Chapitre 38

Le soleil finit par se couvrir, je le vois malgré mes yeux clos, je les ouvre, je suis surprise de revoir Gabriel. Depuis notre discussion, si on peut appeler ça une discussion, je ne l'ai revu que pour la distribution des fleurs et chocolats.

-Gabriel ? Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas être à l'église ?

-Le service est terminé, je suis rentré tout de suite après. Les autres sont partis sur Cannes.

-Pourquoi tu n'es pas allé avec eux ?

-Parce que j'en avais pas envie. Et il n'y avait pas la sécurité pour moi.

-C'est triste.

-Pas du tout. Au moins je peux enfin discuter avec toi.

-Qui te dis que moi j'en ai envie ?

-S'il te plait, ça fait dix jours que tu me fais la tête sans que je ne sache pourquoi, j'ai besoin de savoir ce qu'il se passe dans ta petite tête pour ne pas devenir fou.

-Tu n'aimes pas que je sois loin de toi ?

-Bien sûr que non ! Je n'aime pas ça, surtout sans savoir pourquoi.

Je soupire un bon coup, je n'aime pas l'idée de devoir lui expliquer, parce que je dois mentir pour m'éviter de lui dire que je suis en train de tomber amoureuse de lui et que je veux juste oublier mes sentiments nouveaux.

-Gabriel, tu n'as pas à tout savoir. Juste, notre relation n'est pas une bonne idée.

-Tu ne disais pas ça avant que tu quittes mon lit en faisant la tête.

-Je sais, et c'est là où me suis rendue compte que notre relation n'était pas une bonne idée.

Surtout que je développe des sentiments. Gabriel voit que quelque chose ne va pas chez moi, il vient s'asseoir à côté de mes cuisses.

-Jessica, qu'est-ce qu'il se passe dans ta petite tête ?

-Rien que n'a à savoir.

-Si ça te mets aussi mal, j'aimerais bien savoir. Je ne te jugerais pas.

-Gabriel, s'il te plaît, respecte mon silence. J'ai besoin de m'éloigner de toi.

-Et ça me blesse de te voir t'éloigner, de te voir silencieuse. Je ne vais pas te pousser à ravoir des relation intimes avec moi, mais j'aimerais au moins retrouver nos discussions. Ça me manque.

Ça me manque aussi, mais je ne peux pas continuer ma relation avec lui sans mettre mon cœur sur la table.

-J'imagine bien, mais je ne peux pas continuer notre relation.

-C'est dommage, mais c'est toi qui choisi. Si tu ne veux pas continuer, alors on va s'arrêter là, mais tu aurais du me le dire.

Je ne sens aucun reproche dans sa voix, il est même très compatissant.

-Si jamais, tu peux me rejoindre dans ma chambre, si tu veux discuter.

-Merci.

Je pose ma main sur son bras, Gabriel baisse les yeux dessus puis les lèvent vers mon visage. Je dois avouer que j'ai une terrible envie de l'embrasser, ses lèvres me manquent terriblement, son corps aussi et sa façon de m'apprendre le sexe. Et nos discussions aussi, mais je sais que ça mènera à de nouveaux moments intimes.

-Bon, je vais y aller, si tu veux rester dehors. Et s'il te plaît, ne fumes pas.

Je me lève, Gabriel reste assit, les yeux sur l'endroit où j'étais. Je vois bien qu'il est triste, ça me blesse, mais je dois faire ça pour mon bien. Je dépose ma main sur sa joue, il lève son visage vers moi.

-Ne sois pas triste, c'est comme ça.

-Je ne suis pas triste, juste... j'appréciais notre relation.

-Moi aussi.

Et ça me blesse vraiment de ne pas la continuer. Je décide de partir, ça ne sert à rien de s'attarder ici, je ne veux pas enfoncer le couteau dans la plaie que j'ai moi-même réalisé. Je ne vais pas reprocher à Gabriel la séparation, c'est moi qui l'impose. Je suis responsable de tout ça. Je vais poser un baiser sur son front puis je rentre, buttant presque contre quelqu'un. Je regarde qui c'est, je suis surprise de voir la duchesse de l'autre jour.

-Oh, excusez-moi madame.

-Il n'y a pas de soucis, bien que vous auriez pu regarder devant vous. Où se trouve le roi ?

-Dehors, sur un des transats.

La duchesse passe sans me remercier, je préfère ne pas relever le manque de politesse, je me dirige dans ma chambre. Je m'assois sur mon lit et passe mes mains sur mon visage, je sens les larmes monter mais je les retiens. Je ne dois pas pleurer.

* * *

Cela fait deux jours que la duchesse du Somerset est arrivée, le parlement voulait d'elle ici et Gabriel n'a pas pu la renvoyer. L'ambiance dans la villa a changé avec son arrivée, elle est assez lourde maintenant. La duchesse aime à donner des ordres, surtout à moi, pour nettoyer des choses que je n'ai pas à nettoyer, mais je m'exécute, je ne veux pas chercher des ennuies. Le roi est d'une humeur massacrante aussi, bien que rien ne transparaisse durant ses visites. Il est toujours souriant en public, mais ici, il passe du temps dans le jardin ou dans sa chambre, voulant fuir la duchesse.

Aujourd'hui n'échappe pas à la règle, Gabriel s'enferme dans sa chambre en rentrant. Ça me rends triste, surtout qu'il était toujours dans le salon avant l'arrivée de Stacy, à discuter avec nous. Celle-ci le suis d'ailleurs, je le vois en étant dans le couloir qui mène à sa chambre, elle toque et entre directement, sans attendre. J'entends les deux discuter en me dirigeant vers ma pièce, Gabriel n'est vraiment pas d'humeur, il commence à hausser le ton. Je m'enferme dans ma chambre et tends l'oreille, la duchesse reproche à Gabriel de ne pas faire d'effort, lui réponds qu'il n'avait jamais demandé à être avec une femme pendant ce voyage. Cet échange plutôt costaud, c'est une vraie dispute entre les deux, jusqu'à ce qu'une porte soit claquée.

Un grognement me parvient puis, quelques instants plus tard, une nouvelle porte est claquée, la duchesse a du s'enfermer dans sa chambre. J'attends un peu dans ma chambre et la quitte, pour savoir ce qu'il vient de se passer, je suis curieuse. Je sors doucement de la pièce et regarde le couloir, tout est calme. Je passe aussi dans le salon, personne, je vois mes collègues dehors, je peux en profiter. Je vais toquer à la porte de Gabriel, il réponds sèchement, mais ça ne me surprends pas.

-Bonsoir Gabriel, tout va bien ? je demande après avoir ouvert la porte doucement.

Il se tourne vers moi, il a l'air de se détendre en me voyant.

-Oh, c'est toi. Qu'est-ce que tu fais là ?

-Est-ce que je peux entrer ?

-Oui, bien sûr.

J'entre dans la chambre et ferme la porte, histoire d'être tranquille.

-Est-ce que tout va bien ? Je t'ai entendu crier contre Stacy.

-Tout va bien, juste des problèmes de... mariage et de royauté.

-Elle insiste pour un mariage ?

-Ça en devient pathétique. Je ne l'épouserais jamais, elle ne veut pas le comprendre. Elle et le gouvernement.

-Un jour ils comprendront, mais je pense qu'ils le feront uniquement si tu te maries avec une femme que toi tu auras choisi avec attention.

-J'aimerais bien qu'ils cessent de le faire sans ça. Je ne supporte plus tout ça.

Gabriel passe ses mains sur son visage en s'asseyant sur son lit, je vois tout son agacement.

-Sinon, t'es juste venue pour ça ? Me demander ce qu'il s'est passé ? demande-t-il en me regardant.

-Oui. Je voulais juste savoir ça. Je te laisse.

Je commence à m'en aller, mais je sens rapidement Gabriel fermer sa main autour de mon bras. Je me tourne vers lui, surprise par le fait qu'il me retienne.

-Je n'ai pas envie que tu partes Jessica. Reste avec moi s'il te plaît.

-Ce n'est pas une bonne idée que je reste.

-S'il te plaît.

Je le regarde, hésitante, je sais que ce n'est pas une bonne idée de faire ça, mais en même temps j'aimerais rester. Gabriel caresse mon bras, ses doigts me manquent, comme ses baisers plus que délicieux.

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