Chapitre 34
Gabriel.
Stacy est dans mon bureau alors que je viens de rentrer d'une longue visite, je dois avouer que je ne m'attendais pas à ça. Nous discutons très peu ensembles, elle fait partie de la famille éloignée, on a notre arrière-arrière grand-mère en commun, c'est tout, même si je la connais depuis sa naissance, elle est encore jeune, on a douze ans d'écarts.
-Bien, qu'est-ce que tu me veux Stacy ?
-Le chef du parlement est venu me parler aujourd'hui, j'étais très surprise.
-Le chef du parlement ? Pourquoi ?
-Il m'a parlé de ton voyage en France. Je sais que tu ne veux pas que je vienne avec toi, mais lui insiste. Il m'a informé que demain il annonce que je pars avec toi.
-Bordel, il fait chier.
-Je t'embête tant que ça ? Faire un voyage avec moi, ce n'est pas non plus la fin du monde.
-Mais je n'ai pas envie de donner des idées au peuple et encore moins aux médias.
En plus j'ai voulu Jessica sur le voyage, ce n'est pas pour rien. J'ai envie de lui faire découvrir la France, sachant que j'ai quelques moments sans rien.
-Gabriel, je ne pense pas qu'on aura le choix.
-Je vais le contacter. Il s'agit d'un voyage diplomatique, pas d'un voyage pour un mariage arrangé.
-On en est pas là non plus Gabriel.
-Avec le parlement, ils en sont là. S'ils pouvaient me mettre dans un costume et devant l'archevêque pour me marier, ils le feraient.
-Pourquoi tu refuses tant un mariage ? Surtout que tu sais que je suis un bon parti.
-Je le sais Stacy, je te connais depuis que tu es née, mais je ne veux pas me marier avec toi. Et si je refuse le mariage, c'est peut-être parce que je n'ai jamais trouvé celle avec qui j'ai envie de partager non seulement ma vie, mais aussi la couronne.
Stacy s'approche de moi, son regard change du tout au tout, mais ça ne me séduit pas comme avec Jessica.
-Gabriel, je suis prête pour ce genre de rôle. Regarde comment je gère mon duché, le peuple sera heureux avec moi, et toi aussi. Je sais être une bonne femme pour un homme d'exception.
Elle vient poser ses mains sur mon torse, son attitude me surprends. Je la repousse sans hésiter, la faisant un peu tanguer sur ses talons.
-Stacy, non ! Je vais tout de suite appeler Edward pour lui parler. Sors d'ici.
-Gabriel, excuse-moi.
-Dehors.
-S'il te plaît, j'ai été bête. Mais il me semble que tu n'es pas le genre à refuser des avances. As-tu quelqu'un dans ta vie que tu me rejettes comme ça ?
-Je n'ai personne dans ma vie, mais je ne suis pas désespéré pour autant.
Je dois avouer que je n'aime en général pas le mensonge, mais je n'ai pas envie de dire la vérité si Jessica ne veut pas. D'autant plus qu'elle n'est qu'une maitresse pour le moment, pas une petite-amie.
-Et tu refuses des avances ? Gabriel, tu mens.
-Même si je mens Stacy, ma vie ne te regarde pas. Maintenant, sors de ce bureau et je vais appeler Edward.
-Ne fais pas ça, s'il te plaît.
-Tu n'as plus d'argent que tu me supplies comment ça ?
-J'en ai encore, je ne suis pas là pour l'argent, mais j'ai envie de me rapprocher de toi.
Je soupire, je n'aime pas l'idée qu'elle se rapproche de moi comme ça, du jour au lendemain. Elle était là à Noël et ne m'a presque pas parlé, mais aujourd'hui elle vient dans mes pattes parce que le parlement veut clairement la marier avec moi.
-Stacy, j'ai encore du boulot, laisse-moi tranquille. Et tu ne viendras pas avec moi.
-Bon courage pour convaincre le chef du parlement. Je te laisse, on va se revoir rapidement je pense.
-Je n'espère pas. Au revoir Stacy.
-Au revoir, Votre Majesté.
Elle me sert une petite courbette et s'en va, je soupire en allant m'installer à mon bureau. Je retire ma cravate et me mets au travail, réglant quelques petites choses avant de prendre le téléphone pour contacter ce crétin qui sert de chef du parlement. Il me réponds rapidement, il n'a pas le choix avec moi, j'ai horreur qu'on ne réponde pas au téléphone.
-Votre Majesté, que me vaut l'honneur de...
-Pourquoi vous avez invité la duchesse de Somerset sur mon voyage en France ?
-Elle mérite ce voyage avec vous. Et ce serait bien que vous apparaissiez ensembles.
-Edward, combien même Stacy est très jolie et intelligente, elle ne voyagera pas avec moi.
-Gabriel, vous allez devoir vous habituer à ça. Avec le chef du gouvernement on a choisi de vous imposer une reine.
-Pardon ? Vous savez à qui vous parlez ?
-Je le sais, et il est temps de vous marier. Vous êtes le roi, vous devez vous marier et concevoir un héritier.
Je soupire, ils commencent à m'emmerder avec cette histoire.
-Ecoutez, je sais que vous vous n'attendez que ça, mais je ne vais pas me forcer à entrer dans un mariage arrangé par des gens qui ne me connaissent pas. Je n'épouserais personne si je ne l'aime pas.
-Nous attendons depuis plus de dix ans maintenant. Au début de votre règne c'était normal, mais vous avez bientôt quarante-et-un ans, il est temps de passer le cap.
-Je le passerais quand j'en aurais envie et ne me chercher plus sur ce sujet. Stacy ne viendra pas avec moi et n'essayez pas d'intenter une action contre moi pour me détrôner. Je connais vos petits secrets Edward, faites attention si vous ne voulez pas que ça ce sache.
-Je n'ai rien à cacher.
-Oh que si, vous cachez des choses. Alors arrêtez de me faire chier sur ce mariage.
Je raccroche sans attendre de réponse, je déteste ce vieux con. Mon père aussi ne pouvait pas le supporter, alors qu'il n'était pas aussi haut gradé. Il a monté les strates du parlement sous mon règne et je l'ai en horreur. Il y a une autre personne qui aurait mérité sa place, plus simple, plus décontracté, mais il n'a jamais été élu malgré son bon travail et sa bonne entente avec moi. Lui ne chercherais à me marier à tout prix au moins.
Je m'enfonce dans mon siège dans un nouveau soupire, passant mes mains sur mon visage, je dois finir ce que j'ai à faire, je commence à avoir faim et je veux voir Jessica. Tout ça m'a énervé, elle est la seule à pouvoir me détendre en ce moment. Ça fait maintenant presque quatre mois que nous avons commencé notre relation intime, déjà, et je ne me lasse pas la moindre seconde de celle-ci.
Mes yeux se tournent vers le premier tiroir de mon bureau, je l'ouvre et sors ce que j'ai rangé dedans il y a des années, ce sont des photos de ma mère, de mon père, de mes parents ensembles et aussi avec moi. Ma mère est décédée quand j'avais seize ans, ça a été très dur pour moi. Nous avions toujours été très proche elle et moi, elle savait me réconforter et me rassurer sur mon rôle, que je pensais sincèrement prendre le plus tard possible dans ma vie, vers l'âge que j'ai aujourd'hui.
Devenir roi à vingt ans n'a pas été simple, combien même je connaissais le rôle, mais je n'avais pas la maturité que j'ai aujourd'hui. J'aurais aimé avoir plus de temps avant de perdre mon père, quatre ans après le décès de ma mère. Même si les deux pertes ont été séparées de quelques années, ça m'a quand même fait très mal quand j'ai perdu mon père. Je savais que je perdais non seulement celui qui m'a éduqué, mais aussi mon statut de prince plutôt libre. Beaucoup de gens pensent que ce rôle est simple, alors qu'il est l'un des plus complexe et on ne peut pas démissionner, c'est à vie. C'est pour cela que je n'ai jamais épousé une femme.
Si je suis prêt à m'engager pour la vie avec l'amour de ma vie, bien que je ne l'ai pas encore rencontrée, je ne sais pas si elle serait prête à gérer un rôle de reine jusqu'à son dernier souffle. Je ne veux pas imposer un rôle aussi conséquent, même à une duchesse qui le connaît. Devenir reine, c'est s'exposer aux critiques, à la presse, c'est renoncer à sa liberté la plus élémentaire. Ma mère n'était pas une roturière, elle est née duchesse, et pourtant elle détestait la vie au palais, elle adorait quand on partait loin de ce palais pour une maison plus simple, où elle pouvait être qui elle était. Une virtuose du piano, une passionnée d'échec qui m'a tout appris sur ce jeu, une épouse et une mère aimante. Malgré tout l'amour qu'elle recevait de mon père, de moi et du peuple, ça ne l'empêchait pas d'être malheureuse le reste du temps.
Je pourrais dire tout ça au peuple, que je ne veux pas que mon épouse soit malheureuse en étant au palais, mais je ne suis pas sûr qu'il comprendrait. Pour beaucoup la vie ici est simple, surtout avec les employés et le fait que j'ai toujours ce que je veux, hors c'est tellement plus complexe que ça. Le palais n'est qu'une cage dorée. Jolie et spacieuse en apparence, mais une cage quand même, à rendre fou pour ceux qui aime voler loin.
Je finis par ranger les photos, sentant une boule dans ma gorge grossir en me souvenant de maman, je passe mes mains sur mon visage et quitte le bureau après l'avoir rangé, direction mes appartements, je veux me reposer maintenant. Et manger, j'ai faim.
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