Trigger Warning : Attentat à la bombe, cadavres.

A l'instant où le hurlement de Youngjo retentit, un mouvement de panique se créa dans la foule Ajri. Les gens se mirent à courir dans tous les sens, bousculant toutes personnes se trouvant au travers de leur passage, écrasant ceux tomber à terre et séparant les parents de leurs enfants. Hélas, il était déjà trop tard pour sauver sa vie.

Les bras droit s'enlacèrent tout en fixant l'intrus qui pencha la tête sur le côté tout en continuant de sourire comme un dégénéré. Ses prunelles ambre brillaient d'une lueur mauvaise tandis qu'une flamme obscure s'embrasait dans son iris empoisonné. Lentement, le doigt de l'ennemi se souleva, la pression maintenue sur le bouton s'atténua et les amants contractèrent naturellement leurs muscles dans l'espoir d'encaisser le choc à venir.

« - Je t'aime, Youngjo. Ne l'oublie pas ! »

Ce furent les dernières paroles du Bymehet avant que la bombe ne soit enclenchée. La scène s'était déroulée au ralenti sous les yeux des victimes impuissantes face à cette mort certaine. Le Djegur voyait le corps de son ennemi entrer en combustion, dévoré par des flammes aussi noires que de l'encre, et le brasier entra finalement en contact avec la dynamite entourant sa taille.

La détonation résonna dans la place, un boom hypersonique qui fut suivit d'un souffle sidérant brisant les tympans et os des malheureux présents. Les corps volèrent dans le ciel, d'autres calcinèrent sur place et même les Ajri survolant curieusement la zone furent aspirés par la déflagration et réduits à l'état de cadavres fumants. Un véritable désastre s'était déroulé sur la place du marché ne laissant place qu'à la désolation.

Heureusement, les deux amants et les personnes se trouvant derrière eux furent épargnés du feu ardent grâce à l'intervention in extrémis de Hwanwoong. Ce dernier avait confessé une ultime fois son amour à Youngjo avant de quitter ses bras pour se placer devant lui. Sans hésiter, le petit avait puisé dans ses réserves pour dresser un immense dôme aquatique entre lui et l'assaillant, ce qui étouffa le brasier.

Les flammèches noires léchaient le voile d'eau, elles tentaient de pénétrer la masse aquatique mais Hwanwoong y mettait toute sa détermination et cela sauva de nombreuses vies dont celle de Youngjo. Son action était stupéfiante, éblouissante mais cela n'arrêta pas l'entièreté de la catastrophe pour autant.

« - Youngjo, ne m'oublie pas. »

Le voile aquatique de Hwanwoong fut la dernière vision des rares survivants puisque ces derniers furent brusquement envoyés dans les airs à cause du deuxième danger de la bombe : son souffle. Le feu avait été stoppé mais la déflagration n'était pas arrêtable et ce fut cette dernière qui sépara définitivement les deux hommes. Youngjo avait tendu la main vers le petit qui s'était retourné en souriant tristement mais leurs mains ne purent jamais se rencontrer car leurs corps furent envoyés à des endroits opposés.

« - Ah... Pu... Putain ! »

La tête tournante, la vision flou à cause du choc subi à la tête lors de sa chute sur le sol fait de pavé, Youngjo resta allongé sur le dos pendant de longues minutes sans pouvoir bouger le moindre membres. Des acouphènes résonnaient désagréablement dans ses oreilles mais il arrivait tout de même à ouïr les hurlements infernaux régnant sur la place. Derrière son voile vaporeux, il discerna quelques silhouettes courant dans tous les sens : des femmes, des hommes, des enfants... Certains semblaient dévorés par les flammes alors que d'autres hurlaient à la mort : c'était une véritable catastrophe.

« - Hwa... »

Forçant sur ses bras, l'aîné tenta de se redresser mais, à peine avait-il soulevé son buste, qu'un cri de souffrance s'échappa de ses lèvres sanguinolentes. Une vive douleur au niveau de sa cage thoracique l'obligea à se rallonger tandis que l'univers tournait brusquement plus vite et que son champ de vision s'obscurcissait de plus en plus en devenant un simple point dans une étendue noire.

« - N... Non... Pas ma... Maintenant ! »

Youngjo sentit les symptômes du malaise l'envahir et cela le fit paniquer davantage puisque, s'il perdait connaissance, jamais il ne pourrait retrouver sa moitié.

« - A-Allez ! De... Debout ! »

Combattant ce mal qui le dominait et le clouait au sol, l'aîné régula au mieux les battements de son cœur ainsi que sa respiration en espérant que cela puisse lui offrir quelques minutes de lucidité : il devait retrouver son petit-ami.

« - Hwa... Hwanwoong ! »

Usant de la télépathie pour appeler son amant, le Djegur réussit à se redresser en position assise puis accroupie en faisant fi de la douleur lancinante au niveau de ses côtes : il devait en avoir quelques-unes brisées. Sa vue se clarifia lentement faisant que l'Enfer se dessinait sur sa rétine et Youngjo avait le sentiment d'être plongé dans un cauchemar.

Finalement debout, le bras droit détailla avec terreur la place devenue un cimetière cendré. Les rares survivants étaient les personnes qui avaient été protégées par le bouclier d'eau de Hwanwoong, les autres avaient été réduit à l'état de poussière sous le souffle de bombe et l'ardeur des flammes.

Des monticules noirâtres à la silhouette humaine reposaient un peu partout, des cadavres d'habitations flambaient dans la périphérie du lieu d'explosion rendant la scène un peu plus désolante et Youngjo repéra plusieurs plumes gisant sur le sol à côté des uniformes royaux.

« - Putain... »

Les yeux tremblants, l'aîné retint difficilement son haut-le-cœur face à ce spectacle terrifiant. Son corps frissonnait de terreur alors que des larmes envahirent ses yeux faisant glisser sa dernière lentille noire puisque l'autre avait été retiré lors de la déflagration. Portant sa main devant sa bouche pour étouffer ses sanglots rebelles, le Djegur fut soudainement pris d'un brusque sursaut.

« - YOUNGJO ! »

Abandonnant sa sordide contemplation, l'aîné bondit sur place en observant les environs avec attention. Sa tête pivota dans tous les sens, son cœur s'emballa tout comme sa respiration et l'homme commença à courir dans l'espoir de trouver son amant qui l'appelait par la pensée.

« - Hwanwoong ! Où es-tu ! »

D'un trottinement, le Djegur se mit brusquement à sprinter tout en retournant les carcasses de maison dans l'espoir d'y trouver son compagnon. Ses mains jetèrent toutes les pierres passant sous son toucher, il ne faisait tellement pas attention que Youngjo finit par s'ouvrir la paume gauche avec une barre de fer. Hélas, ses seules découvertes furent le cadavre d'une mère enlaçant son enfant pour la dernière fois.

Cette fois-ci, le tableau fut celui de trop et Youngjo ne put retenir son haut-le-cœur. Détournant le regard, il se pencha légèrement vers l'avant pour régurgiter son petit-déjeuner alors que des larmes floutaient tristement sa vision. Pourquoi la Guerre devait-elle reprendre ? Pourquoi son peuple était-il aussi bloqué dans cette volonté de vengeance ?

« - Youngjo ! Ils vont m'attraper ! »

La panique résonnait dans la voix du petit et cela éveilla tous les instincts protecteurs de l'aîné. Péniblement, l'homme essuya sa bouche salie tandis que son regard rubis se mit à briller d'une lueur peu rassurante. Colérique, ses poings se mirent à trembler et ils se serrèrent tous comme ses dents car il en avait marre des conneries des siens.

« - Le chemin du château ! Je ne suis pas loin du chemin ! »

Sans même hésiter, le Djegur s'élança dans la direction sans prêter attention aux hurlements l'entourant. Il n'avait plus qu'un objectif en tête : sauver Hwanwoong. Son corps oublia la douleur, ses membres cessèrent de ressentir l'affliction tant la concentration d'adrénaline était forte dans l'organisme de l'homme qui traversa la place à vitesse grand v.

Les poussières des victimes volèrent derrière lui formant un nuage gris sur son passage alors que des petites flammèches s'y mêlaient donnant le sentiment qu'elles naissaient des cendres.

« - AU SECOURS ! »

Grisant, Youngjo reconnut immédiatement le timbre de son petit-ami en proie à l'angoisse et, à peine avait-il pris le virage qu'il découvrit Hwanwoong dans les mains de deux hommes vêtus de pourpre. Le pauvre Bymehet était dans un sale état, son doux visage était couvert de taches noires, sa peau donnait la sensation de se flétrir et quelques plaques rouges se dessinaient sur ses bras : il semblait brûlé au deuxième degré.

Face à cette vision, le cœur du Djegur se serra et sa haine gagna en puissance. Aveuglé par sa colère, les mains de l'aîné commencèrent à s'entourer de flammes rougeoyantes et son regard s'assombrit davantage : ils allaient payer pour cet affront, il s'en faisait la promesse.

Cependant, en croisant le regard de son compagnon se débattant corps et âme, Youngjo y vit un éclat qu'il décrypta bien trop tard.

« - DERRIÈRE TOI ! »

Ne pouvant rien faire, trop ralenti à cause de sa folie vengeresse, Youngjo fut brusquement assommé par un troisième homme vêtu de rouge. Son corps bascula en avant, s'écrasant pitoyablement sur le sol pavé tandis que Hwanwoong hurlait avec les yeux emplis de larmes sincères. Le Bymehet fut éloigné de son amant, tiré vers une destination inconnue alors que son visage fut recouvert par une cagoule : il venait d'être fait prisonnier.

Pendant ce temps, dans la salle de réunion du Palais de Zéphyr, personne ne se doutait de la catastrophe qui se déroulait dans la ville en contrebas. La réunion avançait, le désaccord résonnait à cause de la peur de la Guerre et les jumeaux commencèrent à hausser le ton entre eux malgré leur compagnon tentant de les tempérer.

« - La Guerre n'est pas une solution, Dongmyeong !

- Parfois il faut agir. Les Djegur ont commis de nombreux actes impardonnables, leurs justifications ne sont pas valables : il faut riposter.

- Tu vas conduire les quatre Royaumes à leur perte !

- C'est ton pacifisme qui va nous tuer à force ! »

Les frères s'observèrent strictement, des éclats opposaient brillés dans leur iris mais leur querelle allait bientôt être interrompue. Effectivement, dans les couloirs du château, une ombre se mit à courir avec le souffle court. Ses pupilles tremblaient d'angoisse pour la première fois en public, ses traits étaient tirés par la fatigue et l'épouvante alors qu'il traversa l'entièreté du Palais pour arriver dans ce couloir surprotégé.

« - Raison de votre venue, prince Seoho. »

Stoppé dans son élan, la silhouette commença à se débattre en répétant que c'était important et confidentiel, que les Rois se devaient d'être au courant de la situation. Hélas, à cause du protocole strict, les hommes ne laissèrent pas le ténébreux passer sans la raison de sa venue et ce dernier commençait à perdre patience tandis que son compagnon arrivait à son tour au lieu de contrôle.

Les deux garçons furent stoppés malgré le fait qu'ils répétaient que la situation était critique. Puis, le plus haut gradé finit par exploser et sa voix résonna dans le lieu en figeant tout le monde sur place.

« - C'EST URGENT, PUTAIN ! »

Le cri de l'affolé fut si fort qu'on l'entendit en écho dans la salle de réunion faisant taire tous les nobles présents. Chacun se regarda sans comprendre, les sourcils froncés, les lèvres pincées. Que se passait-il ?

Vicieusement, un mauvais pressentiment naquit au niveau de leur ventre tout en serrant leur gorge. L'angoisse se diffusa en eux à une vitesse folle en malmenant leur cœur mais l'anxiété devint encore plus vive lorsque Seoho déboula dans la salle après avoir forcé l'entrée.

Ses cheveux ébènes étaient en bataille et son regard tremblait tellement que Geonhak avait le sentiment que son frère avait croisé un mort. Les ailes du mi-Ajri tombaient mollement dans son dos, ses plumes avaient pris une teinte cendrée presque noire ce qui fit tiquer Dongju qui se redressa immédiatement en s'approchant du gradé pour lui soutirer des informations.

« - Seoho ? Qu'est-ce qu'il y a ? C'est quoi cette urgence ?

- Je... Le... La ville... »

Les yeux s'emplissant de larmes, le chef des armés peina à garder son sang-froid au vue de la situation désastreuse. On pouvait ouïr derrière quelques soldats empêcher le deuxième homme de rentrer dans la salle de réunion ce qui fit froncer les sourcils de Geonhak qui se redressa à son tour.

« - Quoi la ville, demanda le Roi.

- A... Attentat à la bombe... »

La nouvelle souffla brusquement l'assemblée qui retint sa respiration. Une moitié ferma les paupières en silence, les épaules tombant mollement tandis que les autres ouvrirent en grand les yeux, l'angoisse devenant palpable chez eux.

Sans hésiter, Dongju se retourna pour poser ses pupilles frémissant sur Dongmyeong qui le fixait aussi. Dans leurs iris boisés scintillaient toutes les images passées et les deux eurent du mal à contenir leur souffrance au fond d'eux : le traumatisme ressurgissait cruellement dans leur mémoire. Les frères entendirent les hurlements brisant leur tympan, ils se souvinrent de l'odeur de brûlé et de chairs carbonisés mais le pire fut l'image de Giwook inerte dans les bras du fils de l'Orchidée.

Hélas, le choc eut à peine le temps d'être absorbé que Wooseok réussit à passer la barrière des soldats qui lui hurlèrent de revenir ici. Cependant, le domestique ignora l'ordre et hurla ce qu'il savait avant d'être vivement tiré en arrière par les militaires effectuant leur travail.

« - Hwanwoong et Youngjo étaient en ville au moment de l'explosion ! »

Et, à cet instant précis, le monde se mit à tanguer autour des trois dirigeants royaux qui écarquillèrent les yeux en ayant le souffle coupé. Tous s'observèrent avec un mélange d'horreur, haine et désespoir qui se mêla dans leurs iris noircis à cause de la nouvelle.

Dongmyeong et Dongju allèrent naturellement l'un vers l'autre en quête de soutien, Geonhak dû se rattraper à la table puisqu'il avait manqué de tomber en apprenant la nouvelle. Seoho s'était timidement approché de son frère dans l'espoir de lui apporter du soutien mais cela semblait impossible. Kevin et Jacob, quant à eux, étaient aussi sous le choc. Discrètement, ils se serraient la main sous la table en mordant leurs lèvres dans l'espoir de contenir leurs émotions naissantes.

Dans ce silence mortel, quelque chose se créa dans le cœur de l'assemblée, un vide semblait se former en eux : c'était comme si une pièce avait été arraché au puzzle, qu'un poids avait été retiré à la balance créant un déséquilibre certain.

Puis Geonhak, tremblant de colère pure, ne contint pas ses pouvoirs. Ses émotions prirent le dessus et il remplaça le temps estival par une averse démentielle qui s'abattit sur l'entièreté des quatre Royaumes. Ses iris orageux frémissants se transformèrent en une catastrophe naturelle monstrueuse et il cracha entre ses dents serrées des paroles qui scellèrent le Destin du Monde.

« - Je déclare la Guerre à Zjarr. »