Chapitre 114

Je viens de quitter le bureau d'Anton, nous avons encore discuter quelques minutes puis j'ai décidé d'y aller pour continuer ma visite du palais. Ma mère est avec son compagnon, alors je suis tranquille et je sais que je suis en sécurité. Normalement. Je marche dans les couloirs, regardant le décor dans lequel j'ai vécu pendant deux ans. Je dois avouer que certains tableaux me disent quelque chose, j'étais bien ici.

Ma petite balade me guide devant le bureau de Gabriel, ça fait depuis que je lui ai rendu la bague il y a deux semaines que nous ne nous sommes pas vus. La porte est ouverte, je le regarde, il est concentré sur un dossier, il est très beau comme ça, je dois l'avouer. Je crois que j'ai toujours rêvé de ce genre d'homme dans ma vie, alors je comprends pourquoi j'ai craqué sur lui. Mes yeux se détournent de lui pour regarder la pièce, une des bibliothèques me rappelle quelque chose. Je crois qu'il a voulu qu'on s'embrasse ici, je le sens au fond de moi. Comme je sens que nous avons vécu quelques bons moments, parfois coupés par Camille. Ce bureau a une signification pour notre couple.

-Jessica ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Je me retourne vers Gabriel, il a levé les yeux de son dossier, il est complètement surpris de me voir.

-Salut. Je viens avec un drapeau blanc, si tu l'acceptes.

-Un drapeau blanc ?

-La dernière fois qu'on s'est vus, ce n'était pas très joyeux.

-Je confirme. Tu viens pour parler ? Des souvenirs te reviennent ?

-J'ai l'impression. Apparemment tu aimes bien t'occuper de mes cheveux et tu adores cuisiner, dis-je en entrant dans le bureau.

-Effectivement. J'ai pris l'habitude de m'occuper de tes cheveux parce que tu as horreur de la sensation du chlore dessus. Ou parfois tu es fatiguée pour redessiner tes boucles.

-Tu les aimes bien ?

-Évidemment. Jess, je t'aime comme tu es.

-Tu continues à m'aimer malgré tout ce que j'ai dit ?

Gabriel soupire et se lève. Il m'invite à m'asseoir sur un siège avant d'aller fermer la porte et de s'asseoir face à moi.

-Je t'aimerais toujours. La colère que tu ressentais, je sais que ce n'était pas vraiment toi. Tant que ta mémoire n'est pas revenue, j'ai de l'espoir pour nous.

-Tu es bien patient.

-C'est ça quand on aime, mon cœur.

-Mon cœur, je l'ai entendu dans les vidéos que j'ai enfin regardé.

-Enfin ! Il était temps.

-Arrête de te moquer. Je sais aussi quel surnom je te donnais. Je t'appelais mon amour. Et, je crois que j'ai été la première à te donner un surnom.

-Effectivement. C'était...

Je fronce les sourcils et lève la main, Gabriel se tait. Je ferme les yeux quelques instants, je revois une maison, très belle, moderne, je pense savoir quand c'était.

-Pendant le voyage après ton mariage avorté, c'est ça ?

-Exact. C'est bien, tu te souviens !

-Je fais du mieux que je peux. Et dis-moi, j'ai besoin de savoir quelque chose.

-Je t'écoute.

-Le bébé, est-ce que tu m'en veux ?

-De l'arrêt de la grossesse ? Jessica, on a eu un grave accident, on a faillit mourir à cause des paparazzi et d'un taré, je ne t'en voudrais jamais. Tu n'as pas fait la dingue en soirée ou mis ta vie en danger volontairement. J'ai été très affecté par la perte de notre enfant, encore plus parce que c'était une surprise pas du tout agréable, mais je ne t'en veux pas.

-On l'aurait gardé, si on avait su ?

-Si on avait su et si tu l'avais voulu, on aurait avancé la date du mariage ou alors on l'aurait reporté pour accueillir notre enfant en toute tranquillité. Mais c'est sûr qu'on l'aurait gardé. Une mini toi, ça m'aurait fait craquer.

-On veut des enfants ?

-Ouais. Tu m'as dit deux, parce que nous sommes tous les deux enfants unique, et un troisième ne te dérangerait pas si tu apprécies la grossesse. Mais déjà un c'est très bien.

-Peu importe le sexe ?

-Évidemment. Je ne suis pas de l'ancienne génération, combien même j'adore mes parents. Fille, garçon, je m'en fiche, les deux seront formés de la même façon.

-Ta maman est décédée à cause de la dépression, c'est ça ?

Gabriel se redresse, surpris de ma réflexion.

-Excuse-moi, je ne voulais pas te blesser.

-Tu ne me blesses pas, ça fait un moment maintenant. Mais tu es la seule à savoir ça en dehors de ma tante, Joe et moi. Alors je suis surpris par ce que tu viens de dire, sachant que je t'ai raconté ça il y a un bon moment.

-Quand nous étions en France.

-Waouh. Mais qu'est-ce que tu as ?

Je fronce les sourcils, à mon tour étonnée par cette remarque.

-Pourquoi tu dis ça ?

-Parce que tu te souviens de détails, d'endroits où nous avons été.

-Les souvenirs me reviennent doucement. J'ai encore beaucoup à réunir, mais le doute s'installe en moi.

-C'est une bonne chose.

-Au moins je saurais qui me ment.

-Tu sauras que ce n'est pas moi.

-Gabriel, j'ai encore des doutes, alors ne commence pas.

-Je ne commence rien.

Il me sourit en se redressant, il a compris. Une autre question me vient, me rappelant des derniers polaroids que j'ai trouvé, caché bien comme il fallait dans un petit coffre.

-Sinon, est-il vrai que nous deux, sexuellement, c'était si bien que ça ?

-Qui t'a dit ça ?

-Personne. J'ai juste vu des photos polaroid prises peu après des moments intimes.

-Nous, sexuellement, c'est...

Il semble réfléchir à ses mots, son sourire change, il devient plus... coquin j'ai l'impression.

-Incroyable. Tu es une femme extrêmement ouverte à la sexualité. J'ai eu l'occasion de te découvrir de partout.

-Partout, vraiment partout ?

-Il n'y a pas un centimètre de ta peau que je n'ai pas goûté. Pas une zone que je n'ai pas explorée.

-Vraiment ?

-Jessica, tu es une jeune femme de vingt-cinq ans, tu es d'une génération où la sexualité est plus libérée. Evidemment que j'ai eu l'occasion de tout voir de toi.

-Tout, tout ?

Il hoche la tête, tout fier de ce qu'il me raconte.

-J'ai du mal à te croire.

-J'imagine bien. Mais sache que sur la vidéo qui est sortie, nous étions loin d'être simplement en missionnaire pendant trois minutes sous la couverture. Tu aimes bien les accessoires aussi.

-Impossible.

-Je peux te les montrer si tu veux. Ils sont dans notre chambre.

Je réfléchis quelques instants, puis je lui donne ma réponse.

-D'accord. Je veux bien te suivre.

Gabriel sourit et se lève sans attendre, je le suis dans les couloirs, c'est vraiment très grand ici, pourtant je ne me sens pas perdue. Je sens que j'ai bien passé deux ans ici, ça aide. Nous finissons par arriver devant une nouvelle porte, le roi l'ouvre et me laisse entrer, c'est un très joli salon, assez grand. Il me laisse me balader dedans, je vois des photos de nous sur la cheminée, sur une table qui est ici juste pour ça, il y en a de beaucoup de mondes, beaucoup d'événements. Il y a même une photo de Gabriel et moi avec une artiste que j'affectionne particulièrement, mon rôle m'ouvre des portes que je pensais totalement closes visiblement.

Je me tourne vers Gabriel, il s'était assis sur le bord du canapé le temps de mon exploration.

-Bon, tu me montres ces fameux accessoires que j'adore apparemment ?

-Avec plaisir.

Gabriel va ouvrir une nouvelle porte, je le suis dans cette nouvelle pièce, c'est la chambre. Il m'emmène jusqu'à une commode et ouvre le dernier tiroir avec une clé, je suis vraiment surprise quand je vois ce qu'il y a dedans. Je me penche et regarde tout, il y a des choses... intrigantes.

-Tu as tout utilisé sur moi ? je demande en le regardant.

-Et tu as aimé à chaque fois.

Un rire m'échappe, je suis surprise mais j'imagine bien qu'avec un homme qui a de l'expérience, la vie intime a une saveur particulière. Je ferme le tiroir après avoir tout remis à sa place et je fais un tour, je vois rapidement de quel côté je dormais ici, il y a une photo de Gabriel très belle sur la table de chevet.

-Qui a pris cette photo ?

-Toi, réponds Gabriel.

Il s'allonge sur le lit et récupère un autre cadre qu'il me montre, c'est une photo de moi.

-C'est une photo que j'ai prise quand nous étions dans la maison du nord, pendant les vacances de Noël. Tu la trouvais tellement jolie que tu l'as imprimé, mise en cadre et posée sur ma table de chevet, pour que, si je me réveillais après toi, je me réveille toujours avec ton visage. Du coup j'ai fait la même chose pour toi.

-Est-ce que je peux la prendre avec moi ?

-Evidemment.

-Merci.

Je me lève avec le cadre en main, je continue ma visite de la pièce, je tombe rapidement sur un dressing, partagé en deux. Je vais voir les tenues que je portais, toutes magnifiques. Je ne reste pas longtemps ici, je sors du dressing et vais jusqu'à la salle de bains, on voit bien que j'étais là, il y a des produits pour moi au bord du lavabo et dans la douche.

-Alors ? Des souvenirs te reviennent ?

Gabriel me fait sursauter, je me tourne vers lui.

-Pas vraiment, mais j'ai la sensation que j'étais bien ici.

-C'était le cas.

Je le regarde, cet homme n'a rien demanipulateur, rien de méchant en lui. S'il l'était, il me forcerait à resterici, hors je sais que je peux partir. Et Anton m'a confirmé qu'il étaitvraiment un gentil.

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