Chapitre 17
« - Foutu insomnie... »
Blotti dans ses draps, le garçon observa le plafond de sa chambre depuis plusieurs heures. Ses yeux grands ouverts ne quittaient pas la zone blanche, trouvant une certaine occupation à détailler chaque aspérités. Néanmoins, il avait fini par les connaître toutes sur le bout des doigts à force que le sommeil lui filer entre les mains.
Tout en soupirant profondément, le bras droit décida de se redresser en position assise au bord de son lit double pour se dégourdir les jambes et se changer les idées : peut-être que cela fatiguera un peu plus son esprit qui tournait à plein régime.
« - Pourquoi avoir fait une telle chose ? Pourquoi empirer notre situation ? »
Tout en tirant les rideaux afin d'analyser la position lunaire, donc l'avancée de la nuit, le garçon ne put s'empêcher de penser à la situation entre Zéphyr et Zjarr, à ce piège tendu qui semblait un poil débile à la vue de l'ampleur des conséquences que cela entraînait. C'était à n'y rien comprendre, c'était purement illogique.
« - Il ne faut pas chercher de rationnel à tout cela, il y a autre chose. Forcément... »
Son regard se posa sur l'éclat argenté, le reflet accentua sa pupille à la couleur chaleureuse et un énième soupir quitta ses lèvres charnues : il devait être trois heures passées depuis longtemps. A l'heure actuelle, le bras droit pensait au fait qu'il allait sûrement débuter sa semaine avec une nuit blanche : Morphée semblait ne pas vouloir de lui ce soir.
Enfilant une paire de chaussons, le garçon traversa sa chambre rangée jusqu'à rejoindre la sortie puis il s'enfonça dans les couloirs silencieux plongés dans l'obscurité. La nuit, le Palais de Zéphyr avait un tout autre charme, c'était une ambiance bien différente qui se dégageait des lieux et cela lui rappelait un peu le passé du Royaume de l'Air. Un temps maintenant révolu depuis l'arrivée de Dongju sur ces terres.
« - Tout a tellement changé depuis ses premiers pas ici. Tu as modifié tant de choses, Dongju. »
La tête dans les étoiles, le garçon déambula dans le lieu en pensant au passé, à ses aventures et péripéties royales. En retraçant sa vie, il se demanda s'il aurait pu s'imaginer ne serait qu'un dixième de son existence tumultueuse.
Lui qui n'était qu'un domestique, un moins que rien durant ses premières années. Lui qui avait goûté à l'aigreur des basses classes, à l'acidité des critiques de la noblesse et l'amertume des violences de ses supérieurs abusant de leur pouvoir. Lui qui était parti de rien et qui avait maintenant tout, enfin presque.
Dans sa vie de jeune adulte, il manquait une pièce à son puzzle pour rendre son existence parfaite à ses yeux. Et ce fragment de casse-tête, il avait des teintes corail, une senteur estivale et le réconfort d'une brise rafraîchissante lors des beaux jours. C'était ce morceau manquant qui compléterait sa Vie en lui donnant son véritable sens.
« - L'Amour... »
Son esprit rêveur dessinait la silhouette de celui qu'il aimait, cette personne occupant continuellement le fil de ses pensées en pleine journée comme lorsque la nuit tombait. Son sourire resplendissant était le plus beau des trésors et son rire la plus sublime des mélodies : jamais le garçon ne se lasserait de le voir joyeux.
« - Je ferais tout pour que tu sois heureux. »
L'Amour était le plus beau sentiment à ses yeux et c'était cette émotion qui le rendait le plus songeur puisqu'il croyait au fait que l'Amour avait trois formes. Il savait que l'Agape, l'amour en lien avec l'amitié, il l'avait trouvé depuis longtemps et que cela allait durer éternellement. Cependant, pour le Philia, l'amour profond, et l'Eros, l'amour passionné, il peinait encore à l'atteindre, à l'approcher car cette forme d'idylle se trouvait en une unique personne qui lui semblait inaccessible.
« - On le sait tous les deux qu'on s'aime, n'est-ce pas ? »
Parlant tout haut de pensées résonnant tout bas, le garçon finit par arriver dans le jardin du château et un maigre rictus apparu sur son visage en réalisant où ses pieds l'avaient inconsciemment guidé. Éclairé par le clair de lune, le lieu avait une ambiance féérique en opposition avec l'oppression des couloirs vides et monochromes.
Ici, tout était coloré puisque les arbres et arbustes fleurissaient tout comme les parterres où se créaient une fresque splendide à la senteur idyllique. Le bras droit inspira à pleins poumons cette odeur florale tout en s'aventurant dans les lieux en direction d'un point précis : l'étang. Néanmoins, une fois arrivée, il fut surpris de découvrir qu'ils n'étaient pas le seul à être fui par le sommeil.
Sur la berge herbeuse se trouvait une petite silhouette assise, le dos droit et le regard détaillant la surface de l'eau scintillant sous l'éclat d'Artémis. La tête du garçon se balançait de droite à gauche au rythme de la musique qu'il chantonnait à voix basse. Quelques oiseaux étaient perchés sur les branches des arbres, écoutant attentivement la mélodie de celui qui ressemblait actuellement à une fée égarée.
Légèrement en retrait, le bras droit n'osa pas s'approcher de peur de déranger l'autre alors il préféra attendre la fin de la musique avant d'imposer sa présence. Les oreilles ouvertes, l'attention à son maximum, ses yeux se fermèrent d'eux même alors qu'il se plongea dans les douces paroles.
« Ton contact peut m'empêcher de brûler
(Alors ne me laisse pas partir)
Je ne lâcherai pas ta main jusqu'à la fin, je supporterai
Au bout du monde, après que le moment passe progressivement,
Je trouverai ma lumière
Regardant à travers ce temps et cet espace inconnus
Placer ton nom déchirant dans mon cœur
Alors que seuls les regrets demeurent dans cette obscurité et ce malheur »
Le cœur s'emballant légèrement, les paroles résonnèrent en lui comme une symphonie écrite en son nom, comme un message délivré sous des paroles à double sens. Ses mains se serrèrent dans ses poches alors que la suite continua à envahir le jardin dans cette mélancolique mélodie.
« Quand ce petit astéroïde
Remonte dans le temps et te revoit
Ce jour-là
Aujourd'hui et demain
Je te dirai toute la vérité »
Au fond de lui, il voulait que la dernière phrase soit vraie et que l'autre finisse par lui dire cette vérité sur lui, sur eux. Au fond de lui, il avait ce besoin de l'entendre de sa propre bouche, avec ses mots à lui. Son cœur souhaitait l'ouïr pour pouvoir pleinement espérer.
« Je veux voler haut dans le ciel
Dans les corps célestes
Qui suis-je ? C'est un dilemme !
Je ne quitterai pas tes étoiles
Tu es une étoile à l'intérieur de cet amour sombre et caché... »
Et il aurait voulu lui dire qu'il serait son étoile à vie et qu'il le guiderait dans l'obscurité pour lui faire découvrir la lumière. Hélas, la musique de la fée était déjà terminée. Le garçon était arrivé au cours du dernier couplet et refrain, à l'instant où la chanson était la plus intense et la plus profonde en sens. Ses yeux restèrent clos quelques secondes, il attendit que les battements de son cœur puissent retrouver un rythme convenable avant de rejoindre cette petite silhouette qui battait des jambes au-dessus de l'eau.
« - Tes vacances se sont bien passées ? »
A peine Youngjo avait posé cette question, tout en portant ses yeux rubis sur le corps de Hwanwoong, que ce dernier sursauta à cause de la décharge qui le traversa. Sa réaction était adorable et extrêmement maladroite puisque, dans l'action, il avait manqué de peu de tomber dans l'eau.
Le Djegur pouffa simplement, dévoilant sa position au petit qui se retourna vivement vers lui avec des yeux écarquillés de surprise tandis que sa main était portée à son cœur qui semblait battre d'un rythme frénétique.
« - Cela ne va pas la tête ? Faire des peurs bleues comme ça aux gens en pleine nuit près d'un lac !
- Désolé, c'était plus fort que moi. »
Youngjo continuait de rire tendrement tout en s'approchant de l'autre bras droit afin de s'asseoir à ses côtés pour lui tenir un peu compagnie : le sommeil semblait filer aussi entre ses petits doigts sucrés. Son regard se baissa vers la main du Bymehet, il ne put se retenir de l'observer tout en se posant milles et une questions. Avait-il les mains froides puisque le vent était un tantinet frisquet ? Est-ce que sa peau était douce ? Comment sa main rendrait-elle dans la sienne ?
« - Allo ? Monsieur Kim Youngjo est demandé à l'accueil !
- Hm ? Oh, pardon !
- Pas trop tôt, je te parle-moi ! D'où tu apparais aussi silencieusement ? Depuis combien de temps es-tu là en plus ? Et-
- Depuis quand es-tu aussi à l'aise en ma présence ? »
La remarque n'avait pas pu être empêchée mais cette dernière ne sous-entendait aucun reproche, au contraire, le ton du plus âgé était légèrement amusé et touché en observant son jeune ami aussi familier et à l'aise à ses côtés : cela montrait qu'ils se rapprochaient.
« - Oh ? Heu... Eh bien... J-je ne sais pas. »
Coupé dans son élan, Hwanwoong se retrouva totalement décontenancé et perdu sur la situation. Observant son aîné avec un regard égaré, il commença à faufiler ses mains dans ses cheveux afin de tirer sur quelques mèches. C'était une mauvaise habitude qu'avait le Bymehet que Youngjo avait vite repéré.
« - Arrêtes donc cela, tu vas finir chauve à force. »
Sans hésiter, le Djegur attrapa le petit poignet de son ami et il vint attraper cette adorable main dans la sienne pour stopper ce geste. Le cœur battant la chamade, Youngjo se demanda s'il avait le droit de faire ceci avec l'autre et si, lui-même, allait survivre à cette action. Pourquoi avait-il si chaud dès qu'il avait un contact avec Hwanwoong ? Pourquoi sa peau était aussi douce ? Pourquoi il ne voulait pas lâcher sa main ?
« - Je suis là depuis la fin de ta chanson. »
Tentant de reprendre ses esprits tout en quittant le contact physique du plus petit qui n'arrêtait pas de l'observer, Youngjo avoua avoir ouïe la mélodieuse musique de son ami.
« - Tu... Tu m'as entendu chanter ?
- Oui, c'était très joli. Je ne voulais pas t'arrêter donc j'ai attendu la fin pour montrer ma présence. »
Hwanwoong rougit doucement en apprenant l'information et le plus âgé ne put s'empêcher de penser qu'il était adorable avec une telle teinte saumonée sur les joues.
« - Trop mignon, tu rougis.
- Normal, s'offusque le Bymehet. Je... C'est gênant ! Je pensais être tout seul moi.
- Mais faut pas, elle est belle ta voix !
- Pas tant que cela... Elle n'a rien de particulier. »
Les joues du petit se gonflèrent légèrement, son regard dévia pour aller se perdre sur l'étendue d'eau tandis que son corps donnait le sentiment de s'affaisser : Hwanwoong était en train de se dénigrer, encore une fois.
« - Hwanwoong-ie, ne dis pas cela. »
Sans hésiter une seconde, Youngjo s'était approché du plus petit puis il avait attrapé à nouveau sa main afin d'attirer son attention, mais aussi pour profiter un peu du contact de cette dernière. Son regard rubis rempli de détermination alla se perdre dans les perles océaniques face à lui et il crut défaillir face à ce spectacle : Hwanwoong se rendait-il compte de sa beauté ?
« - Tu as une voix splendide. Elle est douce, apaisante et empli d'émotions. Ne te dégrade pas autant, s'il te plaît. »
Confession sous la lune, le petit ne dit rien pendant quelques secondes. Il préféra se perdre dans les détails du faciès du Djegur qui souriait tendrement en attendant patiemment une réponse à ses paroles.
« - Merci, Youngjo.
- Mais de rien. Je serais toujours là pour te rappeler que tu as aussi des centaines de qualités, Hwanwoong. »
Le dénommé rougit à nouveau, son regard frétilla légèrement alors qu'il bafouilla un nouveau merci qui fit lâcher un éclat de rire à Youngjo. C'était doux, féerique et atemporel. Actuellement, la Guerre menaçant d'exploser n'existait plus, leurs devoirs n'étaient que des poussières d'étoiles s'éparpillant dans la voie lactée : ils n'étaient que deux enfants ayant grandi trop vite découvrant un sentiment réservé aux adultes.
Puis, coupure dans la contemplation, leurs regards vinrent se poser sur l'étendue d'eau, les épaules collées et les pieds battant dans le vide dans une synchronisation parfaite mais involontaire. Leurs mains, quant à elles, étaient toujours liées et aucun n'osa bouger le petit doigt de peur de briser ce contact physique exceptionnel.
« - Au fait, tu n'as pas répondu à ma question, lâcha calmement Youngjo.
- Laquelle ?
- Tu as passé de bonnes vacances ?
- Oh ! Cette question ! »
L'ambiance était aussi légère qu'un vol de papillon, aussi douce que la brise printanière et Youngjo était accro à ce sentiment aérien qui le plongeait dans une bulle savonneuse où il n'y avait que lui et celui qui était son Eros ainsi que son Philia.
« - C'était des bonnes vacances, j'ai réussi à me reposer tout en passant du temps avec ma mère, Keonhee, deux amis d'enfance et Naïa.
- Naïa ? »
La question était posée avec un timbre innocent mais Hwanwoong se tendit quand même en entendant ce prénom sortir des lèvres de son ami. Sentant la main du petit se contracter légèrement sur la sienne, Youngjo prêta un peu plus d'attention à la suite comme si l'histoire avec cette Naïa le concernait un peu.
« - Ma voisine depuis toujours. On a grandi ensemble elle et moi donc on est très proche mais... »
Le Bymehet semblait hésitant dans ses mots, quelque chose le retenait de dire ses paroles à son aîné qui était un peu plus curieux à force que le blanc s'allongeait.
« - On va dire qu'on est proche de différente manière.
- Comment ça ?
- Eh bien... Moi je la vois comme une sœur que je dois protéger tout en la faisant rire au travers de diverses taquineries. Hélas, elle ne voit pas notre relation pareille...
- Elle t'aime n'est-ce pas ? »
Le visage de Youngjo avait pivoté en direction du garçon qui observait leurs mains liées en silence. Il hocha simplement la tête tout en resserrant sa prise sur le membre de son aîné avant de continuer.
« - Oui, elle est amoureuse de moi depuis toujours mais elle s'est confessée à nos treize ans. Néanmoins, j'ai toujours rejeté ses confessions donc elle souffre de tout cela... Et encore, avant de partir, on en a reparlé rapidement et j'ai vu ses yeux briller... Je m'en veux de pas partager ses sentiments, je culpabilise énormément à cause de ça. »
Hwanwoong montrait clairement que tout ceci l'impactait fortement, cette situation ne le mettait pas à l'aise et il semblait perdu dans tout cela. Voyant cet air morose s'installer, Youngjo n'hésita pas une seconde en venant attraper son menton afin de lui redresser la tête dans sa direction avant de le conseiller.
« - Ce n'est pas ta faute. »
Un simple chuchotement, une bribe de mots que seul le petit put entendre et qui le fit frissonner contre son gré. A voix basse, le timbre de Youngjo était plus grave, plus rauque et cela semblait faire effet au Bymehet qui déglutit difficilement. Le doigt prenant toujours en otage le menton du garçon, l'aîné se rapprocha légèrement tout en continuant ses dires.
« - Tu n'y peux rien car ce ne sont pas des choses que l'on contrôle. »
Ils étaient proches, leurs nez se frôlaient presque tandis que leurs regards se perdaient dans ceux de chacun. Youngjo se faisait violence pour ne pas briser les quelques centimètres séparant ses lèvres de celles du Bymehet qui respirait fortement faisant que son souffle s'échouait sur sa bouche.
« - On ne peut pas forcer quelqu'un à nous aimer. »
Ses muscles étaient contractés, son cœur battait furieusement et il se devait de dompter cette envie, cette pulsion qui l'habitait. Néanmoins, il gardait une pression légère au niveau du menton de Hwanwoong pour ne pas lui faire mal.
« - C'est notre cœur qui choisir qui est la bonne personne, c'est hors de notre volonté. »
Le petit ferma ses paupières, le contact visuel se brisa mais Youngjo remarqua le mince sourire qui s'étira sur les lèvres du plus jeune qui resserra son accroche sur sa main, qui était toujours liée à celle de son collègue de travail devenu ami.
« - L'Amour n'est pas une question de raison, c'est une question de sentiments et d'émotions. »
Terminant son monologue, l'aîné ne bougea cependant pas d'un millimètre puisque l'autre semblait en pleine réflexion avec lui-même. La scène se figea alors dans l'espace et le temps donnant ce sentiment que le monde avait arrêté de tourner pour les deux garçons : il était dans un univers parallèle, le leur.
« - Merci, Youngjo. C'était ce que j'avais besoin d'entendre. »
Les paupières papillonnantes, le Bymehet plongea à nouveau ses prunelles dans celles de son ami et il se mit à sourire mais c'était l'un des plus beaux rictus au Monde. Il exprimait un remerciement profond qui se mêlait à une forte sincérité tout en restant d'une douceur incomparable.
Youngjo ne rajouta rien, il observa simplement la beauté de Hwanwoong qui, au bout de quelques minutes, finit par bouger pour se tourner vers le plafond astral. Les yeux reflétant les constellations, Youngjo trouva ce tableau plus beau que le véritable et il peina à détourner la tête.
« - Apparemment, il y a des étoiles filantes ce soir. »
Un fragment d'innocence passa dans ce regard océanique constellé d'astres argentés et Youngjo se demanda s'il allait survivre jusqu'au petit matin tant son cœur battait fort dans sa poitrine.
« - Je n'en ai pas encore vu... Je voudrais bien en voir une.
- Tu n'en as jamais vu ?
- Si, une fois. »
Cette fois ce fut un éclat de nostalgie qui traversa ses prunelles et un brin de mélancolie vint assombrir l'océan lui donnant un air de profondeur abyssale.
« - Le soir avant le départ de mon père pour la deuxième Grande Guerre. Je n'avais pas réussi à dormir et lui non plus donc on avait observé le ciel en attendant le petit matin. »
La lueur de nostalgie gagna en intensité, camouflant le reflet astral sous un voile de tristesse qui venait des profondeurs du cœur du plus jeune.
« - Pendant toute la nuit on avait discuté de mon avenir et de son passé. C'est drôle, on n'a jamais parlé de son futur à lui, du « après la Guerre » comme si on savait au fond de nous... »
Dans un soupir, Hwanwoong laissa sa tête s'échouer sur l'épaule de son aîné qui ne dit rien. Au contraire, il positionna correctement son jeune ami qui se blottissait contre lui sans jamais lâcher sa main. Les yeux posés dans les étoiles, les deux parlèrent à cœur ouvert et Youngjo hésita à délier sa langue à son tour.
« - Je n'ai aucun souvenir de mes parents ou de ma vie avant d'arriver à Zéphyr. Je sais que je suis née à Zjarr car j'ai fouillé dans les actes de naissances archivés dans ce Royaume mais rien. Kim Youngjo n'existe pas avant ses sept ans à Zéphyr. »
Les rôles avaient changé, le Djegur se perdait dans la voie lactée tandis que Hwanwoong, posée sur l'épaule de son aîné, observait les étoiles refléter dans ses rubis scintillants.
« - Je ne suis pas d'ici et le nom que je porte, Kim, ce n'est même pas mon vrai nom. C'est Geonhak qui m'a nommé comme lui mais en réalité la seule chose qui me lie à mon passé c'est mon prénom : Youngjo. »
Le petit absorbait les paroles de son ami, écoutant respectueusement cette confession qui ne semblait jamais quitter son cœur habituellement.
« - Cela te rend triste de ne pas savoir d'où tu viens ? »
La voix de Hwanwoong était légèrement adorable, un timbre doux qui fit esquisser un fin sourire à Youngjo qui vint caresser la chevelure châtaigne du plus petit avec sa main de libre. Ce geste eut le don d'apaiser le cœur du Bymehet tout en le faisant se blottir un peu plus proche de son ami tandis que ses paupières s'alourdissaient.
« - Parfois oui. Je voudrais bien savoir qui étaient mes parents, ce qu'ils faisaient et à quoi ils ressemblaient. Aussi savoir si j'ai un frère ou une sœur, cela serait marrant de voir que j'en ai un ou une.
- Imagine tu as un jumeau, on aurait deux Youngjo. »
Les deux pouffèrent légèrement face à cette idée saugrenue et une constellation aux teintes saphir et rubis scintilla un peu plus fortement dans le ciel. Mais ils ne la virent pas, trop plongé dans leur cocon.
« - Après, je me raisonne souvent en disant que j'ai déjà ma famille ici, aux côtés de Geonhak et Seoho. En plus, elle s'est agrandie récemment avec l'arrivée de Dongju. »
Youngjo observa le ciel avec joie et il continua de chérir cette idée dans sa tête qu'il n'avait pas besoin de chercher sa famille biologique car il avait déjà trouvé la sienne ici, à Zéphyr. Le Djegur devait arrêter de se prendre la tête sur ces choses dont il n'aura sûrement jamais de réponse, cela ne le ferait que souffrir pour rien.
« - Et moi, est-ce que je fais partie de ta famille ? »
La voix de Hwanwoong n'était qu'un soupir endormi et, lorsque le plus vieux baissa la tête, il vit que son ami somnolait à moitié sur son épaule : ce n'était qu'une question de secondes avant qu'il ne finisse par réellement s'endormir.
Timidement, Youngjo déposa un rapide baiser sur le haut du crâne du petit qui sourit en plongeant dans les limbes du sommeil. Sa respiration ralentissait de plus en plus et son corps se collait davantage à son aîné qui finit par le prendre dans ses bras.
Sur le plafond astral, la lune descendait de plus en plus et indiquait les cinq heures passées. Le Djegur soupira en voyant que sa nuit avait été blanche, néanmoins, il n'était pas si déçu et frustré. Il lui suffisait de baisser le regard pour tomber sur la petite silhouette endormie profondément à ses côtés pour n'avoir aucun regret de ne pas avoir fermé l'œil. Néanmoins, il se mit à bailler à son tour puisqu'observer Hwanwoong dormir le berçait.
Se laissant tomber délicatement sur le dos tout en gardant le plus jeune dans ses bras, Youngjo caressa une dernière fois les cheveux châtains de Hwanwoong en combattant son sommeil puis il chuchota à voix basse ces derniers mots avant de s'assoupir sur l'herbe.
« - Evidemment que tu fais partie de ma famille, Hwanwoong. Tu es même l'un des plus important dans ma vie. »
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