je peux te faire visiter. » proposa-t-il au plus jeune qui acquiesça vivement.

Chan lui sourit franchement et lui fit signe de la suivre avant de souhaiter bonne chance à Minho qui soupira. A peine furent-ils partis que la jeune femme réapparut, se penchant pour saluer le brun qui en fit de même, à la grande surprise de la petite blonde.

« Vous... pourquoi vous vous abaissez ? » demanda-t-elle.

« Vous l'avez fait aussi... » répondit Minho, tout aussi perdu.

« Mais c'est parce que je suis à votre service ! » s'amusa cette fois la jeune femme alors que Minho fronçait les sourcils.

« Oh mais... je ne veux pas que vous me saluiez de la sorte ! Je parie qu'on a le même âge en plus ! »

« Peut-être, mais... »

« S'il vous plaît. » supplia Minho avec une moue de bébé.

« Si vous le souhaitez... je m'appelle Chaeyoung. »

« Enchanté, Chaeyoung ! » s'exclama Minho, tout de suite plus heureux.

La jeune femme secoua la tête en riant avant de lui faire signe de la suivre. Le brun acquiesça et la suivit à travers les couloirs du château. Grâce au temps clair et ensoleillé, les lieux étaient baignés de la lumière naturelle du jour et donnait au palais un aspect particulièrement chaleureux que Minho appréciait beaucoup. Ils arrivèrent tout de même rapidement aux jardins et plus précisément à un kiosque sous lequel le roi observait des roses blanches. Chaeyoung s'annonça, ainsi que Minho et salua respectueusement l'homme avant de s'éclipser, les laissant seuls. Lorsque le Roi se retourna vers le brun, celui-ci hocha simplement la tête pour le saluer, surprenant le vieil homme qui haussa les sourcils avant de se reprendre.

« Eh bien Lee Minho, tu es aussi mal élevé que ton père ! » s'exclama-t-il, sans pour autant se mettre en colère.

« Les chiens ne font pas des chats. »

« Et tu as son répondant aussi. J'espère que tu n'as pas hérité de sa lâcheté. »

« Je suis là, ça répond à votre question. »

Le Roi fixa Minho un moment avant de laisser tomber quand il s'aperçut que le brun ne comptait pas baisser le regard, se disant que ce sale gamin allait certainement lui taper sur les nerfs. Il dit ensuite signe à Minho de le suivre et tous deux se mirent à se promener dans les jardins du palais pour discuter.

« Vous avez lu la lettre que vous a remis mon commandant. »

« Effectivement. »

« Il m'a dit que vous n'aviez pas l'air surpris. »

« Pas vraiment. »

« Vous avez des questions ? »

« A vrai dire, j'en ai bien une, oui. »

« Posez-la, je vous en prie.

« Mon père est-il vraiment mort ? »

Le Roi ne répondit pas tout de suite, ce qui attira l'attention de Minho. Celui-ci s'arrêta, forçant le souverain à en faire de même.

« Non. Non il ne l'est pas. » dit-il enfin.

« Alors pourquoi je suis là ? »

« Votre père vous a menti dans sa lettre. Non seulement il n'est pas mort, mais vous n'êtes pas promis à mon... au... au Prince depuis centre enfance. Non. Votre père a été lâche au combat, il a risqué la vie du bras droit de mon commandant, et lorsque nous l'avons attrapé, il a passé un accord avec moi. Sa liberté contre la vôtre. »

Minho fixa à nouveau l'homme qui n'hésita pas à soutenir son regard pour lui prouver qu'il disait la vérité. La question que posa ensuite le brun réussit tout de même à le déstabiliser.

« Et comment va-t-il ? Le bras droit du commandant. »

« C'est tout ce qui vous intéresse ? »

« Oui. » affirma Minho, sûr de lui.

« Il a été mis à la retraite. Il a été gravement blessé à la jambe et il n'est plus capable de se déplacer correctement. »

Le jeune homme acquiesça lentement, gardant dans un coin de sa tête l'idée d'aller voir le blessé plus tard.

« Et à propos du Prince... » continua-t-il avant d'être interrompu par le Roi.

« Eh bien, même si ce mariage arrangé me soulage particulièrement, je dois vous avouer que je suis désolé pour vous, Minho. Mon... ce garçon n'a absolument rien pour lui. Il n'a pas du tout un physique gracieux, il n'a aucun talent, aucune prestance et pour couronner le tout, il n'est pas de sang pur... un vrai bâtard. »de lamenta le vieil homme.

Minho, qui s'était remis à marcher au côté du Roi, tourna vivement la tête vers lui, choqué des propos qu'il tenait lorsqu'il parlait de son fils.

« Comment pouvez-vous parler de lui de cette façon ? C'est votre fils tout de même ! » s'indigna-t-il.

« Dit celui qui a été vendu par son père. » ricana le Monarque.

Minho serra les dents mais ne peut pas la peine de lui répondre afin de ne pas être encore plus impoli qu'il ne l'était déjà. Il détourna alors le regard, préférant s'attarder sur ce qu'il se passait autour de lui.

« Et puis, » continua le plus vieux. « Je n'ai jamais voulu de cet avorton. Sa mère m'a fait un enfant dans le dos ! »

« Ah bon ? Dans le dos, carrément ? Elle n'a pourtant pas pu le faire seule ! Car après tout, il a tout de même de votre sang il me semble. »

Ce fut au Roi d'être choqué par l'audace dont faisait preuve Minho. Il en venait presque à regretter d'avoir accepté la proposition de Lee Chin-Hae. Il finit bien vite par congédier Minho, lassé de son comportement et retourna seul au château. Le brun, plutôt fier de lui, continua de se promener dans les jardins, admirant les nombreuses fleurs présentes ainsi que les oiseaux qui virevolteraient un peu partout. Il finit par arriver aux abords d'un étang près duquel se étaient installés deux jeunes hommes qui semblaient être occupés à étudier, ou en tout cas à lire un livre énorme. Celui qui semblait être l'élève était un petit brun chétif au visage ressemblant à celui d'un petit écureuil mais somme toute harmonieux tandis que l'autre avait les cheveux d'un blond presque blanc et semblait plus grand et plus musclé. Minho resta quelques secondes à l'écart et lorsqu'il se décida a s'approcher d'eux, la voix de Jeongin retentit dans son dos, attirant non seulement son attention mais également celle des deux autres.

« Eh hyung ! Ça s'est bien passé ? »

« Je... je ne suis pas sûr. » admit Minho. « Mais je me suis fait un plaisir sur lui casser les pieds. »

« Tu as osé ?! » s'exclama le plus jeune.

Minho haussa les épaules avant de demander à Jeongin s'il savait où se trouvait Chan car il avait quelque chose à lui demander. Le noiraud lui indiqua que le commandant se trouvait toujours à l'écurie.

« Merci Innie. Je te laisse. »

Jeongin resta alors planté là, et remarqua seulement à ce moment la présence des deux inconnus. Il se mit alors à jouer avec ses doigts, ne sachant que faire jusqu'à ce que le blond lui sourie et lui fasse signe de s'approcher tandis que le brun se mettait visiblement à paniquer.

Lorsque Minho atteignit les écuries après s'être perdu plusieurs fois dans les différentes cours et allées du palais, il s'approcha de Chan à grandes enjambées pour venir se planter devant lui.

« Alors ? » demanda le commandant, surpris.

« Alors ? Tu m'as menti, Hyung ! Tu sais aussi bien que moi que mon père n'est pas mort et qu'il m'a donné au Roi pour garder sa liberté ! »

« Je ne pensais pas que tu oserais lui poser la question. » marmonna Chan en continuant de s'occuper de son cheval.

« Et qu'est-ce que ça change ça ? Tu aurais dû être honnête. Je ne suis pas en sucre, je peux encaisser les choses, tu sais. »

« Je vois ça... »

« Bon et maintenant, ton bras droit ? Qu'est-ce qu'il a ? »

« Il est blessé à la jambe. » soupira Chan. « Le Roi te l'a sûrement dit aussi, non ? »

« Oui, mais il ne pas m'a dit comment vous l'avez soigné. »

« Avec un onguent. Hyunjin s'en est occupé. » répondit le commandant, agacé.

« C'est ça votre problème, à vous les riches. Vous ne jurez que par des onguents et des tisanes et autres stupides infusions alors que parfois, le problème est plus profond que ça. » lui reprocha Minho.

Chan lui jeta un regard meurtrier. Avec l'accord du Roi, il avait fait venir les meilleurs soigneurs du pays ainsi que des pays voisins mais personne n'avait jamais rien pu faire pour Changbin alors comment un simple garçon de joie pourrait faire quoi que ce soit.

« Laisse-moi regarder à sa jambe, s'il te plaît. » demanda calmement Minho, se rendant bien compte qu'il venait de vexer le plus vieux.

« Non. Laisse-le tranquille. De toute façon il ne veut voir personne. Même pas moi... »

Le commandant avait prononcé cette dernière fois dans un murmure triste que Minho saisit parfaitement bien.

« Ce n'est pas simplement ton bras droit, hein ? »

« Non... »

« Allez, hyung. Laisse-moi y jeter un œil et si je ne sais pas l'aider, promis, je vous laisse tranquille. » promit Minho, de bonne foi.

Chan voulut à nouveaurefuser mais il soupira de découragement et finit par acquiescer, donnant sonaccord à Minho, lui promettant d'aller voir Chang

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