Page 22.

Vu la beauté de Talim en cette nuit à Iris, la nuit était déjà tombée sur le royaume. Le retour nous avez pris trois jours. Plus d'une fois, Kairi n'avait supporter la fatigue du voyage. Mais face aux portes du palais, Kairi ne pouvait masquer son sourire nostalgique en regardant les portes.

À la sortie du temple, nous nous étions séparés de Lisla. Elle et Kairi avait partagé une dernière étreinte avant de se quitter.

—Cet endroit n’a pas changé, c'est un réel plaisir d’être de retour.
—Je suis rassuré. J’avais peur que tu ne te sentes pas à l’aise
—Killik tu...je suis déso...
—Arrête. Stop. C'est du passé. Pendant un an, cette solitude m'a…

Il avait compris que je voulais laisser cette histoire derrière moi. Mais si j’étais heureux de le retrouver, une partie de moi était blessée parce qu'il m'avait oublié. Dieu seul savait que mon être entier s’était écroulé pendant tout ce temps. J’étais constamment en extase ce qui avait détruit une partie de mon être. J’avais plusieurs fois frappé des soldats et retourné le palais pour me soulager de ma peine et de la rage. J’étais devenu une bête sanguinaire qui pleurait intérieurement tout son chagrin. Jamais je n’aurais cru possible de ressentir une telle douleur dans mon âme. J’avais rencontré Aïra pour croiser le chemin de Kairi. Notre vie était faite d’éternels recommencements, mais il était temps de déjouer le destin, et de poursuivre notre chemin ensemble, afin de ne pas jamais plus à avoir à tout recommencer.

Nous rentrâmes à l’intérieur du palais sans en dire plus. Nous avions mérité un peu de repos. J'en avais grandement besoin. L’épreuve de Yutis m’avait terriblement épuisé et mon corps devait encore s’habituer à ce nouveau pouvoir. Mais en attendant de reprendre notre périple, je me rendis compte que le palais était très calme. Je demandais à Kairi d'aller dans notre chambre car je devais voir Mikleo pour le prévenir de la situation.

Dans les couloirs, j'entendis une voix particulièrement étrange résonner dans les couloirs de l'aile de Mikleo. Cette voix ressemblait à celle de ce garçon que j’avais ramené ici. Puis, je pressais le pas en comprenant qu’il… qu'il…

Le couloir était sombre car les bougies aux murs n’étaient pas allumées, mais avec la luminosité de Talim j'y voyais suffisamment clair pour savoir où je m’étais les pieds. Puis j’avais une excellente vue dans la nuit, bien moins maintenant vu que j’avais perdu un œil.

—Mikleo ?

Devant la porte de la chambre de Mikleo, je m’arrêtais un instant avant d’actionner la poignée. Mais à peine ouverte, je recevais un oreiller en plein visage.

—SORTEZ D'ICI, TÊTE DE CON !

Je tombais nez à nez sur ce garçon, complètement nu aux côtés de Mikleo. Je compris que j’avais raté un épisode pendant mon absence. L'humain mit le fin draps à l'effet satiné autour de son corps avant de me pousser hors de la pièce. Il m'insulta une énième fois avant de refermer la porte. Ma foi, si ça pouvait leur faire du bien, je n’allais pas m'y opposer. Je devrais seulement parler avec Mikleo plus tard. Je concédais et les laissais plus ou moins faire leur petit ménage. Je rejoignis Kairi dans notre grande suite. Kairi avait retiré l'Yga, laissant soigneusement la longue veste sur le dossier d'un des fauteuils.

—Kairi.

Je vins l'enlacer dans le dos, tandis qu’il fixait la lune en posant ses mains sur la grande vitre de la fenêtre. Il m'avait terriblement manqué. Je pouvais enfin le sentir à nouveau contre moi. Si j'avais su, j'aurais passé l’épreuve plus tôt. Je ne réalisais pas qu'il était ici, à mes côtés. Puis délicatement, je sentis ses mains passer sur les miennes tout en continuant de regarder la vue imprenable qu’il avait sur le jardin. Mais, je venais rompre ce silence car j’avais oublié le plus important.

—Kairi, j'aurais aimé te l'offrir plus tôt. Pendant un an, j’ai été pris de remords.
—De quoi parles tu ? Me demanda le jeune garçon.
—De ça.

Je m'éloignais un instant pour le laisser sur place et fouillai dans mes affaires. Enfin, je revenais vers lui en lui demandant de me faire confiance.

—Je veux que tu ouvres cette boîte.

Je lui tendis la fameuse boite en velours rouge que j’avais soigneusement gardé pendant un an. J’avais oublié que pour demander sa main, je devais lui passer la bague au doigt.

—Une...bague ? Dit-il en ouvrant la boîte.
—Nous nous étions promis l’éternité avant ta perte de mémoire. Alors, réfléchis y, s'il te plaît. Je ne te demande pas d'accepter maintenant, mais d'y penser. Prenons le temps, cette fois-ci, Kairi.

Je ne pouvais pas demander un oui de sa part dans l’immédiat. Et je n'en avais pas besoin pour le moment. Tout ce que je lui demandais, c’était de garder cette bague pour y penser.

—Killik...

Je réalisai que nous étions allés un peu vite tous les deux par le passé. Aujourd’hui, cet événement avait changé quelque chose en moi. Pour préserver Kairi, je devais accepter sa part d'humanité et prendre le temps de le découvrir. Nous devions penser avant tout à trouver un moyen de résoudre cette histoire une bonne fois pour toute. Alors j'attendrai la fin de notre aventure pour entendre sa réponse.

—Tu es sur, Killik ?
—Oui. Seulement, ne crois pas que je vais te laisser filer de cette chambre pour autant. Ce soir, je compte bien te faire mien, déclarais-je.

Je poussais Kairi contre la vitre transparente pour le bloquer et ainsi, ne pas lui laisser d’échappatoire.

—J'vais tellement de baiser que tu seras incapable de m'oublier même si on t'arrache le cerveau, tu m’entends ?

Mais avant de faire le premier pas, je devais m’assurer d’une dernière chose.

—Avant de te faire l'amour, je voudrais t'entendre me dire que tu m’aimes, Kairi. 
—Killik ?
—Je t’en prie.

Je fixais Kairi dans les yeux, un regard triste. Je devais être certain que ce sentiment soit toujours présent dans son cœur.

—Bien sûr que je t'aime, Killik. Une partie de moi essayait sincèrement de se souvenir de toi. Je te le jure. Dit-il en caressant ma joue.

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