Chapitre 1 : La lettre
« Minho hyung ! Hyung, réveille-toi ! »
Le dénommé Minho grogna mais s'étirait tout de même comme un chat, signe qu'il était bel et bien réveillé. Pourtant, Jeongin, son meilleur ami, ne cessait de le secouer pour le tirer des bras de Morphée, énervant le brun qui finit par lui asséner un coup de coussin qui fit couiner de surprise le plus jeune. Il lança un regard noir à celui qu'il considérait comme son grand frère et s'éloigne quelques secondes. En entendant le bruit de ses pas s'éloigner, Minho sourit de contentement avant de crier lorsqu'il senti de l'eau froid éclabousser son beau visage. Il se leva alors en sursaut et dévisagea Jeongin avant de soupirer et d'enfin répondre, agacé.
« Quoi ? » demanda-t-il un peu brusquement.
« La garde du roi est devant la porte d'entrée, le commandant veut te voir. » expliqua tant bien que mal le noiraud, paniqué.
« Le... le commandant ?! » s'étouffa Minho.
Le jeune homme se leva dans la précipitation et, malgré l'habitude, Jeongin se retourna en s'apercevant que son ami était complètement nu. Minho enfila rapidement une robe de chambre ainsi que des chaussons et se hâta de descendre ouvrit au commandant de la garde royale. Il papillonna des yeux, éblouit à cause de la lumière du soleil qui contrastait avec l'obscurité de la petite maison qu'il occupait avec son meilleur ami. Lorsqu'il se fit à la clarté du jour, il leva le regard pour soutenir celui du commandant - toujours sur son cheval - qui le salua d'un signe de tête avant de lui tendre ce qui ressemblait à une lettre. Minho fronça les sourcils mais tendit la main pour s'en saisir avant de l'ouvrir d'une main légèrement tremblante. Jeongin voulut le rejoindre mais l'homme essaya de l'en empêcher.
« Je n'ai rien à lui cacher, laissez-le tranquille. » gronda Minho, pas du tout impressionné par qui que ce soit.
Le commandant hocha une nouvelle fois et le brun leva les yeux au ciel, se disant que le commandant n'était définitivement pas quelqu'un de perspicace. Peu importe. Il se mit alors à lire le contenu de la lettre, Jeongin faisant de même par dessus son épaule. Au fur et à mesure de sa lecture, Minho afficha un sourire particulièrement mesquin, ce qui surprit l'homme à cheval qui connaissait le contenu de la lettre. Il aurait compris qu'il puisse pleurer, sembler triste ou en colère mais sourire ? Il ne s'y était définitivement pas attendu. Lorsque le brun eut terminé sa lecture, il plia la lettre pour la glisser dans la poche de sa robe de chambre avant de s'adresser à nouveau au commandant.
« J'ai au moins le temps de rassembler mes affaires ? » demanda-t-il sur un ton calme.
« Bien sûr. Nous vous attendons. » affirma le commandant.
Minho acquiesça avant de regarder le cocher qui s'occupait de guider la seule calèche qui accompagnait le commandant et se retourna pour entrer de nouveau chez lui, suivit de près par Jeongin qui n'attendit pas pour lui poser des questions.
« Hyung ! Tu ne vas quand même pas y aller ?! »
« Tu as lu la lettre comme moi, Jeongin. Je n'ai pas le choix. » répondit Minho et commençant à fourrer quelques affaires auxquelles il tenait particulièrement dans une sacoche.
« Mais... et moi ? » souffla tristement le plus jeune.
Minho se retourna vers lui et le regarda bizarrement, comme si son ami avait posé la question la plus ridicule du monde. Après tout, la réponse lui semblait évidente mais vu l'air affreusement triste qu'affichait Jeongin, il se rendit compte que ça ne l'était pas du tout pour lui. Alors, le brun s'approcha de lui et le serra dans ses bras tout en lui caressant les cheveux avec douceur.
« Tu viens avec moi. Tu ne crois quand même pas que je te laisserais ici tout seul ? » dit-il en s'écartant légèrement du noiraud.
« Ils ne voudront jamais. »
« Comme si j'allais leur laisser le choix. »
Voyant que Jeongin ne se bougeait pas, Minho se chargea lui-même d'empaqueter les affaires de son meilleur ami, faisant tout de même sourire celui-ci. Lorsque ce fut fait, l'aîné sourit, satisfait avant de se diriger vers la porte de sa chambre. Il fut arrêté par la voix moqueuse de Jeongin.
« Hyung... tu ne crois pas que tu devrais t'habiller, d'abord ? »
Minho baissa la tête pour s'apercevoir qu'il était toujours dans sa robe de chambre. Il pinça ses lèvres avant d'acquiescer. Il déposa sa sacoche au sol avant d'ôter sa robe de chambre, obligeant Jeongin à détourner une nouvelle fois le regard. Minho enfila donc des sous-vêtements ainsi qu'un pantalon en cuir noir, d'une chemise en flanelle qu'il boutonna uniquement jusqu'à la base inférieure de son torse, ainsi que des chaussures assorties. Il passa rapidement devant le miroir pour tenter de se recoiffer avant de revenir vers Jeongin, de prendre sa sacoche et de lui faire signe de le suivre. Ensemble, ils se présentèrent à nouveau devant le commandant qui haussa les sourcils.
« Il vient avec moi. » annonça nonchalamment Minho.
« Je vous demande pardon ? »
« Il est hors de question que je laisse mon petit frère tout seul. Alors si vous voulez que je vous suive sans faire d'histoire, il vient avec. »
« Et croyez-moi, vous n'avez pas envie qu'il en fasse, des histoires... » marmonna Jeongin en levant les yeux au ciel.
Le commandant secoua la tête avec un sourire amusé, surprenant les deux amis qui échangèrent un coup d'œil.
« C'est d'accord, montez tous les deux. » leur demanda-t-il d'une voix calme.
« Alors là, même pas en rêve. Vous m'avez pris pour une gonzesse ou quoi ? » râla le jeune homme. « C'est à cheval au rien du tout. »
Le commandant ouvrit cette fois de grands yeux avant de regarder le cocher d'un air déjà lassé. Il se tourna ensuite vers Minho, lui expliquant que ne possédant que son cheval en plus des deux qui tiraient la calèche, il ne serait définitivement pas possible que lui et Jeongin montent à cheval.
« Je ne monte pas à cheval, la calèche m'ira très bien. » avoua timidement Jeongin.
« C'est déjà une chose de réglée, merci. Quant à vous, je ne peux que vous proposer de monter derrière moi mais... » hésita le commandant.
« C'est parfait ! » s'exclama Minho en refilant sa sacoche à Jeongin.
Pendant que le noiraud le regardait faire avec un rictus, sachant parfaitement ce que son meilleur ami comptait faire, Minho s'approcha du commandant et, en s'accrochant à son bras, se hissa agilement sur son cheval, juste derrière lui. Le blond vacilla à peine, juste un peu surpris par le comportement du jeune homme mais ne fit aucun commentaire. Jeongin monta enfin dans la calèche et le petit groupe se mit en route, d'abord dans le silence, que Minho brisa une fois qu'ils furent hors de la ville.
« Je m'appelle Minho. »
« Je sais. » répondit le commandant, amusé par l'extravagance du jeune homme.
« Et vous, c'est quoi votre petit nom ? Et interdiction de me répondre « commandant » sinon, je vous fais tomber et je vous laisse là. » prévint-il.
« Chan. » répondit le commandant en levant les yeux au ciel.
« Enchanté ! On peut se tutoyer ? »
Chan ne répondit pas tout de suite, fronçant simplement les sourcils. Comment ce type pouvait être si familier avec lui alors qu'ils ne se connaissaient pas, et en plus dans une situation pareille ! Pourtant, il se força à se détendre et répondit par l'affirmative, ce qui ravit Minho qui afficha un sourire éclatant. Le silence retomba de longues minutes avant d'être rompu par Chan cette fois-ci.
« Tu as l'air bien insouciant pour quelqu'un qui vient de recevoir une telle nouvelle. »
« Je peux te poser une question ? »
« Je t'écoute. » soupira Chan, s'attendant déjà au pire.
« Tu es le commandant de la garde royale mais tu te charges aussi de l'armée, hein ? »
Le blond acquiesça, soudainement plus méfiant. Minho se replaça correctement sur le beau cheval blanc du commandant avant de continuer.
« Mon père, est-il réellement mort ? » demanda-t-il de but en blanc.
Surpris, Chan arrêta brusquement sa monture, le regard dans le vague. Il ne s'était définitivement pas attendu à ce que Minho pose une telle question. Du moins, pas aussi rapidement. Il se reprit lorsqu'il sentit la main du brun se poser sur son épaule et serra légèrement les jambes pour remettre son cheval au pas.
« Dis-moi la vérité s'il te plaît. »
« Je... je n'en sais rien, Minho. Le roi m'a dit qu'il l'était mais... »
« Mais tu n'y crois pas. » termina Minho.
« Pas vraiment. » avoua Chan, un peu gêné.
« Moi non plus. Mon père est bien trop lâche que pour mourir au combat. »
A nouveau, le commandant ne répondit rien, son regard étant attiré par Jeongin qui regardait par la fenêtre, admiratif du paysage qu'il avait enfin le loisir d'observer.
« Pourquoi tu as menti à propos de lui ? » demanda le blond sans parler trop fort. « Il n'a jamais été question que Lee Chin-Hae ait deux fils. »
« Jeongin n'est pas mon frère, c'est vrai. Mais je l'ai recueilli quand il n'avait encore que quinze ans et que ses parents venaient de se faire tuer par je ne sais qui. C'est mon meilleur ami et mon protégé, je ne me voyais pas me laisser tout seul. En plus, il a peur de tout, et il ne sait quasiment rien faire à part m'embêter. »
« Sympa, pour un meilleur ami. »
« Chan, Jeongin est mon meilleur ami, mais je suis honnête. Ses parents étaient de pauvres paysans qui n'avaient pas les moyens de l'envoyer à l'école. Il ne sait ni lire, ni écrire. Par contre, il sait y faire avec les animaux. »
« Sauf les chevaux. » dit Chan, de rappelant que le noiraud avait l'air mal à l'aise un peu plus tôt.
« Oh non, surtout avec les chevaux ! Il a juste peur de monter dessus. »
Chan émit un grognement étonné avant de se taire pour de bon jusqu'à la nuit tombée où ils s'arrêtèrent dans une auberge. A la grande surprise du commandant, lorsque Minho s'aperçût de quel endroit il s'agissait, celui-ci devint particulièrement nerveux et se mit à regarder le sol comme si c'était la plus belle chose qu'il n'avait jamais vu de sa vie. Pourtant, en arrivant devant le propriétaire des lieux, le blond comprit bien vite que Minho et l'homme s'étaient connus et ne s'étaient pas quittés en très bons termes.
« Lee Minho. Tu es venu me rembourser en nature ce que tu me dois ? » railla l'homme à l'allure dégoûtante.
« Si vous posez une main sur lui, vous aurez des comptes à rendre au roi. » menaça Chan en posant une dague sur le comptoir qui le séparait de l'odieux personnage.
« Oh, tu vas devenir la catin du vieux pouilleux ? Tu es monté en grade dis-moi. »
Minho leva brusquement les yeux vers Chan juste à temps pour le voir planter la lame de la dague dans la gorge de l'homme pour outrage au roi. Jeongin laissa échapper un petit cri, apeuré par ce qu'il venait de voir, se cachant derrière Minho qui lui attrapa la main pour la serrer discrètement dans la sienne. Puis, comme si c'était la chose la plus normale du monde, Chan essuya la lame avec un tissu d'un blanc immaculé avant de la ranger. Il se pencha pour prendre deux clés, correspondant chacune à une chambre et fit signe aux autres de le suivre. Le noiraud essaya de retenir Minho mais celui-ci l'encouragea d'un regard et ils emboîtèrent le pas au plus vieux, suivis par le cocher. Ils arrivèrent finalement devant les deux chambres choisies par le commandant qui tandis une clé à son compère qui le remercia d'un signe de tête.
« Minho, tu passes la nuit avec moi. Jeongin, avec Seungmin. »
« Pas question que je laisse Jeongin sans protection ! » s'enflamma Minho.
« Qui a dit qu'il était sans protection ? » sourit Seungmin en dévoilant qu'il était lui aussi armé.
Le brun sembla hésiter un instant mais finit par capituler en voyant l'air sévère de Chan. Il prit Jeongin dans ses bras et l'embrassa sur la joue, lui assurant qu'au moindre problème, il accourrait sans hésiter. Le noiraud ne parut pas convaincu mais finit tout de même par accepter, lui-même impressionné par le commandant. C'est ainsi qu'il suivit Seungmin dans la chambre se trouvant face à celle dans laquelle entrèrent les deux plus vieux.
« Désolé d'avoir eu à faire ça devant vous. Mais ce n'est pas la première fois que ce type manque de respect au roi. »
« Pourquoi être venus ici alors ? » demanda Minho, sur les nerfs.
« Parce qu'il doit de l'argent à sa majesté. Je devais récupérer son dû. »
« Et tu vas faire comment maintenant qu'il est mort ? »
« Je vais simplement avertir sa fille. »
« Pardon ?! Ce gros dégueulasse à une fille ?! » s'étouffa presque le brun.
« Ouais... la pauvre, elle va être contente d'être débarrassée de lui. Elle va pouvoir faire de ce taudis une auberge digne de ce nom. »
« Tu vas lui laisser l'argent ? »
« Oui. Je rembourserai moi-même sa dette. » expliqua Chan comme si c'était normal.
« Mais pourquoi ? Tu l'aimes ou quoi ? » se moqua Minho.
« Non, mais c'est mon amie. On a grandi ensemble avant que je ne rejoigne la garde royale. »
Minho acquiesça, signe qu'il avait compris et s'il trouvait la réaction du commandant absolument admirable, il n'allait certainement pas l'avouer. De toute façon, il n'aurait pas eu le temps de le faire car le blond sortit de la chambre, annonçant qu'il allait demander qu'on leur apporte de l'eau chaude pour qu'ils puissent se laver au moins un minium. Le brun acquiesça et le laissa partir, attendant patiemment son retour. Pendant ce temps, il fit le tour de la chambre à la décoration rustique pour s'arrêter devant la fenêtre pour scruter l'extérieur un long moment. Perdu dans sa contemplation, il n'entendit pas Chan revenir dans la pièce et lorsque le commandant posa une main sur son épaule, il se retourna brusquement, empoignant le bras de Chan pour le retourner dans son dos, surprenant le blond. Minho souffla, le lâchant bien vite.
« Désolé. » s'excusa le brun en s'écartant.
« Eh bien, si je m'attendais à ce que tu saches te défendre... » marmonna Chan en se massant le bras.
« Mon père me laissait souvent seul quand j'étais gosse. Puis avec mon travail, j'ai bien dû apprendre à me défendre tout seul. »
« C'est-à-dire ? » osa demander le commandant.
« Tu as entendu l'autre connard... j'imagine que tu as compris... » dit sombrement Minho.
Chan lui lança un regard sincèrement désolé auquel le brun répondit d'un haussement d'épaules. Il remarqua ensuite que le commandant avait lui-même apporté l'eau chaude et il en profita pour immédiatement se déshabiller, ne prêtant pas attention au regard surpris du plus vieux. Il se lava rapidement, avant d'enfiler une chemise blanche bien trop large pour lui qui descendait jusqu'à la mi-cuisse. Il fit ensuite face à Chan qui le regardait toujours, bouche-bée.
« Bah alors, t'as vu un fantôme ? » demanda innocemment Minho.
« Non mais t'es fou ?! Tu te balades souvent nu devant les gens ? »
« C'était mon job en même temps. » rit le brun, pas du tout dérangé par le regard de Chan.
« Ne fais pas ça au château, tu vas te faire jeter aux fers. »
« Je m'en souviendrai, merci hyung. » sourit Minho avant de se glisser dans le lit.
Chan leva les yeux au ciel et se hâta de se laver également, bien plus stressé que Minho à l'idée qu'on le voit dans son plus simple appareil. Il enfila également ses vêtements de nuit et se posa sur le sol, le dos contre le mur et non loin du lit.
« Qu'est-ce que tu fais ? Tu ne vas quand même pas dormir par terre ? »
« Je ne compte pas dormir avec toi. Je suis là pour te ramener en entier au palais. Rien d'autre. »
« Je ne compte pas coucher avec toi, sale rabat-joie. Je veux seulement que tu passes une bonne nuit et que tu te reposes. Allez, amène-toi. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top