[Sanemi xR] Un moment d'inattention
(Encore un OS qui se trouvait antérieurement publié sur mon autre recueil, et qui était dédié à lxa_505 !)
Leah était une fille simple, et surtout très tête en l'air. Très crédule aussi, comme diraient certains.
Lorsqu'elle était entrée pour la première fois dans les rangs des pourfendeurs de démons, elle avait bien évidemment reçu son tout nouvel uniforme. C'était très clairement la concrétisation d'un rêve que de pouvoir finalement revêtir ces habits caractéristiques, comme elle s'en était faite la promesse lorsqu'elle était bien plus jeune.
Seulement, il y avait une chose qu'elle n'avait pas prévue. C'était que l'uniforme féminin était, comment dire... Légèrement différent de celui des hommes. Une jupe extrêmement courte, qui lui arrivait au-dessus des genoux, à peine un peu plus bas que les fesses, découvrant ses jambes à la vue de tous.
De même, la veste était carrément ouverte au milieu, offrant une vue imprenable sur son décolleté. Elle n'avait pas énormément de seins, là n'était pas le problème. En fait, c'était surtout la jupe qui la dérangeait.
Comment pouvait-elle se battre ainsi? L'uniforme n'était-il pas, en plus de cela, conçu dans un tissu qui résistait mieux aux attaques des démons que celui des vêtements ordinaires...?
Elle n'avait pas trouvé cela normal, surtout en voyant l'aisance avec laquelle les autres pourfendeurs qu'elle avait croisés jusqu'ici (intégralement des hommes) combattaient à l'aide de leurs beaux uniformes.
Alors, dans le doute, elle avait été voir d'elle-même le kakushi qui s'occupait de ce genre de choses, et lui en avait demandé un autre. Pour toute réponse, on lui avait dit que c'était là comment les femmes pourfendeuses s'habillaient, et qu'aucune entorse au règlement ne serait tolérée.
Leah avait été contrariée, mais elle ne pouvait décemment pas aller à l'encontre des directives, si? Elle risquait potentiellement de perdre ce travail, après tout, et cela était hors de question. Elle avait trimé pendant des années entières pour réussir à atteindre ses objectifs, elle ne pouvait pas se permettre de tout envoyer valser à cause d'une simple jupe.
Et puis, au fil des combats, ce n'était finalement pas si mal que cela. Elle bougeait plus librement, sans rien pour entraver ses mouvements de jambe, même si elle était un peu plus crispée lorsqu'elle n'était pas seule bien évidemment.
Elle s'était sentie beaucoup moins seule au moment de rencontrer l'une de ses toutes premières collègues pourfendeuses. Mitsuri, le pilier de l'amour, avait également dû se résigner à porter un uniforme révélateur, alors Leah avait c'en était retrouvée légèrement soulagée.
Du moins jusqu'à ce qu'elle croise le chemin d'autres filles, et notamment celles du domaine des papillons. Toutes portaient des uniformes soit masculins, notamment pour Shinobu, soit avec des jupes beaucoup plus longues et des vestes fermées.
Leah s'était alors sentie trahie, mais elle n'avait encore trouvé ni le temps d'aller voir d'elle-même le kakushi responsable des uniformes, qui semblait s'être volatilisé, ni de raccommoder elle-même son uniforme actuel.
Résultat, elle restait pour le moment condamnée à combattre dans son uniforme "féminin". Car oui, elle avait le pressentiment de bien s'être faite rouler dans cette foutue histoire. Mitsuri aussi, mais cette dernière ne semblait pas avoir envie de causer des remous plus que de raison.
Leah, si. On ne se foutait pas de sa gueule ainsi, et les conséquences seraient désastreuses. Dès qu'elle aurait des pauses dans ses missions successives, ce kakushi de malheur allait entendre parler du pays. Encore fallait-il réussir à le trouver.
En attendant, elle devait continuer à travailler. Et, pour cette fois, elle avait été associée avec le pilier du vent pour remplir une mission délicate, qui nécessitait des compétences élevées pour être menée à bien.
Leah était assez forte, et être associée à des piliers n'était plus vraiment une nouveauté pour elle. D'ordinaire, cependant, elle faisait plutôt équipe avec les filles. Sanemi était un coéquipier inattendu, mais elle allait devoir faire avec.
Tout le monde était occupé, et on comptait sur elle. Ce n'était ABSOLUMENT pas le moment de râler, et ENCORE MOINS celui de se sentir toute chose à côté de son béguin secret. Oui.
Elle avait eu le béguin pour le pilier du vent depuis qu'elle avait rejoins les rangs des pourfendeurs. Peut-être était-ce lui, en partie, qui l'avait motivée pour réaliser ce rêve d'enfant...?
Peut-être. Présentement, elle sentait simplement que c'était une chance inouïe d'impressionner celui qu'elle aimait en cachette. Lorsqu'il avait appris qu'il allait être jumelé avec elle, il avait cru devenir fou. Il avait dévisagée Leah de haut en bas, avant de se tourner et de lui dire de ne pas le gêner si elle tenait à la vie.
Si elle avait été une autre fille, elle aurait volontiers abandonné cette mission avant même de la commencer, trop effrayée par Sanemi et ses yeux meurtriers. Mais pas elle. Elle en avait déjà vu de biens pires, et puis son béguin y était peut-être pour quelque chose.
Elle l'avait suivit en sautillant légèrement, et en se promettant mentalement de tout faire pour l'impressionner quoi qu'il arrive. Peut-être que, si elle se montrait à la hauteur, ils pourraient éventuellement refaire des missions ensemble??
Pour l'heure, la mission en question avait plutôt bien démarrée. Grâce à la proximité de leurs souffles respectifs, lui le vent et elle la tornade, ils s'étaient très vite familiarisés au cours de leur toute nouvelle collaboration.
Arriva finalement le moment que Leah attendait avec autant d'impatience qu'un feu d'artifice lors d'un festival de nouvel an. Celui où elle allait époustoufler Sanemi. Et, là tout de suite, elle avait touché le gros lot.
En restant modeste, bien entendu.
Alors que l'un des seuls démons restants, sur la bonne dizaine du départ, fonçait droit sur Sanemi, sans qu'il ne s'en rende compte car occupé avec un autre, Leah avait saisi sa chance. Elle s'était interposée entre son collègue et le démon, et avait ainsi protégé le pourfendeur avec efficacité, tranchant le démon qui s'effrita quelques secondes plus tard.
Seule ombre au tableau, cependant : personne ne semblait l'avoir remarquée. Encore moins Sanemi, qui combattait toujours dos à elle, sans s'être rendu compte de sa véritable prouesse très certainement. Néanmoins, le sentiment de trahison et de désespoir qu'elle avait ressenti s'était instantanément envolé, littéralement, lorsque quelque chose vint agripper sa cheville.
La propulsant directement dans les airs, alors qu'elle laissait un grand cri de surprise lui échapper. En baissant les yeux, ou plutôt en les levant puisqu'elle avait actuellement la tête à l'envers, elle s'était rendue compte qu'une sorte de racine la retenait actuellement. Le pouvoir sanguinaire d'un des démons restants, devina-t-elle sans difficulté.
Elle avait en plus de cela échappé son sabre au moment de s'envoler dans les airs, et était désormais aussi inoffensive qu'un nouveau-né contre ce démon tout puissant. Mais, même si sa mort allait très probablement sonner dans quelques instants, elle ne voulait pas s'avouer vaincue pour autant.
Avec sa jambe libre, elle vint frapper à de multiples reprises la racine, dans l'espoir de la faire lâcher son pied. Peine perdue, même avec son corps renforcé par le souffle. Et, alors que la situation ne semblait pas pouvoir devenir pire que celle-ci, ce fut effectivement le cas.
Elle était à présent suspendue au-dessus d'une gigantesque bouche, celle du démon, qui n'avait plus qu'à lâcher sa cheville pour la déguster à sa guise. Elle compris à cet instant, alors que la racine se relâchait et que son corps était de nouveau sous l'action de la gravité, ce que signifiait voir sa vie défiler devant ses yeux.
Elle se remémora toute son enfance, sa famille et ses amis, et son rêve qu'elle avait touché du bout des doigts avant qu'il ne devienne finalement la raison de sa mort. Elle avait fermé les yeux, en priant pour que ce ne soit pas trop douloureux, et avait attendu.
Seulement, au lieu des dents acérées et froides du démon, ce fut quelque chose de chaud qui la rattrapa, chaud et réconfortant, avec une odeur familière. Lorsqu'elle se risqua à rouvrir les yeux, elle eut l'immense surprise de tomber nez-à-nez avec...
Son collègue. Sanemi la regardait de ses yeux noirs habituels, semblant lui reprocher sa presque mort et le fait qu'il ait dû la sauver lui-même, alors qu'il était déjà occupé avec d'autres ennemis. Qui étaient tous morts à présent, fort heureusement.
Elle qui avait voulu l'impressionner, elle avait lamentablement échoué. Elle s'attendait déjà à des remontrances, avant bien évidemment qu'il vienne lui crier ses quatre vérités, mais rien de tout ceci.
Au lieu de ça, Sanemi vint la déposer à terre, sans rien dire, et se détourna d'elle, la laissant avec des questions plein la tête qu'elle n'osa exprimer à voix haute. Avant que, la surprenant une fois de plus, le jeune homme revienne vers elle, lui tendant ensuite quelque chose à bout de bras, le regard n'importe où sauf sur le sien.
-T'as laissé tomber ça.
En baissant les yeux, Leah avait constaté que Sanemi ne lui tentait rien d'autre que son sabre, dont elle avait été séparée quelques instants plus tôt. Elle n'avait jamais été aussi heureuse de le retrouver, tant et si bien qu'elle se jeta littéralement sur lui, faisant sursauter et reculer Sanemi, un air purement médusé sur le visage.
Il devait très certainement se poser la question si elle avait, oui ou non, toute sa santé mentale. Il la regardait serrer son sabre comme une mère avec son bébé, mais ne trouva rien d'autre à redire malgré ça.
-On y va. Le ménage est terminé ici.
Il ne l'avait pas regardée en disant ceci, mais elle avait malgré tout réussi à entendre. Tout d'un coup beaucoup plus calme, elle avait rengainé son sabre, épousseté sa jupe, et s'était lancée à la suite de Sanemi sans rien dire.
Ce dernier avait certes comme réputation de ne parler que si nécessaire, et de crier le reste du temps, mais présentement le fait qu'il ne lui hurle pas dessus, comme il le faisait avec leurs autres collègues, la mettait mal à l'aise. L'avait-elle tellement énervé qu'il réfléchissait actuellement à comment se débarrasser d'elle sans que cela ne laisse de trace?
Si elle avait bien retenu quelque chose de la vie, c'était bien ça: il existait des gens qui, lorsqu'ils devenaient tout d'un coup extrêmement silencieux, ce n'était absolument pas bon signe. Sanemi était-il l'un d'eux...?
Le chemin de retour fut tout aussi silencieux que l'était devenu Sanemi. Ils se séparèrent avec un simple aurevoir, alors que Leah se retenait de lui demander s'il lui en voulait à ce point, et s'ils pouvaient espérer un jour refaire des missions ensemble... Mais ce serait signer son arrêt de mort, sans aucun doute.
Le lendemain, cependant, elle eut le loisir d'apprendre deux nouvelles.
La première, c'était qu'elle allait repartir en mission avec Sanemi pas plus tard que dans deux jours. Apparemment, le fait qu'ils se soient "sauvés mutuellement" y était pour beaucoup. Le kakushi qui était venu lui annoncer sa prochaine mission avec le pilier du vent avait été très clair: Sanemi, dans le rapport qu'il avait fait de son côté, avait bel et bien mentionné le fait que Leah avait protégé ses arrières alors qu'il était occupé ailleurs.
Il avait donc bien vu son geste "héroïque", contre toute attente. Et cela l'avait faite exploser de joie, sachant désormais que son image aux yeux de Sanemi n'était pas si horrible qu'elle avait pu le penser l'espace de quelques heures.
Elle avait en plus de cela obtenu ce qu'elle désirait tant: d'autres missions aux côtés du jeune homme, et la reconnaissance de ses capacités par celui dont elle était amoureuse.
Le kakushi apporteur de bonne nouvelle, cependant, n'était pas repartit après avoir annoncé celle de sa prochaine mission avec le pilier du vent. Intriguée, Leah lui avait demandé ce qu'il désirait encore lui dire, et le kakushi avait alors sorti un paquet de sous son bras, lui tendant par la suite.
En l'ouvrant, elle eut l'immense surprise de découvrir qu'il contenait un nouvel uniforme. Et pas n'importe quel uniforme: le même que ses collègues masculins portaient, le même que Shinobu avait.
Avec un pantalon et une veste fermés.
Mais comment était-ce possible, au juste? Elle n'avait pas encore eu le temps de faire la demande d'un nouveau, et le kakushi qui s'en occupait était tout simplement introuvable depuis qu'elle s'était aperçue que quelque chose clochait avec cette histoire d'uniformes.
-C'est simple, lui avait répondu le kakushi en face d'elle. C'est Monsieur Sanemi lui-même qui en a fait la demande, en disant que vous aviez urgemment besoin d'un nouvel uniforme... Un uniforme fermé cette fois-ci, avait-il achevé avec une petite mine légèrement déçue.
Leah, trop concernée par quelque chose d'autre, n'avait même pas relevé les propos déplacés et très insultants du kakushi. Non. Parce que, mine de rien, cet uniforme voulait dire quelque chose de très important.
Son ancien uniforme devait être bien plus révélateur qu'elle ne l'avait pensé au départ. Surtout lorsqu'on restait pendue la tête en bas, d'ailleurs.
Pas étonnant que Sanemi n'ait pas trouvé quoi dire après leur fin de mission, se lamenta-t-elle en enfouissant son visage dans ses mains, les joues écarlates.
Mais bon. Le bon côté de la chose, c'est qu'elle avait gagné le privilège de poursuivre ses missions aux côtés du jeune homme.
Le mauvais, c'est que la situation entre eux allait être un peu plus tendue que prévue. Du moins pendant quelques temps.
La prochaine fois, elle s'assurerait de prêter un peu plus attention à ce qui se passait autour d'elle.
Un seul petit moment d'inattention... Et c'était le drame.
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