Chapitre 57
Gabriel me rejoint devant la fenêtre, il prends mes mains entre les siennes, je vois des larmes couler sur ses joues, ça me brise le cœur.
-C'est ce que tu veux ? Que je te laisse ?
-Oui, c'est ce que je veux.
-Bien. Même si ça me brise le cœur, je comprends.
-Je suis désolée.
-Tu n'as pas à l'être. Tu sais que je respecte tes choix. Si tu changes d'avis, le palais sera toujours ouvert pour toi. Je serais toujours là pour toi. Mon cœur t'appartient, jusqu'à ton dernier souffle.
Gabriel ne me laisse pas le temps de répondre qu'il vient embrasser mon front, il reste quelques instants contre moi puis il quitte la chambre sans me regarder. Je pose ma main sur ma bouche et ferme les yeux, essayant d'oublier ce qu'il vient de se passer, mais c'est impossible, il vient de m'ouvrir son cœur et je l'ai jeté. Même si j'essaie de me convaincre que j'ai fait le bon choix, au fond j'aurais pu avoir l'homme que j'aime. Pour moi il est prêt à sacrifier sa couronne, une chose à quoi il tient plus que tout, alors que je ne suis pas prête à sacrifier ma vie privée. Une vie privée que Gabriel aurait protégé en plus. Et il m'estime assez solide pour gérer ce rôle de reine, rôle qui a tué à petit feu sa maman...
Je me dirige jusqu'à mon lit, où je fonds en larmes, encore. Tout le travail que j'avais fait sur moi pendant des semaines est foutu, Gabriel a fait ce que je ne voulais surtout pas qu'il fasse, il a même fait plus.
Putain, il m'a déclaré sa flamme ! Il est amoureux de moi, je suis son premier amour, il ne veut pas de celle qui est sa fiancée, il me veut moi ! Ses mots tournent en boucle dans mon esprit, ravivant les larmes qui ne cessent de couler.
Je finis par sentir des mains sur moi, je me tourne pour regarder qui c'est, je suis presque déçue de voir ma mère. Elle me serre dans ses bras sans rien dire, me laissant pleurer encore un très long moment, puis j'essaie de récupérer un peu. Ma mère me donne des mouchoirs, je me mouche, j'essuie mes joues qui sont trempées et je la regarde.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé avec le roi ? Il t'a fait du mal ?
-Non, il ne m'a pas fait de mal. Au contraire.
-Au contraire ? Pourtant tu pleures encore plus que quand t'es partie et lui-même avait l'air très triste.
-Maman, Gabriel est amoureux de moi.
Elle fait de gros yeux, surprise par ce que je viens de dire.
-Attends, notre roi est amoureux de toi ?
-Ouais.
-Et toi ?
-Je suis dingue de lui, depuis longtemps. Depuis des mois. Et ça me fait mal de le savoir loin de moi alors qu'il m'aime.
-C'est pas facile d'aimer un homme qui a un tel rôle, n'est-ce pas ?
-C'est douloureux, surtout quand tu sais qu'il est prêt à renoncer à la couronne pour moi.
-Vraiment ?
-Ouais. C'est fou, lui est prêt à sacrifier la couronne, moi je ne suis pas prête à sacrifier un peu de ma vie privée...
-Ce n'est pas le même sacrifice. Rendre la couronne ce n'est pas la même chose que de voir sa vie affichée dans la presse et devoir au peuple. Le doute est normal et sain dans ce genre de cas. Mais chérie, tu ne dois pas fermer la porte à cet homme.
-T'es de son côté ?
-Non, mais je suis du côté de l'amour. Si vous deux vous vous aimez, vous devriez pouvoir vivre votre amour même si je le trouve trop vieux pour toi.
-Il n'y a pas non plus trente ans d'écart entre nous.
-Quand même dix-sept ans, ce n'est pas rien. En tout cas, tu dois réfléchir sur tout ça, tu ne dois pas te fermer à une relation. Je serais toujours là pour toi et je sais que lui saura éloigner ceux qui t'embête.
-C'est quand même une lourde décision.
-Je pense que ce sera la décision la plus importante de ta vie, alors tu peux prendre ton temps. Si je peux juste te donner un conseil, prends ta décision avant le mariage. C'est plus simple d'annuler un mariage que de demander le divorce.
-Maman, ne me mets pas la pression.
-Je ne te la mets pas. Prends tout ton temps.
Ma mère m'enlace dans ses bras, je souris un peu en la voyant comme ça.
-Je t'aime ma chérie.
-Je t'aime aussi maman.
Je ferme les yeux et profite de ses bras. Mon cerveau se mets à réfléchir beaucoup trop, ça va me mettre de mauvais poil d'avoir autant de réflexions qui me taraude l'esprit. Mais je dois réfléchir comme il faut pour savoir quoi faire avant son mariage.
Nous restons un long moment ici, ma mère se lève et quitte ma chambre après avoir jeté un œil dehors, la rue a été vidée des médias, il ne reste que la police qui surveille l'entrée, ce qui me rassure. Gabriel a vraiment fait dégager les médias, je devrais le remercier, mais je ne le fais pas. Je sors à mon tour de ma chambre pour aller au salon, tout a retrouvé son calme, ça fait du bien. Je passe le reste de ma journée avec ma mère, nous discutons, je dois avouer que j'évite de penser à ce que je viens de vivre, je sais que je risque de pleurer de nouveau, je ne veux pas.
Je passe les trois jours suivant à faire comme si rien ne s'était passer, je réussis par je ne sais qu'elle force à mettre tout ça de côté, surtout grâce au travail je dois avouer, mais samedi soir, après un reportage sur le mariage à venir, je ne peux m'empêcher de regarder le tiroir de ma table de chevet, le tiroir maudit. Je m'approche de celui-ci et hésite quelques instants devant, je sais que ça va tout faire remonter, mais je crois que je le dois.
Après une profonde inspiration et de longues minutes d'hésitation, j'ouvre le tiroir, je vois tout de suite l'enveloppe avec mon prénom noté dessus. Je m'assois en tailleur sur mon lit et regarde l'enveloppe un long moment, puis je l'ouvre. Je sors son contenu, il y a deux feuilles noir d'encre, je me mets à les lire.
Son cœur est ouvert sur ces papiers, il exprime tout ce qu'il a ressenti il y a six mois, quand on lui a annoncé ses fiançailles forcées, ce qu'il a ressenti pendant notre dernier week-end ensembles, ce qu'il ressent pour moi. Tout est là, depuis la première fois qu'il m'a vu à notre dernière nuit ensembles. Ces derniers mots forment une sublime déclaration d'amour, écrite peu avant qu'il donne l'enveloppe à Joe.
Quand je termine la lettre, je la pose entre mes jambes et je sens les larmes couler de nouveau, c'est un des plus beaux courrier que je n'ai jamais lu. Un sourire me prends entre mes larmes, ma vie est un peu sens dessus dessous, je ne sais pas quoi faire avec Gabriel, la seule chose qui est sûr c'est que nos sentiments sont partagés ! Je secoue la tête et relit la lettre, encore et encore, savourant chaque mot, surtout ceux pour le gouvernement et la parlement qu'il déteste, ce qui me fait un peu rire entre mes larmes.
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