Chapitre 5 : Le karaoké

Elle s'éclaircissait la voix puis répondit calmement,

– Je dois donner ce papier à monsieur Park, expliqua-t-elle tout en tendant le papier à l'homme musclé en face d'elle.

Il prit férocement ce petit bout de papier et l'ouvrit sans même demander. Il lut le message puis releva la tête vers la femme en uniforme devant lui,

– Mhh... Je vois... Je vais lui donner, vous pouvez disposer, ordonna-t-il tout en plongeant ses yeux noirs dans les siens.

Cette femme était incroyablement bonne dans cette petite jupe pensa-t-il silencieusement. Il savait que si son patron n'était pas dans son bureau, il l'aurait sûrement baisé dans l'ascenseur mais sa jeune expérience et le respect qu'il avait pour son patron dépassait tout désir animal. Son boulot comptait plus que tout. Après tous les sacrifices qu'il avait fait pour en arriver là, il pouvait bien attendre sa pause... Il se recoiffa, les cheveux en queue de cheval puis fit un signe à Luc,

– Je vais donner ça au patron, je pense que c'est peut-être important, argumenta-t-il tout en tendant le message indiquant le nom et le numéro de la nièce du patron.

Lee Do-hyun reprit le bout de papier puis toqua cinq fois à la porte avant de rentrer. Le couloir qui suivait était très différent de l'atmosphère de l'hôtel. Il était bien plus sombre et luisant. Les murs étaient recouverts d'or et de marbre tandis que le sol glissait comme du beurre.

Lee Do-huyn arriva face à la deuxième porte puis se présenta de vive voix,

– Un papier pour Park Moonjin, cria-t-il en face du marbre luisant.

L'immense porte s'ouvrit grâce à deux hommes disposés de chaque côté, le laissant ainsi mettre un pied dans l'entrée du business.

– Donnez-moi ça et retournez travailler, ordonna son supérieur de gauche.

Lee Do-huyn détestait qu'on le prenne de haut ou qu'on lui donne des ordres. Il aurait été seul avec ce trou du cul il l'aurait égorgé pour l'avoir ordonné de travailler. Mais il devait se retenir, pour lui et son avenir au sein de l'organisation.

Les portes se refermèrent aussitôt laissant ainsi Park Sung-hoon et Kim Gun-woo de l'autre côté. Derrière ses portes se trouvait une gigantesque salle de musculation, équipée de toutes les machines, réservée pour les plus gradés. Seuls ceux qui avaient passé les sélections durant dix ans, pouvaient ensuite accéder à cet étage, aux chambres luxueuses et aux salles de sports. Tout l'étage était réservé à ceux qui le méritaient. En plus des chambres derrières la grande salle de musculation, il y avait un ascenseur privée qui menait à des piscines, des salles de boxes et des salles de travail.

Park Sung-hoon traversa la salle avec une pointe de frustration, il ne pouvait pas s'entraîner ce soir car c'était la veille des sélections finales. La salle était réservée pour les novices exceptionnellement. Il se rappelait encore de l'effet que cette salle lui avait fait la vieille du combat.

Il finissait de traverser le couloir qui menait aux chambres et tombait sur l'ascenseur. Il sortit son doigt et le plaça sur le petit carré électronique qui détectait les empruntes digitales. La lumière verte indiquait que l'ascenseur allait venir, puis après quelques secondes à attendre les portes s'ouvrirent.

Park Sung-hoon prit un instant pour respirer puis alla toquer à la porte du bureau du patron. Cette impression d'être face à la porte des enfers ne l'avait jamais quitté. Même après deux ans à travailler à cet étage. La voix roque de Park Moonjin l'invita à rentrer. Il s'exécuta et poussa la lourde porte.

Le bureau du patron était immense, à la fois vide et remplit : des canapés, des tables en verre, des marches qui menaient à son grand bureau. Le siège en cuir de Park Moonjin couvrait son corps tandis qu'il fixait la fenêtre de son bureau. Ses cheveux courts laissaient voir son tatouage qui prenait tout son cou. Il se retourna après quelques secondes puis fixa intensément Park Sung-hoon qui croisa les bras derrière son dos.

– Tu voulais me voir ? Demanda-t-il d'une voix grave.

Les yeux noirs de Moonjin avaient quelque chose d'envoûtant, comme s'ils renfermaient un secret sur le monde. Park Sung-Hoon inclina légèrement la tête avant de prendre la parole,

– Votre secrétaire m'a demandé de vous passer ce message, expliqua-t-il avant de montrer le papier dans sa main.

Moonjin leva un sourcil surpris de cette annonce puis tourna sur sa chaise pour se rapprocher de son verre de whisky,

– Et bien, qu'attends-tu viens me le donner, ordonna Park Moonjin tout en se craquant le cou avec sa main.

Park Sung-Hoon s'exécuta puis s'avança jusqu'au bureau et posa le bout de papier puis retourna à sa place initiale. Moonjin baissa les yeux sans bouger sa tête puis attrapa le message de sa main tatoué. Pendant une minute il fixa le message inscrit puis souffla lourdement après l'avoir jeté devant lui,

– Envoyez-lui cent millions de wons et ne m'en parler plus. Demain est le grand jour, je ne veux pas d'une gamine ici, déclara-t-il tout en fixant les caméras de surveillance sur sa télé.

Les caméras filmaient en temps réel les entraînements des novices au port de Gangnam. Moonjin se revoyait à leur place, il y a de cela, vingt ans. La pression devait être à son comble, ce jour marquait l'arrivée de frères dans l'organisation et Moonjin était impatient de les voir combattre.

Alors que j'étais en train de marcher vers la maison, j'entendis mon téléphone sonné. Je le sortis rapidement de ma poche et espérais y voir apparaître un numéro inconnu. Mais au lieu que ce soit mon oncle, le nom de Louisa apparut devant moi,

– Louisa ? Demandais-je surprise de son appel..

– Kim-Jia... Je t'appelle car on est déjà tous arrivé au karaoké, je voulais savoir où tu étais...

Merde. J'avais complètement oublié que je devais m'y rendre après les cours... Je fis demi-tour puis me raclais la gorge nerveusement,

– Heuu.. Tu peux me donner l'adresse ?

Louisa m'indiqua par message le nom et l'adresse du lieu. Finalement je n'étais qu'à dix minutes à pied. Au milieu de mon trajet, un numéro inconnu m'envoya un message :

Kim-Jia pourquoi tu m'as pas attendu avant de partir du lycée ?

Je mis du temps à comprendre qui c'était, puis répondis,

Oh désolée j'ai eu un imprévu... Je suis en route.

Park Hae-Soo lu mon message mais ne me répondit pas. Au fond j'étais un peu frustrée qu'il ne s'inquiète pas plus que ça. J'étais dans une rue, toute seule, un mercredi soir en petite tenue. N'importe qui aurait peur pour moi... Non je me faisais des idées... Park Hae-Soo ne tenait pas vraiment à moi... Il avait juste envie de passer le temps... Je n'étais pas si proche de lui de toute façon...

Les rues de Séoul étaient moins éclairées dans le quartier de Gangnam. Je ne comprenais pas pourquoi d'ailleurs car cette ville vivait la nuit. Entre les clubs, les bars, les boîtes et les gangsters... L'éclairage n'aidait pas... Cette vie de nuit n'était pas pour moi...

Après deux minutes de marche, je commençais à croiser de plus en plus de monde : des femmes habillées en gamines, des hommes bourrés ou drogués qui cherchaient de quoi terminer leur soirée, des couples joyeux de finir la soirée dans des boîtes de nuit. Tout se monde se chamboulait, au contact de personnes opposés la plupart du temps c'était le signal immédiat pour une bagarre.

Alors que je pris le dernier virage qui menait au néon du karaoké, un homme me poussa violemment en me rentrant dedans. L'impact était trop puissant, l'homme faisait au moins cent kilos, le triple de mon poids, ce qui me fis immédiatement tombée au sol. L'homme avait une bouteille d'alcool dans la main et titubais tout en grognant face à mon corps allongé sur le sol,

– Espèce de petites garces... Tu pouvais pas faire attention ! Me cri a-t-il aux oreilles.

Je fus prise d'une tétanie presque absurde et ne répondis pas, ne me relevais pas tout en l'observant de mes yeux luisants de larmes. L'alcoolo balança sa bouteille en verre à quelques centimètres de mes pieds et cria,

– Putain tu vas t'excuser !! Sale petite...

Mais avant qu'il ne finisse sa phrase Park Hae-Soo le poussa violemment au sol, loin de moi.

– Tu ne la touches pas ! Fils de...

Il ne termina pas sa phrase et se jeta sur lui tout en le frappant violemment au visage. J'essayais de bouger mais alors que je rapprochais mes pieds de mon corps, je sentis des bouts de verre me rentrer dans la peau. La douleur me réveilla et m'électrocuta les chevilles. Pendant se temps Park continuait de le frapper, encore et encore, même si l'homme ne parlait plus. D'un élan de panique je retirais les deux gros bouts de verre enfoncés dans mes chevilles puis me relevais paniquée. Une fois derrière Park Hae-Soo j'attrapais son gilet bleu et le tirais loin du cadavre inerte. Son souffle rapide témoignait de sa rage intérieure. Il se releva complètement face à moi puis regarda de gauche à droite. Constatant qu'il n'y avait personne, il me prit par la main et m'attira vers l'entrée du karaoké. Je pouvais sentir son sang me couler sur les poignets tandis que le mien tachait mes baskets.

Une fois devant la porte d'entrée, nous nous écartions pour laisser passer quelques étudiantes qui sortaient. Nos yeux ne se quittèrent plus, comme si on avait peur de perdre l'autre si jamais on les détournaient. Après avoir laissé passer ce groupe de filles, Park Hae-Soo m'entraîna à l'accueil et passa directement dans le couloir qui menait aux salles. 

Nous passions devant toutes les salles de chant et nous arrêtions face aux toilettes mixtes.

– Vas-y en première, tu as tes chevilles à nettoyer, me disait-il tout en m'ouvrant la porte. Je ne l'avais même pas vu remarquer mes blessures. Je rentrais dans les grandes toilettes et m'enfermais dedans.

Un grand miroir reflétait mon visage devant moi, je pris du papier toilette puis le mouilla dans le lavabo, juste assez pour qu'il reste compacte. Je m'abaissais pour observer mes blessures et découvris une marre de sang d'abord sur mes chaussures, puis sur mes chaussettes. Les entailles n'étaient pas si profondes mais l'endroit touché était juste au dessus de mes converses. Pile dans le creux de mon pied. Je m'assis par terre puis nettoyais le sang de ma blessure à la cheville gauche.

Après deux minutes à nettoyer tout le sang de mes pieds, je sortis des toilettes et vis que Park Hae-Soo attendait adossé au mur d'à côté. Il décroisa les bras et m'offrit un léger sourire,

– Alors, c'est profond ? Me demanda-t-il le visage inquiet.

Je fis non de la tête puis m'écartais pour le laisser y aller,

– Toi en revanche je pense qu'elles sont bien abîmées... Déclarais-je en fixant ses mains tâchées de sang.

Il regardait ses métacarpes avec détachement puis se dirigea vers la cabine,

– Tu... peux laisser la porte ouverte pour que je te vois ? Me demanda-t-il tout en fixant le couloir remplis de monde.

Je le fixais perturbée puis m'avançais dans les toilettes avec lui et refermais la porte à clef,

– Voilà il ne peut plus rien m'arriver...

Park Hae-Soo ne put s'empêcher de me sourire ce qui me fis automatiquement sourire. Je m'avançais vers le papier toilette puis déchirais quelques feuilles,

– Montre moi tes mains, ordonnais-je tandis que je trempais les feuilles dans l'eau froide.

Il me tendit ses mains abîmées puis suivit mes mouvements avec ses yeux. Je tapotais d'abord les plaies sur ses phalanges, puis après avoir retirer le plus gros, frottais légèrement en cercle afin de retirer les dernières gouttes de sang.

Park Hae-Soo se laissait faire, sans rien dire, attendant que j'ai fini de le soigner. Le silence qui régnait entre nous ne me dérangeais pas, c'était comme regarder un beau paysage naturel, on pouvait l'observer durant des heures sans jamais se sentir obliger de parler. Park Hae-Soo était mon paysage naturel et j'étais celle qui l'observait avec attention.

Je jetais le papier rougeâtre dans les toilettes puis tirais la chasse. Je repris du papier sec et tamponnais l'eau restée sur ses mains. De légères traces bleu et violettes se dessinaient sur ses mains et de légères croûtes de sang se formaient au niveau de ses plaies.

J'avais mal rien qu'en regardant. Ses mains étaient comme déformées par toutes ses couleurs inquiétantes. Park Hae-Soo ne brisa pas une seule fois le silence. Il ne regarda même pas ses mains puis les posa sur mon cou. Je laissais tombée les bouts de papier sur le sol sans m'en rendre compte. Il s'approcha de mon visage et ferma les yeux. Je sentis tout son corps se coller au mien et le laissais m'embrasser.

Son baiser était si doux, si tendre que j'en eus des frissons. Il aspirait légèrement mes lèvres sans y ajouter de la brutalité. Ses mains bougeaient au rythme de ses mouvements. Je pris l'initiative de mettre mes mains autour de son cou tout en passant mes doigts dans sa chevelure. Nos respirations brisèrent le doux silence apaisant entre nous. Il serra ses mains autour de moi puis s'avança un peu plus vers moi pour plonger sa langue encore plus loin. Le mur huerta doucement mon dos tandis qu'il continuait de se rapprocher de moi.

Je le laissais aspirer doucement ma lèvre et ouvris les yeux lorsqu'il s'arrêta face à moi. Pendant plusieurs secondes aucun de nous deux n'osa bouger pour briser cette atmosphère de paix. Mes doigts massaient l'arrière de son crâne doucement. Les siens bougeaient le long de mon cou et de ma joue tendrement. Ses yeux noirs brillaient encore plus à la lumière artificielle au dessus de nous. Ses lèvres restèrent entre ouvertes, leur contour était à la fois fin et volumineux. Elles avaient quelque chose d'unique, dans leur forme, comme si la nature avait voulu qu'elles soient faites pour être regardé. Parfaitement dessinées, leur symétrie rendait le reste de son visage encore plus attrayant. Ses yeux bridés étaient à cet instant ouverts au maximum, laissant ainsi la couleur douce de ses yeux apparaître complètement. Cette façon qu'il avait de posé les yeux sur moi rendait tous les autres visages ternes.

Ses narines bougèrent lorsqu'il se mettait à réfléchir, sa bouche s'ouvrait lorsqu'il hésitait et le clignement de ses yeux se faisaient presque absent lorsqu'il m'observait. Ses petits détails me donnais envie de continuer à l'observer, durant des heures, sans m'arrêter. C'était assez étrange ce que je ressentais à cet instant. C'était comme si une biche s'était dévoilée à moi, sortant de la forêt et que son apparition avait arrêté le temps. J'observais Park Hae-Soo de la même façon qu'on pouvait observer cette biche : Le souffle coupé par la splendeur de son corps, les yeux fascinés par sa beauté et l'esprit embuée par son aura presque palpable.

Il retira sa main de ma joue gauche pour enfoncer son visage dans mon cou. L'os de son nez se frotta à mes poils, cherchant à réduire l'espace entre nous. Je fermais aussitôt les yeux et profitais du calme qui apaisait mon cœur. Ces moments avec Park Hae-Soo m'offraient une bulle de paix intérieure. Que je n'avais jamais connu avant. C'était comme retenir sa respiration trop longtemps et de retrouver la surface. La première rentrée d'oxygène avait un effet si puissant...

Après quelques minutes à se blottir l'un à l'autre je pris la parole,

– J'ai été virée de l'école... Avouais-je tristement.

Il ne décollait pas son visage de mon cou mais changeait ses mains de place pour les enrouler autour de moi,

– Je suis désolé...

Je pouvais sentir toute sa sincérité dans sa voix,

– J'ai donné mon numéro à la secrétaire de mon oncle tout à l'heure. J'attends toujours son appel...

Park Hae-Soo retira enfin son visage de mon corps pour me répondre,

– Il est bientôt vingt heures tu devrais peut-être réessayer ? Suggéra-t-il avec une pointe d'inquiétude.

Jusque là je n'avais même pas pensé à appeler la police, pour signaler la disparition de mon père et de la menace qui me pesait.

– Je devrais peut-être demander de l'aide à son commissariat ? Proposais-je incertaine de cette idée.

Il fronça légèrement les sourcils puis se mordilla la lèvre,

– Humm... Je crois que tu devrais d'abord réessayer de l'appeler.

Je fixais ses yeux et compris que de toute façon peu importe les choix que je ferai, la vie trouverait toujours le moyen de me blesser.

Park Hae-Soo prit ma main puis m'entraîna en dehors de la cabine, après quelques instants à trouver quelle salle était la bonne, il ouvra l'une d'entre elles. Je reconnu instantanément Louisa avec Bil-Do, ainsi que Choi-Woo-Chu et Nam yoonsu qui chantaient ensemble une chanson jouée sur la télé. Leur micro pailletée rendait la scène encore plus drôle. Sur le canapé à côté de Louisa et son copain se trouvait un garçon qui buvait une bière sans parler à personne. Tout le monde s'arrêta de discuter lorsque nous rentions dans la salle. Louisa fut la première à m'adresser la parole,

– Kim-Jia ! Tu es venu !

Je lui rendis son sourire chaleureux et allais vers elle. Le garçon d'à côté se recula pour me que je puisse passer puis se remit correctement lorsque Park Hae-Soo essaya de me suivre. Leur regard se croisèrent, les deux se fixaient comme deux lions affamés dans une cage. Je pouvais sentir la haine qu'éprouvait Park Hae-Soo pour ce mec. Ses cheveux légèrement plus clairs que ceux de Park rendaient sa présence plus importante.

Il portait une veste en cuir noire, avec un pantalon troué de la même teinte ainsi qu'un haut bleu. Ses cheveux étaient plus bouclés que ceux de Park mais avaient la même forme. Cette ressemblance me fis un effet assez étrange. Leurs deux auras se ressemblaient assez. Après quelques secondes à attendre qu'il pousses ses jambes étendues sur le passage, il l'enjamba et s'installa à côté de moi.

Les yeux noirs de ce garçon se posèrent sur moi quelques secondes avant de se détourner indifférents. Sa présence cassait toute l'ambiance festive du karaoké.

Louisa prit la main de Bil-Do puis leva son verre à sa hauteur,

– Je propose qu'on joue à la bouteille !

Tout le monde se retourna vers elle puis approuvèrent. Je ne connaissais pas le principe mais tout le monde semblait enthousiasme.

Bil-Do se leva, sortit en premier du canapé et s'accroupissait sur le sol au milieu des deux chanteurs. Choi et Nam se posèrent en même temps à côté de lui, en cercle et nous dévisagèrent,

– Vous attendez quoi ? Demanda Nam tout en me fixant avec un léger sourire.

Louisa me prit la main et m'entraîna dans le cercle avant de s'installer à côté de Bil-Do. Park et le garçon aux cheveux bruns mirent quelques secondes avant de nous rejoindre. Park prit une bouteille vide et la posa au centre de notre cercle avant de se mettre en face de moi.

Choi prit la bouteille dans ses mains puis fixa Bil-Do droit dans les yeux,

– Bon je commence à la tourner...

Il tourna à gauche la bouteille de verre puis la laissa tournée. Après quelques secondes à tourner en rond, elle ralentissait pour s'arrêter face à Louisa et au garçon à côté de moi.

– Ohhh... ça c'est intéressant... S'impatienta Choi face à la tête choquée de Louisa.

Bil-Do fusilla du regard le garçon qui pour le moment n'avait pas parlé. Il ne détourna pas le regard puis se leva chercher des verres sur la table. Il prit en même temps trois bouteilles remplies puis les posa sur le sol.

– Sans alcool se jeux est bien nul... Argumenta-t-il froidement.

Choi regarda à sa droite Nam qui souriait bêtement puis lui demanda,

– On leur demande quoi ?

Nam eut un temps de réflexion puis répondit,

– Je te mets au défis de nous dire quelle partie du corps de Lee Won Jun, tu trouves sexy ?

La question de Nam Yoonsu ne me choquais pas. Il avait la tronche d'un mec obsédé.

Louisa gloussa avant de prendre un verre vide et de le remplir d'alcool,

– Je passe... Argumenta-t-elle tout en détournant les yeux de Lee Woon Jun qui la fixaient avec amusement.

La gêne lui monta aux joues tandis qu'elle avala l'entièreté de son verre. Choi rigolait face à la réaction timide de Louisa puis tandis la bouteille à Louisa. Elle s'essuya timidement la bouche puis tourna la bouteille au centre. Après quelques secondes elle s'arrêta face à moi et Park Hae-Soo.

Merde...

Louisa paraissait choquée de voir la bouteille nous désigner, comme si elle ne s'était jamais imaginée qu'on puisse un jour s'embrasser...

Louisa ne savait pas quoi demandé et se tourna vers Bil-Do,

– Tu as pas une idée ? Demanda-t-elle trop bouleversée pour réfléchir.

Bil-Do se tourna vers ma tête qui devait sûrement être aussi rouge que les joues de Louisa. Son regard essayait de percer à jour mes secrets, pour trouver la question pertinente,

– Vous devez vous regardez dans les yeux pendant dix secondes, proposa Bil-Do avec un léger sourire en coin.

Park Hae-Soo n'eut aucune réaction tandis que tout le monde faisait des bruits d'excitation. Mais avant même que je ne puisse répondre, il buvait son verre d'une traite sans hésitation. Je fus surprise et buvais le mien en essayant d'être la plus détachée possible. Lee Won Jun m'observait depuis plusieurs secondes puis se décida enfin à parler,

– On n'a le droit qu'à deux jokers. Sinon c'est trop facile...

Louisa, Choi, Nam et Bil-Do approuvèrent tandis que je pris la bouteille face à moi. Je la tournais et fus surprise lorsqu'elle se dirigea vers moi et Lee Won Jun.

– Oh c'est pas juste, c'est encore moi... Argumentais-je d'une timide voix.

Nam se leva heureux et leva son doigt sur moi,

– Vu que tu n'as pas fait ton gage, je vais être encore plus méchant... Tu dois... Embrasser Lee Won Jun...

Tout le monde s'arrêta de parler. Louisa fut la première à rire et à taper dans ses mains. Son regard insistant voulant tout dire : Je devais le faire. Je voulu prendre mon verre mais Lee Won Jun me le prit avant que je puisse l'attraper,

– Je suis si repoussant ? Demanda-t-il tout en levant sa tête vers la mienne.

Je sentais que mon cœur allait exploser. Non... Je nous pouvais pas l'embrasser. Il était tout ce que je détestais et surtout pas devant Park. Ce jeu commençait vraiment à m'énerver. Je n'avais pas le temps pour ses conneries. Je me levais furieuse puis sortis mon téléphone,

– Je dois appeler mon père. Je reviens, déclarais-je froidement tout en sortant de la salle.

Park suivit mon mouvement de la tête mais alors qu'il s'apprêtait à se lever, Nam Yonnsu lui prit l'épaule,

– Laisse coulé vieux, elle est juste un peu coincé...

Park vit sa sœur, Bil-Do et Choi l'observer et il décida de ne pas la suivre malgré son irrésistible envie de la consoler. Le poids du jugement était supérieur à son attirance. Il se remit assis puis passa la main nerveusement dans ses cheveux. Mais contrairement à Park qui avait peur du regard des autres, Lee Won Jun se leva et sortit de la pièce. Un silence de plomb régna sur le groupe tandis que Choi tournait la bouteille.

Je sortis de la salle et observais de gauche à droite le couloir lumineux. Les lumières roses et bleus ainsi que le son d'autres musiques me donnais envie de me cacher. Loin de toutes ses personnes, ignorante de moi, ma vie et mes problèmes. Je vis la porte des toilettes et me dirigeais rapidement vers elle.

J'en voulais au fond de moi à Park pour n'avoir rien dit, j'en voulais à mon père d'être absent, j'en voulais à mon oncle de m'ignorer, j'en voulais à Han sol Hee pour m'avoir humiliée, filmée, détruite, utilisée et rendue aussi en colère. Et surtout je m'en voulais à moi même. D'être faible, d'être à la mercis des autres, de n'avoir aucun courage et d'être idiote de toujours croire en l'humanité.

Une fois devant la porte, je mis ma main sur la poignet quand soudain un bras me retenu. Mon coeur fit un bon et je sus à cet instant que je m'étais trompée. Qu'il existait vraiment des bonnes personnes. Park Hae-Soo en était la preuve.

Mais lorsque je me retournais ce n'était pas Park Hae-Soo, mais Lee Won Jun. Ses yeux noirs me fixaient avec une intensité rare, sa main droite qui tenait la mienne me tira vers le côté de la porte tandis que son autre main me plaqua contre le mur. Mon esprit fut incapable de me dire quel effet ce garçon avait sur moi. C'était comme si ses yeux renfermaient un mauvais esprit. L'aura qu'il dégageait en me plaquant violemment contre le mur me fis frissonner. Sa bouche s'ouvrit lentement et son souffle glissa sur ma peau,

– Tu me dois un baiser, déclara-t-il froidement tout en s'approchant de mes lèvres.

J'essayais quelques secondes de me débattre, agitant le bassin et essayant de retirer sa main de la mienne. Il me plaquait complètement sur le mur froid. Son visage avait quelque chose de diabolique et son sourire satisfait n'arrangeait rien. Lee Won Jun était bien plus fort qu'il en avait l'air, ses mains empêchaient tout mouvement, son visage sanguinaire adorait observer la panique dans mes yeux.

J'émis quelques cris étouffés avant d'arrêter de me débattre. J'étais trop faible, trop fragile et lui était tout le contraire. Lorsqu'il vit que j'avais arrêté de bouger il tourna la poignet de porte derrière moi puis me poussa à l'intérieur tout en continuant de m'agripper de son autre main. Une fois à l'intérieur il referma la porte à clef puis me poussa jusqu'au fond de pièce. Lee Won Jun passa sa main dans ses cheveux clairs puis retira son blouson pour le mettre sur le sol. Tout en continuant de me fixer il retira sa main de sa manche en cuir puis jeta sa veste sur le côté.

Son t-shirt noir dévoila ses tatouages sur ses avants-bras ainsi que sur ses clavicules. Ses mains avaient des écritures ainsi que des flammes dessinées. Des bagues en argent faisaient le tour de ses géants doigts. Ses abdominaux ressortaient de son t-shirt serré, ses épaules, ses biceps élargies rendaient tout de suite son visage plus effrayant.

Il s'avança vers moi lentement tout en s'essuyant les lèvres doucement. Ma respiration se fit bruyante, mes jambes se serraient laissant ainsi aucun espace entre elles, ma jupe dévoilait quelques bleus sur mes genoux ainsi que ma pâleur. Ma chemise blanche en dessous de mon cardigan dévoilait ma respiration rapide. Ma queue de cheval touchait le mur froid derrière moi, quelques mèches de cheveux s'étaient détachées lors de sa violente agression. Il pointa mon sac de cours puis désigna le sol. Je mis un temps avant de réagir puis déposais mon sac sur le côté. Une fois le sac déposé il me fit un signe de tête pour que je me replace devant lui.

Je voulu crier, le frapper, hurler à l'aide mais Lee Won Jun était le genre de personne qui en un regard vous faisait taire. Lorsqu'il arriva enfin devant moi, à quelques centimètres de mon corps il posa ses deux mains sur le mur autour de moi,

– D'habitude elles crient bien avant ça... Lâcha-t-il froidement tout en observant avec attention ma réaction.

Je pris le temps de réfléchir, pris une longue inspiration et le dévisageais,

– Je ne te donnerai pas se plaisir.

Il fronça les sourcils, je n'étais incapable de savoir ce qu'il pouvait bien penser,

– Bizarrement tu m'excites bien plus que les autres...

J'eus un léger gloussement de dégoût, je pris mes mains et les posa sur son torse,

– Bizarrement tu m'effraies moins que les autres...

Je le poussais férocement loin de moi, mais avant que je puisse partir, il me poussa encore plus violemment sur le mur et me prit les deux mains. Il les rapprocha et les plaqua en hauteur, au dessus de ma tête. La violence du choc me coupais la respiration pendant quelques secondes, j'ouvris la bouche incapable de respirer par le nez calmement. Lee Won Jun mit son autre main sur mon cou puis appuya légèrement,

– Si tu me manques encore une fois de respect, je ferai de ta vie un enfer, me chuchota-t-il à l'oreille.

Sa voix grave chuchotant à mon oreille provoqua un frisson dans tout mon corps. Lee Won Jun le remarqua puis rapprocha encore plus sa bouche de mon oreille. Soudain je sentis sa langue froide me lécher le globe doucement. J'émis un cri de surprise, incapable de bouger j'enfonçais mes ongles dans ses doigts. Lorsqu'il sentit mon agression il retira sa langue puis me retourna violemment, le ventre contre le mur. Se changement de position me fis crier alors il prit mon visage puis le retourna vers lui. Ma joue huerta le mur, sa main se plaqua sur ma bouche brusquement,

– Je suis sûre qu'au fond tu aimes ça, lâcha-t-il tout en me touchant doucement les hanches.

Je décollais instinctivement mon bassin face à la sensation de chaleur qui m'envahissait. Il me prit les cheveux et les tira légèrement pour m'obliger à lever la tête.

– Tu préfères que je te morde le cou ou les lèvres ? Me demanda-t-il avec envie.

Je voulais pas répondre à sa question, je préférais encore qu'il choisisse pour moi car le faite de me faire participer à son petit jeu, me rendait d'une certaine manière consentante. Mais il attendait ma réponse, sans bouger,

– Tu as trois secondes, déclara-t-il tout en retirant sa main de ma queue de cheval. Il me retourna encore une fois, cette fois le ventre contre le sien, il appuya tout son corps sur le mien et retira ses mains des miennes. Il prit doucement mes mains et les entoura autour de son cou. Lorsqu'il posa sa main gauche sur mon cou et l'autre à côté de mon oreille, tout mon corps se mit à vibrer.

Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi, mais Lee Won Jun me dégoûtait pas. Au contraire, il me faisait plus que de l'effet, son t-shirt noir sur sa peau, ses tatouages rouges et noirs... Ses cheveux bruns qui tombaient parfaitement sur son front. Mon corps réagissait au sien. Je ne pouvais contrôler ces sensations de bien-être qui ne m'avaient quitté depuis qu'il avait prit ma main.

Il plongea ses yeux dans les miens, sa respiration était encore plus rapide que la mienne,

– Dis-moi que tu n'en as pas envie et je te laisse, me proposa-t-il tout en caressant tendrement mon cou.

Cette opportunité me permettrait de m'échapper, de partir loin de cet ange maléfique.

– Je... Je n'en ai... Bafouillais-je difficilement.

Mais mes yeux fixaient ses lèvres, incroyablement attirantes, je voulais arrêter, je voulais partir loin de lui. Mais tout mon corps me suppliait du contraire. Lee Won Jun vit mon hésitation puis me souriait satisfait.

Soudain il posa ses lèvres sur les miennes tout en m'approchant de lui. Le contact avec l'humidité de sa bouche me provoqua des frissons. Ses deux mains entouraient mon visage tandis que les miennes se plongeaient dans ses cheveux. Le goût légèrement chaud de sa langue m'obligeait à continuer. Je passais ma langue dans la sienne, encore et encore, sa bouche aspirait ma langue férocement ainsi qu'une part de mon âme. Jamais je m'étais sentie aussi vivante.

Il me prit ma jambe droite et la colla à son bassin. Je sentais ses mains chaudes sur mon corps, sa respiration se mélangeait à la mienne et ses lèvres mordirent les miennes. Après m'avoir aspirer le bout de ma lèvre inférieure il décolla son visage du mien, laissant le bruit de nos respirations s'échapper de nos bouches.

Je me détestais intérieurement mais que c'était bon. La façon dont son corps réagissait au mien, la façon dont il m'embrassait, me regardait... Lee Won Jun réveillait cette part d'ombre en moi.

Lorsqu'il arrêta de m'embrasser pour m'observer, je le pris dans mes mains et l'embrassais de nouveau. Cette réaction inattendu le fit gémir de plaisir, il leva mon autre jambe et se baissa au sol. Je crochetais mes jambes atour de son bassin tout en aspirant sa langue fougueuse. Le contact avec le sol me fit frissonner, quand tout à coup, quelqu'un frappa brusquement à la porte,

– Kim-Jia ? Je sais que tu es là dedans...

C'était Park Hae-Soo... Merde... Nous nous arrêtions de bouger, le visage tourné vers la serrure. Le visage de Lee Won Jun tout souriant me ramena à la réalité. J'avais commis une erreur. Je devais partir.

Lee Won Jun posa sa main sur ma bouche avant que je puisse lui répondre puis se redressa vers la porte,

– Non c'est Lee Won Jun.

J'essayais de respirer correctement malgré sa main plaquée sur ma bouche. Je n'étais pas dans mon état normal. Mon père, la menace, mon oncle, la noyade, le renvoie, Park... Rien de tout ça n'était moi. Rien de tout ça n'était normal.

– Tu l'as vue partir ? Demanda-t-il la voix plus proche de la porte.

Je fis un non de la tête pour lui indiquer ce qu'il devait dire. Mais au fond je savais très bien qu'il n'allait pas m'écouter. Ce n'était pas le genre à changer d'avis.

– Putain tu peux pas te casser ? J'essaye de pisser là.

– Je partirai quand tu m'auras dit...

Lee Won Jun le coupa,

– Non ! Je n'en sais rien.

Park Hae-Soo partit après quelques secondes vers la sortie. Je l'observais, sa main encore sur moi et son corps athlétique. Il se mit debout puis se frotta les cheveux pour les recoiffer,

– Putain il m'a refroidit... Avoua-t-il tout en prenant sa veste à ma gauche.

J'osais pas bouger, incapable de me confronter à la réalité. Je voulais me réveiller dans mon lit et me dire que c'était qu'un rêve. Mais non. La froideur de Lee Won Jun était bien réelle. Il mit sa veste en cuire puis me fixa intrigué,

– Tu te relèves pas ? Demanda-t-il avant de fermer sa veste.

Je me passais les mains sur mon visage, à deux doigts de pleurer puis me redressais pour me mettre debout.

J'en avais marre. De tout : Park Hae-Soo, Lee Won Jun, mon père, ma vie, mon futur, mon passé. Je voulais que tout s'arrête, que tout change pour enfin respirer.

Une fois debout, je vis dans le miroir que ma jupe blanche était tâchée de poussière. Je me tournais et essayais de la nettoyer en frottant vigoureusement.

Lee Won Jun se retenue intérieurement de l'aider. Ce n'était pas dans son genre d'aider une fille à s'habiller ou se recoiffer... Il devait se montrer froid. Pour ne pas qu'elle sache ce qu'il avait ressenti.

Je le vis me passer devant puis prendre la poignet dans les mains,

– C'est quoi ton nom déjà ? Me demanda-t-il les yeux fixés sur la porte.

Je pris cette question comme une insulte après ce qu'il, non ce qu'on avait fait. Comme si embrasser une inconnue le dérangeait pas.

– Kim-Jia, répondis-je froidement.

Une fois satisfait il tourna le verrou puis sortit de la pièce, me laissant seule dans les toilettes. Je sentais les larmes me monter aux joues. Pourquoi je foutais toujours ma vie en l'air ? C'était quoi mon problème ?

Je devais sauver mon père mais au lieu de ça j'embrassais un inconnu dans des toilettes publiques. Je repris mon sac par terre et sortis mon téléphone. Je le déverrouillais tout en sortant des toilettes. Deux appels manqués de Park Hae-Soo. Et un appel inconnu manqué. Super...

Je marchais d'un pas rapide en direction de la sortie. Une fois dehors je m'insultais de ne pas avoir pris de veste car à cette heure il faisait vraiment froid. Je pris la décision de rentrer à la maison et d'ensuite passer la soirée à appeler l'entreprise de mon oncle pour le faire venir ou lui expliquer la situation. Je me dirigeais vers chez moi, passant devant des bars remplis d'adolescents ivres de musique. Le regard de certains hommes me dérangeaient vraiment. Alors je marchais encore plus vite pour rentrer le plus vite possible. 

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