L'eau de mon bain est devenue froide, j'ouvre la bonde et je me lave. Quand je vais devant le miroir, toute trace de joie a quitté mon visage, alors que ce matin encore il était radieux. N'est-ce pas possible de recevoir une alerte sur son portable quand on va avoir le cœur brisé ? Enfin, techniquement j'ai reçu l'alerte en recevant le message de Joe.

Je secoue un peu la tête, je fais une rapide routine, je me change et je vais dans ma chambre, ce soir je ne peux pas aller voir ma mère, alors je vais me contenter de pleurer et d'essayer de dormir. Voilà comment ma première et dernière relation se termine. Plus jamais je ne fréquenterais un homme, hors de question. Si c'est pour souffrir autant, je préfère rester célibataire même si je sais que la chaleur de Gabriel va me manquer.

Avant de craquer une nouvelle fois, je décide de me faire un peu de mal, l'annonce a du tomber sur les réseaux, j'ai envie de voir la réaction du peuple. Celle-ci a bien été faite, je regarde les réactions, tout le monde est content de ça, d'enfant avoir une future reine et de futurs héritiers à la couronne. Il y a aussi une première photo du nouveau couple royale, la duchesse illumine la photo, même Gabriel semble heureux. Je sais que ce n'est pas bien ce que je m'inflige, que ça ne fait qu'empirer la douleur que je ressens, mais je ne peux quitter mon ex-amant des yeux. Il a quand même été mon premier amour. Et le dernier.

Je finis par poser mon téléphone, la douleur dans ma poitrine devient insoutenable, je regarde par ma fenêtre quelques minutes jusqu'à ce qu'une envie de vomir me torde le ventre, je vais rendre ce que j'ai mangé aujourd'hui en courant. Je me remets à pleurer quand mon ventre est vide, je sens que je crie mais je ne m'entends pas, c'est horrible cette souffrance !

* * *

Ce matin le réveille a été dur, j'ai mal à la nuque, je me suis endormie dans les toilettes après ma crise de larmes. J'ai fait une nuit sans rêve, je me suis réveillée en pleurant une nouvelle fois, ce qui fait que j'ai mal à la tête comme jamais je n'ai eu mal, j'ai l'impression d'être en pleine gueule de bois. Gabriel m'a envoyé de nombreux messages, me demandant pardon, me demandant de l'écouter, jusqu'à deux heures du matin, où il en a envoyé un dernier en parlant de ma mère. Il va toujours payer les soins, il y tient. J'ai eu envie de le rembarrer, de lui dire d'aller se faire voir, mais j'ai pensé à ma mère, elle a besoin de ces soins précieux contre la maladie.

En parlant d'elle, je viens d'arriver à l'hôpital, j'ai besoin de la voir malgré mon état. Je me dirige vers sa chambre sans attendre, j'essaie de sortir un sourire devant le miroir de l'ascenseur mais c'est mission impossible. Je suis trop cassée aujourd'hui. Je toque à la porte de sa chambre quand j'arrive dedans, je l'entends dire que je peux entrer, choque que je fais sans attendre. Ma mère me regarde, surprise de me voir ici, je devrais être au boulot.

-Hé, salut ma chérie. Qu'est-ce que tu fais là ?

-Je voulais te voir. Je ne te dérange pas ?

-Bien sûr que non, même si je suis surprise, tu devrais être au palais.

-Je ne peux plus y travailler.

-Tu as été licencié ?! C'est pour ça cette petite tête ?

-Non, j'ai démissionné.

-Quoi ? Mais pourquoi ? Tu es heureuse là-bas.

-Je viens de rompre avec mon amant.

Je sens les larmes monter une nouvelle fois, ma mère me tends ses bras en me voyant proche de pleurer. Je vais me blottir contre elle, pleurant une nouvelle fois, je ne sais pas quand ça va s'arrêter. Ma mère me caresse doucement le dos, me laissant tout le temps pour lâcher ce que j'ai.

Je réussis à me calmer plus rapidement qu'hier, je me redresse un peu, ma mère essuie mes joues délicatement.

-C'est ce Alex qui t'a fait autant de mal ? Comment ? Pourquoi il a rompu avec une jeune femme aussi merveilleuse que toi ?

-Parce que... parce que...

J'hésite un peu, je ne sais pas si je dois lui dire toute la vérité. Je la regarde, elle m'encourage avec ses yeux à dire la vérité, et je ne veux pas lui mentir plus que ça.

-Maman, il faut que tu me promettes de ne pas me juger.

-Je vais juger l'autre connard, mais pas toi. Raconte tout à ta maman.

Je prends une profonde inspiration, puis je raconte.

-En fait, l'homme avec qui j'ai couché, ce n'est pas Alex. Il s'appelle Gabriel, c'est son vrai prénom. Alex, ou plutôt Alexander, c'est son troisième prénom.

-Gabriel ? Comme notre roi ?

-Oui. Comme notre roi parce que... c'était... hum... c'était lui, mon amant.

Les yeux de ma mère s'écarquillent d'un coup, elle ne s'attendait pas à ça.

-Attends, tu as couché avec notre roi ? Mais il n'a même pas deux ans de moins que moi ! Il a abusé de toi ? Tu sais qu'on peut porter plainte contre lui ! Ce n'est pas...

-Maman, calme-toi, j'ai toujours été consentante, il ne m'a jamais forcé à faire quoi que ce soit, il était parfait.

-Parfait mais il a quand même couché avec une fille dix-sept ans plus jeune que lui ! 

-S'il te plaît, laisse-moi continuer. Notre premier rapprochement était à la piscine et une chose en entrainant une autre, on s'entendait bien et on a finit par... voilà. De novembre à hier on couchait régulièrement ensembles et on dormait même dans le même lit. Et ce week-end c'est avec lui que je suis partie, dans le sud du pays, dans une maison à lui. C'était formidable, j'ai adoré chaque minutes de cette relation, jusqu'à hier.

Je respire profondément, d'une respiration hachée, j'ai encore envie de pleurer.

-Hier matin, notre chef nous a annoncé que Gabriel était fiancé, t'as du le voir passer.

-Non, je ne l'ai pas vu, je ne demande pas la presse et tu sais que je ne regarde pas spécialement les informations. Mon dieu, ma chérie, c'est un beau salaud ! Il a profité de toi pour te larguer comme une vieille chaussette.

-Il ne m'en a même pas parlé alors que ça fait deux semaines qu'il sait. J'aurais juste voulu qu'il m'en parle.

Ma mère soupire, elle regarde un peu en face d'elle avant de revenir sur moi.

-Chérie, ça veut dire que c'est le roi qui paie mes soins ?

-C'est ça.

Elle fronce les sourcils et secoue la tête, ça me surprends un peu.

-Attends, si je résume. Tu couches avec notre roi depuis des mois, il t'emmène en week-end avec lui, je suppose que les vacances après le nouvel an c'était aussi avec lui. Il paie mes soins alors qu'il ne me connait ni d'Adam ni d'Eve mais il n'officialise aucune relation avec toi ? C'est bizarre ça. T'es sûr qu'il n'était pas avec cette fille avant d'avoir une relation avec toi ?

-Ça, j'en suis sûr. Il n'aime pas Stacy du Somerset.

-Et pourtant il va se marier avec elle. Tu ne trouves pas ça étrange ? J'ai l'impression qu'il s'est moqué de toi pendant des mois.

-Maman, s'il te plaît. Je te rappelle que je suis tombée amoureuse de lui, ne me brise pas plus le cœur. Je n'ai pas envie de croire que tout était faux. J'ai envie de croire qu'il y avait quand même un peu de sincérité chez lui, dis-je en sentant de nouvelles larmes monter. J'ai trop mal maman.

-Je vois ça. Viens là.

Elle me tends ses bras, je me blottis contre elle, je pleure sans vraiment m'en rendre compte, ma mère caresse mes cheveux et essaie de me réconforter, mais c'est impossible.