Chapitre 51 (TW)
Trigger warning : Mises à morts.
Replongeant des années auparavant, Jisung se revit jeune enfant. Cette époque où ses mèches bleues attiraient les regards interloqués, où ses yeux turquoise surprenaient plus d'un passant, où sa peau glace faisait froncer les sourcils de l'ensemble des paysans.
Sa modeste famille vivait sur les terres émergées d'Aral, entretenant une culture de fruits de mer de tout type. Leur maison était un minuscule cabanon composé d'une unique pièce d'une vingtaine de mètres carrés qu'ils partageaient tous les sept. Effectivement, Jisung vivait avec ses parents, son grand frère, sa grand-mère paternelle et ses deux grands-parents maternels.
Entassé dans une baraque aux planches moisies, le quotidien n'était pas radieux. Nourrir toutes les bouches de la famille Han était un véritable casse-tête, alors envoyer Jisung et son frère à l'école étaient impossibles. Jamais ils ne reçurent une éducation autre que celle de leurs parents et grands-parents, une instruction bien trop stricte pour un petit garçon comme Jisung qui rêvait de liberté.
« - Cache-moi ça ! »
C'était la même chose à chaque fois que les maigres flocons de neige entouraient le corps de l'enfant. Le regard sombre de son père forçait le petit à canaliser difficilement ses pouvoirs tandis que la voix stridente de sa mère l'obligeait à les mettre sous silence.
« - Tes pouvoirs sont une malédiction. »
Les mots de son grand-père étaient toujours tranchants, blessants, rabaissants. La moindre démonstration de magie de la part de Jisung était source de coups, le moindre abaissement de température finissait toujours avec ses mains plongées dans de l'eau bouillante le faisant hurler à s'en briser la voix.
A peine âgé de cinq années et la méchanceté de la vie lui montrait bien qu'il n'était pas le bienvenue dans ce monde. Fardeau familial, le principal nourrit était toujours son frère. Jisung était pourtant plus jeune, plus frêle mais il était un poids que les Han ne voulaient pas protéger bien qu'il le cachait dans leur cabanon.
Les rares sorties du petit se faisaient lors de la récolte, au crépuscule ou à l'aube, soit lorsque personne ne pouvait le voir lui et son physique atypique. Du moins, cela était ce que pensait la famille du petit Jisung mais ce dernier avait rapidement trouvé des parades pour s'aventurer loin du foyer. Même enchaîné, l'enfant avait toujours soif de liberté.
Hélas, ses balades dans les rues de son village n'étaient pas bien vues. Les paysans et autres éleveurs le dévisageaient avec ses mèches océaniques, les femmes le pointaient du doigt en chuchotant à voix basse sur ses iris similaire à l'arctique et les enfants le fuyaient comme la peste après que leurs parents leurs eurent ordonnés de ne pas approcher de cet étrange garçon.
Seul, rejeté, abominé, Jisung avait à peine sept ans lorsqu'il réalisa que la planète ne souhaitait pas de lui, lorsqu'il sut que son existence n'avait pas de sens et qu'il valait mieux qu'il disparaisse de ce monde. Ce fut avec le pas traînant qu'il était rentré au foyer familial, un soir d'hiver après une énième fugue. Se préparant à sa punition journalière, il observa les brûlures sur ses mains qui ne cicatrisaient plus.
Soupir, ses pas traînaient dans le manteau de neige qui craquait sous ses pas. Il observa ce joli spectacle, souriant faiblement en s'accroupissant avant de prendre dans ses paumes un morceau d'hiver.
Pourquoi n'avait-il pas le droit d'utiliser ses pouvoirs ? Pourquoi était-ce si tabou dans son village ? Pourtant le fils du duc avait le droit de montrer à tout le monde sa capacité à créer des bulles d'eau. Alors, pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-il pas déclencher des tempêtes de neiges ? Pourquoi n'avait-il pas le droit de créer d'immenses structures de glaces ? Pourquoi tout le monde l'enchaînait ?
« - Je veux m'exprimer... »
Quelque chose se diffusa en lui, un courant glacial qui le fit frissonner de satisfaction. Son regard blanchit, devenant d'une teinte limite translucide comme l'eau des pôles. Ses doigts le picotèrent, son corps fut pris de soubresauts congelés alors que les nuages se mirent à pleurer des larmes de glace. Les flocons dégringolèrent du ciel, premièrement dans un rythme lent et paisible mais l'euphorie envahit l'enfant.
Avide, il laissa sa magie le dominer. La petite chute de neige gagna en puissance, en dangerosité puisqu'elle se transforma en blizzard. Le vent se leva, les flocons devinrent des petits carrés de glaces qui chutèrent bien trop vite causant moults dégâts au village voisin.
Mais Jisung s'en fichait. Il courait simplement, les bras écartés, le visage souriant de bonheur en sentant ce sentiment de liberté l'envahir. Sept ans d'emprisonnement qui volèrent en éclat, une existence de restriction qui fut soufflée par le blizzard glaçant.
« - Laissez-moi m'exprimer ! »
Caprice d'enfant, le petit Han se mit à arpenter le chemin en hurlant. Il oublia sa punition, il ignora ses brûlures, il ne pensa pas aux regards néfastes de sa famille lorsqu'ils découvriront son acte. Non, il arrêta de s'enfermer, il voulait se libérer.
Hélas, son acte fut plus que destructeur. Ce ne fut pas ce même soir où les conséquences de sa folie s'abattirent sur lui, non, cela arriva bien plus tard. Après quelques jours de silence oppressant où le foyer lançait des regards terrifiés à la porte moisie.
Ce sombre jour, la pluie était tombée sans pitié. Le niveau des rivières était dangereusement monté, surpassant les berges pour inonder les environs et détruire moults habitations et cultures. Cette météo désastreuse n'avait pourtant pas arrêté les soldats de la Reine Moon qui avaient défoncé aisément la porte de la maisonnée et sortit de force les sept habitants.
« - Famille Han, vous êtes accusés de trahison envers la famille royale. »
Les mots tombaient, les visages de chaque membre du foyer se figeaient dans un expression de terreur à l'exception des deux enfants qui ne comprirent aucunement la situation.
« - Votre fils, Han Jisung, est accusé de posséder des pouvoirs. Or, comme le stipule la loi Bymehet, tout enfant non-noble n'a pas le droit de posséder une telle puissance. »
Le concerné écarquilla des yeux, sa tête tourna en direction de ses parents qui mordirent leur lèvre tout baissant tristement leur visage. La vérité résonna au milieu de la pluie, les explications arrivèrent aux oreilles du petit garçon qui ne voulait hurler qu'une chose : injustice.
« - Famille Han, vous connaissez la loi. Vous auriez dû livrer ou tuer Jisung le jour où ses pouvoirs sont apparus. »
Tremblant, le garçonnet se dévissait le cou en passant des soldats armés à sa famille démunie qui semblait murmurer une dernière prière comme si elle s'apprêtait au pire. Jisung voulait les réveiller, leur dire qu'il n'allait pas mourir mais ce fut jusqu'à ce qu'il finisse par entendre la suite du discours du gradé.
« - Vous, famille Han, êtes condamnés à la peine de mort pour avoir été à l'encontre des lois de notre Royaume. »
Les derniers mots furent à peine prononcés que la détente des cinq autres soldats fut enclenchée. Une balle dans la tête de tous les adultes laissant les deux enfants seuls face aux militaires. Les yeux écarquillés, les larmes coulant vivement sous l'effet de surprise, Jisung lança un coup d'œil dévasté aux corps de sa famille gisant sur le sol avec un unique trou au milieu du front. Une traînée rouge glissait sur leur peau s'échouant dans la blancheur de la neige.
« - Pitié... »
Ce fut son frère qui se mit à supplier les hommes. Son regard marine tomba dans celui sombre du gradé qui l'observait de haut tout en montant son arme en direction du visage de ce pauvre garçon à peine âgé de douze ans. La vie, il l'avait à peine connue et pourtant on la lui arrachait déjà.
« - Je vous en supplie... Je... Je n'ai rien fais-moi... Ce-c'est lui ! Pas moi ! »
Pointant du doigt Jisung, pétrifié par la situation, ce dernier cligna simplement des paupières en observant son frère essayer de s'en sortir en le balançant sans vergogne. En fait, cela n'était pas surprenant vu que son aîné le détestait. Personne ne l'avait aimé de toute manière.
« - Je suis un enfant ! Je n'ai rien fait ! Ce sont mes parents qui lui ont donné la vie, pas moi ! Ne me tuez pas, je suis un inno- »
Il ne put jamais finir sa phrase car le gradé tira entre ses deux yeux pour le faire taire. Froidement, sans la moindre hésitation, son doigt avait appuyé sur la gâchette et le corps du frère de Jisung s'était écroulé sur le sol avec les yeux et la bouche grande ouverte.
« - Ton sang restera toujours celui d'une famille de traîtres. »
Unique survivant Han, le fardeau posa ses yeux glacés sur les six hommes devant lui. Ces derniers l'observaient avec dégoût, grimaçant comme s'il faisait face au plus laid des monstres. Jisung n'avait rien d'humain à leurs yeux, c'était simplement une erreur à éliminer de la surface du Royaume.
« - Tu n'aurais jamais dû apparaître. »
Le gradé leva son arme, Jisung sentit un frisson traverser son corps alors que ses iris devinrent translucides. Il fut le seul à voir la neige trembler sous les six hommes qui ne s'attendaient pas à être transpercés sur place.
Empalé, le sang des soldats dégoulinait sur la glace transparente. Poussant un cri strident, Jisung recula vivement en réalisant ce qu'il venait de faire. Ses bras prirent appuie sur le sol, son corps fut propulsé vers le haut afin qu'il puisse partir en courant loin de cette scène de crime. Ses jambes tremblantes étaient maladroites, il trébucha à plusieurs reprises, tombant de temps en temps alors que sa respiration sifflante lui arrachait les poumons.
Puis, sans regarder en arrière, Jisung sauta dans la mer. Il plongea la tête la première et il nagea. Il s'éloigna des côtes sans jeter de coup d'œil à la terre qui s'éloignait de lui. Il puisa dans ses réserves pour se laisser aller à la dérive, remerciant un courant de le pousser un peu plus loin de cet endroit qu'il avait appelé « maison ».
Lentement, il laissa le courant le perdre dans l'immensité de l'océan en pleurant de désespoir. Il bue à plusieurs reprises la tasse mais le goût salé de la mer ne concurrençait même pas celui de ses larmes dévalant inlassablement son visage.
A la dérive, Jisung espérait mourir au milieu de ce néant bleu. Il voulait disparaître, que son corps puisse couler à jamais vers les profondeurs, que les animaux marins puissent dévorer sa chair pour ne laisser aucunes traces de son existence.
Sursautant en revenant à la réalité, les flash du passé arrêtèrent d'envahir l'esprit du bleuté qui sortait du point d'eau dans lequel il s'était ressourcé. Nouant une serviette autour de sa tête pour sécher ses mèches humides, il enfila ses habits malgré sa peau trempée.
Pâle, il quitta silencieusement la caverne cachée dans les profondeurs de Zjarr afin de rejoindre sa chambre. Semblable à un fantôme errant dans un manoir hanté, le blafard laisse ses pas le guider dans le dédale de couloir qu'était les ruines du palais de Zjarr alors que son esprit continuait de travailler à plein régime en se remémorant son enfance.
Foulant les vieux tapis ocre emplis de poussières, frôlant les immenses tableaux familiaux, il les ignora tous royalement puisque ses pensées se tournaient petit à petit du passé pour aller en direction d'une autre douleur vive : celle qui étreignait son cœur.
Douloureux, asphyxié, mourant, son organe vital se portait mal. Ses mains tremblantes, Jisung tenta de se concentrer sur son rythme cardiaque mais ce dernier peinait à être classique, banal. Âme souffrante dans un corps se détériorant, ses pas s'alourdissaient au cours de sa progression.
Tanguant dangereusement, sa vision s'affina pour devenir un long tunnel qui l'angoissa brusquement. Son souffle s'emballa, ses mains cherchaient quelque chose auquel s'accrocher mais le sol fut son unique soutien lorsque ses genoux lâchèrent.
Plongé dans une obscurité angoissante, le Bymehet sentit brusquement la température chuter. Son corps trembla, ses doigts bleuirent et le sol gela au contact de ses phalanges glissant sur le carrelage. Perdant le contrôle, les images passées remontèrent alors qu'il s'effondra de tout son long en espérant retrouver sa respiration. Le garçon aurait voulu appeler à l'aide mais il était incapable de crier : ses cordes vocales étaient congelées.
Le couloir passa de fournaise à blizzard glacé, le mobilier blanchi sans prévenir, les peintures perdirent leurs couleurs en se détériorant sous la couche de glace qui commença à la recouvrir. Le monde devint ivoire, la vie quitta le lieu abandonnant la pauvre âme sur le sol.
Enfin, jusqu'à qu'une tempête ardente ne finisse par arriver dans le couloir en rééquilibrant la température avec ses flammes noires. La glace fondit difficilement, les teintes chaleureuses revinrent dans l'endroit à l'exception du petit corps congelé sur le sol.
Lèvres violettes, épiderme bleu, yeux écarquillés de terreur, articulations gelées, le Bymehet était dans un état plus qu'inquiétant. Avec des iris pétillants d'inquiétude, le Djegur s'accroupit auprès du frigorifié pour calmement le prendre dans ses bras dans l'espoir que ce geste puisse réchauffer son corps congelé.
« - Je suis là, Jisung. »
Unique témoin du cœur tendre du flamboyant, les mains gelées du garçon vinrent péniblement frôler le haut de son sauveur. La pulpe de ses doigts appuya faiblement sur l'omoplate de Minho, signalant à ce dernier qu'il l'entendait ce qui déclencha un soupir chez l'aîné. L'étreinte se raffermit, la température monta doucement dans le couloir mais la peau de Jisung ne reprenait pas sa teinte habituelle.
« - Tu dois te laisser aller, Jisung. Il faut que tu les libères... »
Un coup long suivi d'un court, une pause, trois coups longs, ce fut la réponse de la petite âme bleuté qui tremblait de froid malgré les trente degrés ambiants.
« - Jisung... Ce...Cela va te tuer. »
Minho resserra son étreinte tout en enfouissant son visage dans la nuque gelée de son amant qui ferma simplement les yeux de résiliation.
« - T-tout co-comme t... toi. »
Faible voix emplie de froideur, Jisung vint glisser son doigt sur la nuque de son mari qui frissonna à ce geste tout en renforçant désespérément sa prise. La glace fusionna avec le feu et les deux s'entrechoquèrent. Plus Jisung s'approchait de Minho, plus il fondait et s'éteignait. Cela était inévitable, leur élément était incompatible.
« - Jisung. Tu peux vivre. »
L'unique réponse du petit fut ses ongles qui griffèrent la chair de son aîné qui grimaça simplement en sentant le sang couler dans son dos après ce geste lourd de sens.
« - Ferme-là, Lee Minho. »
Les mots étaient nets, glaçants. Un frisson traversa l'échine du concerné qui mordit simplement sa lèvre en sentant son cœur être prisonnier d'une froide prison. Ses mains enlacèrent la taille de Jisung, le rapprochant un peu plus afin d'humer son parfum tout en espérant vainement qu'il puisse se réveiller, qu'il ait cette volonté de vivre au lieu de se laisser mourir à petit feu.
« - On quittera cette vie de merde ensemble. Rentre-toi cette idée dans la tête, Minho. »
Le Bymehet n'avait pas repris de couleur, son corps était toujours pâle, ses lèvres bleutés mais, au son de sa voix, il semblait en pleine forme. Ses mèches océanique avaient décoloré dans une teinte bleu pastel tandis que ses iris étaient similaires à l'arctique : deux perles à la limite du translucide.
« - Jisung, je...
- On a dit ensemble. Ne reviens pas sur ta promesse, Minho. »
Les pupilles hypnotisantes du bleuté vinrent se plonger dans les iris ambrés du plus grand ennemi des quatre Royaumes. La sévérité et la froideur du regard faisait frémir la témérité et l'ardeur régnant dans les yeux de Minho qui mordit simplement sa lèvre en réalisant sa connerie.
« - Tu m'as juré d'annihiler Aral, d'effacer ce putain de Royaume de la surface du Monde, de tous les détruire. Tu as prêté serment, tu me l'as dit de vive voix et j'ai accepté en te suivant jusqu'à la mort. On a un pacte, Minho.
- Oui mais c'était avant que je tombe amoureux de toi, abruti ! »
Perdant patience, le Djegur se recula d'un bond. Des flammes explosives vinrent ronger les tableaux défigurés par leur précédente glaciation et l'odeur carbonisée des toiles se diffusa dans l'endroit alors qu'un combat visuel débuta entre les deux amants.
Jisung resta à terre, ses membres inférieurs toujours gelés par ses propres pouvoirs tandis que Minho le toisait d'un regard ardent en tenant droit sur ses jambes. Puis, sans l'accord de son propriétaire, les pouvoirs de glace du Bymehet s'éveillaient par la force.
Une immense gerbe de glace fonça droit sur le flamboyant qui la fit fondre en un battement de paupière : son feu était surpuissant à force d'être utilisé à longueur de journée. Cependant, cela ne calma pas la colère qui bouillonnait en Jisung, tout ceci ne l'aida pas à reprendre le contrôle de cette magie qu'il haïssait et cachait depuis sa naissance.
Le blanc s'entrechoqua avec le noir. Des éclats de glace s'éparpillèrent dans les airs, se noyant dans les gerbes onyx avant que de nouveaux pic gelés ne s'échappèrent du carrelage en essayant de transpercer Minho qui esquivait chaque attaque malgré la virulence de son mari.
Néanmoins, le Djegur ne voulait pas stopper son compagnon. Il ne souhaitait pas que ses pouvoirs cessent de s'exprimer car cela lui permettait de se défouler, de retirer un peu de ce poids qu'il conservait en lui tout en augmentant son espérance de vie.
« - Ensemble, Minho. Ensemble jusqu'à notre mort. »
La glace explosa brusquement, les assauts prirent fin sur les paroles de Jisung qui se redressa péniblement. Ses membres tremblaient tout comme son regard fulminant de froideur. Les éclats gelés s'éparpillèrent sur le carrelage, entourant le corps du Bymehet qui enfonçait ses ongles dans sa paume.
« - Si tu meurs sans moi Minho, si tu pars sans m'attendre... Je te jure que je transformerais ce monde en prison de glace. J'épuiserais toutes mes forces juste pour te rejoindre.
- Jisung...
- Arrête de vouloir changer le plan. Plus tu fais de modifications, plus il se fragilise. Déjà que tu as ramené Hwanwoong à Zjarr...
- C'était le meilleur moyen d'atteindre Youngjo.
- Mais cela a ajouté un inconnu dans l'équation ! Il est problématique, il va nous foutre dans la merde et tu le sais très bien. »
Le Bymehet avait rejoint son époux en quelques foulées, sa colère toujours importante bien qu'elle s'atténuait petit à petit au rythme de ses expirations fatiguées et douloureuses : son corps lui faisait horriblement mal tant il était gelé de l'intérieur.
« - Minho. »
Jisung leva sa main blême et l'approcha du doux visage de son mari qui l'observait en silence. Mordant sa lèvre de mécontentement, ses iris ambrés laissaient paraître le fait qu'il savait que son amant avait totalement raison.
« - Le plan ne change pas. »
Lentement, le doigt du Bymehet caressa la pommette de son petit-ami. Tendrement, sa main libre vint attraper celle brûlante de sa moitié qui retenait son souffle.
« - On va détruire les quatre Royaumes. »
Remontant la main gauche de Minho vers ses lèvres, le Bymehet embrasse le dos de cette dernière avec affection avant de continuer son monologue.
« - On va annihiler les descendants de la lignée originelle. »
Jisung lâcha la main du Djegur pour passer son bras dans la nuque de ce dernier tout en faisant glisser ses doigts de sa joue à ses lèvres charnues.
« - Plus de Rois, plus de Reines. Les Son, Les Kim, Les Moon et les Lee doivent disparaître. »
Le Bymehet s'approcha un peu plus, ses yeux se plongèrent davantage dans les ambres flamboyantes de son mari puis il ferma les paupières à moins d'un centimètre des lèvres de Minho avant de souffler à voix basse.
« - Et on quittera aussi ce monde réduit en cendres. Tu seras le dernier Lee en vie, le dernier à partir en ma compagnie. »
Puis leurs bouches se rencontrèrent. C'était un baiser indescriptible mélangeant volonté, rêve, désespoir, crainte et Amour. C'était une manière de sceller leur promesse, de se jurer que l'avenir se dessinera ainsi et pas d'une autre manière.
Minho avait juré à Jisung que le Royaume de l'eau allait disparaître, que plus aucune personne ne vivrait ce qu'il avait vécu toute sa vie. Ils avaient scellé un pacte mortel lors de leur rencontre, ignorant qu'ils finiraient éperdument amoureux de l'un et l'autre.
Hélas, le plan était lancé depuis des années. Ils n'y avaient pas de retour en arrière possible, leurs actes étaient déjà gravés dans l'Histoire et ces derniers étaient impardonnables. La Guerre débutait, les troupes prenaient place alors que le point culminant de la stratégie de Minho venait d'être frôlé.
« - Notre Amour surpasse la Mort. »
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