Chapitre 43 (TW)
Trigger Warning : Assassinat.
La lune était camouflée derrière les nuages faisant que l'obscurité était totale sur le monde. Les ombres devinrent les reines sur les quatre Royaumes repoussant les habitants dans leur lit, emmitouflé sous leur fine couverture. Hommes comme animaux dormaient paisiblement sur leurs deux oreilles, tous ignoraient le passage de cette silhouette rebelle à la démarche légère.
Cela faisait des jours, non des semaines, que le garçon sentait un étrange appel au fond de lui le guidant, chaque soir, vers une destination floue. Cette voix grave lui susurrait d'écouter ses indications, de venir le rejoindre dans un lieu qui lui était totalement inconnu.
Dans un premier temps, la silhouette avait préféré ignorer ces paroles et il fuyait les ombres comme tous les autres humains. S'emmitouflant dans ses draps, il collait ses mains sur ses lobes dans l'espoir que cela puisse atténuer ces mots envoûtant. Son instinct s'éveillait, le malmenait, ce qui le conduisait à subir de nombreuses nuits blanches où il priait que la voix finisse par se taire.
Au commencement, les mots disparaissaient avec le lever de soleil. Les rayons traversaient les fenêtres en le libérant de sa nuit agitée et il pouvait soupirer tout en frottant ses cernes qui s'accentuaient de jour en jour. Néanmoins, plus le temps passé et plus la voix gagnait en puissance et ses hallucinations nocturnes se transformaient en rêves éveillés qui le hantaient nuit et jour.
« - Je deviens complètement fou... »
Ce soir, il en avait eu marre de se battre et d'ignorer cette voix. Il était fatigué, exténué par tout cela et l'homme s'était laissé dominer par son instinct qui l'avait poussé à passer la porte, s'enfoncer dans les bois et traverser la mer en quelques battements d'ailes.
Le garçon déposa un pied sur le sol de cette petite île déserte qui était perdue entre Aral, Zjarr et Zéphyr puis il soupira en réalisant qu'il perdait probablement la tête. Craignant que ses paroles grondant à voix haute soit véridique, il gronda bruyamment tout en se convainquant que ses hallucinations étaient liées à la fatigue et non à un trouble psychologique.
Déambulant, il se demanda si cela n'aurait pas été une meilleure idée d'en parler à quelqu'un, de se confier à un proche sur son problème. Toutefois, il craignait qu'on ne le prenne pour un fou et qu'on finisse par l'envoyer de force dans l'une des structures médicales en haut des collines solitaires de Zéphyr.
Non, son mutisme était conseillé et sage puis ses amis étaient fort occupés ces derniers temps.
« - Ce n'est pas le moment de perdre la tête. »
Les mots le poussèrent à s'enfoncer davantage alors que ses mains se faufilaient dans ses poches et que son agacement grandissait en même temps que ses doutes. Le garçon se doutait que quelque chose ne tournait pas rond chez lui, qu'il faisait face à un problème de taille qu'il n'arriverait pas à résoudre seul et pourtant il préférait garder le silence et ne déranger personne sur ses préoccupations.
« - Quand la situation sera calmée, j'en parlerai. »
L'homme murmura ses pensées à voix haute comme pour sceller une promesse avec la Lune. Elle l'avait entendu, quelqu'un l'avait ouïe l'obligeant à mettre en œuvre son souhait. Mais tout ceci arrivera plus tard, bien plus tard vu que la Guerre contre Zjarr s'accélérait et que le dialogue de Geonhak et Dongju n'avait rien arrangé.
Les arbres gagnèrent en densité, les ombres s'accentuèrent et se compactèrent pour devenir une grande silhouette menaçante. Mais le jeune homme continua tout de même son avancée en étant guidé par son instinct.
Sa conscience s'éteignit malgré la situation dangereuse. Lentement, elle s'étouffait dans un nuage de fumée provoqué par une petite flammèche noire qui grossissait de jour en jour à l'intérieur du garçon qui n'avait pas posé plus de question sur son origine.
Au contraire, il l'avait ignoré comme actuellement. Ses pas l'amenèrent vers une petite clairière et, à peine avait-il passé la barrière de buisson de cette plaine marécageuse qu'un vent glacial se propagea dans le lieu. La température chuta brusquement, l'homme se mit à frissonner tout en fronçant les sourcils : il faisait bien froid pour une nuit d'été.
Regrettant de ne porter qu'un débardeur et un pantalon de lin, il frotta ses bras nus tout en continuant son épopée vers l'inconnu. Il se demanda une fraction de secondes pourquoi il faisait cela mais cette pensée était fugace et elle disparut dans la flammèche noire qui grossissait davantage à force qu'il s'approchait de la petite cabane se dessinant au loin.
L'herbe blanchissait sous ses yeux, se glaçant tout comme la surface de l'eau et il se demanda s'il ne rêvait pas. La lune reflétait timidement sur le voile gelé, les étoiles tremblaient légèrement sur le reflet et l'homme s'arrêta quelques secondes pour observer ce spectacle alors qu'il tremblait et que ses lèvres bleuissaient. Un faible nuage de fumée quitta sa bouche alors que ses yeux marines passèrent du point d'eau glacé à la maisonnée à plusieurs reprises avant de se motiver à reprendre sa route.
Gravissant les quelques marches, il arriva sur le seuil de l'habitation et découvrit une vieille chaise à bascule qui bougeait faiblement à cause du vent frais se faufilant dans la clairière. Ses iris restèrent sur l'objet, le détaillant sans raison puis il secoua sa tête avant de s'approcher de la poignée de porte et, instinctivement, il frappa cinq fois sur la paroi et la voix résonna en lui.
« - Ferme les yeux en entrant. »
Docilement, il appliqua l'ordre et poussa sur la clenche avec les paupières abaissées puis il se faufila dans la pièce où régnait une étrange atmosphère. L'air était à la fois glacial et brûlant, c'était comme si la glace et le feu cohabitaient dans un même lieu et que les deux se jugeaient en essayant de prendre le dessus sur l'autre.
Le garçon trembla d'appréhension à cause de ses yeux clos et son ventre se tordant de malaise au vue de la pression régnant dans la pièce. Ses ailes frémissaient dans son dos, ses poils se dressèrent sur son épiderme et il eut un moment de regret en ouïssant des pas venir dans sa direction. Pourquoi avait-il suivi cette voix ? Pourquoi n'était-il pas resté au palais ?
Ses jambes devinrent cotonneuses, sa gorge s'asséchait et il eut l'envie de plier genou devant cet inconnu qui s'approchait à pas lent de lui. Les lattes de parquets grincèrent à chaque avancée, les tremblements s'amplifièrent à chaque fois que le son se rapprochait et il sursauta quand on attrapa son menton.
Le garçon aurait crié en temps normal. La peur se propageait dans ses veines à une vitesse faramineuse mais il resta tout de même resté muet car il avait le sentiment que sa voix n'était plus sienne, devenue incontrôlable, il avait presque l'impression qu'on la lui avait volé.
« - Tout va bien, Seoho. Tu es en sécurité ici. »
Pour la première fois, la voix ne résonna pas dans la tête du jeune homme. Non, elle fit vibrer ses tympans car c'était l'homme en face de lui qui parlait.
Surpris, Seoho eut un léger mouvement de recul mais l'autre le maintint en place et son aura écrasante fut suffisante pour couper toute envie de fuite au garçon qui avait toujours les yeux fermés. Lentement, l'inconnu descendit sa main en attrapant son poignet pour le guider vers une chaise où il lui ordonna de s'asseoir ce qu'il fit sans hésiter.
Seoho était totalement sous le joug de cette personne, son libre arbitre n'était plus et ses gestes s'effectuaient contre sa volonté. Il n'arrivait même plus à battre des paupières depuis qu'on lui avait ordonné de fermer les yeux.
La désobéissance était impossible, son corps ne lui appartenait plus du tout et cela le terrifiait. Et ceci empira lorsqu'il ouïe un bruit un peu plus loin qui n'était clairement pas effectué par son interlocuteur en face de lui : Seoho était seul avec, au minimum, deux personnes inconnues.
« - Je suis heureux que tu aies enfin répondu à mon appel, Seoho. Ou devrais-je plutôt dire, Lee Gunmin. »
Le respiration brusquement coupée par la surprise, les oreilles de Seoho bourdonnèrent presque en ouïssant son véritable prénom. Cette nomination qui lui avait été arraché des années auparavant lors de la Grande Guerre après qu'il avait été amené de force à Zéphyr. Entendre son prénom, Gunmin, eut l'effet d'un coup d'épée dans le cœur et il eut du mal à maintenir ses barrières dressées.
Lentement, les larmes envahirent ses yeux clos et il sentit une perle salée, récalcitrante et traîtresse, rouler sur sa joue creuse montrant que tout ceci le touchait énormément. Ce détail n'échappa pas à l'inconnu qui sourit simplement en s'approchant de Seoho.
Ce dernier tremblait alors que des souvenirs défilaient dans son esprit. Le passé brisa sa barrière mentale. Il se souvint de ses parents l'appelant pour manger ou bien de sa sœur qui lui hurlait dessus lorsqu'il faisait des bêtises.
C'était des « Rends-moi ça Gunmin ! Je vais te carboniser sinon ! » ou bien des « Gunmin, espèce de fils de Satan, ne dis rien aux parents ! » et bien d'autres paroles qui se poursuivaient toujours d'une course poursuite qu'il gagnait à chaque fois car il était plus endurant que sa grande-sœur.
Les réminiscences revinrent violemment, douloureusement et Seoho haït tout ceci car il était soudainement faible et vulnérable.
« - Tout va bien, Gunmin. Tout ira bien. »
La voix fit à nouveau vibrer désagréablement ses tympans, son corps répondit de moins en moins alors que les larmes coulaient de plus en plus puisque sa barrière s'effritait. L'inconnu attrapa sa main, caressant le dos de cette dernière et Seoho se laissa faire malgré le fait qu'il n'appréciait pas trop les contacts physiques.
Non, il se laissa aller, pétrifié. Son cœur apprécia presque les caresses puisque ses muscles se détendirent tout comme ses tremblements. Seoho aurait voulu froncer des sourcils, montrer sa stupeur face à la situation mais il n'arrivait pas à bouger son petit doigt alors créer une expression était impossible.
« - Gunmin, je t'ai amené ici car nous avons besoin de toi. »
L'utilisation du terme « nous » fit tilter le garçon mais sa pensée disparut brusquement dans la flammèche noire qui était devenue un petit brasier. Puis de nouveaux flashs passés s'imposèrent aux garçons qui serra les dents tandis que son premier souvenir triste se dessina sur ses paupières.
Il se voyait âgé de sept ans en compagnie de Tori, son meilleur ami. Ce dernier était en réalité un petit fennec au pelage roux qui avait perdu sa famille très jeune à cause de chasseurs Djegur. Gunmin l'avait recueilli puis il avait supplié à genoux ses parents de le garder : il n'avait que trois ans et demi quand tout ceci était arrivé.
Pendant ces trois ans et demi supplémentaire, Gunmin et Tori ne s'étaient jamais séparés. Même lorsque le petit garçon allait à l'école, Tori était là. Observateur du harcèlement du petit garçon qui recevait des dizaines de moqueries des autres enfants ou des regards rabaissant de la part des adultes à cause de sa différence.
Gunmin avait, à cette époque, deux petites ailes rougeoyantes qui étaient repliées dans son dos. Et à cause de ces dernières, le petit fennec était son unique ami. Ensemble, ils ignoraient la méchanceté des autres en se concentrant sur eux.
Hélas, ignorer n'était pas toujours la solution puisque cela ne calma pas le mauvais traitement du petit qui finit par perdre son ami face à des têtes brûlées sans cœur. Tremblant en se remémorant son douloureux souvenir, Seoho commença à bredouiller des « Non » en boucle alors que les images s'imposèrent à lui et que la mort de Tori approchait douloureusement : il ne voulait pas revoir cela.
« - Stop, arrêtez ça ! »
Miraculeusement, le souvenir disparut et le garçon s'effondra sur la table avec le visage baigné de larmes et la respiration brouillonne. L'inconnu continua de lui caresser le dos de la main en signe de soutien et le corps de Seoho répondit positivement à tout cela bien que son esprit voulait rejeter ce geste écœurant : il ne souhaitait pas de la pitié de cet homme.
Hélas, il n'avait plus le contrôle de lui-même et à peine ses larmes se tarissaient qu'un nouveau flash apparut et il était bien pire que la mort de Tori.
La désolation et la destruction régnait autour de lui, les habitations brûlaient et les corps étaient carbonisés tandis que les rares rescapés hurlaient de désespoir. Lui, Gunmin, faisait partie des rares debout avec sa sœur, à sa droite.
Tous deux fixaient une silhouette ensanglantée mais vivante juste devant eux. Cette dernière tendait le bras dans la direction des deux enfants, âgés de quatorze et seize ans, et la femme hurlait sur les hommes qui les tiraient en arrière.
Gunmin se rappela le cri déchiré de sa mère lorsqu'un homme tua sans pitié sa sœur en lâchant un froid « elle ne sera pas utile pour le roi » alors que lui était tiré vers une immense cage, empaqueté avec des dizaines d'enfants mi-Djegur et mi-Ajri.
Le garçon se débattait en essayant d'ignorer le sang de sa sœur qui salissait sa peau mais il ne put retenir son hurlement horrifié lorsqu'on assassina sa mère car, elle aussi, était inutile à Zéphyr.
La femme s'écroula sur le sol, rejoignant le cadavre de son mari qui avait péri dans les flammes de leur maison bombardée, tandis que Gunmin fut définitivement enfermé dans cette cage qui quitta sa terre natale pour sa nouvelle maison qui allait devenir sa prison pendant dix ans.
« - Tu as vécu des choses horribles, Gunmin. »
Effondré en pleurs sur la table, le garçon sentit la main de l'inconnu caresser maintenant son dos avec compassion mais tout ceci l'écœura davantage. Hélas, il ne pouvait rien faire et les flashs l'affaiblissaient de plus en plus. Il revoyait ces images où on le tirait dans des prisons insalubres en lui hurla dessus qu'il ne serait plus jamais lui, que Gunmin n'existait plus.
Perdu au milieu d'une cinquantaine d'enfants traumatisés et tétanisés, des Ajri les avaient analysés, testés, entraînés pour sélectionner le meilleur d'entre eux. Ce n'était que des gamins égarés, des humains tremblant de peur et pleurant leurs parents morts. Pourtant on les forçait à se battre, à s'entretuer pour survivre et écraser les autres afin de devenir l'Elu.
Ce fut dans cette ambiance sordide que Gunmin était devenu Seoho.
Ce gamin égaré transformé en un soldat d'élite qui allait jouer le parfait petit prince pour écraser son nouvel adversaire : Kim Geonhak. Bien qu'il n'eût jamais accompli cette mission grâce à l'arrivée de Dongju qui avait rétabli la paix à Zéphyr, Gunmin n'était jamais revenu et Seoho prédominait toujours.
« - Il est temps de laisser Gunmin vivre et d'abandonner cette identité imposée par un monstre. »
Les larmes tachaient la table boisée, Seoho tremblait en haïssant cette position de faiblesse et de vulnérabilité surtout qu'il ne savait toujours pas où était la deuxième personne et qu'elle était l'identité de ces inconnus, qui le connaissaient un peu trop bien.
« - Laisse-moi t'aider, Gunmin. Laisse-moi t'amener cette paix que tu souhaites tant.
- V... Vraiment ? »
Ce fut plus fort que lui, plus puissant que sa raison qui se faisait ronger lentement. Sa voix s'était élevée puis brisée comme si tout ceci le touchait. Voulait-il réellement cela ? Il avait un doute puisqu'il s'était toujours senti heureux en compagnie de Geonhak qui était devenu un petit-frère à ses yeux. Puis Dongju était un beau-frère adorable qui s'intéressait à son passé, ses problèmes.
Sa nouvelle vie était parfaite. Alors pourquoi voudrait-il autre chose ? Pourquoi son corps réagissait ainsi ? Pourquoi tremblait-il autant d'allégresse comme-ci on lui offrait un cadeau qu'il attendait depuis des années ? Était-il malheureux au fond de lui et il ne l'avait jamais remarqué ? Était-il si bon pour cacher son véritable visage qu'il se mentait lui-même sur sa situation ?
« - Tu es Gunmin, pas Seoho comme l'a imposé ce tyran sans cœur. Vous méritez, toi et tes confrères tués durant la Sélection, d'être vengés. »
L'inconnu serrait l'épaule du garçon alors que son esprit se troublait de plus en plus, que le vrai et le faux se mêlaient. Il se posa des questions qu'il ne s'était jamais posé, repensant à tous ces garçons qui étaient dans la même situation que lui et qui avaient fini dans une fosse commune sans que personne ne le sache.
« - Votre histoire mérite d'être connue. Vous avez souffert en silence, dans l'ombre de tous et jamais on ne vous a accordé la parole, le repos et la paix. En tant que seul survivant, tu te dois de préserver la mémoire de tes compagnons morts. »
Le garçon se laissa charmer, son cœur se sentit conquis par ces belles paroles qui semblaient annoncer la vérité. La voix énonçait des faits véridiques et il avait raison : l'histoire de la Sélection méritait d'être entendue et ces pauvres gamins avaient le droit de reposer en paix auprès de leur famille.
« - Gunmin, veux-tu me suivre ? Veux-tu préserver la mémoire de tes confrères ? »
Il se sentait incapable de refuser, son corps voulait répondre « oui » sans hésiter mais la conscience de Seoho se débattait contre celle de Gunmin qui reprenait le dessus. Il se devait d'accepter mais, en même temps, il sentait que quelque chose clochait, que tout était trop beau et que la voix n'avait pas des intentions aussi nobles.
Néanmoins, les doutes se désagrégeaient dans le brasier noir qui avait davantage grossi. Les flammes léchaient ses pensées, les avalaient pour les faire disparaître dans l'obscurité tandis que Seoho se sentait happé lentement par ce brasier à la noirceur inquiétante.
« - Suis-moi Gunmin. »
L'inconnu s'était penché proche de l'oreille du garçon charmé, la voix résonna dans son conduit auditif en créant un frisson dans son corps alors que les flammes s'intensifiaient et détruisirent davantage de chose.
Lentement, Seoho disparut pour laisser place à Gunmin qui lui souriait narquoisement alors que ses lèvres se mouvaient pour former le mot « dégage ». Le brasier consuma la raison et la conscience du garçon qui se sentait scinder en deux, même si une part dominait de plus en plus l'autre.
« - Gunmin ?
- Oui ? »
L'inconnu sourit simplement tout en redressant légèrement Gunmin de sa chaise. La voix résonna dans l'air et ses paroles firent fleurir un rictus sur le visage du charmé.
« - Heureux de te voir parmi nous. »
Une unique étincelle tenta d'appeler la logique à l'aide mais cette dernière se fit dévorer par les flammes noires faisant totalement disparaître l'adopté de ce monde. Ses ailes rougeoyantes se ternirent, se noircirent pour devenir aussi sombre que la nuit et, lorsqu'il enflamma ses dernières, ce furent des flammèches noires qui s'éparpillèrent et non rougeoyantes.
La lucidité fut la dernière annihilée et, avant que Seoho ne disparaisse à jamais dans les flammes, il eut un dernier flash sur ses paupières fermées. Il s'agissait d'un garçon à la chevelure argentée qui s'observait dans le miroir. Quelques gouttes d'eau glissaient de ses mèches pour tomber sur son torse nu et musclé insinuant qu'il devait sortir de la douche.
Néanmoins, au lieu d'avoir une expression détendue et rafraichie, l'homme avait le visage tiré par la douleur. Sa bouche était ouverte puisqu'il cherchait de l'air en vain tandis que sa main montait à son pectoral gauche qu'il commença à serrer, griffer comme-ci ce dernier était douloureux.
L'argenté semblait oppressé, attaqué par une soudaine crise d'angoisse ou de panique. Ses yeux s'écarquillèrent, sa main gauche tremblait vivement alors que la droite déchirait sa peau dans l'espoir de libérer son cœur de l'étau dans lequel il était prisonnier. Puis, les larmes commencèrent à couler sur son visage alors que la vision se floutait. Le monde commença à tanguer, le garçon tituba difficilement et cherchant un objet auquel s'accrocher.
Hélas, rien ne passa sous sa main et son dernier reflet visible fut celui de son corps s'effondrant brusquement et le flash montra simplement le plafond blanc et flou : c'était comme s'il voyait au travers des yeux de ce jeune homme à la chevelure argenté.
« - Keonhee... »
Fébrilement, la voix de Seoho résonna dans la pièce faisant froncer les sourcils de l'inconnu qui vint enlacer le poignet du garçon qui vit le flash se faire dévorer par les flammes noires alors qu'une main apparaissait dans son champ de vision, cherchant de l'aide dans le vide.
« - Gunmin ? Acceptes-tu mon offre ? »
La voix semblait impatiente alors que le garçon sentait son cœur battre dans un rythme disharmonieux et que l'angoisse le rongeait. Le garçon dans sa vision allait-il bien ? Était-ce une hallucination ou bien la vérité ?
Sa tête s'emplissait de questions alors que son cerveau semblait vouloir déclencher des avertissements. Mais, le sombre brasier annihilait toutes les informations avant qu'elles ne soient traitées. Gunmin se retrouva pétrifié, prisonnier de la poignée forte de la voix et il sentit son être trembler alors qu'il souffla un faible « oui ».
« - Parfait. Tu peux ouvrir les yeux. »
Gunmin papillonna des paupières et sa vue redevint lentement claire. En face de lui se trouvait un homme avec une chevelure brune et des yeux ambre hypnotisant qui le fixait avec malice.
Légèrement en retrait, le garçon remarqua un homme à la chevelure bleuté qui était appuyé au mur avec les bras croisés. Un léger filet de glace glissait sur sa paume et il releva ses iris azurs sur le corps de Gunmin qui frissonna en étant intimidé par le bleuté.
« - Gunmin, regarde-moi. »
La voix le ramena sur le premier homme qui faisait glisser ses doigts sur le débardeur de l'autre qui sentit des frissons désagréables le traverser mais il ne pouvait pas fuir. La main du brun vint trouver place sur les côtes droites de Gunmin qui eut une certaine appréhension alors que ses yeux marines se perdirent dans ceux de cet homme intimidant.
« - Tu connais mon identité n'est-ce pas ? »
Timidement, le mi-Ajri hocha de la tête ce qui fit sourire le brun qui l'insinua à divulguer ces informations tandis qu'il faisait pression au niveau de ses côtes.
« - Vous êtes Lee Minho, grand-duc d'Aral et la personne derrière vous est Han Jisung, archiduc d'Aral et votre époux.
- C'est cela et te souviens-tu de notre rencontre ? »
Les souvenirs commençaient à remonter à plusieurs années mais Gunmin se rappela vaguement la scène et les différents problèmes rencontrés durant cette soirée.
« - Lors de l'annonce du mariage de Geonhak et Dongju, à Gaïa.
- C'est parfait. Il ne reste plus qu'à sceller notre alliance et tu seras l'un des nôtres, Gunmin. »
Minho vint caresser le visage de l'adopté avec sa main libre et ce geste eut le don de détourner le regard de Jisung qui grossit son filet de glace puisque ce dernier devint un véritable fouet. Gunmin, quant à lui, ne pouvait pas bouger d'un millimètre et il se demanda si on ne lui avait pas injecté une drogue ou autre pour être autant manipulable.
« - Cela peut faire un peu mal. »
Ce fut l'unique avertissement de Minho alors que des flammes noires vinrent lécher le haut de l'égaré. Une odeur de brûlé se diffusa, le tissu partis en fumée et, rapidement, le brasier vint ronger la chair de Gunmin qui ne put retenir son cri.
Le son s'échappa de ses lèvres pendant une simple fraction de secondes car Minho avait lâché un « tais-toi » qui avait eu le don de sceller sa bouche et étouffer son gémissement malgré la douleur lancinante qui le traversait.
Muet, les seuls traces de souffrances du garçon furent les larmes qui se formèrent pour dévaler ses joues alors que son cerveau peinait à traiter toutes les informations de douleur. Les flammes dessinaient une étrange arabesque sur les côtes de Gunmin qui se sentait partir.
Sa vision s'assombrit, ses muscles lâchèrent petit à petit et, lorsque les flammes s'éteignirent, le garçon s'effondra sur les lattes de parquet.
« - Tu y es peut-être allé un peu fort, Minho ? »
Ce fut le timbre de Jisung qui s'éleva dans la pièce alors qu'il s'approcha du corps inconscient sur le sol. Le Bymehet vint prendre le pouls de Gunmin par sécurité puisqu'il serait embêtant que ce dernier soit mort face à la douleur. Heureusement, son organe vitale battait toujours et le bleuté vint le prendre dans ses bras en lançant un regard noir à son époux.
« - Tu étais obligé de lui caresser ainsi le visage ?
- Tu es jaloux ?
- Tss... La prochaine fois préviens-moi si je te gêne. Je vous laisserai baiser dans la chambre pendant que j'irais cueillir des champignons pour le dîner.
- Jisung...
- Non mais j'ai compris qu'il te plaisait, j'ai bien vu ton regard là. Il ne faudra pas te plaindre si l'omelette au champignon est un peu âcre. Ils seront sûrement venimeux. »
Minho attrapa d'un coup le bras de son époux et lui vola ses lèvres en ignorant le corps inconscient dans les bras de son compagnon. L'échange fut bref et suffisant pour faire taire le plus jeune qui observa son amant avec des petits yeux alors que l'autre lui souriait tendrement en caressant sa joue comme il ne le faisait avec personne d'autre.
Ce n'était pas la même caresse qu'avec Gunmin. Non, ici c'était un geste emplit d'amour et uniquement destiné à une seule personne : Han Jisung.
« - Je n'aime que toi, abruti.
- L'insulte n'était pas obligatoire, osa Jisung pour diminuer cette tension qui s'installait entre eux deux.
- Dépêchons-nous de le ramener comme ça je pourrais te montrer que tu es le seul homme de ma vie, Jisung. »
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