Chapitre 102
Je suis réveillée depuis maintenant deux jours, deux jours que j'ai mal partout. Je ne demande pas spécialement d'anti-douleur, je ne veux pas devenir addict à ces produits. Je ne craque que le soir ou quand les douleurs sont trop insupportable au point d'en pleurer. Ma mémoire ne revient pas non plus, ça m'angoisse de ne pas me souvenir de ces deux dernières années qui viennent de passer. Je ne me souviens plus ce que j'ai fait, des amis que je me suis faite apparemment et encore moins de l'homme que je m'apprêtais à épouser. Les médecins pensaient à des dégâts irréversible sur mon cerveau, mais apparemment il va bien. Certaines zones ont été touchés dans l'accident, ce qui est normal, mais je ne devrais pas avoir de perte de mémoire aussi importante.
Un psy est venu me parler, je l'ai principalement écouté, je ne sais pas quoi dire. Mes derniers souvenirs remontent à quelques semaines avant que je ne postule à l'offre d'emploi qui m'a fait entrer au palais. Le roi, lui, a voulu me voir de nouveau, mais je n'ai rien à lui dire, je ne sais pas ce que nous avons en commun, comment notre histoire est née, bien que ma mère m'aie raconté quand même beaucoup de choses. En tout cas, il me semble sincèrement amoureux, il est resté à mon chevet dès son réveil, environ trois semaines après le drame. Il était aussi très chamboulé avec la fausse couche, il ne s'attendait pas à ça.
Depuis ces deux jours, je fais aussi le deuil d'une grossesse que je ne savais pas démarrée au creux de mon ventre, preuve que oui, j'ai bien eu des rapports intimes avec lui. J'aurais aimé savoir pour la grossesse avant l'accident, peut-être que ça me débloquerais tout...
Pour le reste, malgré les douleurs, les blessures ont pour la plupart guéries, j'avais quelques os cassés, des coupures, quasiment tout est refermé ou en bonne voie de rétablissement. J'ai vu mon corps lors de ma première douche consciente, j'ai des cicatrices un peu partout, mais je suis en vie et je tiens sur mes jambes. Pas longtemps, mais je tiens sur mes jambes et je peux faire quelques pas. J'aurais quand même besoin de rééducation, mes muscles se sont complètement affaiblie, je le sens quand j'essaie de m'asseoir sur le fauteuil de la chambre.
Deux petites coups contre la porte me font tourner la tête, c'est douloureux, mais gérable. Je dis à la personne qu'elle peut entrer, c'est un nouveau visage que je vois, une jeune femme de mon âge, avec un bouquet de fleurs à la main.
-Salut Jess. Ta maman m'a dit pour ton amnésie, je suis Camille, nous avons travaillé ensembles au palais avant que tu ne sortes avec Gabriel.
-Salut. Nous étions amies ?
-J'allais être ton témoin. Enfin, je suis ton témoin pour ton mariage, je sais que tu vas retrouver la mémoire.
-Tu es bien optimiste.
-C'est une de mes qualités que tu apprécies. Je t'ai apporté un bouquet de fleurs de la part des collègues.
Je lâche un petit sourire alors qu'elle me tends le bouquet après avoir fermé la porte, je pense savoir pourquoi nous étions amies. Nous sommes amies. Elle récupère un autre fauteuil et l'approche du mien pour s'installer.
-Alors, comment tu te sens ?
-J'ai l'impression qu'on m'a roulé dessus, j'ai mal partout, mais ça va sinon. J'aimerais beaucoup retrouver ma mémoire, je n'aime pas cette sensation d'oublier une partie de ma vie.
-Je ne peux pas te dire que je comprends, mais j'aimerais t'aider du mieux que je peux. Je connais parfois plus de détails que ta maman, si tu veux je peux te raconter et te montrer des photos ?
-Pourquoi pas. Juste, je suis vraiment avec le roi ? Mon esprit n'arrive pas à enregistrer la chose.
-Tu as déjà revue des photos de votre couple ?
-Non, je n'ai pas encore repris mon téléphone, je n'ose pas trop.
-Il le faut pourtant.
Elle se lève et va chercher mon téléphone, qui est un nouveau, l'autre est mort dans l'accident, heureusement c'est le seul d'après les dires de ma mère. Et je préfère de la technologie et la voiture à des vies humaines. Le chauffeur a été gravement blessé, mais aujourd'hui il est en rééducation. Camille me donne mon portable, je regarde l'écran noir.
-Je ne sais pas si je veux vraiment voir les photos. Je n'aurais pas l'impression que c'est moi.
-Mais tu dois le faire. Je t'assure que les photos que tu vas voir ce sont les tiennes.
Je soupire, puis j'allume mon téléphone. Camille pose sa main sur mon bras et le caresse doucement, elle me rassure, même si je ne sais plus la place qu'elle a eu dans ma vie. Mais si je l'ai choisi pour devenir mon témoin au mariage, ce n'est pas pour rien.
Lorsque mon téléphone est allumée et déverrouiller, je vois tout de suite le fond d'écran, c'est une photo du roi et moi, visiblement pour un shooting.
-Ton fond d'écran c'est une photo de votre shooting pour annoncer vos fiançailles. Il fait partie de tes photoshoots préférés, tu m'en as beaucoup parlé.
-Comment il m'a demandé en mariage ?
-En Suisse, après un dîner très romantique selon tes dires. Tu étais très heureuse à l'idée de te marier, tu criais de joie quand tu nous l'a annoncé, à ta mère et moi.
Un petit sourire prends mes lèvres, je crois bien que c'est une réaction que j'aurais eu. Je vais dans ma galerie, elle est visiblement protégée, je cherche le code que j'ai pu mettre. Je demande à Camille des dates qui font sens pour moi, à chaque fois elle me raconte l'anecdote qui va avec. Et je suis surprise quand le code est la date de ma première sortie avec le roi, c'est relativement simple. Toutes les photos sont rangés, le dossier ''Piscine'' m'intrigue.
Je l'ouvre, je suis étonnée par les photos que j'ai. Le roi et moi en train de nous embrasser, de nous câliner, lui sur le bord de la piscine, lui torse nu, lui en train de nager, moi en train de lire, en train de faire de l'apnée. Il y a aussi quelques vidéos de nous jouant aux enfants, je sais que c'est moi, mais je suis surprise de me voir... heureuse. Sur toutes les photos et les vidéos on me voit souriante, à rire ou à embêter le roi, qui porte toujours sur moi un regard tendre, amusé ou amoureux. Je commence à comprendre pourquoi je suis tombée amoureuse de lui au point de l'épouser. Camille ne dit rien pendant tout ce temps, elle me laisse regarder les images.
Malheureusement, rien ne me revient, malgré le bonheur visible sur mon visage. Je me demande sincèrement si nous ne nous pas sommes disputés avant l'accident, ce n'est pas normal que ça ne revienne pas avec de belles photos...
Je continue quand même ma fouille, je souris en voyant un dossier nommé ''Ma Meilleure Amie''. Ce sont des photos de Camille et moi, je vois bien que nous nous amusons bien toutes les deux, à chaque fois. Je vois aussi des photos d'essayages de robes, dont certaines qui font très mariage.
-Tu avais essayé des robes pour le mariage ?
-Ouais. Mais tu m'avais demandé de rencontrer la créatrice de ta robe de mariée, pour voir si elle pouvait en faire une sur-mesure. Tu es plutôt généreuse pour ce qui est de ton mariage.
-Je le suis en général ?
-Oh que oui. En quelques mois tu as fait beaucoup de bien au peuple. Tu es plus le genre à mettre les mains dans cambouis qu'à porter des belles robes, des beaux bijoux et sourire. Enfin, tu es les deux. Travailleuse et tu sais séduire les gens autour de toi pour qu'ils fassent ce que tu veux.
-Je n'ai pas l'impression de me reconnaître.
-C'est normal. Jess, quand je t'ai connu, tu étais discrète, presque un fantôme dans le palais, à faire ton travail et c'est tout. Quand t'es revenu avec Gabriel de vos deux semaines loin de tout, après vos retrouvailles, tu as mûri pour devenir celle que tu es devenue. Tu es restée une amie formidable, mais aussi une future reine incroyable, autant aimée que la défunte mère de Gabriel.
-Tu l'appelles Gabriel ?
-Quand on a dit au roi de porter ses couilles, qu'on l'a vu tomber amoureux de sa meilleure amie et quand tu as déjà vue les fesses de celui-ci, ouais, j'ai eu le droit de l'appeler Gabriel.
-Tu as vue ses fesses ?
-S'il te plaît, c'était traumatisant pour moi. Je venais juste faire le ménage mais vous deux, vous êtes pire que des lapins.
-Sérieux ?
-Oh que oui.
-C'est donc pour ça que je suis tombée enceinte...
Le souvenir de la fausse couche revient, ça me brise ma bonne humeur.
-Jess, je suis désolée pour la fausse couche.
-Elle n'est pas de ta faute.
-Je sais, mais ce n'est pas simple de perdre un bébé, encore plus quand on l'apprends après un grave accident.
Je sens une larme tomber sur ma main, pour une fois je pleure sans que ce ne soit lié aux douleurs dans mon corps. Camille me prends dans ses bras comme elle peut, les larmes coulent sans que je ne puisse les arrêter. La maternité n'est pas quelque chose qui m'attire, mais si j'étais enceinte, c'est qu'au fond je le voulais...
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