Depuis que la mission avait été un succès et que mon père était enfin rentré à la maison, Pi Song-Ho m'avait affirmé que j'allais devoir passer à l'étape supérieure. Maintenant que mon père était sain et sauf, ma soif de vengeance commençait à disparaître petit à petit. Au fond j'avais peur d'avoir perdu la motivation et la détermination de continuer dans cette voie. Même si je restais une gamine, le gang des Deulageons m'avaient aidé à atteindre mon but. Maintenant j'allais devoir payer ma dette.
Je ne pouvais pas m'empêcher de regarder son visage. Lorsqu'on lui avait nettoyé toutes ses plaies, un médecin faisant partie de l'organisation avait affirmé qu'il lui faudrait une hospitalisation s'il voulait enlever 90 % des cicatrices. Mais, faute de moyens financier, mon père avait refusé. Condamnant ainsi toute chance de dissimuler les quatre grosses coupures présentes sur son visage. J'avais hurlé, je lui avais ordonné de trouver l'argent... j'avais tellement mal pour lui... Mais Kim Tae-Ju était aussi têtu que moi et ne céderait jamais pour son besoin personnel. Je trouvais cela tellement injuste qu'un flic aussi doué et dévoué pour son pays soit obligé de garder les traces de ses tortures.
Lorsqu'il me vit l'observer, il se stoppa un instant et laissa léviter la poile remplie de légumes,
– Ma puce ? Tu vas bien ? Demanda-t-il les sourcils froncés.
Mes yeux pouvaient nier mon désespoir mais malgré cela je décidais de cacher cette frustration au fond de mon âme,
– Oui, ça va je suis juste fatiguée. Hier-soir Pi Song-Ho ne m'a laissé aucune chance ! Je pense garder les traces de nos combats encore pendant deux semaines... Affirmais-je tout en soulevant mon jogging pour laisser transparaître la ligne bleuté sur mon tibia.
Kim Tae-Ju reposa la poile sur le gaz et s'avança vers le frigo,
– Je sais que mon frère t'oblige à rester. Je ne veux pas que tu souffres à cause de moi. Tu dois reprendre une vie normale, aller à l'école, trouver un emploi de fonctionnaire... Te faire des amis de ton âge...
Je voyais bien qu'il était inquiet pour moi à sa façon de dire chaque mots,
– Papa... Ils m'apprendront bien plus de choses que dix ans d'études... Et puis, je commence à apprécier le sport, je me sens de plus en plus forte... Je n'ai pas envie de retrouver mon ancienne vie... Disais-je après avoir hésiter quelques secondes à si je devais continuer ou non.
Mon père baissa son regard jusqu'au sol puis referma le frigo d'un coup sec,
– Tu souffriras Kim-Jia...
Soudain une colère noire s'empara de moi,
– Je souffrirai ? Mais est-ce que tu as la moindre idée de ce qui me fait souffrir ? Demandais-je d'un ton glacial.
Son regard changea, se transformant en un regard de pitié,
– Ce que je vis là n'est même pas un dixième de ce que j'ai pu ressentir ses dix dernières années.
Les larmes me montaient aux yeux tandis que je m'ordonnais de ne pas me montrer faible. Toutes ses journées à cacher ma souffrance, toutes ses soirées à hurler silencieusement dans la douche tandis qu'il cuisinait, ignorant du poids que j'avais à porter. Toutes ses nuits à pleurer, suppliant dieu de m'épargner, de me donner une chance de respirer. Rien de tout cela n'était comparable à un simple combat au corps à corps. Cette douleur là était constante, brûlante et vous changeait à jamais.
Je me levais du canapé et me dirigeais vers ma chambre en claquant la porte. Une fois devant mon lit, je me mis dessus et commençais à pleurer les mains sur le visage. Pourquoi cela faisait si mal de l'admettre ? Admettre que je souffre et que j'ai souffert ?
Après quelques minutes à ravaler la haine nourrit en moi, je m'essuyais les yeux et préparais un sac. Je pris quelques vêtements : Trois t-shirts de sport, trois joggings, deux pulls et un bonnet. Puis y rajoutais des culottes, des brassières, des chaussettes ainsi que ma trousse de toilette. Une fois tout rangé dans le sac de sport, je me fis une queue de cheval haute et porta le sac sur mes épaules.
Je suis prête pour la suite.
*Trois jours plus tard*
La douleur était telle que je me retrouvais au sol en moins d'une seconde. Le gant sur le foie, l'autre main sur le sol tandis qu'un de mes genoux me retenait de tomber complètement. J' hurlais de douleur, des cris d'animaux sortaient de ma bouche accompagné d'un filet de bave.
Putain sa mère la pute !
Mon ouïe était comme éteinte, je ne distinguais plus rien d'autre que mon corps, ma douleur, mon ventre brûlant. Ma gorge irritée par les cris m'empêchait de parler correctement. Soudain une main me toucha l'épaule gauche, le contact me fit comme un électrochoc c'était comme si tout mon corps se permettait enfin de réagir.
– Kim-Jia !!!
– Respire, concentre-toi sur ta respiration...
– Qu'est-ce qui s'est passé ! Cria la voix d'un homme.
– Vous inquiétez pas elle va bien !
– C'est la nouvelle ? Demanda une voix plus lointaine.
Je n'arrivais pas à distinguer ni à reconnaître qui parlait à qui mais avant même que je puisse lever les yeux quelqu'un me releva brusquement. Ses mains se postèrent au niveau de mes aisselles et me soulevèrent en un rien de temps.
Malgré ma vision brouillée par mes larmes, je réussis enfin à distinguer un premier visage,
– Pi Song-Ho ? Bafouillais-je le souffle court.
Il me regardait intensément le visage comme pour décrypter mon état tandis que mes yeux luttaient pour ne pas détourner le regard.
– Kim est-ce que ça va ? Tu peux parler ? Me demanda-t-il le visage inquiet.
Je fis signe que oui, plus les secondes s'écoulaient et plus je retrouvais mes capacités physiques. Ma vue commençait à s'améliorer, je commençais à prendre conscience petit à petit des personnes qui m'entouraient.
Les mains de Pi Song-Ho me firent revenir à la réalité,
– Laisse moi regarder, déclara-t-il tout en relevant doucement mon t-shirt.
Je crachais mon protège dent sur le sol et descendais mon regard sur mon foie. Il y passa la main doucement et fit des petits ronds. Je pouvais sentir toute la douleur se dissiper à mesure qu'il continuait. Tout mon visage se décrispais de soulagement tandis que je fermais les yeux pour me calmer intérieurement.
C'était aller si vite ! La sonnerie de départ, le salut, les premiers coups du bras avant, les kicks... Puis un crochet du droit. En plein dedans ! Putain j'en revenais pas ! Ko par Hu Sung-Jin, le chouchou du patron... Et le plus doué de tous...
Maintenant on allait encore plus me rabaisser...
J'ouvris les yeux et vis que tous les garçons avaient repris leurs occupations. Pi Song-Ho arrêta ses mouvements et fixa froidement le visage inquiet de mon adversaire,
– Tu aurais pu y aller mollo ! Elle vient de commencer ! Cria-t-il d'une voix grave.
Le jeune Deulageon se gratta l'arrière du crâne avant de répliquer,
– Je... Heu... J'y suis allé doucement !
Mais voyant que son supérieur n'avait toujours pas bougé, il ajouta,
– Désolé... Heu... Kim... Tu te sens mieux ? Demanda-t-il tout en tournant la tête vers moi.
Je lui rendis un sourire sincère,
– Oui ça va c'était juste sur le coup...
Pi Song-Ho se tourna enfin vers moi,
– Tu peux te reposer aujourd'hui, on ira mollo demain, affirma mon entraîneur.
Je voulus répliquer et lui dire que j'allais bien mais les frissons qui me parcouraient le corps me disait que j'allais avoir une mauvaise nuit ce soir. Alors je fermais ma bouche et fis un signe de salut à Hu Sung-Jin encore mal à l'aise et retirais mes gants.
Une fois mes protections retirés je me dirigeais vers ma chambre au bout du couloir, les pieds traînant sur le sol. Je pris ma serviette posée sur mon lit, mes shampoings et allais directement en direction des douches.
Lorsque l'eau froide coula sur mes épaules, toute ma douleur passée coula elle-aussi le long de mes jambes pour se retrouver dans les égouts. Plus rien ne me traversait l'esprit, seulement ma connexion entre mon corps et ma conscience me donnait l'impression d'être en vie. Ce que j'aimais dans ce moment était la simplicité de mes pensées voir le vide total que la douleur laissé dans l'esprit. Tous mes démons, toutes mes émotions laissaient place à la paix, une paix douce et calme. Refroidissant ma haine intérieure.
Une fois l'eau coupée, je m'enroulais dans ma serviette et repris mes shampoings pour me diriger vers les toilettes. La serrure fermée, je laissais retomber la serviette au sol, me laissant nue devant un grand miroir. L'image de mon corps meurtri ainsi que mon visage fatigué me donnait l'impression d'être face à moi-même. Face à mon vrai moi, ma nouvelle vision de moi-même allait se forger petit à petit dans mon esprit pour enfin éliminer la faible Kim-Jia.
*
Le goût épicé des pâtes me brûlaient la gorge, mes baguettes peinaient à garder la quantité importante de garniture droite. Depuis quelques minutes je pouvais sentir le regard de Hu Sung-Jin sur moi, il avait l'air de s'en vouloir car cela faisait plus de trois secondes qu'il me dévisageait,
– Je vais bien, t'inquiète... Lui affirmais-je en me penchant en arrière afin d'attirer son attention.
Les deux Deulageons qui nous séparaient, continuaient à discuter bruyamment du prix de leur futur voiture de luxe.
Le jeune garçon fit de même pour me répondre,
– Si jamais tu veux te venger, préviens-moi et je t'aiderai ! Rigola-t-il timidement.
Son humour me fit lâcher un grand sourire,
– Mais si je t'assure ! Elle m'a dévoré des yeux ! Je sais reconnaître une fille amoureuse ! S'écria le Deulageon à ma droite.
Son ami en face lui répondit en rigolant,
– Ah oui ! Et dis moi, comment ça se fait que t'es toujours puceau alors ? Lâcha le blondinet d'un sourire sarcastique.
Face à cette scène ridicule je ne pus m'empêcher d'avaler de travers et toussais bruyamment.
– Kim ne t'y met pas aussi ! Me dis pas que t'y crois toi ? Me demanda-t-il d'un air effondré.
Je ne pus m'empêcher de lui lâcher un rire grave,
– Non, bien sûr que non je n'y crois pas, je te connais et si je sais une chose c'est que tu es très expérimenté !
– Voilà ! Même elle le dit !
– Avec les hommes... Finissais-je par lâcher.
Tous les garçons se retournèrent vers moi et rigolèrent à l'unisson, incapable de se retenir. Mon collègue essayait de me bouder mais ses joues rosés trahissaient son amusement.
– Rohhh le prend pas mal Bouboule !
Il me fixa un moment avant de me sourire sincèrement,
– Jamais je ne pourrai ! T'es ma préférée, mais ne dis rien aux autres ! Rigolait-il tout en finissant son bol rempli de riz.
Soudain plusieurs Deulageons s'inclinèrent en annonçant :
– Bienvenu patron !
A l'annonce de l'arrivée du patron, nous nous levions tous en une seconde puis nous inclinèrent respectueusement jusqu'à voir le corps de Park Moonjin apparaître devant nous. La table avait tremblé sous l'effet de la surprise et avait laissé quelques uns de nos bols se renverser. Plus un bruit ne se fit entendre dans tout le hangar.
– Je viens voir Kim-Jia, affirma-t-il en retirant ses lunettes de soleil.
Je regardais autour de moi et vis tous les regards se porter sur moi. Super... Moi qui adore attirer l'attention.
Je m'inclinais et sortis du banc commun pour aller le rejoindre. Plusieurs de ses hommes de main attendaient à côté de lui. Je reconnus aussitôt Chris mon ancien chauffeur.
– Ais-je besoin de prendre des affaires ? Lui demandais-je timidement.
Il me fixa de haut en bas avant de me répondre,
– Non, tu auras tout sur place. Laura ? Appel mon restaurant préféré réserve deux places pour ce soir, déclara-t-il tout en fixant une jeune femme qui venait de s'avancer.
Elle s'inclina respectueusement avant de se rapprocher du patron,
– Des indications supplémentaires pour le choix de la table ? Demanda-t-elle avec une tablette dans les mains.
Park Moonjin lui rendit un sourire timide,
– Non vous choisirez pour nous, ce qu'il y a de meilleurs bien sûr.
Laura comprit le message puis repartit dehors sans plus attendre.
Park aussitôt la suivit sans me donner la moindre indication, je mis quelques temps à prendre conscience de mon retard puis le suivis d'un pas rapide.
*
Chris coupa le moteur puis se retourna vers moi la main gauche encore sur le volant,
– Tu préfères que je t'accompagne jusqu'à ta table ? Me demanda-t-il gentiment.
Je pris quelques secondes pour analyser le restaurant vu de dehors et vit qu'il y avait au moins soixante étages,
– Je veux bien que tu m'accompagnes... Si cela ne t'embête pas...
Chris comprit le message et n'attendit pas une seconde pour aller m'ouvrir la portière. Ma robe choisit par Park montrait mes légères formes qui commençaient à se former au fil du temps. Le tissu rouge était trop fin pour stopper le froid de m'atteindre. Mais avant que je ne puisse me plaindre, il me tandis un long manteau long noir assez chic et me le posa sur mes fines épaules.
– C'est bien mieux comme ça, affirma-t-il en m'envoyant un léger sourire.
Je lui rendis son sourire et le suivit jusqu'à la porte principale. Le hall était immense quelques personnes se trouvaient déjà assises à des tables.
A peine rentré un serveur habillé d'un costard noir, assez jeune vint se présenter à nous,
– Madame, Monsieur, avez-vous réservé ? Nous demanda-t-il d'une voix douce.
Chris me lança un petit sourire avant de répondre,
– Et bien, Madame est l'invité de Park, pouvez-vous la conduire jusqu'à monsieur ? Demanda-t-il tout en mettant ses deux mains devant lui.
Je me sentais un peu mal à l'aise devant eux, ils savaient comment communiquer de façon... Bizarre ? Un riche parle à un riche. Un pauvre n'essaye même pas. Je ne savais pas comment me comporter en public comme cela... Surtout habillé d'une robe hors de prix. Rien que me voir dans le miroir d'en face me donnait envie de prendre mes jambes à mon cou. Mes cheveux avaient été coiffé par Laura, ils n'avaient jamais été aussi beau, doux et soyeux. Leurs boucles noires retombaient parfaitement bien sur mes épaules. Tandis que mon maquillage illuminait mon visage.
Au bout de quelques secondes à me regarder dans la vitrine, je sentis la voix de Chris me rappeler sur terre,
– Je peux te laisser y aller ? Me demanda-t-il droit dans les yeux.
Sa présence m'avait toujours rassuré d'une certaine manière, savoir qu'il allait me laisser seule pendant quelques minutes, dans ce restaurant, cet univers trop nouveau pour moi... M'effrayait légèrement.
Il vit la panique dans mon regard et posa sa main sur mon épaule,
– Tu n'as que quelques étages à monter... T'en fais pas... Me souriait-il tendrement.
Je posais ma main sur la sienne et déclarais,
– D'accord, c'est bon tu peux y aller... Merci Chris ! Disais-je juste avant de regretter mes paroles.
Sans plus attendre il me laissa dans les mains du serveur qui me fit signe de le suivre jusqu'à un comptoir. Une fois en face il m'observa un moment avant de détourner le regard vers Chris qui venait de passer la porte.
– C'est votre petit ami ? Me demanda-t-il tout en fixant l'ordinateur devant lui.
Je fus surprise de cette question et sentis le rouge me monter aux joues.
– Non... heu... Je... Je n'ai personne, bafouillais-je timidement.
Soudain je regrettais avoir dit une telle chose alors même que je ne le connaissais pas.
L'homme ne put s'empêcher de rire à ma réaction tout en continuant de taper sur sa machine,
– Désolé de vous avoir mis mal à l'aise, mais j'ai du mal à croire qu'une personne aussi belle que vous soit célibataire... M'avoua-t-il sans pour autant laisser paraître la moindre gêne.
J'en eus le souffle coupé, comment un serveur d'un chic restaurant pouvait me trouver attirante ?
– Pardon, mais je ne vois pas en quoi mon physique a quelque chose à voir avec mes relations ? Déclarais-je assez sûr de moi.
Je mis mes mains sur mes hanches avant de réaliser ce que je venais de faire et de dire.
Il me dévora du regard avant de passer une main dans ses cheveux,
– J'arrête de vous embêtez, suivez-moi je vous emmène à la table 57 du dernier étage.
Il dépassa le meuble en marbre et avança vers un immense ascenseur dorée. Il appuya sur le bouton et attendit les mains derrières le dos.
Je me sentais très peu à l'aise avec lui et sentais bien ses regards insistants sur moi. Soudain sa main gauche toucha mes cuisses doucement avant de se porter sur mes fesses,
– Non mais ça va pas !!! Hurlais-je de rage.
Le serveur plaqua son autre main sur ma bouche et m'enfonça dans l'ascenseur. Pris de panique je me débattais tant bien que mal, mais les efforts d'hier m'empêchais de porter des coups suffisant pour le mettre Ko.
– Chuttt.... Ça va bien se passer... Je serai doux avec toi... Affirma-t-il langoureusement dans mon oreille.
Ses deux mains étaient maintenant sur mes fesses, j'essayais de le repousser mais mon corps était trop épuisé, mais alors que les portes étaient sur le point de se refermer et donc de me condamner à un viol. Un jeune homme déposa sa main entre les deux portes. Mes larmes m'empêchèrent de voir de qu'il s'agissait.
En une seconde la chaleur dégoûtante du serveur se retira de mon corps, mon sauveur venait de le dégager de moi.
– Enfoiré !!! Cria mon sauveur de rage.
Il le prit par la gorge et le frappe encore et encore sauvagement. Le serveur fut en quelques coups Ko, le visage en sang et la bouche ouverte tel un animal mourant.
Trop secouée pour comprendre ce qu'il se passait je me souvins enfin de mon couteau rangé dans mes talons et me baissais pour le sortir. En trois secondes je me ruais vers l'homme et essayais de lui couper le visage. Mais il était bien trop rapide et esquiva tous mes coups,
– Hé !! C'est moi qui vous ai aidé !! Déclara-t-il tout en maintenant fermement mon poing fermé sur mon couteau.
En un instant je pris conscience de ce que je venais de faire et le fixais le souffle rapide. Soudain en observant l'homme en face de moi, une impression de déjà vu me prit et comme s'il avait lu dans mes pensées il fronça aussi les sourcils,
– On se connaît ? Me demanda-t-il son visage près du mien.
Son odeur me parût soudain familière ainsi que ses traits fins,
– Je...
– Kim-Jia ?
Lee Won Jun m'avait reconnu et moi aussi, je me souvenais encore de sa main droite remplie d'écriture chinoise et ses avant-bras tatoués de plusieurs dragons entourés d'eau. Ses cheveux bruns clairs et bouclés ainsi que son regard malicieux. Nos yeux se fixaient sans même chercher à s'enfuir, comme si aucun de nous n'avait de la gêne.
– Lee Won Jun ?
Il relâcha la pression sur mon poignet, libérant ainsi mon couteau et détourna doucement son regard pour fixer le serveur au sol.
– Il t'a touché ?? Demanda-t-il soudain.
– Heu... Oui... Il m'a touché, déclarais-je timidement.
Lee Won Jun prit mon visage dans ses mains et chercha la réponse à sa question avant même de me la poser,
– Comment tu te sens ?
– Je ne sais pas... Je...
– Réponds-moi Kim.
– Je sens encore ses mains sur moi... Avouais-je soudain.
Malgré ce qu'il venait de se passer je me sentais plutôt bien en sa présence, c'était comme si rien ne comptait et que ma douleur s'échappait à mesure que je lui parlais.
– Mais tu étais dans le hall depuis longtemps ? Demandais-je tout en m'éloignant un peu de lui.
– Oui j'ai réservé pour moi et une amie.
– Une amie ?
– Elle s'appelle Maria elle vient du Japon. C'est la fille d'un collègue à mon père, je dois l'inviter pour montrer que nous sommes généreux... Un truc dans le genre...
– Oh... Je vois... Et Maria n'est pas avec toi ? Demandais-je curieuse de le voir seul.
– Non, elle arrive d'ici dix minutes, déclara-t-il tout en appuyant sur le bouton 45.
Je repensais alors à l'étage qu'il m'avait annoncé puis cliqua sur le 57. Nous restions ainsi dans le silence tandis que l'ascenseur montait. Le serveur ne faisait aucun bruit et semblait dormir paisiblement. Lorsque je vis sa tronche au sol je ne pus m'empêcher de sourire,
– Tu l'as bien amoché !
Lee Won Jun porta enfin le regard sur ma tenue et ma robe,
– Ouah... Kim... Je ne t'avais pas regardé en détail. Tu es très belle.
Cet élan d'affection me fit monter le rouge aux joues,
– Heu... Merci...
– Je comprends pourquoi il a voulu s'enfermer avec toi dans cet ascenseur... Quelle idée de t'habiller aussi bien !
Je ne savais pas trop quoi répondre à cela... On ne se connaissait pas vraiment mais notre relation était déjà si compliquée,
– Je n'avais pas trop le choix.
– Ah oui ? Pourquoi ?
– Je n'ai pas choisi cette robe, c'est le patron qui l'a fait pour moi.
Soudain je me rendis compte qu'il n'était au courant de rien et me croyais encore sûrement au lycée.
– Mais attends, tu travailles ? Me demanda-t-il choqué.
Je pris quelques secondes pour respirer et réfléchir,
– Heu... Oui après les cours... J'ai un petit boulot... Et il m'a invité pour heu... Me féliciter.
Lee Won Jun semblait troublé pendant quelques secondes et mit ses deux mains dans sa veste,
– Un petit boulot tu dis ?
– Ouais rien de très incroyable...
– Et tu peux te permettre d'acheter cette robe hors de prix et de manger à ce restaurant ?
Je fus incapable de démentir ses réflexions je n'avais pas pris en compte qu'il était riche...
– Je...
Mais avant que je ne puisse répondre l'ascenseur ouvrit ses portes laissant l'étage 45 ouvert pour Lee Won Jun. Nous nous regardions sans trop savoir quoi dire. Le dernier souvenir que j'avais de lui était notre rencontre et nos baisers dans les toilettes... Du karaoké... Rien qu'à nous imaginer nous embrasser contre le carrelage froid des toilettes me fit monter la gêne aux joues.
– Je te laisse, je reprends le serveur avec moi et je te souhaite un agréable repas.
Avant même que je me résous à lui répondre il avait retiré le connard de l'ascenseur me laissant seule.
Une fois tous les étages passés, l'ascenseur s'arrêta enfin au dernier m'ouvrant ses portes dans une petite sonnerie. Je pris la direction des trois serveurs postés à l'entrée et eus le courage de parler,
– Bonsoir je chercher Park Moonjin.
– Veuillez-nous me suivre Madame.
Je le suivis et remarquais que toutes les autres tables étaient vides, nous passions devant des dizaines de nappes dressées parfaitement et pourtant personne n'y était installé. Après avoir tourné une fois à gauche, je découvris une table au fond de la pièce en face de grande baie vitrée avec Park assis les jambes croisées.
– Je vous laisse, déclara le serveur tout en me montrant le chemin à suivre.
Il s'inclina et partit avant même que je ne lui rende son mouvement.
Je m'avançais vers la table et me sentais de plus en plus petite dans cette pièce si grande, si luxueuse. Le bruit de mes talons remplissaient la salle et leurs bruits rebondissaient sur chaque recoin laissant ainsi leurs rythmes battre dans la pièce.
Lorsque je fus devant la table, Park décida enfin à tourner la tête vers moi et se leva de sa chaise,
– Kim-Jia, déclara-t-il tout en me montrant mon siège de la main.
Je me dirigeais vers ma place et m'assis timidement avant de regarder la baie.
– Je nous ai commandé la spécialité et un verre de vin.
Je ne savais pas trop quoi dire derrière cela.
– Le restaurant nous ai privatisé pour le restant de la soirée, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. C'est ta première fois dans un endroit aussi chic n'est-ce pas ? Me questionna-t-il tout en observant un serveur arrivé une bouteille et des verres à la main.
– Oui...
Le serveur s'inclina encore devant nous et déposa la bouteille ainsi que les verres en silence.
– Dis-moi, comment tu te sens au port ? Demanda-t-il tout en remerciant le serveur.
Je me grattais nerveusement les ongles sous la table et m'obligeais à le regarder,
– Bien... Je... Je m'améliore...
Il but une petite gorgée du vin jaunâtre avant de le reposer devant lui.
– C'est ce que Pi Song-Ho me répète depuis quelques semaines, mais je dois dire que je n'y croyais pas vraiment.
Un temps de silence vint rompre son explication quelques secondes,
- Jusqu'à ce que tu sauves mon frère et que tu fasses de gros progrès en à peine six mois. Tu as presque atteint le niveau de Hu Sung-Jin.
Ma robe me serrait les cuisses et je pouvais sentir le sang taper le long de mes genoux.
– Je crois que tu es prête pour l'étape supérieure.
Mes yeux cherchaient la moindre information, sur ce qu'était l'étape supérieure, mais son visage neutre ne laissait rien paraître.
– L'étape supérieure ? Répétais-je curieuse.
Dix serveurs venaient à nous, trois cloches dans les mains et apportèrent nos repas. L'odeur de nourriture me donnait très faim, lorsqu'ils retirèrent en même temps les cloches je découvris ce que j'allais devoir manger. Ils posèrent tout devant nous.
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