Chapitre 105

Jessica

Je reviens dans ma chambre, une nouvelle journée de rééducation vient de passer. C'est douloureux, mais en même temps ça fait du bien de remarcher, refaire un peu de sport doux, de sentir ses muscles se refaire une santé. En plus, je peux nager ici, ils ont une piscine pour les rééducations, c'est parfait pour moi, ça me motive un peu plus. Ma mémoire me fait toujours défaut, mais je me sens de moins en moins frustrée. Camille et Gabriel passent tous les jours, soit ensemble soit l'un après l'autre, ils m'aident énormément à me créer ce portrait de la personne que j'étais avant l'accident. Ma mère aussi vient me voir tous les jours, mais c'est différent. Elle est inquiète de ne pas me voir retrouver la mémoire, elle craint que j'ai des séquelles bien plus graves et indétectable avec les divers examens que j'ai pu faire, même si les médecins tentent de la rassurer. Je comprends qu'elle soit plus inquiète pour moi que Camille et Gabriel, jamais je n'ai été dans cet état et jamais je n'ai subie une tentative de meurtre.

L'enquête sur la tentative de meurtre n'avance pas beaucoup d'ailleurs, il n'y a pas beaucoup d'empreintes et les mails pour avertir de notre départ étaient anonymes et sont passés par des VPN qui bloquent pour trouver l'IP de l'ordinateur. On sait juste que c'est quelqu'un du palais, alors tous sont actuellement interrogés, même Camille y est passée alors que je ne la vois pas faire ça. Elle-même ne sait pas qui a pu faire ce genre de chose, apparemment je suis appréciée au palais.

Je dois avouer, avec cette découverte, j'ai très peur de retourner là-bas, encore plus avec ma mémoire qui me fait défaut. J'aurais peur de me retrouver face à la personne qui nous a voulu du mal volontairement et de ne pas le savoir, sous peine d'être vraiment tué cette fois-ci, ne sachant ni la reconnaitre ni me défendre vraiment, sauf si j'ai un balai entre les mains.

Enfin. Je reviens tranquillement dans ma chambre, je viens de finir ma séance de rééducation qui a été plus longue que les autres, j'ai fait des activités dans la salle de sport puis dans la piscine. Je me refais une bonne santé, les médecins sont ravis de mon évolution. Quand j'entre dans ma chambre, je sursaute et lâche un cri en voyant un inconnu dans mon fauteuil, je m'apprête à appeler la sécurité quand l'homme se lève en levant les mains.

-Mon enfant, n'ayez aucune crainte. Je suis Howard Hardy, je suis archevêque, vous n'avez aucune crainte à avoir.

-Que faites-vous dans ma chambre ?! Vous ne pouviez pas attendre dehors ?

-On m'a autorisé à entrer, je ne voulais pas vous faire peur.

-J'en doute pas.

Je sens mon cœur s'apaiser, je dépose mes affaires à leurs places et me tourne vers l'homme d'église, habillé simplement. J'essaie de me souvenir de qui il est, Gabriel m'en a parlé.

-Vous êtes l'archevêque qui devait nous marier, Gabriel et moi, c'est ça ?

-Exact. Votre mémoire vous reviendrait-elle ?

-Non, malheureusement non, elle ne me revient pas. C'est Gabriel qui m'a dit qui vous étiez.

-Il vous aide beaucoup de ce que j'ai compris.

-Enormément. Il veut vraiment que je retrouve la mémoire.

-J'en doute pas une seule seconde. Moi-même je vous le souhaite, vous êtes une femme forte et j'attendais votre union avec impatience.

-Vous venez m'annoncer que le mariage est annulé, à cause de ma perte de mémoire ?

-Non, pas pour le moment. Le Roi veut le maintient de votre union, je suis juste vous demander si vous le souhaitiez aussi. Je dois avoir l'accord des deux parties pour garder la date pour vous.

-Eum, je dois avouer que je n'y ai pas trop réfléchis, mais je pense qu'on peut maintenir la date pour le moment. Le mariage est prévu dans plusieurs mois, j'ai encore le temps pour souvenir, si le Seigneur veut bien.

-Si vous lui demandez, il saura vous aider. Bien. Je ne vais pas plus vous déranger que ça, vous devez sans doute avoir envie de vous reposer.

-Vous ne me dérangez pas, rassurez-vous, mais il est vrai que je souhaiterais me reposer après ma séance de rééducation.

L'archevêque s'avance vers moi et prends ma main dans la sienne, me surprenant.

-J'ai prié pour vous, quand vous étiez dans le coma. J'étais très inquiet, j'ai bien eu peur que le Seigneur ne vous rappelle à lui, chose qui m'aurait profondément attristé.

-Je vous ai tant marqué que ça ?

-Jessica, vous êtes digne d'être la future reine de ce pays. Evidemment que vous m'avez marqué, même les indépendantistes et antiroyalistes vous accepte.

-Je ne savais pas que j'avais eu ce genre d'impact.

-Vous êtes une personne bonne. J'espère que celui ou celle qui vous a voulu du mal sera puni convenablement.

-Je l'espère aussi.

-Et votre bébé, il est au paradis, même s'il était issu d'une relation hors mariage.

L'émotion me gagne, c'est la première fois qu'on me dit ça, même si je le pense parfois.

-Merci Monseigneur.

-C'est normal. Reposez-vous bien, je continuerais à prier pour vous et votre mémoire.

Je lâche un sourire, l'homme s'en va, je me sens étonnement apaisée après cette visite. Je crois que je l'appréciais, il a du être très gentil avec moi pour que mon instinct me dise que c'est une bonne personne, même s'il est un homme d'église. Je vais prendre place sur le fauteuil avec mon téléphone et mon carnet, je continue de regarder les photos que j'ai en boucle en lisant les anecdotes dans mon carnet que je garde bien rangé dans le coffre de la chambre, bien que personne ne peut vraiment accéder ici sans passer une sécurité accrue, je suis dans l'aile royale de l'hôpital.

Malgré la sécurité et le calme demandé, quelqu'un vient quand même toquer à la porte alors que je suis bien installée, dans une position où je ne souffre pas trop. Je dis à la personne qu'elle peut entrer, je suis surprise quand je vois quelqu'un que je ne reconnais pas.

-Bonjour, vous êtes ?

-Salut Jess, c'est Barry. Camille t'a parlé de moi, j'ai été ton collègue avant que tu ne sortes avec le roi.

-Oh, oui, effectivement. Excuse-moi, j'ai du mal à remettre les noms sur les visages, j'ai eu beaucoup d'information pendant ce dernier mois. Comment vas-tu ?

-Mieux que toi visiblement. Je suis désolé pour l'accident.

-Tu n'es pas le responsable, alors ça va. Et je commence à aller mieux, la rééducation est efficace.

Barry sourit en fermant la porte et s'approchant de moi, il prends place sur le second fauteuil que tous adore. Il me donne une boite, je m'autorise à l'ouvrir sans attendre, ce sont des chocolats, mes préférés.

-Merci pour le cadeau. Ça change des fleurs.

-C'est pour ça que je t'ai pris des chocolats que je sais que tu aimes. Alors, comment tu te sens depuis ton réveil ?

-Je commence à aller mieux, mes douleurs s'apaisent doucement même si parfois j'ai tellement mal que j'en pleure. J'aimerais aussi retrouver ma mémoire, ça m'énerve de ne plus savoir qui j'étais même si Gabriel et Camille m'aident.

-Gabriel vient te voir ?

-Evidemment. Tous les jours, il me parle de nous, de notre relation, du mariage, du boulot. C'est très agréable ces moments.

-Il te parle aussi de vos disputes ?

-Nos disputes ? Non, nous ne sommes pas le genre à nous disputer d'après lui.

-Et je suppose que Camille a confirmé.

-Evidemment. Barry, tu essaies de me dire que celle que je veux comme témoin de mon mariage et l'homme que je m'apprête à épouser sont des menteurs ? Pourquoi ils le feraient ?

-Parce que tu n'as plus vraiment le choix maintenant que tu as accepté d'épouser Gabriel. Je t'avais prévenu que ça allait arriver avant que tu ne partes en voyage avec lui. Cet homme n'est pas pour toi.

-J'ai du mal à te croire en voyant les photos, y compris celles qui ont été prise la veille de l'accident.

-Et ta blessure au nez, tu l'as vue ?

-Quelle blessure ?

Barry sort son portable et me montre une photo de moi avec le nez blessé, mon œil aussi a une sale couleur, celle-ci je ne l'ai pas vue.

-C'est lui qui m'a fait ça ?

-Ouais. Il était pas content après ta visite chez son ex-fiancé.

-Celle qui est en prison ?

-C'est ça. Il voulait contrôler ta vie et ta liberté.

-Mais je ne le vois pas comme ça. Il m'a l'air tendre et jamais je n'aurais eu envie de rester avec un homme brutal. Pas après avoir vue mes parents heureux jusqu'au décès de mon père.

-Jess, il est roi, il a dix-sept ans de plus que toi, la manipulation est facile.

Je baisse les yeux sur la photo, j'ai l'air un peu triste, c'est vrai. Je pose encore des questions à Barry, à chaque fois il est clair : Gabriel a abusé de moi. Et, même si mon cœur me dit qu'il me raconte des bobards, mon esprit le croit, sinon je n'aurais pas oublié l'homme que je suis censée épouser.

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