⛧│ 1. Amnésie
𝅘𝅥𝅮 Automatic - New Beginning
New York – août 2017
Frédéric Spencer
« J'espère que tu ne laisseras rien brûler dans le four. Pas comme moi. »
Un sourire ravi étire mes lèvres quand je découvre le message d'Emma. Après une journée éreintante, émaillée de doléances de clients insatisfaits, cette soirée en compagnie de ma prétendante sera pour moi un baume apaisant salvateur. Je dépose mon téléphone sur la table basse du salon et me dirige dans ma chambre pour ranger ma pile de vêtements soigneusement pliés sur mon lit.
Je suis soulagé de savoir que le courant passe bien avec Emma. Elle est enseignante en maternelle, quant à moi, je caresse l'espoir de quitter mon emploi actuel pour user de mon diplôme en psychologie si durement acquis. Emma adore entendre mes théories, tandis que je me plais à écouter ses anecdotes amusantes avec les enfants. Peut-être qu'entre nous, quelque chose sera possible.
Je gèle sur place, saisi par une délicate mélopée qui souffle mon nom dans le creux de mon oreille. Pris au dépourvu, je me hasarde à jeter un bref coup d'œil derrière mon épaule, et force est de constater que je suis seul, livré à ma propre compagnie. Je dois être si épuisé que je me mets à entendre des voix imaginaires ! Emma rira bien de cette anecdote.
Au moment où je m'apprête à ranger mes chemises dans l'armoire, une lueur éblouissante, provenant de je ne sais où, attaque mes yeux et les plonge dans une nuit noire. Dépossédé de la vue, je me laisse glisser dans les ténèbres de l'inconnu.
Avec précaution, je dévoile mon regard, pourtant seule l'obscurité se présente à moi, dans toute sa splendeur énigmatique. Une sourde angoisse s'insinue en mon être, et mon cœur s'affole dans l'enclos de ma poitrine.
Que s'est-il passé ? Où suis-je ?
Des images assaillent mon esprit. J'entrevois cinq silhouettes féminines courir dans une vaste forêt, puis une petite maisonnette aux apparences floues. Puis je suis frappé par la représentation suivante qui s'étale devant moi : cinq croix, cinq suppliciés, cinq destinées scellées par le malheur. À l'instant où un feu dévorant les enflamme, je frémis de douleur, comme si j'étais moi-même la victime de cette fournaise impitoyable. Mais le martyr ne dure pas, car je découvre d'autres scènes qui me font croire que j'examine le passé de quelqu'un d'autre.
Un livre qui se referme. Un symbole qui apparaît plusieurs fois. Un attroupement de personnes vêtues d'une robe blanche, comme si c'était une secte. Le lent déroulement du fil du temps. À nouveau cinq silhouettes aux courbes troubles.
Et la sensation que mon esprit devient fou. Auprès de ces cinq contours, se profile un homme qui m'est singulièrement similaire. Il me faut quelques secondes pour comprendre que c'est moi !
« Les sœurs Wardwell l'ont prédit. »
Je sursaute au son soudain de cette voix qui résonne dans ma boite crânienne. Une voix ni masculine, ni féminine. Sans appartenance. D'aucune provenance. Suis-je en train de devenir fou ?
« Le Mal sera éradiqué, mais pas de leurs mains. »
Cette voix est bien réelle. Ma respiration perd en régularité. Chacune des cellules de mon corps est saisie d'un tremblement vicieux.
« La Prophétie a depuis longtemps choisi cinq âmes pour combattre le monde démoniaque. À leurs côtés, les accompagnera un Formateur. Une personne qui les guidera dans leur quête. Lui-même sera aidé par l'héritage que les sœurs Wardwell ont laissé derrière elles. »
Ces propos sont répétés, comme une mélodie dont le bouton de lecture est resté bloqué. La confusion voile mon esprit. Qui sont ces sœurs ? Quelle est cette prophétie ? Je n'y comprends absolument rien. Je saisis ma tête entre mes mains, prie pour que cette voix se taise. Je veux retourner chez moi.
« Tu es le Formateur chargé de trouver les Âmes de la Prophétie. L'héritage des cinq sœurs te servira de guide. »
Après quoi, je me retrouvai plongé dans un abîme de confusion, avec l'impression que quelque chose en moi se délitait sous la pression.
À l'instant où mes paupières se soulèvent, une délicieuse sensation de soulagement m'inonde. J'ai recouvré la vue ! Cependant, cette vague rassurante ne s'éternise pas. Bien vite, je constate que je me trouve dans une pièce inconnue. J'ignore où je me trouve, alors que je suis habité d'un sentiment désarçonnant d'être déjà venu ici. Cette odeur balnéaire m'est familière, comme si je revenais sur les lieux de vacances de mon enfance. Le chant des mouettes, des vagues qui s'échouent sur le sable de la plage. Étant originaire de... L'horreur me frappe quand je réalise que j'ai beau fouiller dans les abysses de ma mémoire, je suis incapable de me souvenir d'où je viens. Mon passé, semble-t-il, s'est entièrement dérobé à ma mémoire, ne laissant derrière lui aucun vestige.
Alors pourquoi je sais que je n'ai jamais vécu proche de la plage ? Et pourtant, ce son m'est si familier.
Ce paradoxe déroutant me plonge dans un bain de confusion. J'étudie d'un regard minutieux la pièce dans laquelle je me trouve. Ce mur en bambou contre lequel l'immense lit est appuyé, je l'ai déjà vu. Ce parquet en bois aussi, tout comme la baie coulissante qui donne accès à une large terrasse face à la plage.
Que m'arrive-t-il ? Comment suis-je arrivé ici ?
Ce que je sais, c'est que je n'y étais pas avant d'ouvrir les yeux. Seulement, je ne détiens pas le moindre souvenir de ce qui s'est passé avant. Et ceci est encore plus troublant et effrayant. Car j'ai beau creusé dans les tréfonds de mes méninges, tout ce que je trouve sont ces mêmes images apparues durant mon « rêve » déroutant. Cinq croix, unies à des corps en proie aux flammes, et ce symbole curieux, qui évoque une étoile à cinq branches enclose dans un cercle, ainsi que cinq autres formes humaines.
Cinq.
Pourquoi ce chiffre revient-il tout le temps ? Quelle est sa signification ?
Je suis victime d'un sursaut intérieur quand je découvre sur le lit, plusieurs documents suscitant mon intérêt. Tout en vérifiant autour de moi, je suis saisi d'un doute. Ces documents étaient-ils déjà ici tout à l'heure ? Dans mon esprit, tout est en vrac, si bien que je ne suis plus certain de rien.
Avec un sentiment d'hésitation qui court dans mes veines, je m'approche de lit et découvre au sommet de la petite pile, une enveloppe. À mon attention. La curiosité alliée à la confusion grimpe d'un cran quand je découvre qu'il s'agit d'une lettre provenant du lycée de Mallory West.
Mallory West ?
Pourquoi ai-je l'impression que ça m'est familier, alors qu'en dépit du néant dont je suis victime, je peux presque mettre ma main à couper de n'avoir jamais entendu parler de l'existence de cette ville ? Le mystère dans lequel j'ai plongé malgré moi sera dur à percer. Je le sens.
Je laisse ces interrogations dans un coin de mon esprit et me plonge dans la lecture de cette lettre.
« Mallory West, le 27 juin 2017,
Monsieur Spencer,
Conformément à l'étude approfondie de votre dossier de candidature du 3 mai 2017 pour le poste d'enseignant en psychologie au lycée Mallory West, nous sommes ravis de vous confirmer que vous correspondez au profil recherché. Veuillez trouver en annexe l'intégralité des renseignements relatifs à la prochaine rentrée scolaire, prévue le 27 août.
Nous souhaitons vous compter parmi nous lors de notre premier colloque d'équipe, qui se déroulera le 15 août prochain.
Au plaisir de vous voir, nous vous adressons, Monsieur Spencer, nos salutations distinguées.
Finn Sneiders
Directeur du lycée de Mallory West »
Ma lecture achevée, je m'enfonce davantage dans les sables mouvants de la confusion dans lequel je suis prisonnier. Tout d'abord, je n'ai pas souvenir d'avoir postulé où que ce soit. Je ne me souviens d'ailleurs de rien. À mon étonnement, je tombe sur une copie d'un diplôme en psychologie, portant mon nom.
J'ai fait des études en psychologie !
Je le sais avec certitude, car je me rappelle vouloir ouvrir mon propre cabinet. Ce détail, qui revient, allège le sentiment d'inquiétude qui oppresse mon cœur. Si je me suis souvenu de ça, je peux me souvenir d'autres choses. J'inspecte les autres documents, dont un capture mon attention.
« Autrefois, ce geste tactile, courant de nos jours, servait à indiquer les bonnes intentions. Aujourd'hui, la personne qui l'exécute va inconsciemment donner des informations sur elle-même. »
Une devinette ? Cette situation devient de plus en plus étrange. Quand je relève mon regard en direction du mur de bambou, un cri terrifié franchit mes lèvres et je suis victime d'un brusque mouvement de recul. Devant moi, sur le lit, se trouve un homme vêtu d'une longue robe blanche. Je me remémore cette fugace apparition de personnes habillées de façon uniforme dans mon rêve. Cependant, c'est le pendentif de son collier qui retient mon attention.
L'étoile à cinq branches à l'intérieur d'un cercle.
Ce symbole qui obnubile mon esprit et qui était présent dans mon « rêve ». Les battements de mon cœur deviennent irréguliers, un sentiment de peur s'insinue en moi.
— Qui êtes-vous ? je lâche d'une voix tremblante.
L'envie de l'assommer de questions est présente. Mais je sais qu'il ne répondra qu'à certaines d'entre elles.
— Les sœurs Wardwell l'ont prédit.
Je me fige dès que ces mots pénètrent mon cerveau. Ce sont les mêmes que j'ai entendus dans mon rêve. Si on peut appeler ça un rêve.
— Le Mal sera éradiqué, mais pas de leurs mains, je me surprends à poursuivre.
Une clarté radieuse enveloppait l'homme, tandis que son visage demeurait inébranlable, comme figé dans le temps. Et il répète exactement les mêmes paroles prononcées dans cette curieuse vision. Des propos qui m'engluent de confusion. Qu'est-ce que ça signifie ? Je retiens mon souffle quand il pointe son index sur moi.
— Tu es le Formateur chargé de trouver les Âmes de la Prophétie. L'héritage des cinq sœurs te servira de guide.
Une barre d'incompréhension barre mon front.
— Quel héritage et quels indices ?
Sa main s'abaisse vers la lettre et l'énigme dépourvue de sens.
— Voilà leurs premiers indices.
— Qu'est-ce que ça veut dire ?
Sa silhouette gagne en limpidité, jusqu'à disparaître dans un bref mais aveuglant éclat de lumière.
— C'est à toi de trouver les réponses.
Sa voix résonne en un écho qui s'affaiblit progressivement. Puis je me retrouve en compagnie d'un silencedésagréable et inquiétant, tandis qu'au plus profond de mon être, je ressens uneconviction inexplicable qui me laisse penser que tout ceci est vrai. Je récupère la lettre, ainsi que le papier sur lequel est inscrit l'énigme.
Je suis le nouveau professeur de psychologie.
Serait-ce au lycée que je trouverai ces âmes ? La situation est d'un surréalisme que moi-même, j'ai du mal à y croire. Pourtant, les preuves sont là et ne mentent pas.
Cette amnésie dont je suis victime. Ma présence dans cette chambre, dans cette ville. Ces papiers et l'apparition de cet homme sur le lit. Ce pressentiment survenu de nulle part qui m'habite désormais et me pousse à vouloir en savoir davantage.
J'ignore quelle est cette prophétie, qui sont ces âmes. Mais ce n'est pas en restant dans cette chambre, que les réponses me tomberont dessus. Je dois explorer cette ville, trouver la clé de ce mystère qui me permettra d'y voir un peu plus clair. Je n'ai jamais été ni professeur, ni Formateur. Ces deux rôles m'ont subitement été imposés, sans que j'aie pu m'y préparer. Tout semble démontrer que je n'ai pas le choix de faire avec et au mieux. Une des premières choses que je dois élucider est la signification de cette énigme, ainsi que ce qui m'attend dans mon nouveau poste de professeur.
27 août 2017
Tout va bien se passer, Fred !
Je gonfle mes poumons d'air frais, tandis que devant mon véhicule, une multitude d'élèves passent sans me jeter la moindre attention. Mes doigts resserrent leur emprise autour du volant. Je jette un dernier coup d'œil à mon reflet dans le petit rétroviseur. Mes cheveux noirs sont bien laqués, mon nœud de cravate est parfait. Aucune tache sur mes vêtements.
Je suis prêt.
Je finis par trouver le courage de le lâcher et de quitter la Ford Fusion grise que j'ai louée. Ma petite mallette en main, le cœur serré d'appréhension, je pars à la rencontre des étudiants pour leur serrer la main.
Serrer la main.
Telle est la réponse de cette énigme qui a trotté dans mon esprit durant des jours. La réponse ne m'a sauté aux yeux qu'au jour où je me suis rendu à ce premier colloque, la semaine dernière. Quand j'ai salué madame Parker, elle s'est exclamée : « Vous me semblez nerveux. Rassurez-vous, monsieur Spencer, aucun d'entre nous ne vous mordra. » Ces mots ont engendré un déclic dans mon esprit et tout est devenu clair.
La poigne de main me permettra de trouver ces âmes.
Bon sang, j'ai l'impression de délirer ! Mais je n'ai pas rêvé, tout est réel. Les preuves se trouvent dans ma chambre d'hôtel. À l'abri des regards indiscrets.
Dans un élan malhabile, je m'interpose devant un étudiant qui passe à côté de moi et saisis brusquement l'extrémité de son bras. Je m'efforce de lui adresser un sourire aimable devant son air confus.
— Bonjour, je suis Frédéric Spencer, le nouveau professeur de psychologie. Ravi de vous rencontrer.
Son expression perdue me démontre ô combien j'ai l'air ridicule. Cependant, j'écarte les doutes et les moqueries des autres adolescents qui menacent d'entraver ma route et continue avec d'autres lycéens.
— Bonjour, je suis monsieur Spencer, votre nouvel associé.
D'autres ricanements me parviennent. Mais de manière surprenante, ils ne me découragent pas. Je ne parviens pas à me remémorer quelle sorte d'homme j'étais avant d'arriver ici, pourtant, je suis inondé d'un tsunami infaillible de détermination.
Or, je constate que ces multiples poignes de mains ne m'amènent à rien. Je cesse mon spectacle ridicule et pénètre à l'intérieur du bâtiment à deux étages qui représente mon nouveau lieu de travail. Le calme et le silence régnant dans les couloirs me prennent suscite un sentiment de surprise en moi. Je devine que d'ici quelques minutes, l'arrivée des lycéens rompront cet assoupissement.
Autant ne pas m'y habituer.
Je crois que j'ai tourné plus d'une fois en rond avant de trouver ma salle de classe. Un curieux sentiment m'envahit quand je découvre sur le petit écriteau : Frédéric Spencer – professeur de psychologie. Est-ce une question d'habitude, de la fierté ? Je l'ignore. Mais je dois reconnaître que cette vision me plaît.
Je pénètre à l'intérieur de la salle et découvre la présence d'une jeune fille installée au premier banc, près de la fenêtre. Ses mèches blond vénitien s'entremêlent entre elles. Un gilet cardigan beige couvre une partie de son top noir.
Sans prêter attention à son visage défait, je me rapproche d'elle, le bras tendu dans sa direction.
— Bonjour, je m'appelle Frédéric Spencer. Je suis votre nouveau titulaire et professeur de psychologie. Je suis ravi de faire votre connaissance.
Elle demeure immobile quelques secondes, tout en me lorgnant d'un air incertain de ses yeux vairons.
— Heu, bonjour.
D'un geste hésitant, elle me tend sa main que je m'empresse de saisir avec délicatesse. Le contact furtif de sa main éveilla en moi une cascade de frissons indescriptibles. Il me faut quelques secondes pour saisir que la chaleur de la pièce avait subitement décliné. Tout comme moi, la jeune fille s'est figée, néanmoins, elle se révèle impuissante à mettre un terme à cette interaction. Quelque chose nous aimante l'un à l'autre. Mon cœur s'affole dans ma poitrine quand les lumières s'éteignent.
Que se passe-t-il ?
Je suis victime d'une curieuse vague de vibrations provenant de nulle part. Comme si quelque chose d'impalpable et d'électrique me traverse de part en part, qu'une force invisible me prodiguait un choc électrique. Une terreur indicible s'élève en moi, et pourtant, je désire relâcher l'emprise sur la jeune fille, mais quelque chose d'insaisissable m'en empêche. Mon épiderme est arraché d'une violente secousse de frissons, un étau resserre ma gorge.
Je parviens à rompre ce contact quand l'électricité revient au bout de plusieurs secondes qui m'ont paru être une éternité. La température de la pièce revient à la normale. Tandis que mon regard se pose avec insistance sur l'étudiant dont le visage est marqué par une terreur indicible, un nuage de perplexité s'abat sur mon esprit.
Qu'est-ce que c'était que ça ?
Et là, je suis frappé d'une sensation de déjà-vu. Cette fille ne m'est pas étrangère. En dépit de mon passé nébuleux et presque insaisissable, je suis sur le point d'affirmer que j'ai déjà croisé cette jeune femme, bien qu'elle soit plus jeune que l'image trouble que je conserve d'elle.
— Alors c'est toi, Polly ?
Son prénom est sorti de lui-même de ma bouche. Et l'adolescente est éprise d'un élan de méfiance à mon égard. Elle entrouvre la bouche, mais se ravise de prononcer le moindre mot quand d'autres élèves font irruption dans la salle de classe. Polly récupère ses affaires pour s'installer au fond de la pièce. Loin de moi.
Ce qui s'est passé, elle l'a aussi vu. Elle l'a sentie comme je l'ai fait. Et ça l'a effrayée. Elle ignore qui je suis, alors que je suis impuissant à effacer l'image de cette jeune femme plus mûre qui persiste dans mon esprit.
Je suis malheureusement contraint de chasser ce trouble en moi pour me concentrer sur mon prochain cours. Mon premier.
J'espère ne pas me ridiculiser davantage que je l'ai fait déjà.
☆______________________________☆
• Hey beautiful people ! 🤗
Mmmh, il me semblerait que certains connaissent déjà cette jeune adolesecente ! •
•......•
• Votre avis sur ce chapitre ?
• Sur ce Frédéric Spencer ?
• De sa mission qui semble le dépasser mais à laquelle il y croit ?
• De cette première rencontre entre Polly et Frédéric ?
•......•
☆ Le prochain chapitre sera du PDV de Polly ☆
Kissouilles !
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