Chapitre 22 - Luck

Deux ans. Ça faisait deux ans que la gamine était partie. Deux ans qu'il se défoulait sur les murs, regrettant de l'avoir dénoncée aux agents de Hansaï. Maintenant, il n'avait plus personne sur qui se venger. Il avait bien essayer d'attraper un gosse qu'il avait croisé dans la rue mais il avait pleuré et sa mère avait rappliqué aussitôt après. Elle lui avait hurlé dessus, l'avait traité d'alcoolique et, pire que tout, le mioche lui avait sourit, l'air triomphant, en repartant dans les bras de sa mère.

Elle ne se défendait jamais. N'essayait pas de retenir ses coups. Pleurait sans oser lui demander une pause.

Pour la première fois de toute sa vie, Luck eut envie de revoir sa soeur. Elle accepterait sans doute de revenir si il lui disait qu'elle lui manquait, qu'il voulait juste lui parler. Elle avait toujours voulu que tout redevienne comme avant que leurs parents ne meurent.

Espèce d'idiote.

Plus rien ne serait plus jamais comme avant. Cette gamine avait assassiné ses propres parents en souriant comme une démente. Elle ne souriait jamais. De toute son enfance, elle n'avait jamais montré la moindre trace de joie. Ni de tristesse, d'ailleurs. Ou de colère. Et pourtant, lorsqu'elle les avait tués, elle souriait.

Petite psychopathe.

Et il s'était vengé. Et si jamais il la revoyait, il se vengerait encore, parce que tout était de sa faute. C'était de sa faute s'il n'avait pas été admis à l'université qu'il souhaitait. Elle l'avait déconcentré pendant qu'il faisait ses devoirs et ça lui avait valu une note trop basse. Cette sale gosse n'avait jamais fait que de pourrir sa vie, tout le ramenait toujours à elle, faisant brûler une haine sans pareille en lui.

C'est elle qui va brûler.

Oh, oui. À la seconde où il la verrait, il la tuerait. Terminée, l'époque où la voir souffrir le satisfaisait. Terminée depuis longtemps, à vrai dire. À chaque fois qu'elle perdait connaissance, il se surprenait à espérer qu'elle ne se réveille jamais et, pourtant, il était de meilleure humeur quand il la savait vivante, à l'attendre dans sa chambre, tremblant comme une feuille. Cherchant désespérément un endroit où se cacher, un endroit qui n'existait pas. Elle ne sortait jamais de la maison, de peur de le croiser. Et les cachettes étaient limitées à l'intérieur. Il la trouvait toujours.

"Tu essaye de m'échapper ? Pourtant, tu sais que tu le mérites. Si tu ne les avais pas tués, je ne ferais pas ça. Ça me fait plus de mal qu'à toi."

Oui, c'était vraiment très amusant. Mais il voulait la voir mourir, que ses yeux deviennent ternes et qu'elle s'immobilise pour toujours. Elle mourrait de sa main. De ses flammes. Elle le supplierait de l'épargner mais il l'achèverais quand même, en la regardant droit dans les yeux.

Stupide gamine. 

Maeve... 


Luck s'était finalement décidé à aller la chercher. D'après ce qu'il avait lu, l'autre gamine avait le droit de recevoir une visite tous les deux mois. C'était amplement suffisant. 

Il parcourait les rues, suivit du regard par les passants qui le connaissaient. 

— Eh, Luck ! l'interpella une jeune fille, plus jeune que lui de quelques années

Elle lui adressa un grand sourire et il reconnut une des filles qu'il avait eues dans sa classe lors de sa quinzième année. Keila. Ou pas. Il ne savait plus exactement.

— Comment tu vas ? Tu ne sors plus beaucoup de chez toi, j'ai l'impression ! Tu es à quelle université ? Je ne t'ai pas vu à...

Et elle se tut, remarquant le poignard planté entre ses côtes. Elle hurla. Tomba. Et cessa de respirer.

Luck essuya son couteau et le rangea dans sa poche. Il en avait donné un similaire à Maeve, avant qu'elle ne parte. Enfin, donné... il avait demandé aux gardes de les laisser seuls, soi-disant pour lui dire au revoir, et il en avait profité pour glisser la dague dans sa veste. Elle portait déjà l'uniforme de Hansaï, recouvert d'un sweat noir ample, et les gens qui l'avaient raccompagnée n'avaient probablement pas pensé à la fouiller. Aprés tout, la famille Erin était haut placé dans la hiérarchie. Était. Oui, puisque maintenant tous savaient que leur fils était un raté.

Non, pas moi. Moi, je suis extraordinaire. Mes pouvoirs sont puissants. Je peux cramer qui je veux. Je suis fort. C'est elle qui ne mérite pas de vivre. C'est une erreur de la nature. Papa aurait dû la tuer. J'aurais dû la tuer.

— Monsieur ? Monsieur, vous allez bien ?

Il cligna des yeux plusieurs fois, troublé de se retrouver devant les portes de Hansaï. Ces gigantesques plaques de métal blindé qui cachaient le soleil aux habitants d'Okuno.  L'homme qui venait de lui parler était sans conteste une agent de Hansaï - mis à part sa voix, il n,aurait pas pu deviner que c'était un homme, avec son uniforme. Tous portaient la même chose : des vêtements noirs, pleins de poches pour y glisser diverses armes, et leur visage était couvert d'un masque et d'un capuchon. 

— Je vais bien, articula-t-il enfin. Je voudrais... rendre visite à quelqu'un. C'est possible ?

— Bien sûr. Suivez-moi.

L'homme retroussa sa manche pour découvrir une montre argentée sur laquelle s'affichaient toutes sortes d'informations cryptées que Luck ne parvint pas à déchiffrer.

"23-3-1-10-16"

Ça ne voulait strictement rien dire.

Il tapota l'écran de sa montre deux fois et les portes s'entrouvrirent, laissant juste assez d'espace pour qu'ils entrent. Luck se faufila derrière l'agent et la porte se referma derrière lui dans un grand bruit de métal. Plusieurs cliquetis suivirent le grincement, annonçant la fermeture du battant, et le jeune homme fit tournoyer sa lame dans sa poche.

— Bien. À qui voulez-vous parler ?

— Maeve. Maeve Erin, grinça-t-il, frustré de porter le même nom de famille que sa soeur

— Vous êtes de la famille ? Un ami ?

Luck faillit s'étouffer en entendant les mots. Un ami ?! Lui, un ami de Maeve ?!

— Son frère, lâcha-t-il en tentant maladroitement de garder son calme malgré les ignomnies que proférait l'homme masqué

— Je vais devoir vérifier que vous ne portez rien d'illégal sur vous puis vous faire signer quelques formulaires. Savez-vous dans quel bâtiment est situé Mlle Erin ?

— Nan. Et j'ai rien d'illégal sur moi. À moins que les fringues soient interdites par la loi ?

— Excusez-moi, monsieur, c'est la procédure. Entrez, ajouta-t-il en ouvrant la porte d'un bureau mal éclairé

Luck passa la porte en bousculant l'agent de son épaule, s'enfonça dans une chaise et posa ses pieds sur le bureau. 

— Je dois signer quoi, au juste ? demanda-t-il

— Seulement un ou deux papiers pour annoncer que vous êtes passé aujourd'hui. Posez votre main sur le capteur, s'il-vous-plaît.

Il lui présenta un petite appareil rond, une marques en forme de main en son centre. Le jeune homme y déposa la sienne en soupirant et la machine bippa quelques secondes plus tard. Un ordinateur s'alluma non loin, affichant son profil. Photo, nom, âge, suivis de séries de chiffres sans queue ni tête.

— Merci, monsieur. Veuillez signer ici, s'il-vous-plaît.

L'homme lui tendit une feuille jaunie où l'encre avait bavé, floutant quelques lignes.

— C'est du chiqué, vos formulaires, grommela-t-il en dessinant quelques fioritures au hasard

— Désolé, monsieur. Vous souhaitiez bien voir Maeve Erin ?

— Ouais, c'est ça.

L'ordinateur afficha "Chargement" pendant une longue minute avant de montrer  une photo de sa soeur, sa date d'incacération et de sortie de prison ainsi que d'autres informations basiques et, encore une fois, une ribambelle de nombres incompréhensibles,

ERIN, MAEVE

DATE DE NAISSANCE : 06/08/2007

LIEU DE RÉSIDENCE : 77 RUE DES CHÊNES, OKUNO

INCARCÉRATION LE : 06 SEPTEMBRE 2021, 4:36 AM

LIBÉRATION LE : 06 SEPTEMBRE 2033, 4:36 AM

25-14-5-9-1- -25-11-9-9-5-15- -:- -16-11-14-16-17-14-1- -12-17-5-15- -9-1-17-14-16-14-1- -0-1- -0-1-17-20- -5-10-0-5-18-5-0-17-15

— C'est quoi, ces chiffres ? demanda Luck. Ça veut dire quoi ?

— Ce sont des informations destinées aux gardiens de sa cellule.

— Je suis son frère. J'ai le droit de savoir.

— Excusez-moi, monsieur, je ne suis pas en mesure de vous aider. Je peux simplement organiser un rendez-vous entre vous et Mlle Erin, et j...

L'agent s'immobilisa, laissant place à un silence troublé par le ronronnement de l'ordinateur.

— Vraiment navré, monsieur, vous ne pourrez pas la voir.

— Pourquoi ? Il me semble qu'elle n'a rien a faire de ses journées hein ?

— C'est que... elle... elle est morte, monsieur.



Une semaine. Une toute petite semaine de retard sur ces idiots du gouvernement.

Après avoir enregistré que Maeve était morte, Luck avait assassiné l'agent qui, surpris, n'avait pas réagit à temps. Il avait décampé, courut jusque chez lui et s'était rendu dans la chambre de sa soeur, le seul endroit de la maison qu'il s'interdisait de détruire. Il pouvait encore voir sa silhouette effrayée, à cinq, dix, treize ans. Elle avait toujours eu cette même lueur dans les yeux, le même ton quand elle le suppliait de s'en aller. Il gardait cette pièce pour les mauvais jours. Elle lui remontait toujours le moral.

Cette fois, il ne se retint pas et frappa un grand coup dans la fenêtre de la chambre, s'écorchant les mains. Il prit un des bris de verre tombé au sol et poignarda tous les souvenirs qu'il avait de la gamine. Si elle avait été là, elle se serait recroquevillé dans un coin de la pièce en espérant qu'il ne la verrait pas, le fixant de ce sgrands yeux naïfs qu'il avait maintes fois essayé de crever, pour ne plus subir son regard d'enfant qui le rendait furieux à chaque fois qu'il y pensait.

— C'EST MOI QUI DEVAIT TE TUER ! hurla-t-il en déchirant les vieux cahiers d'école qui traînaient sur son bureau. JE TE JURES QUE TU VAS LE REGRETTER ! TU VAS REGRETTER DE NE PAS AVOIR SURVÉCU, MAEVE ! TU VAS VOIR, JE VAIS TE RESSUCITER ET TE TUER ENCORE ET ENCORE !

Il frappa un mur et laissa son poing enfoncé dans le plâtre pour l'enflammer. Son tee-shirt s'enflama mais il n'y prêta pas attention, pas plus qu'aux flammes qui couvraient sa peau. Son corps était résistant au feu. Son autre pouvoir, un complémentaire, lui permettait de sécréter une sorte d'acide brûlant. Il l'utilisait rarement, la chaleur étant tellement intense que même lui la sentait.

Et Maeve a faillit crever quand je l'ai utilisé sur elle, se souvint-il avec un sourire

Il l'avait à peine effleurée, alors que la matière brûlante coulait de ses doigts, et elle s'était mise à hurler immédiatement, tentant de s'échapper par tous les moyens. Il avait dû la tenir pour qu'elle ne s'enfuie pas et avait continué son oeuvre mais, quelques secondes plus tard, la gamine avait arrêter de bouger. Et de respirer. Il avait désactivé son pouvoir et l'avait laissée dans sa chambre, déçu de sa faiblesse qui ne lui permettait pas de faire ce qu'il voulait d'elle.

Tu m'empêche de réaliser mes rêves, idiote.

Il ne lui avait laissé qu'une marque sur le haut du bras, l'entourant comme un bracelet. Une cicatrice qui ressemblait davantage à une déchirure d'un rouge profond, qui ne s'était jamais refermée complètement. Il espérait que son cadavre la porte encore.

— Tout est de ta faute, Maeve. C'est de ta faute si les parents sont morts, de ta faute si je n'ai aucun avenir, ta faute si tu es morte. Tu es faible. Et les faibles sont toujours écrasés par les plus forts. Je vais te retrouver, je te le promet. Et si à ce moment-là, tu n'es pas en vie, alors je t'assure que je ferais souffrir tout ceux à qui tu tiens jusqu'à ce que tu daignes te réveiller pour que je puisse te tuer de mes mains. 

Luck embrasa tout son corps et les derniers débris de la chambres s'envollèrent parmis les braises.


Salut à ceux qui ont eu le courage - la témérité - de lire ce chapitre. Alors... que pensez-vous de Luck ? Persos, je le déteste, mais à un point ! C'est peut-être parce que j'adore Maeve. Je ne sais pas. Si je le l'aimais pas, elle, peut-être que je comprendrais davantage Luck. Heu... après réfléxion, non. JAMAIS.

Pourquoi en écrivant ces mots, j'ai le "We are never ever ever getting back together" de Taylor Swift XD ?

Bien ! Est-ce que ça intéresse quelqu'un de savoir ce qu'il se passe du côté de Hailey ? Parce que là, elle est en pause, accrochée au mur. Elle attend un nouveau chapitre à son nom, torturée par mme Embershadow TwT

Voux me direz ce que vous pensez de son coup de poing... je ne vous en dit pas plus !

Oh, et, pour ceux qui ne s'en doutent pas... Claire va devoir faire le même exercice. Maeve aussi. Comment ça va se passer, à votre avis ? Comme sur des roulettes ou... très, très, très mal ?

Je ne sais pas... : )

À bientôt !

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