Page 13.
Je n’étais jamais entré à l’intérieur du temple. Pour la première fois, je découvrais une partie de l'endroit dans lequel Aïra avait grandi. Et je me rendis compte de ma tristesse des lieux. Ce blanc si pur avait un côté certes apaisant, mais en même temps si froid, comme si cet endroit n’était pas réel, entre l'enfer et le paradis. Et cette sensation de ne plus exister et de me sentir lourd à la fois. Cet étrange sentiment de balance me rappelait la fois où j’avais été tué. Peut-être que la personne qui s'en était pris au garçon que j’étais était un Alèthéias extrêmement important. Mais je ne pouvais m’empêcher d’avoir un pressentiment là-dessus, comme si j'allais croiser sa route un jour.
En attendant, j'arrivais dans le hall où mes pas résonnaient, à l’intérieur, hormis cette couleur, il n’y avait rien. Pas l'ombre J’avançais jusqu’à ce que la porte de l'ascenseur s'ouvre en deux pour l’emprunter. Aucun moyen de choisir l’étage, je devais laisser Yutis me guider.
Pour avoir accompagné Kairi à la recherche de cette force, je savais que passer devant Yutis serait difficile. Mais je n’avais d’autre choix que d'affronter cette épreuve. Mais le temps semblait long, comme si les secondes étaient figées. Tout avait été si soudain. La venue de Lisla, le retour de Kairi, mais également la présence bien perturbante de cet humain sans nom.
« Bienvenue à toi, roi d'Iris ».
La voix douce d'une jeune fille vint m'extirper de mes profondes pensées. Mais je n’avais aucun doute à avoir, il s'agissait de l'esprit de la foudre. Ou du moins, c’était ce que je pensais.
Au moins, j’avais la certitude que les choses sérieuses commençaient. Je ne répondis pas à cette voix, levant les yeux au ciel. Puis, l'ascenseur retentit et je compris que j’étais arrivé à destination. Les deux portes glissèrent sur le côté pour rentrer dans le mur et ainsi, m'ouvrir la voie vers l'esprit. Alors je posai un premier pied en dehors avant d’en sortir complémentaire.
Sans qu’elle n'en dise plus, j’avançais vers l’autel où reposait la conscience de Yutis. Mais il semblait lointain, et en hauteur. Puis au bout d'un certain temps, des marches magiques apparurent pour me montrer la voie. Je les montais les une après les autres, n'entendant que mes pas résonner. Mais quand j’arrivais en face de l’autel, il n’y avait rien d'autre qu’une épée posée sur des coussins rouges.
« Je suis ravie de pouvoir te rencontrer, reprit-elle son discours. Aïra m'a tant parlé de toi. Et enfin, nous nous rencontrons ».
—Qui es-tu vraiment, derrière cette voix ?
Cette façon bienveillante de me parler était perturbante.. j’étais troublé et savais que ce n’était pas Yutis qui s'adressait à moi. Et cette personne semblait énormément tenir à Aïra.
«Killik, tu es le seul à pouvoir te lier à cet endroit. Regarde cette épée, tu sais ce qu’il te reste à faire pour prouver que la volonté d’Aïra est en toi ».
Pour avancer dans ma quête de réponses, je devais prendre certaines décisions, et pas des moindres. Aïra m’avait parlé de cette épée dont j’avais oublié le nom. Elle était faite d'une magie que seule Yutis maîtrisait. Et cette épée avait longuement appartenue à Aïra. Aujourd’hui, il avait perdu la vie et je savais que Kairi ne pouvait se lier à l’esprit à cause de son humanité, Aïra et lui ne pouvaient pas accepter trop de pouvoirs. Alors Yutis avait forgé cette lame pour que la volonté du garçon aux cheveux blancs ne cesse jamais d'exister.
Je regardais autour de moi un instant, comprenant que cet endroit cachait bien des mystères. Le temple de la foudre ne dégageait aucune électricité, rien.
« Tu as compris que cet endroit n’est pas le véritable sceau de la foudre, n’est-ce pas » ?
— L'épreuve a alors commencé, hein ?
« Oui, mais ce n’est que le début, Killik ».
Je me demandais pourquoi elle agissait différemment des autres esprits ? Yutis et son gardien veillaient sur Vah’Nalla, un puissant royaume divisé en deux. Évidemment qu’elle ne pouvait conférer directement ses pouvoirs à Valkyria ou Ardyn. Seul Aïra avait le privilège de se lier à ces êtres. Et afin de partager cette puissance avec ce garçon, Yutis devait s'assurer que sa volonté ne soit par morte. Son cœur qui battait en moi était la seule chose qu'il restait de lui. La seule preuve que je pouvais lui apporter pour qu'elle me confère ses pouvoirs, et aide Kairi.
« Tu es sur de toi » ?
Il se pouvait que je ne ressorte pas de cet endroit que je sois condamné à vivre entre ces murs sans jamais en voir le véritable décor. Mais J’avais confiance Aïra qui avait fait le nécessaire pour que je me lie à elle.
—Yutis, je dois te montrer que c’est bel et bien son cœur qui bat en moi. Je ferais n’importe quoi pour aider Kairi.
« Kairi ? Ce garçon est la réincarnation de mon… d’Aïra, n’est-ce pas » ?
Je souris tristement.
— Je pensais qu'il allait se souvenir de moi si nos chemins se recroisaient. Mais j’ai eu tort de ne penser qu'à moi-même. J'agis égoïstement quand il s’agit de lui.
« Ce garçon est la clé pour régler ce conflit. Mais je ne sais comment son cœur pur peut vaincre les ténèbres dans lesquelles notre monde est plongé, mais je place tous mes espoirs en lui ».
—Laisse moi te montrer que tu fais le bon choix, en croyant en lui. Je n'aurais qu'à tout reconstruire avec lui quand je rentrerai à Iris.
« Tout reconstruire », répéta la voix…
— Je suis prêt à passer l’épreuve de la foudre, à présent. Je n’ai plus rien à perdre.
L’épée sur les cousins se mit à briller d'une chaleureuse lumière. Elle me rappela la fois où j’avais retrouvé Kairi quand il avait ces ailes dans le dos. Cette lame dégageait la même impression. Une force insoupçonnée et pure, un pouvoir précieux qui ne doit pas tomber entre les mains du mal. Oui, cette épée était bien liée à l’ancienne vie de Kairi, et je devais prouver que la volonté d’Aïra existait encore, en montrant que son cœur vivait en moi depuis tout ce temps.
J'approchai ma main vers le manche que je pris, et sentis irrémédiablement un contact se créer entre cette lame et moi. Tout mon être entra en fusion avec l’épée de Yutis, illuminant tout mon être. Puis un vent puissant se leva et des pétales firent leur apparition telle une tempête de roses écarlates, avant de finir par se dissoudre. Quand les pétales disparurent, je tombais sur une jeune femme à la chevelure rouge ardente, vêtue d'une armure légère aux couleurs de la nuit.
— Tu es Yutis, n’est-ce ?
Yutis avait un physique différent des esprits, mais sa puissance et sa prestance ne me trompait sur sa nature, comme Hel. Elle était bien un esprit de la foudre.
— Seul Aïra est capable de toucher cette épée, mais ce n’est pas une preuve suffisante. Même si je dois reconnaître que ta puissance est impressionnante, roi d'Iris.
Puis à ma grande surprise, elle se tint dos à dos à moi. Face à moi, il y avait l’épée dont elle venait de me parler se mit à voler doucement dans les airs. Sa lame argentée reflétait mon visage, et je découvris sur le reflet, un être triste. Envahi par les ténèbres.
Je savais ce qu'il me restait à faire, je n'avais pas besoin de mots pour comprendre ce qu'il me restait à faire. Il était temps de prouver ma détermination pour que Yutis croie en moi. L’épée se présenta à moi et je tendis mes mains pour qu’elles tombent à l’intérieur. En plantant cette lame dans le cœur d’Aïra, je prouverai sa volonté. Enfin, seulement si j’en ressortais vivant. Si je mourrais ainsi, alors, il ne restait plus rien de lui. Pas même l’existence de Kairi. Je n’avais pas le droit à l'erreur.
Une dernière fois, j'eus un immense sourire en repensant pendant un court instant à Kairi. À notre rencontre, et nos moments partagés. À notre amour.
Et grâce à ces souvenirs vivants en moi, je pris certainement la décision la plus importante de toute mon existence.
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