Chapitre 110

Jessica.

L'après-midi commence doucement à l'hôpital, j'ai bien mangé, maintenant je me détends comme je peux, allongée, ce matin ça a été dur ! Les exercices demandés m'ont fait mal, mais mon corps va bien mieux qu'au début. D'après mon kiné et les médecins, je vais sortir d'ici quelques jours, enfin. J'ai hâte de retrouver la maison, mon lit, mon confort, même si ici c'est pas trop mal. Mais je veux retrouver ma liberté, il est temps. Je sais déjà que je n'irais pas au palais, je n'ai pas rendu la bague pour rien. Si ma mère veut y rester, pas de soucis, moi j'irais à la maison. Ma maison.

Mon petit repos est coupé par quelqu'un qui toque à la porte, je dis à la personne qu'elle peut entrer, je souris en voyant Barry. Il est le seul à ne pas me casser la tête, sa visite est un plaisir aujourd'hui.

-Salut Jess, dit-il en entrant et en fermant la porte.

-Salut Barry. Comment tu vas ?

-Bien et toi ?

-J'ai encore mal partout, mais ça va.

-Toujours des douleurs malgré le temps qui passe ?

-Toujours. J'ai subi un lourd accident, alors c'est normal d'avoir des douleurs. Je dois continuer mes exercices, mais je trainerais toujours une ou deux douleurs.

-C'est triste.

-Mais c'est mieux que d'être handicapée à vie ou pire, morte.

Je me redresse et gratte mon cou, là où j'avais encore mon collier avant-hier. Je suis surprise de n'avoir eu aucune visite de ma mère ou de Camille après avoir rendu la vague, je m'y attendais mais rien. En même temps, hier je dormais beaucoup, j'étais très fatiguée, alors il se peut que je ne les aient simplement pas vue.

-Tu as perdu ton collier ?

-Non. J'ai rendu la bague la Gabriel.

-Waouh, carrément ?

-Pourquoi ça te surprends ? Je te fais confiance sur ce que tu me racontes. Et regarde, il m'a forcé à venir ici alors que j'étais très bien dans ma chambre. Je suis sûr qu'il va absolument vouloir que je revienne au palais.

-Et tu ne le veux pas ?

-Non. Je veux juste retrouver ma maison, celle dont je me souviens, celle où j'ai des souvenirs.

-Je comprends. Ça ne doit pas faire plaisir à ta mère, Camille et Gabriel.

-Ils ne sont pas encore au courant, je dois déjà parler au médecin. Et l'avis de Gabriel, je m'en fiche. Il fait sa vie, je fais la mienne maintenant.

-La décision est définitive ?

-Pour le moment, oui. Je ne lui ai pas rendu la bague pour rien. J'ai juste envie de me remettre de l'accident et avancer dans ma vie.

-Je suis bien content pour toi.

Barry vient à côté de moi en souriant et prends ma main. Nous continuons notre petite discussion un bon moment, jusqu'à ce que son portable sonne. Il le prends, soupire puis se lève.

-Excuse-moi, je dois y aller.

-Vraiment ?

-Ouais. Je repasserais quand je le pourrais.

-J'espère bien. Ça me fait plaisir de discuter avec toi.

-Le plaisir est partagé.

Mon ami s'approche et viens m'embrasser, me surprenant, mais je n'ai pas le temps de réagir qu'il s'en va. Je pose mes doigts sur mes lèvres, je suis vraiment surprise par ce qu'il a fait, mais ce n'était pas désagréable. Je jette un œil dehors, le temps est toujours maussade, ça ne me dérange pas aujourd'hui.

Quelques minutes plus tard, deux nouveaux coups contre la porte me font tourner la tête vers celle-ci, Camille entre sans attendre, elle semble énervée.

-Salut...

-Enfin t'es réveillée ! Tu sais que tu es vraiment idiote quand tu le veux ?!

-Pourquoi tu m'agresses comme ça ?!

-Gabriel m'a dit que tu lui avais rendu la bague de fiançailles ! Mais qu'est-ce qu'il t'a pris ?!

-Je ne veux plus être manipulée.

-Manipulée ? Par Gabriel ? Mais qui t'a raconté ces conneries ?! Et depuis quand tu crois plus un inconnu que moi, ta meilleure amie qui est prête à te défendre ?!

-Pourtant il m'a fait du mal, c'est pour ça que mon esprit l'a oublié !

-Gabriel t'a fait du mal ? Sérieux ? Et comment ? En t'aimant de tout son être ? En te restant fidèle malgré des mois de séparation ? En étant toujours à tes côtés pour t'aider, te soutenir, te guider ? Jess, bordel, j'habite sous le même toit que vous, tu es ma meilleure amie et tu me racontes tout, y compris des choses de votre vie intime que je ne veux pas savoir. Je ne sais pas qui te retourne l'esprit, mais t'es en train de merder avec un homme qui va t'attendre jusqu'à ce que mort s'en suive s'il faut.

-Je ne merde pas avec lui. Encore une fois, pourquoi mon esprit l'aurait oublié ?

-Tu m'as oublié, tu as oublié que ta maman est guérie de son cancer, tu as oublié qu'elle est heureuse avec son copain, tu as oublié ton travail. Jess, je te rappelle que tu as tout oublié sur ces deux dernières années, pas juste Gabriel ! Et je trouve ça triste que tu le rejettes de la sorte alors qu'il t'aide depuis le début pour retrouver ta mémoire. Un homme qui fait du mal, il profiterait de l'amnésie de sa compagne pour jouer les héros, ce n'est pas le cas de Gabriel qui ne te ment jamais. Il a une sainte horreur du mensonge, jamais il ne te trahirait.

Camille s'approche de moi et essaie d'attraper ma main, je la rejette sans attendre.

-Jessica, je ne te mentirais jamais sur lui. Je vois combien il est triste de te perdre, à cause d'un connard qui te manipule. Gabriel est prêt à te laisser retourner dans ton ancienne maison s'il faut, mais il se battra toujours pour toi.

-Il n'empêche que je crois plus l'inconnu que vous.

-Tu ne crois même pas ta mère ? La femme la plus sincère du palais ? Jess, ta mère aurait tué Gabriel s'il t'avait fait le moindre mal. Même malade comme pas deux, elle était prête à venir au palais quand tu lui as annoncé la rupture entre vous deux.

-Camille, laisse-moi.

Elle soupire, sort son téléphone et me montre une vidéo. On s'amuse toutes les deux, je pense que c'était avant que ma relation avec Gabriel ne soit public, nous sommes dans un bar. Je suis dans ses bras, on se promets d'être sincères et d'être les meilleures amies du monde.

-Tu vois, ça c'était il y a deux ans, quasi pile, c'était début décembre. Cette promesse, je la tiens toujours. Je n'ai absolument aucun intérêt à te mentir si ce n'est pour trahir ta confiance, et je n'ai aucun intérêt à te laisser avec un mec violent, roi ou pas. En plus, je fais peur à Gabriel.

-Toi tu lui fais peur ?

-Evidemment. Si une mère en colère fait peur, une meilleure amie qui entre en mode Hulk est terrifiante. Et les hommes savent que fâcher la meilleure amie, ce n'est pas du tout une bonne chose à faire.

Un sourire sort malgré moi, Camille regarde de nouveau son téléphone et me montre une autre vidéo, lors d'une visite d'école.

-Tu vois comment il te regarde ? Et là c'est juste une sortie dans une école.

Elle me montre une autre vidéo, cette fois-ci c'est lors d'un banquet, j'ai la parole, Gabriel me regarde. Elle continue avec d'autres images de sorties ou même dans l'intimité du palais, puis elle verrouille son téléphone.

-Jess, Gabriel t'aime, plus que tout au monde. Tu es tout pour lui, tu es la femme pour qui il voulait renoncer à la couronne, au palais, aux sorties, à tout si tu lui avais demandé. Il n'est pas manipulateur pour un sous, il te respecte. Quand la vidéo de vous deux au lit est sortie, tu voulais t'éloigner du palais, il l'a fait. Tu voulais partir en Suisse, il t'y a emmené et il t'a même demandé en mariage. Il ne te presse pour rien, il t'encourage, il est toujours là pour t'aider, te supporter, t'aimer. Je ne l'ai jamais vu essayer de te forcer à faire quelque chose que tu ne voulais pas.

-Mais pourquoi je l'ai oublié ?

-Comme je te l'ai dit, ta vie à changer du tout au tout en deux ans. Tu es passée d'une nana discrète et bosseuse à la femme qui va devenir reine d'un des plus grands pays du monde. Ton esprit te joue juste un mauvais tour, mais un jour, tu vas te souvenir.

Je soupire, Camille prends ma main qu'elle serre.

-Je t'en supplie, ne rejette pas Gabriel, ta mère ou moi. On a été à ton chevet pendant tout ton coma et on sera toujours là pour toi. Peux-tu en dire autant de l'autre tocard qui te raconte des bobards ? Est-ce qu'il sera là pour t'aider quand des douleurs te prendront une fois sortie ici ? Est-ce qu'il est déjà venu te voir à une séance de rééducation, pour te gueuler dessus pour te motiver ?

Je secoue la tête, je suis encore plus perdue maintenant. Les doutes s'instaurent dans mon esprit, je déteste ça.

-Bon. Je te laisse réfléchir à tout ça. N'oublie pas que tu peux aller voir le psy, il peut t'aider avec son hypnose. Et n'oublie pas non plus qu'on t'aime, on ne te veut aucun mal.

Camille vient me faire un bisou sur la joue et me regarde dans les yeux avec un petit sourire. Elle finit par s'en aller, mon téléphone vibre dans les minutes qui suivent, elle m'a envoyé les liens d'autres vidéos et photos prises pendant nos sorties, je n'avais pas encore tout vue visiblement. 

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