Ne pas se faire attraper, elle ne devait pas se faire attraper. Si elle arrivait à passer de l'Autre Côté, elle pourrait se construire une nouvelle vie, loin de... tout ça.

     Elle ne se rappelait pas bien ce qu'il s'était passé, la nuit dernière. Elle était dehors, dans la rue. Et puis elle avait eu mal à la tête... et elle s'était réveillée devant la piscine municipale. Il lui avait fallu plusieurs secondes avant de remarquer le corps avachi au fond de l'eau, sans vie. Et encore plus longtemps pour comprendre que c'était de sa faute s'il était mort. Et puis elle avait couru. Vite, et loin.

     Comment était-ce possible ? Elle n'avait pas revécu ce genre d'expérience depuis si longtemps... pourquoi maintenant ?

     Elle entendit des sirènes de police, au loin, et se précipita dans une ruelle proche.

     — On s'est perdue ? fit une voix rauque derrière elle

     Elle sursauta et se retourna brusquement. Un homme la regardait de haut – littéralement, car il était immensément plus grand qu'elle – et elle recula, effrayée.

     — Non, je ne... je veux dire... bégaya-t-elle en cherchant une bonne excuse

     — Il est un peu tard pour une enfant, tu ne crois pas ?

     — Je ne...

     Elle ne parvenait plus à trouver ses mots, déconcentrée par les sirènes qui se rapprochaient de plus en plus. Mais... et alors ? Il n'y avait pas ses empreintes, le cadavre avait été noyé. Les caméras de sécurités étaient toutes HS, dans cette ville, sauf peut-être celles qui entourait le poste de police. Le lieu où les chances de voir quelqu'un en train de commettre un crime étaient les plus faibles, en somme. Donc il n'y avait aucune chance qu'ils la retrouvent ; et même dans ce cas improbable que feraient-ils ? Ils appelleraient ses parents pour qu'ils viennent la chercher et continueraient leurs recherches. Mais que recherchaient-ils, au juste ? Une personne ayant l'air d'un meurtrier ?

     — Je ne suis pas perdue, je n'ai pas besoin de votre aide et j'ai parfaitement le droit d'être ici, d'accord ? Maintenant, fichez-moi la paix.

     Elle avait parlé très vite et sans reprendre son souffle pour ne pas être interrompue et en espérant que l'homme s'en contenterait. Heureusement pour elle, il sourit, haussa les épaules et s'enfonça dans l'obscurité de la ruelle. Les lampadaires marchaient autant que les caméras.

     Claire resta un long moment sans bouger, perdue. Elle n'avait jamais exploré cette partie de la ville, et surtout pas de nuit. Elle ne savait même pas dans quelle direction se trouvait sa maison. Mais elle ne cherchait pas sa maison, elle ne cherchait pas sa famille. Elle voulait se rendre au Passage.

     Alors elle grimpa sur le toit le plus proche en empilant des caisses qui avaient sans doute transporté des fruits et tourna sur elle-même jusqu'à apercevoir la seule chose qui produisait de la lumière à part la Lune : l'arche immense du Passage, qui brillait d'une douce lueur verte. Une couleur bien trop paisible pour ce qu'elle s'apprêtait à faire.

     Salut ! Alors, comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Pas trop long, j'espère ! X)

     Si jamais vous voulez savoir la suite, rendez-vous vendredi !