𝅘𝅥𝅮 Punkinloveee- Freak Show

Marty

- Oh non, pas toi !

Venant de sa part, le contraire m'aurait étonné. Cependant, cette réaction n'ébranle en rien ma détermination, qui m'a poussé à venir jusqu'à Mallory West. Cette impulsion qui m'a incité à les retrouver. Avec empressement, je hâte le pas à la poursuite de Grincheux et Steven. Pourtant, ils persistent à se tenir à une distance qui m'échappe, malgré tous mes efforts pour m'en approcher.

- Grincheux, écoute-moi !

- Fous-moi la paix, McFly ! me répond-elle sans se retourner.

Un sentiment d'irritation saisit mon visage et contracte les muscles de ma mâchoire. À quel moment ai-je cru que lui parler serait une tâche facile ? Surtout avec elle, tiens ! Le ressentiment qu'elle nourrit avec acharnement est massif, profondément enraciné. Établir le moindre contact avec cette jeune femme équivaut à tenter de faire entendre sa voix à un bloc de glace immobile et impassible. Mais contrairement au mur qui demeurera silencieux, elle ripostera avec une verve piquante, vous assénant des traits d'esprit acérés qui vous laissent interdit. J'encaisse peut-être ses vindictes méritées, mais je ne dois en aucun cas céder à la défaite. Pas maintenant, car ce n'est que le début. Surtout que je compte lui donner ce qu'elle attend depuis certainement longtemps.

Des excuses, ainsi que des explications.

Et une fois qu'elle les aura reçues, peut-être que la tension qui nous oppose se dissipera. Ou pas. Avec Grincheux, l'aube de l'avenir se teinte d'ombres et de mystère. Après avoir entendu mes excuses, elle pourrait tout à fait les accepter ou me les renvoyer à la figure. Ma trahison silencieuse l'a blessée, elle me le fait comprendre. Or, ma présence sert à réparer les torts que je lui ai causés.

- Tu dois m'écouter !

Sans interrompre sa démarche assurée, elle se retourne et me transperce de ses yeux vairons. Un regard ténébreux qui ne parvient plus à me troubler comme auparavant. Plus maintenant. À mes yeux, son masque s'est effrité depuis longtemps désormais. Cet aspect de sa personne ne tend qu'à me tenir éloigné d'elle, dans un élan de protection autarcique. Mais elle craint la mauvaise personne. Je suis de son côté, même si je l'ai abandonnée au moment où elle avait eu le plus besoin de moi.

Mon comportement s'est avéré à la mesure de sa déception amère. Et même si je n'ai pas eu mon mot à dire à cette époque, la culpabilité n'a cessé de me ronger à chaque jour qui s'est écoulé. Son visage a demeuré imprimé dans ma rétine, tout comme les événements dont nous avons été victimes. Dans les profondeurs de mon imagination, je me suis persuadé qu'elle pardonnerait ma disparition soudaine et inexpliquée. Or, la partie rationnelle de mon esprit, j'ai toujours su que mon départ l'a nourrie d'une rancœur et d'une colère profonde à mon égard.

Et il s'avère que j'avais raison.

Dire que Grincheux est furieuse contre moi est un doux euphémisme. Elle représente un incendie enragé qui dévaste tout sur son passage, jusqu'à anéantir sa cible. Moi.

- Et toi, tu dois retourner à l'endroit où tu as foutu le camp durant ces douze derniers mois !

Un soupir de lassitude s'échappe de ma poitrine, face à cette insulte à peine voilée. Tellement prévisible de sa part.

- Arrête de faire ta tête de grinche !

D'un air sévère, elle détourne de nouveau son regard vers l'horizon plongé dans l'obscurité du crépuscule. Soudain, Steven met un terme à sa marche et vient à ma rencontre, les yeux plongés dans les miens. La fureur qui se lit sur son visage m'invite à demeurer immobile. Un nœud se forme dans ma gorge lorsque ses prunelles bleutées se fixent sur les miennes.

- Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans « fous-nous la paix » ? À moins que tu sois devenu sourd.

Le silence s'empare de moi, alors que je suis frappé par le contrecoup de cette attaque.

Ça, en revanche, je ne m'y attendais pas !

Avec l'index pointé comme une arme, il s'avance vers moi, en synchronisation avec mes pas en arrière. Subir les foudres de Grincheux est une chose, mais en plus de celle de son frère est une autre paire de manche à laquelle je n'y suis guère habitué.

- Hey, tout doux, Stev !

- Non, Marty ! Je tolère peut-être ton retour à Mallory West, mais je ne supporte pas ta présence autour de nous et le fait que tu nous persécutes alors qu'on a enfin tourné la page. Tu ne vas pas à nouveau foutre le bordel dans nos vies, alors qu'on a tiré un trait sur toi !

Ces paroles me heurtent avec une véracité poignante et me font prendre conscience que mon retour n'est pas bien accueillie. Je mordille douloureusement ma lèvre inférieure, face à la rage contenue qui étincelle dans le regard de Steven, alors qu'il persiste à m'évaluer avec une animosité sous-jacente.

- Stev...

Je suis interrompu par le sinistre hymne des véhicules de police qui nous frôlent dans leur course effrénée et brise le silence environnant. Les poils de ma nuque se hérissent un à un. Ce son fait ressurgir de terribles souvenirs qui ont, durant longtemps, agité mes nuits. Les ténèbres me submergent à nouveau de leur noirceur écrasante. Je ravale difficilement ma panique grandissante et mon regard s'aimante en direction de Grincheux. Son visage exprime une frayeur aussi intense que la mienne. Elle pense à la même chose que moi. Nous sommes secoués par les mêmes cicatrices de notre âme qui se sont rouvertes. Des cicatrices qui nous rappellent sans cesse l'horreur que nous avons traversée.

Oh la vache !

- Vous pensez qu'ils ont retrouvé Jakob ? demande Steven d'une voix étouffée.

Un sentiment d'épouvante déchirant s'enroule cruellement autour de mon cœur, tel un étau oppressant.

- Jakob ? Qui est-ce ? je demande d'un ton chargé de terreur.

- Un autre élève qui a disparu depuis ce matin.

Le choc de cette nouvelle m'assomme telle une enclume qui s'est écrasée sur moi. Toutes les cellules de mon être s'agitent et s'animent d'une vibration intense.

Oh, ça ne sent pas bon. Pas bon du tout !

Il est fort probable que les agents de police ont localisé ce garçon. Quant au fait qu'il soit retrouvé vivant, j'avoue que je suis loin d'être convaincu. J'ai été témoin à maintes reprises de ce dénouement, si bien que je peux affirmer avec une absolue conviction comment la police découvrira la dépouille de ce pauvre Jakob.

Comme l'autre élève que nous avons découvert dans le couloir du lycée.

Je prends de profondes inspirations pour dompter la peur qui me ronge jusqu'à la moelle.

- Allons voir.

Je fixe Steven avec une expression de perplexité. Son esprit demeure concentré sur les voitures de police qui s'évanouissent au croisement d'une rue. Il ne peut ainsi pas constater la tétanie inscrite sur les traits de mon visage.

- Attends une minute. Tu es en train de dire que tu veux aller voir la scène de crime où on retrouvera un autre cadavre certainement identique à celui qu'on a trouvé hier ?

Insensible à l'effroi qui résonnait dans ma voix, il acquiesce d'un simple mouvement de tête. Mes jambes sont molles comme de la guimauve, et mon cœur, empli d'une crainte profonde, palpite dans l'ensemble de mon corps.

Il est fou !

J'étudie Polly qui ne dévoile pas la moindre réaction, comme si son esprit a déserté les lieux et qu'il est parti à dix mille lieux d'ici. Cependant, tel un zombie, elle emboîte le pas de son frère qui marches sur les traces des voitures de police. Je ne ressens aucun désir à être témoin d'une telle scène, qui ne manquerait pas d'alimenter mes nuits de nouvelles visions cauchemardesques. Mais je ne peux ignorer le sentiment de curiosité mal placé qui s'est éveillé en moi, en dépit de l'épouvante qui enfle dans mon être.

Et puis zut !

Je poursuis Polly et Steven avec une boule à la gorge qui se propage également jusqu'à mon estomac. Pourquoi je sens que je vais amèrement regretter cette décision ? La crainte s'accroît de manière dévorante à chaque pas effectué en direction de la scène du crime. Comment je sais qu'on s'en rapproche ? Au bout de la rue, on aperçoit un spectacle de lumière bleue clignoter avec une frénésie malsaine. Des essaims d'agents se meuvent avec agitation dans un tourbillon de mouvements. De notre place, l'agitation et la tourmente sont palpables. Je sens le sang battre à mes tempes, tandis qu'un frisson remonte le long de mon échine. La vision de l'ambulance qui débarque me broie les os et alimente la boule de plomb logée dans mes entrailles.

Nous nous avançons plus près, sans que notre présence ne soit remarquée par qui que ce soit. De toute façon, nous ne sommes pas les seuls spectateurs curieux qui accourent autour des rubans que la police a installés pour délimiter un périmètre de sécurité. Pris d'une soudaine stupeur, je contemple, à quelques pas de mon être, un membre supérieur humain qui se dégage d'un fourré, tel un vestige d'une époque révolue.

Les chuchotements inquiets des êtres humains, avides de découvertes, m'apparaissent désormais comme un lointain murmure, s'évanouissant dans le néant du temps. Le souffle déserte mes poumons, alors qu'un kaléidoscope de souvenirs percute mon esprit et le transporte à une époque pas si lointaine que ça. Un an plus tôt. Grincheux et moi nous tenions à cet endroit, entourés de curieux assoiffés de connaître la tragédie funeste à laquelle nous avions involontairement été mêlés.

Un élève avait perdu la vie devant nos yeux.

Et voilà que le même schéma se répète. Les crispations nourrissent la peur indicible qui me frappe de toute part. Ma respiration s'étrangle dans ma gorge. À la vue du cadavre de l'adolescent, que les policiers ont déplacé avec soin pour leur examen, je suis pris d'un malaise subit et violent, tel un haut-le-cœur.

Eventré et décapité.

Non, non et non !

Ça recommence !

Ce cauchemar ne finira-t-il donc jamais ?

Cette vision lacère mon âme, tels des coups de fouet. Lorsque mes yeux rencontrent ceux de Grincheux, je ressens soudain un réconfort inattendu, comme si la solitude qui m'a longtemps accablé a été chassée par un souffle d'air frais et vivifiant. Sans articuler un seul son, elle parvient à communiquer par le biais de regards fervents, où ses prunelles trahissent les non-dits d'un silence captivant. Ce spectacle la tourmente également, avec un acharnement indescriptible. Oh, comme j'aimerais me confier à elle en cet instant précis, lui partager tout ce qui me pèse sur la poitrine et sur l'esprit ! Cependant, la terreur a scellé ma langue.

Comme moi, elle craint qu'il revienne. On sait tous deux que son travail n'est pas terminé, puisque nous sommes toujours vivants. Son ombre plane au-dessus de nos têtes, telle l'épée de Damoclès prête à nous trancher en deux.

- Oh non, souffle Steven qui n'a rien constaté de notre échange visuel chargé de tourmente.

Mon attention suit le regard de l'adolescent et mon cœur loupe une série de battements. Parmi la foule à la curiosité mal placée, j'entrevois une silhouette qui suscite mon incompréhension, ainsi qu'un sentiment de réticence en moi.

Qu'est-ce que Frédéric fiche ici ?

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• Hey beautiful people ! 🤗

En effet, qu'est-ce qu'il fiche ? •

•......•

• Votre avis sur ce chapitre ?

• Sur la dispute entre Marty et les jumeaux ?

• Mais quel cauchemar Marty évoque-t-il ?

• Vos théories pour la suite ?

•......•

☆ Le prochain chapitre sera du PDV de Polly ☆

Kissouilles !

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