Chapitre 15 - Hailey
J’avais raison.
En effet. Après que Maeve l’aie projetée au sol – un instant d’incompréhension totale – elle avait remarqué son immense erreur. Claire ne connaissait pas Maeve. Non, elle ne la connaissait pas du tout, et même si elle était parvenue à une conclusion logique, cela restait minime. Peut-être qu’elle aurait eu raison quelques mois plus tôt, à l’époque où l’adolescente ignorait tout et tout le monde, restant terrée dans un coin, mais ce n’était plus le cas maintenant. Elle avait changé. Oui, elle avait changé… et pas qu’un peu. Alors oui, elle allait abandonner la technique de Claire, une manière de faire qui ne lui ressemblait pas du tout et la répugnait. Elle allait reprendre ce qu’elle faisait auparavant : être elle-même. C’était souvent la meilleure façon de mettre les gens en confiance, parce que quelqu’un d’honnête et toujours plus facile à croire. Et non, peut-être que Maeve n’allait pas lui révéler tous ses secrets dans la seconde. Et alors ? Elle attendrait. Elle attendrait le bon moment.
Pour être franche, elle avait eu un peu peur que sa méthode ne porte pas ses fruits. Elle avait craint que Maeve la repousse encore plus qu’avant. Eh bien… non. Non. Même si il était évident qu’elle supportait encore mal la présence continue de quelqu’un, elle parvenait de mieux en mieux à parler aux gens. Si « les gens » se réduisaient à Hailey.
— Et voilà la prestigieuse académie de Westwood ! présenta Jake en agitant les bras théâtralement. C’est la meilleure de tout le secteur ! La seule, aussi. Mais quand même la meilleure !
Hailey leva les yeux au ciel, un sourire amusé aux lèvres, tandis que Claire lâchait un « waaaaaaaah » d’ébahissement et que Maeve fixait le bâtiment qui se dressait devant elles. Ce truc était… une école ?!
Impossible. Le « truc » en question prenait un quartier tout entier, et les maisons avoisinantes paraissaient minuscules à côté. Comme des fourmis tentant de rivaliser avec un éléphant.
L’édifice était divisé en plusieurs blocs : le plus grand, qui se trouvait au centre du terrain, comportait deux immenses portes en bois sombre en son centre, surmontée d’une grande horloge sur laquelle il n’y avait aucune marque pour voir l’heure. Pas de chiffres. Pas de marques. Juste deux aiguilles qui tournaient sur un cercle immaculé. Et, à vrai dire, c’était les seuls signes distinctifs du bâtiment, qui ne comportait ni fenêtres ni… rien. Une porte, une horloge et un gigantesque bloc beige. D'autres bâtiments du même genre, reliés entre eux par des passages fermés, étaient disposés en cercle autour du bloc principal. Aucun ne comportait de porte, donc… il n'y avait qu'une seule porte pour un édifice aussi monumental que celui-ci. Génial.
Soudain, une sonnerie assourdissante retentit, faisant sursauter les trois adolescentes. Jake semblait habitué et il sourit, moqueur.
— Ne vous inquiétez pas, c’est juste la fin des cours.
Un bruit de plus en plus fort attira l’attention des jeunes gens et, comme un coup de tonnerre, la grande porte de l’établissement s’ouvrit en claquant pour laisser passer des dizaines d’adolescents en uniforme qui se bousculaient, chahutaient et se marchaient quasiment les uns sur les autres. Jake saisit les filles à la dernière seconde pour les empêcher d’être entraînées par le flot d’élèves.
— Il ne faut jamais essayer de remonter le courant, dit-il. Sauf si vous voulez finir avec des bleus partout.
Remonter le courant ? Qu’est-ce que ça voulait dire ?
Telle une vague s’écrasant sur la plage et s’éparpillant dans le sable, les adolescents se séparèrent dans les rues de la ville, laissant peu à peu place à un silence presque inquiétant face au bruit précédent.
— Eh bien, ils étaient plutôt calme, aujourd’hui ! lança Jake. Vous devriez voir le dernier jours de cours… mieux vaut se trouver un endroit au calme et sortir après tout le monde, sinon il y a cinquante pourcent de chances que vous mourriez.
— Sérieux ?! s’étrangla Claire
— Bien sûr que non. Mais il y a déjà eu un garçon de septième année qui s’est cassé la jambe ! Après, c’est normal, toutes les classes sont regroupées dans un seul établissement. Or les quinzième année font deux fois la taille des plus petits, donc… c’est compliqué de garder tout le monde saint et sauf ! Allez, on y va.
Il s’avança dans la cour de l’établissent, serein, alors qu’il venait d’annoncer le grand danger que représentait ce lieu.
Hailey fit un pas hésitant vers le bâtiment et Claire la poussa dans le dos pour la forcer à avancer.
L’adolescente lui jeta un regard menaçant avant de se mettre à marcher pour de bon, suivie de Maeve et, beaucoup plus loin, de Claire.
Les trois jeunes filles passèrent donc l’immense arche qui marquait l’entrée du bâtiment, annonçant froidement « Académie de Westwood », sans se douter de ce qu’elle allaient trouver à l’intérieur.
Ou plutôt de qui elles allaient trouver.
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