Chapitre 11 - Maeve

Hailey, je vais te tuer.

L'effet du coup qu'elle lui avait donné commençait à s'estomper et elle percevait quelques sons perdus dans le néant où elle était plongée. Mais elle n'arrivait toujours pas à bouger, et cet état de faiblesse totale la mettait dans une rage... rageuse.

Dès qu'elle pourrait se lever, elle rendrait la monnaie de sa pièce à Hailey. Au centuple.

— Maeve... Maeve, tu devrais commencer à m'entendre. Je voulais juste te dire... excuse-moi de t'avoir frappée, tout à l'heure.

Oh, tu peux t'excuser. Mais tu ferais mieux de courir.

— Mais, tu comprends, il fallait vraiment que je te ramène ici... on a besoin de toi et, que tu le veuilles ou non, tu as besoin de nous.

PARDON ??! Je n'ai besoin de personne !

— Et tu te dis sans doute que tu n'as besoin de personne, et... et tu as peut-être raison, dans le fond... je veux dire... tu pourrais parfaitement survivre seule, mais...

Finis ta phrase... allez, finis ta phrase ! Si tu me dis que je suis faible, je t'étripe.

— Mais tout le monde à besoin d'amis.

 ...

...

...

Heu...

...

— Maeve ? Dis, tu m'entends ? C'est tout ce que je voulais te dire. Même toi, tu as besoin d'amis.

...

Mais je...

Non...

— Bon, je vais te laisser. Ne t'inquiète pas, quand tu te réveilleras... enfin, tu verras par toi-même, mais je vais arranger ça bientôt, c'est promis ! Ne m'en veux pas trop...

Tout le monde à besoin... d'amis ? Mais... mais pourquoi ? À quoi ça peut bien servir, des amis... ? Je veux dire... on est même pas amies. C'est hors de question. Tu n'es... tu n'es qu'une fille qui se sert des gens pour faire ce qu'elle veut ! Tu m'as protégée face à l'autre psychopathe juste pour pouvoir me trahir ensuite ! Je le sais, avoue-le !

Sinon... 

Sinon pourquoi tu l'aurais fait ?

Pourquoi tu m'aurais sauvée, alors que je suis une meurtrière ? Et d'ailleurs, pourquoi as-tu pris la peine de t'excuser l'autre fois ? Pour mieux me surprendre ? Ou... ou parce que tu n'as pas vraiment de mauvaises intentions... ?

Je ne comprends plus rien. Elle est censée être sans pitié, et... et... je ne sais pas ! Mais elle n'est, en aucun cas, censée être gentille. Et attentionnée. Et amicale, joyeuse, protectrice et compréhensive... non. Non, elle n'est rien de tout ça, c'est juste une façade, elle attend juste le bon moment pour me tuer. Et l'autre fille en même temps, celle qui a l'air d'avoir avalé dix tasses de café à la suite.

Des explications. Il me faut des explications. Elle m'en doit. Pourquoi est-ce que je ne me souviens pas de la fille ? Comment elle s'appelle, déjà... non, Hailey na m'a pas précisé son nom... tant pis. Ça m'est égal. Je veux juste me réveiller et trouver un endroit calme. Silencieux.

Qu'importe si Hailey est réellement bienveillante.

Oui, je m'en fiche.

Je m'en fiche.

Bien sûr que je m'en fiche.

B-bien sûr.

Mais... mais si jamais elles ont vraiment besoin de moi... je... je ne peux pas les abandonner, ce serait immature de ma part. Alors je vais... peut-être... peut-être que je vais les accompagner un moment. Juste pour les protéger d'une quelconque menace. Pas parce que je me soucie de leur sort, mais parce qu'elles m'ont aidées et que je dois leur rendre la pareille. C'est tout. Ça n'a aucun rapport avec une amitié hypothétique. Et puis je m'en fiche aussi, de l'amitié !

Oui, je vais faire ça. Les protéger jusqu'à ce qu'elles soient en sécurité, et puis m'en aller... 

Oui... c'est ça...

Bien joué, Maeve.

Tu arrives à te mentir à toi-même, j'avoue que je suis impressionnée.

Rhaaaaa ! Oui, bon, non, peut-être que je n'ai pas envie de m'en aller ! Ou peut-être que si, j'en sais rien, je sais pas, je n'arrive pas à décider, elle a l'air sympathique, mais je peux pas faire confiance à n'importe qui, mais elle m'a sauvée, mais elle l'a sans doute fait par intérêt, et je ne... pourquoi c'est si compliqué ??!

Maeve reprenait peu à peu connaissance, et parvenait à présent à entrouvrir les yeux. Faire le moindre mouvement était douloureux, mais c'était sans doute dû davantage aux conséquences du froid qu'elle avait subi à Okuno plutôt qu'au coup de Hailey. Hailey... elle l'entendait. Proche.

Elle sentit une main de poser sur sa tête et effleurer ses cheveux jusqu'à ses épaules avant de revenir à son emplacement initial et de recommencer. C'était... étrange. Agréable, mais étrange. Hailey ? Peut-être... oui, sans doute.

Elle ouvrit les yeux entièrement pour en avoir le cœur net mais les referma aussitôt, aveuglée pas la lumière soudaine.

— Tiens, elle commence à bouger. Elle ne vas pas tarder à se réveiller, remarqua la voix de Hailey

— Ah oui ? Génial ! À moins que non... elle va être fâchée, tu crois ?

Hailey stoppa son mouvement un instant avant de reprendre, plus lentement.

— Je ne sais pas... je ne la connais pas tant que ça, mais... j'espère pas. Si elle l'est, alors elle ne voudra jamais rester avec nous.

Maeve interrompit tout mouvement, arrêtant même de respirer quelques instants. Donc... donc ce n'était pas que par intérêt qu'elle l'avait sauvée ? Elle voulait vraiment l'aider ?

— Ben... je sais pas trop. C'est pas grave, on verra bien si elle nous hurle dessus ou pas.

— Je pense que si elle était vraiment énervée, elle nous poignarderait avant de hurler sur nos cadavres.

Les deux adolescentes éclatèrent de rire et le son fit presque sourire Maeve. Elle n'avait jamais entendu Hailey rire auparavant.

— On dirait ta petite sœur, comme ça, déclara soudain l'autre fille

— Ma petite sœur ? Mais... on a le même âge, je crois. Et puis, on ne se ressemble pas...

— Je ne ressemblais pas du tout à mon frère non plus. C'est juste que... on dirait, c'est tout. Dis-moi, pourquoi elle t'aime pas ?

Hailey resta silencieuse un court moment avant de soupirer :

— J'ai été... un peu trop intrusive. Quand on était à Hansaï, on était proches. Géographiquement, je veux dire. Du coup, ben, on pouvait se voir. Sauf que c'était comme si je ne la voyais pas. Elle portait toujours des habits noirs, trop grands, et gardait sa capuche tout le temps. Et elle ne semblait jamais dormir, aussi, donc j'ai décidé de rester réveillée, une nuit, pour savoir ce qui pouvait bien la garder éveillée si tard. Au bout d'un moment, je ne sais même plus pourquoi, un truc m'a fait rire, et elle a paniqué. Genre, vraiment, d'un coup. Je me suis excusée mais elle m'a dit : « Je ne te crois pas. C'était exactement ce que tu voulais ». Mot pour mot, ou presque. Et... voilà, elle m'en veux.

Maeve ouvrit les yeux – doucement, cette fois – et aperçu la fille dont elle ne connaissait pas encore le nom, assise à quelques mètres d'elle, animée par ce grand sourire qui ne semblait jamais la quitter.

— Eh ! Elle est réveillée ! s'exclama-t-elle

— Ah oui ? s'étonna Hailey

Elle enroula ses bras autour de Maeve et la serra contre elle, sans lui faire mal. Apparemment, ce genre de gestes d'affection lui étaient familiers – les câlins.

— Je suis contente que tu aies repris connaissance. On va pouvoir parler, déclara-t-elle en la relâchant doucement

Elle reprit son étrange mouvement comme si de rien n'était et quand Maeve tenta de s'éloigner – elle venait de remarquer qu'elle était encore sur les genoux de Hailey – elle ne put bouger autant qu'elle le souhaitait. Ses mouvements étaient entravés par des cordes qui lui enserraient les poignets et les chevilles et qui la retenaient à l'arbre contre lequel était adossée Hailey.

Elle se sentit trembler avant d'avoir put songer à s'en empêcher et ses yeux se remplirent de larmes. Elle avait pensé, pendant quelques minutes, que Hailey... non. Elle avait été naïve. Elle ne referait plus cette erreur.

— Pourquoi avez-vous jugé nécessaire de m'attacher ? demanda-t-elle d'une voix incertaine avant de fermer les yeux pour ne pas entendre la réponse, qu'elle savait d'avance blessante

Elle se rendit compte un peu trop tard que fermer les yeux ne servirait à rien dans ce cas présent mais elle ne les rouvrit pas pour autant. Quitte à entendre, elle ne voulait pas voir le regard condescendant que lui jetterait Hailey avant de la tuer.

Mais elle ne fit rien pour : elle continua à frôler ses cheveux de sa main, parfaitement sereine.

— Écoute, Maeve, il faut que tu comprennes quelque chose...

L'adolescente serra les dents, prête à encaisser les coups verbaux qui ne tarderaient pas à pleuvoir. Quelle serait la pire façon de finir cette phrase ?

« Écoute, Maeve, il faut que tu comprennes quelque chose... tu es tellement naïve !

« je n'ai jamais voulu devenir ton amie. Qui le voudrait ?

« je vais te tuer ici et maintenant... dis-moi, quel effet ça te fais, de perdre encore et encore ? »

Les larmes coulèrent malgré ses paupières closes et elle sentit la main de Hailey se figer sur son épaule.

— Tu pleures ? J'ai peut-être trop serré les cordes... excuse-moi... ça te fait mal ? s'enquit la jeune fille en détendant les nœuds qui enserraient ses poignets. C'est mieux, comme ça ?

Quoi ?

— Je pense pas que ce soient les cordes, déclara Claire. En fait... elle a réagit quand t'as parlé. Donc elle appréhende probablement ce que tu vas dire. Ha ! Je savais que t'avais des émotions, quand même.

— Tu... qu'est-ce que tu crois... ? Je veux dire... pourquoi je... tu crois vraiment que je... que je chercherais à te faire du mal ? Mais enfin... pourquoi je ferais une chose pareille ? bégaya Hailey en tentant de croiser le regard de Maeve

Pourquoi ? Comment ça, pourquoi ? Il n'y avait pas de réelle raison, c'était simplement...

— C'est la réaction la plus logique lorsqu'on rencontre quelqu'un d'étrange, souffla finalement Maeve

Un long silence suivit, à peine troublé par les feuilles des arbres alentours qui bruissaient dans le vent.

Puis Hailey tenta maladroitement d'étouffer un fou rire jusqu'à ce que Claire cède à son tour et que l'air autour d'elles s'imprègne du son.

— Alors là ! Pourquoi on devrait faire du mal aux gens étranges ? Sinon, j'aurais déjà tué Claire. Et toi. Et moi-même, au passage !

— Mais je... je pensais que... enfin, tu étais tellement...

Quel était le mot juste ? Hailey n'avait jamais été vraiment menaçante, mais... ses intentions lui étant inconnues, la meilleure option restait toujours d'imaginer le pire. Comme ça, au moins, elle n'avait aucune chance d'être déçue ou blessée. Enfin, théoriquement, puisque la pratique ne semblait pas vraiment marcher.

— Tellement quoi ? demanda Hailey à voix basse. Je ne sais pas trop ce que tu penses de moi, surtout depuis l'autre nuit... encore désolée pour ça, je voulais juste savoir pourquoi tu te cachais. Question à laquelle je n'ai toujours pas de réponse. Mais... étrangement... j'ai menti à beaucoup de gens, mais pas à toi. Je veux vraiment que tu me fasses confiance, et j'ai conscience que ça ne va pas se faire du jour au lendemain, mais tu verras, je ne suis peut-être pas aussi horrible que tu le penses. C'est à ça que je voulais en venir, tout à l'heure : il faut que tu comprennes qu'il n'y a pas que des gens comme Kent, dans le monde. Et, justement, ni moi ni Claire n'en faisons partie.

Kent. Qui c'est, Kent ? Sans doute l'autre timbré qui voulait nous tuer... et Claire. C'est la fille. D'accord. Claire.

— Ça veut dire que tu... ne comptes pas me poignarder aujourd'hui ? interrogea Maeve, encore un peu tremblante

— Ni aujourd'hui ni jamais. Promis. Si tant est que ma parole aie une quelconque valeur à tes yeux...

— Oui, lui assura l'adolescente instantanément

Hailey parut surprise mais sourit.

— Merci.

Maeve inspira un grand coup et expira lentement. De la confiance. Il fallait qu'elle aie confiance en Hailey – et en Claire, même si celle-ci était mille fois trop énergique et enjouée pour elle – parce que vivre dans la peur n'était plus une possibilité, plus maintenant. Elle avait grandi. Elle n'était plus une enfant effrayée. Donc... elle devait juste réapprendre à faire confiance.

— Je vais te détacher, dit Hailey, à peine assez fort pour qu'elle l'entende, dès que tu m'auras promis de ne pas t'enfuir.

— Je te le promet, souffla l'adolescente en s'en convainquant du même coup

Elle allait vivre – ou plutôt essayer de ne pas mourir – avec deux adolescentes un peu étranges et qu'elle n'aurait jamais, au grand jamais approché dans une autre situation. Génial.

À la milliseconde où elle ne sentit plus les cordes autour de ses poignets et de ses chevilles, elle fit un bond en arrière pour s'éloigner des deux autres. Hailey esquissa un geste pour la retenir, une expression peinée sur le visage, pensant sans doute qu'elle n'allait pas tenir sa promesse et leur fausser compagnie. Elle aurait pu. Ç'aurait été facile, elle avait une bonne endurance et courait vite. Mais elle respectait toujours ses promesses, donc elle se laissa retomber au sol en tailleur, droite comme un piquet. Hailey reposa sa main au sol et retrouva son sourire.

Maeve nota dans un coin de son esprit que ses yeux, d'habitude d''un brun foncé, s'éclaircissaient quand elle souriait. C'était joli.

Hailey avait des cheveux noirs coupés juste au-dessus des épaules, dont une mèche teintée en rouge qui rappelait les reflets de la même couleur dans ses iris. De manière général, elle ne ressemblait pas le moins du monde à une résidente de Hansaï, avec ses traits fins et son visage expressif, mais il suffisait de la connaître un peu mieux pour la cerner : intelligente sans se reposer entièrement sur ses capacités mentales, observatrice – parfois même un peu trop – mais aussi... étonnamment gentille et soucieuse du ressenti des autres.

L'entre-deux. L'équilibre parfait entre l'esprit et les émotions, ou alors... 

Le regard de Maeve oscilla entre Hailey et Claire, tâchant d'éclaircir sa pensée. Pourquoi ce « ou alors » ? Il lui était venu quelque chose, durant une milliseconde, mais quoi ?

L'équilibre parfait entre... l'esprit et les émotions... bien sûr ! Hailey est l'entre-deux, Claire est sans conteste l'émotionnel et je... l'esprit. Ou, autrement dit, l'absence totale de sentiments humains. Ça dépend de comment on voit ça...

— Hailey... ou Claire, ça m'est à peu près égal. Qu'est-ce que vous... ? Enfin, je veux dire... comment... ? Comment faire pour avoir... des émotions ? Et les reconnaître ? Et savoir comment gérer les situations en fonction de ça ?

Les deux adolescentes échangèrent un regard étonné puis amusé et Claire se mordit la lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire.

— Tu peux te moquer de moi si tu veux, je veux juste savoir...

— Non, on se moque pas de toi, c'est juste que... commença Hailey. Enfin... c'est pas un truc qui s'apprend, tu vois ? Non, tu ne vois pas. D'accord... ben... c'est pas vraiment le problème de ressentir les émotions, parce que ça, à moins d'une maladie mentale bizarre, tu est obligée de le faire. Les reconnaître... c'est-à-dire que... comment reconnaître des émotions ?

La jeune fille rejeta la tête en arrière, pensive, tandis que Claire retournait à son observation des nombreuses fleurs minuscules qui parsemaient le sol et que Maeve se tordait les doigts dans tous les sens pour faire passer sa nervosité. Mission impossible.

— Je vais faire de mon mieux pour t'apprendre ça, mais d'abord, répond à une question : on est censés apprendre ce genre de trucs à l'école, dans les premières années. T'as oublié où t'y étais pas ?

Maeve fixa ses mains pendant une longue minute sans que personne ne vienne troubler le silence puis répondit d'une voix à peine audible :

— Je n'y étais pas.

— Pourquoi ? C'est pas un peu bizarre d'être absente pendant la totalité du programme de découverte de soi ? Alors que ça dure trois mois ?

— Je n'y étais pas, c'est tout. J'ai répondu à ta question.

Hailey sembla comprendre le malaise de son interlocutrice car elle hésita longuement avant de parler :

— D'accord, je voudrais juste savoir pourquoi.

Maeve releva la tête jusqu'à fixer Hailey droit dans les yeux, sans répondre. Froide. Impénétrable. Distante. Comme toujours. Ou non, pas exactement. Comme presque toujours, sauf quand elle se décidait à se calmer... ou à faire confiance à quelqu'un. Mais ça, ce n'était pas arrivé depuis longtemps.

— Je n'y étais pas, parce que je...

L'adolescente se tut et chercha une explication plausible. Parce que... ? Parce que quoi ? Ce cursus était obligatoire, et les excuses banales comme être malade ou avoir un rendez-vous n'étaient pas autorisées. Dans le sens ou les élèves qui se disaient absents à cause de ce genre d'évènements se voyaient sévèrement réprimandés, et ce pour la moindre minute de manquement. Alors les trois mois entiers ?

Elle ne pouvait décemment pas dire la vérité. Accepter d'essayer de peut-être commencer à théoriquement et hypothétiquement faire confiance à Hailey ne voulait pas dire lui révéler ça. Personne ne devait savoir. Jamais. Elle devait régler ses problèmes seule. Toujours.

— Je... n'étais pas inscrite à l'école cette année, déclara-t-elle alors précipitamment

C'était la chose la plus idiote qu'elle avait jamais dite. Pas inscrite à l'école ? Alors que le gouvernement disposait de toutes les fiches d'identités des habitants de Laena et qu'ils inscrivaient eux-même les enfants aux différentes écoles de secteur pour s'assurer qu'aucune famille ne prodigue elle-même d'enseignements dit « malfaisant » ou « nocifs au pays » ?

— Tu n'étais pas... inscrite ? répéta lentement Hailey. Heu... comment tu as bien pu ne pas être inscrite ? C'est... impossible. Le gouvernement ne commettrais jamais une erreur comme celle-ci, tout simplement parce que ce sont des robots qui s'en chargent ! Je suis désolée de te dire que j'aimerais te croire mais que je suis consciente que c'est faux et je tiens à te le signaler pour ne pas te laisser croire que je suis crédule. Maintenant que tu le sais, je t'informe également que je ne te reposerais pas la question et que je ne t'en reparlerais pas jusqu'à ce que tu me dises toi-même pourquoi tu n'es pas allée à ce cursus. Ce qui pourrait ne jamais arriver, mais je garde espoir.

— Je suis... Je ne peux pas te le dire ! Je ne peux pas !

— Mais pourquoi ?!

— C'est justement ça que je ne peux pas te dire !!!

— Quoi ? Tu as peur que je le dise à d'autre gens ? Je le ferais pas et de toute manière je ne le pourrais pas !

— C'est pas ça, c'est juste que tu es bien placée pour savoir que ceux qui finissent au bâtiment sept n'ont pas passé leur vie à être sages, Hailey ! On a tué des gens ! Alors rater quelques mois d'école, ce n'est pas si compliqué !

— Je sais... je sais ce que tu... ce qu'on a toutes fait ! Et alors ? Il n'y a aucun rapport !

— Bien sûr que si, mais je...

— Tu ne peux pas m'en parler ? OK, d'accord. Je ne vais pas te dire que je comprends parce que ce n'est pas le cas mais quand je découvrirais de quoi il retourne – je finirais forcément par l'apprendre d'un moyen ou d'un autre – je te dirais que je comprends. Mais je ne vois toujours pas le rapport entre l'école et tuer des gens, alors explique. J'aime pas ne pas savoir.

Maeve marqua une pause en espérant que Claire interviendrait d'une de ses répliques sans importances mais qui lui permettraient de changer de sujet. Manque de chance, elle était en train de comparer deux feuilles qu'elle avait ramassé par terre, et elle semblait terriblement concentrée. Tant pis.

— Si je te le dis, dit-elle enfin d'une voix qu'elle reconnaissait à peine, tu vas me détester et... pour une raison ou une autre, je n'ai pas envie que tu me déteste.

Elle retint les larmes traîtresses qui lui montaient aux yeux et se posa des questions sur ce qu'elle venait de dire. C'était vrai : elle n'avait pas envie que Hailey l'évite, l'ignore et la laisse seule. Mais comment le prendrait-elle ? Comme un compliment ? Elle pourrait aussi lui dire qu'elle la détestait déjà et que c'était trop tard pour se rattraper. Ce serait tout aussi vrai.

— Pourquoi est-ce que je te détesterais ? murmura Hailey

Proche. Trop proche. Maeve ne l'avait pas vue bouger tant elle était plongée loin dans ses pensées, mais elle aurait dû rester vigilante. À présent l'adolescente se tenait mille fois trop près. Elle n'aimait pas être à proximité des gens.

— Pourquoi est-ce que je te détesterais ? répéta la jeune fille, toujours aussi bas

— Parce que... j'ai tué mes parents.

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