Jessica.

Cela fait maintenant trois semaines que j'ai commencé à travailler au palais, j'ai bien pris mes marques, j'apprécie beaucoup mon travail ici bien qu'il soit très demandeur. J'ai quand même du temps pour ma mère, je peux la voir quasiment tout les jours. J'ai également de bonnes relations avec mes collègues, nous avons déjà échangé quelques verres après les services, ça fait plaisir de rire et de discuter avec des personnes qui ne sont pas ma mère ou la tombe de mon père. Et l'équipe est plutôt sympathique, tous m'ont bien adopté, je suis la plus jeune du groupe.

Mais pour le moment, je ne suis pas à discuter dans le jardin, je suis en train de nettoyer les rambardes des escaliers principaux, ils sont bien sales, je ne sais pas comment ils ont fait pour autant les tâcher. Je commence à transpirer, c'est rare quand je transpire en faisant le ménage, j'arrive toujours à me réguler. Je frotte tellement les marches et les barreaux que ça me fait suer.

Je me redresse après avoir frotté je ne sais combien de temps une marche, la tâche est presque partie, j'essuie mon front et jette ma brosse dans mon seau. Je souffle et m'évente pour me rafraichir quand je sens un regard sur moi. Ce n'est pas la première fois que je le sens ce regard sur moi et à chaque fois, je ne trouve pas qui me fixe. Je me lève pour avoir une meilleure vue et tourne sur moi-même, personne.

Mon téléphone de service me fait sursauter, je le sors de ma poche et regarde qui appelle, c'est Joe. Je me demande ce qu'il veut, je décroche sans attendre.

-Jessica, pouvez-vous venir me voir ? J'ai quelque chose à vous dire.

-J'étais en train de nettoyer les escaliers, je peux finir avant ?

-Non, c'est important. Laissez votre chariot sur le côté, vous finirez plus tard.

-D'accord, très bien. J'arrive au plus vite.

Joe raccroche, je range mon téléphone, mes affaires puis je file au bureau, ce qui me prends un peu de temps. Je marche d'un pas rapide, j'arrive rapidement au bureau, je toque à la porte qui est déjà ouverte, Joe lâche un petit sourire en me voyant.

-Jessica, vous avez fait vite.

-Vous m'avez dit que c'était important, alors je me suis dépêchée. Que voulez-vous ?

-La gouvernante est très satisfaite de votre travail, tout comme je le suis. Et puisque vous êtes très efficace malgré les charges qu'on peut vous donner, nous avons décidé de vous donner de nouvelles responsabilités.

-Aussi à cause du départ de Rachel ?

-Aussi. Je vous donne la nouvelle liste des lieux que vous aurez à nettoyer.

Il me tends le document, c'est à partir de demain que je devrais me charger de ça. Je lis les lieux, il y en a un qui me surprends.

-Le bureau de Sa Majesté ? Vous me confiez ce lieu alors que je suis là depuis même pas un mois ?

-Vous faites votre travail et nous avons bien remarqué que vous tenez au secret professionnel en plus de tenir à votre emploi. Donc, vous avez le droit de récupérer le bureau de Sa Majesté.

-Merci beaucoup pour la confiance que vous m'accordez.

-C'est normal. Voilà, c'était tout ce que je voulais vous donner. Et j'ai aussi une question à vous poser.

-Je vous écoute.

-Où allez-vous à chaque fin de service ? J'ai remarqué que vous partiez à chaque fois.

-Je vais chez moi, voir ma mère. Elle est malade, je m'occupe d'elle quand je le peux.

-Pas de journaliste ?

-Même sous la torture je ne parlerais jamais. Je travaille pour gagner mon argent, je ne trahis pas mon employeur. Je vais juste voir ma mère.

-Qu'est-ce qu'elle a comme maladie ?

-Cancer des ovaires, stade avancée.

-Oh, je suis désolé de l'apprendre.

-C'est comme ça. Aujourd'hui je prends soin d'elle quand je peux.

-Je comprends. J'espère qu'elle se rétablira. Je vous laisse retourner à votre travail.

-Merci.

Je lâche un petit sourire puis je quitte le bureau pour mon studio, affiche le papier sur mon petit tableau en liège et je retrouver mon chariot et finir de m'occuper des escaliers. Je soupire en prenant ma brosse et nettoyant ces tâches de l'enfer.

A la fin de la journée, quand j'ai réussi à nettoyer ces marches, je rejoins mon studio pour me doucher et me changer. Je ne prends pas le temps de me poser, je vais directement voir ma mère. Si je m'assois sur le lit, je ne le quitterais pas avant demain matin, je suis assez fatiguée. Je marche tranquillement jusqu'à la maison, prenant à manger au passage, je sonne pour ne pas surprendre ma mère et j'entre.

-Salut maman, c'est moi.

-Je suis dans le salon.

Je m'y dirige sans attendre, je retire ma petite veste et m'installe sur le canapé.

-Bonsoir ma chérie. T'as passé une bonne journée au boulot ?

-Je suis éreintée mais tout c'est bien passé. J'ai déjà eu une petite évolution.

-Déjà une promotion ?

-Non, juste des endroits en plus à nettoyer. Ils me font confiance.

-Je suis contente pour toi. Tu n'as toujours pas fait craquer un beau garde de Sa Majesté sinon ?

-Maman, je ne vais pas là-bas pour ça. Je travaille et c'est suffisant.

-Tu peux aussi essayer de te trouver un beau garde. T'as vingt-trois ans, profites-en.

-Je suis pas intéressée. Et je ne veux pas en parler plus. J'ai acheté à manger.

-J'ai compris, je ne vais pas insister. Même si ça me ferais plaisir de te voir heureuse.

-Ça arrivera en temps voulu maman.

Je lui lâche un petit sourire puis je sors ce que j'ai acheté. Je mange en discutant avec ma mère, ça fait du bien d'être avec elle. Je manque de m'endormir sur le canapé après avoir savouré mon repas, je réussis à me lever pour retourner au palais, demain matin je commence tôt et je ne veux pas courir.

Je rentre tranquillement au palais après avoir salué ma mère, je souris en voyant des collègues dans le jardin, à discuter en écoutant de la musique. Ils me voient arriver, Barry, un de mes collègues avec qui je discute le plus, se lève et m'apporte un verre.

-Jess, tu veux rester un peu avec nous ?

-C'est gentil de proposer, mais non. Je suis épuisée, j'ai juste envie de dormir. J'ai déjà faillit m'endormir chez ma mère.

-Allez, c'est juste un verre

-Non merci. On se voit demain.

Je me tourne vers celle qui s'en va, elle se lève à son tour.

-J'étais contente de te connaitre Rachel.

-De même. J'ai su en plus que tu récupérais une partie de ma charge de travail, j'espère que ça ira.

-Je m'adapte bien au boulot que j'ai à faire, ne t'inquiète. Profite bien de ton retour à la vie normal.

-C'est que tu sais faire de l'humour, dit-elle en riant.

-Parfois je sais rire, je réponds en souriant à mon tour. Bon, je suis épuisée, demain j'ai une grosse journée qui m'attends.

-Je comprends. Bon courage. J'espère qu'on restera un peu en contact. Tiens, mon numéro.

Elle me donne un petit papier, je le prends en la remerciant.

-Allez, je file. A bientôt Rachel. A demain les autres.

Je quitte rapidement le jardin pour enfin retrouver mon studio, je me change, fais une petite toilette puis je me couche en finissant de m'occuper de mes cheveux. Je traine un peu sur mon téléphone, mais je m'endors dessus, alors je le pose sur la table de chevet et le sommeil vient me prendre sans attendre.