Chapitre 104
Octobre s'achève aujourd'hui, cela fait trois semaines que Jessica s'est réveillée, trois semaines qu'elle ne se souvient pas. Durant ces dernières semaines, j'ai essayé de lui rappeler des souvenirs, mais rien ne lui revient, même avec Camille. Heureusement pour moi, elle accepte la discussion, bien que nous ne parlons ni de l'accident en lui-même, ni de la grossesse stoppée avant même qu'on ne soit au courant. Elle est curieuse, elle me montre beaucoup de photos et de vidéos, je ne me suis pas rendu compte qu'on en avait autant avant l'accident, je raconte des anecdotes sur celles-ci. Je fais tout ce que je peux pour l'aider, mais j'aimerais juste qu'elle rentre à la maison, pour retrouver un endroit qu'elle aime et qui peut lui rappeler notre histoire. Mais pour le moment, elle est en rééducation, elle ne se sent pas prête à quitter l'hôpital, alors je la laisse en paix. Je ne veux la forcer en rien, elle a le droit de prendre son temps.
Aujourd'hui, c'est moi qui sort de l'hôpital, ma rééducation se passant bien et mes blessures ont bien guéries. Je voulais rester ici le temps que tout soit bien consolidé, maintenant je peux faire ma convalescence au palais, bien que je vais devoir travailler un peu. On a perdu beaucoup de temps sur nos projets, j'aimerais avancer les miens et voir ce que je peux faire avec Jaya, pour éviter que des associations que ma fiancée soutient se retrouvent sans rien, je ne sais pas combien de temps son amnésie va durée bien que les médecins disent que ça devrait bientôt revenir.
Je prépare mes affaires pour rentrer quand j'entends toquer à la porte, je vais l'ouvrir, je suis surpris de voir Jessica, elle est censée être en rééducation à cette heure-ci.
-Bonjour Gabriel. Je ne te dérange pas ?
-Non, bien sûr que non. Entre.
Je la laisse entrer dans la chambre, elle voit tout de suite mon sac d'affaires, elle se dirige vers celui-ci, je la laisse faire en fermer la porte.
-Alors, tu veux me dire quelque chose ? je demande en allant à sa hauteur.
-Oui. On m'a dit que tu rentrais chez toi, alors je voulais juste te dire au revoir.
-Je rentre chez nous. C'est aussi ta maison.
-J'ai encore du mal à me dire que toi et moi, on est ensembles et on va se marier.
-Pourtant je vois la bague de fiançailles autour de ton cou.
Elle baisse les yeux sur son collier, elle a décidé de mettre la bague de fiançailles comme ça pour essayer de se souvenir, ne se sentant plus légitime à la porter au doigt. Je trouve le geste beau, je vois bien qu'elle veut absolument retrouver sa mémoire.
-C'est pour essayer de me souvenir. Mais je ne suis pas là pour discuter de la bague. J'aimerais, si c'est possible, que tu m'embrasses.
Alors là, je suis vraiment surpris !
-Quoi ? Que je t'embrasse ? Jessica, tu ne te souviens de rien.
-J'ai vu des photos de nous nous embrassant, ça peut m'aider.
-Je...
-Gabriel, s'il te plaît. Est-ce que ça te déplairait de m'embrasser ?
-Non, bien sûr que non, mais tu n'as pas de souvenirs de notre relation en dehors des photos. Tu ne sais plus qui je suis.
-Ça fait trois semaines que nous discutons tous les jours dans le but de retrouver ma mémoire, peut-être que quelques actions m'aideront. Je ne te le demanderais pas si je n'étais pas sûr de moi.
-D'accord.
Je m'approche un peu plus d'elle, qui se mets face à moi, je pose ma main sur sa joue, sa peau est toujours aussi douce, malgré les quelques cicatrices que je sens. Jessica ferme les yeux, je m'approche et pose délicatement mes lèvres sur les siennes. Malgré une petite rugosité à cause de la sécheresse de l'hôpital, je retrouve les lèvres de la femme que j'aime, celles que j'embrasse le matin, tout au long de la journée et avant de m'endormir. Les retrouver me fait un bien fou, même si je ne sens aucune réponse de ma fiancée.
Je n'abuse pas de la demande de Jessica, je recule après quelques secondes, caressant malgré tout sa joue. Jessica prends quelques secondes en plus pour rouvrir les yeux, elle me regarde, j'ai l'espoir que ce soit revenue.
-Alors ?
-Rien. Merci quand même.
-Jessica, ça va revenir.
-Mais quand ? Tu ne sais pas ce que c'est que de tout oublier sur une période de sa vie. Je t'ai oublié alors que nous étions en train de prévoir notre mariage ! Pourquoi ?!
-Les mystères du cerveau humain mon cœur.
-Mon cœur ? C'était le surnom que tu me donnais avec ''ma reine'', c'est ça ?
-Exact.
-Et je t'appelais comment ? C'était quoi le surnom que je te donnais ?
-Pour ça, tu vas devoir appeler ton cerveau à se souvenir, je ne te le dirais pas.
-Gabriel...
Un petit rire sort de ma bouche sans que je ne puisse le contenir, Jessica n'est pas contente, je la retrouve un peu quand elle fait la boude.
-Jessica, tu vas y arriver, ça va revenir.
-J'en sais rien.
-Moi je le sais. Tu es frustrée de ne plus savoir qui tu as été ces deux dernières années, et quand tu es frustrée, tu ne te braques pas d'habitude. Tu te bats, tu essaies d'autres solutions, crois-moi. Tu as géré des idiots qui ne voulaient pas t'aider dans des projets
-Alors là, permets moi de ne pas te croire. La Jessica que je suis est plutôt discrète, je ne cause pas de problème.
-Et celle que je connais depuis deux ans, que j'ai vue évoluer, n'hésite pas la moindre seconde à recadrer le chef du gouvernement quand il l'agace.
-Impossible que ce soit moi. Jamais je ne manquerais de respect à un homme d'état.
-Tu ne lui manques pas de respect. Tu le remets à sa place souvent quand il va trop loin avec toi. Tu l'as même remballé quand il t'a dit que ton job, c'était de faire des enfants.
-Seigneur, je ne suis pas aussi vulgaire, dit-elle en passant ses mains sur son visage.
-La vulgarité chez toi est réservée aux moment intimes.
-Je suis vulgaire quand on ... eum...
-Couchait ensemble ? Oh que oui. Parfois j'étais obligée de te faire taire.
Je vois Jessica rougir, ça, ça ne change pas. Toujours à rougir quand on parle sexe, bien qu'elle soit très inventive et ouverte au lit.
-Bon, je vais te laisser, je n'ai pas envie de te donner des envies.
-Je respecte toujours tes envies. Et je sais que tu n'es pas prête pour ça. Tu n'as à peine commencée ta rééducation en plus. Je veux que tu me reviennes sans te sentir forcée.
-Et si je ne reviens pas ? Si je ne me souviens pas pourquoi je suis tombée amoureuse de toi ?
Je m'autorise à poser mes mains sur ses joues, elle me rejette pas.
-Jessica, tu es revenue une première fois, à un moment où je pensais t'avoir perdu parce que j'avais fait des choix de merde, osons le dire. Pourtant tu es venue, tu m'as rejoint à l'église où j'allais épouser une femme que je n'aimais pas. Je sais qu'un jour ta mémoire reviendra, que ce soit demain ou dans six mois. Tu es forte, courageuse, têtue aussi, tu y arriveras. Au pire, je saurais te faire comprendre pourquoi toi et moi, c'est jusqu'à ce que la mort nous sépare, même si tu as perdu la mémoire.
-Merci. Déjà je vois un peu pourquoi je t'aimais. T'es un homme doux et attentif.
-J'essaie de l'être.
Je caresse doucement ses joues, Jessica me lâche un petit sourire puis fuis mon contact, se dirigeant vers la porte.
-Rentre bien chez toi Gabriel.
-Chez nous, et j'ai hâte que tu y reviennes.
-J'ai une maison, que je connais encore par cœur.
-Et tu es la future reine de ce pays...
-Future reine qui ne se souvient plus de ces deux dernières années.
-Tu restes celle que je veux toujours autant épouser. Et qui un jour se souviendra.
-C'est tout ce que j'espère.
Jessica revient à ma hauteur et embrasse ma joue, ce qui me fait sourire.
-Encore merci de m'aider.
-C'est normal. Je reviendrais te voir tous les jours.
-J'en doute pas.
Elle me lâche un petit sourire puis s'en va, je regarde mes affaires, je termine de les ranger puis je m'en vais, Anton est ici, il a réglé les formalités. Je regarde un peu en arrière avant de quitter l'hôpital, j'ai hâte que cette histoire soit terminée.
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