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No sticks or stones gonna break the bones of the man who guns for you...

- Alors c'est ici ? demanda Jughead.

- C'est ce que dit le papier que j'ai trouvé près de la clef, soupira Elyana. Jug, j'ai peur de ce que je vais trouver là-dedans. Je n'ai pas encore lu tout le journal, et si mes déductions sont correctes, j'ai déjà relevé trois meurtres de sang froid. Mon père...

- Du calme. On va y aller doucement, déclara le garçon tout en ouvrant la porte du garde-meubles.

Bien sûr, Elyana avait tout raconté à Jughead. Il était le seul en qui elle pouvait avoir une confiance aveugle. Betty était la meilleure amie de Veronica. Archie était le petit ami de cette dernière et Cheryl, quant à elle, avait ses propres problèmes. Ainsi, lorsqu'elle avait trouvé la clef qui ouvrait ce vieux garde-meubles délabré, au beau milieu du Southside, Lya s'était empressée d'appeler son meilleur ami à la rescousse. Elle ne pouvait y aller seule : qui sait ce qu'elle trouverait là-bas ? De plus, leur échec au test de la Cagoule Noire ne la rassurait guère : comme quoi, Riverdale ne pouvait s'arrêter de pécher. Une fois la porte bien ouverte, Lya expira longuement avant d'entrer.

- Des caisses en carton ? C'est tout ?

- Ouvrons-les, la devança Jughead.

De toute évidence, il était tout aussi impatient qu'elle de découvrir ce que leur avait caché Dave Bennet. Chaque carton contenait des objets ayant plus ou moins de valeur. Ils dénichèrent une coupe en cristal sculpté qui coûtait probablement une fortune, ainsi qu'un couteau-suisse rouillé gravé d'initiales qui ne leur évoquaient rien. Chacun de ces objets, cependant, ne pouvait pas avoir appartenu au père d'Elyana. Tout ça ne lui ressemblait pas (surtout les vieux livres de recettes de cuisine, puisqu'il était un piètre cuisinier).

- Hé, Lya, regarde ça.

Alertée, la jeune fille rejoignit son ami à l'autre bout de la pièce. Il tenait une simple liste écrite sur un bout de papier visiblement arraché à un carnet de notes. À côté de chaque nom inscrit dans la première colonne figurait un objet ainsi qu'une adresse.

- Tous ces objets...ils appartenaient à ces gens, tu penses ? souleva Jughead.

- C'est plausible. Attends une seconde.

Aussi rapide que l'éclair, Lya sortit le journal de son sac à dos. Elle le feuilleta très vite et tomba sur la page qui l'intéressait.

- Mills. Je savais que j'avais lu ce nom dans le journal, murmura-t-elle. Et si...il y en a d'autres, regarde.

Il leur fallut quelques minutes pour trouver d'autres correspondances. À chaque personne figurant sur la liste dobjets, Dave Bennet avait consacré une page de son journal. Pour la plupart, le texte laissait présager une fin funeste.

- Ici, écoute : « Les Davis ne sont désormais plus une menace aux affaires de Monsieur L., je m'en suis assuré. Ils sont à l'abri des autorités, on ne les retrouvera pas, comme Monsieur L. me l'a demandé. J'ai rapporté la preuve que j'étais chez eux, comme prévu, et j'ai reçu mon payement. Jusque là, Monsieur L. semble être un homme de parole. » Davis...couteau-suisse. C'est le couteau-suisse. Jughead, je crois que mon père était...

- Un tueur à gages.

- Oui. Oh mon Dieu...qu'est-ce que je vais dire à Nelly ?

- Rien du tout ! Cet homme est dangereux, Lya. Il a pu atteindre ton père alors qu'il était en prison. Tu crois quil n'arrivera pas à t'atteindre, toi ?

Elyana regarda autour d'elle, perdue. Il avait raison : si elle ébruitait leur découverte (ou même son enquête), elle en paierait les conséquences.

- Toutes ces choses...ce sont des trophées. De preuves qu'il a tué ces pauvres gens qui faisaient obstacle à Lodge. Et si la Cagoule Noire...

- Ton père n'aurait pas pu être la Cagoule Noire, Lya. C'est impossible. Non, mais si lui aussi était au service des Lodge ? Et puis, on ne sait toujours pas qui m'a tiré dessus. Je ne crois plus à une balle perdue dans la bagarre, Jug.

- Je n'y ai jamais cru. Écoute, on découvrira toute la vérité. On doit juste rester discrets, d'accord ?

***

Archie, dans sa chambre, jouait de la guitare. Ça le détendait. Que pouvait-il faire d'autre ? Veronica était sur son lit, et il devait tout faire pour la distraire. Il ne voulait plus l'embrasser, la toucher... Bien sûr, ça lui plaisait. Elle n'était pas Lya, voilà tout. Aussi paradoxal que c'était, c'était Lya qu'il avait l'impression de trahir, et non l'inverse.

- Qu'est-ce qui te préoccupes, Archiekins ? lui chuchota-t-elle à l'oreille tout en lui caressant l'épaule.

- Tout ce qui se passe. Ce n'est rien, tout le monde est préoccupé, Ronnie.

- Je sais, mais...

La sonnerie d'un téléphone l'interrompit : c'était celui d'Archie. Reconnaissant pour cette échappatoire, il décrocha sans vérifier qui l'appelait.

- Allô ?

- Archie ? C'est Jug.

- Hey, tout va bien ? Tu as l'air...

- C'est Lya. Il faut que tu me rejoignes à la caravane. Tout de suite.

Il n'eut pas le temps de demander plus d'informations : Jughead raccrocha. Il se tourna vers Veronica, incertain quant à la manière de s'y prendre.

- Je...je dois y aller. Jughead m'a dit que c'était urgent.

- Je viens avec toi.

Veronica préparait déjà son sac à main et son manteau qui gisait sur une chaise.

- Non, l'arrêta-t-il abruptement. Désolé, Jug m'a dit d'y aller seul. Hum...tu devrais rentrer chez toi. Ne reste pas seule ici.

Il quitta la chambre sans un mot de plus, désespéré. La voix de Jug, au téléphone, tremblait, comme secouée de sanglots. Si Lya était en danger, il n'avait pas de temps à perdre. Il courut à en perdre haleine jusque chez son ami : heureusement, la ville était petite, même si le Southside était bien loin de chez les Andrews. Il ne prit pas la peine de frapper avant d'entrer. Il remarqua d'abord Dale, l'ex-petit ami de Lya, assis par terre. Ensuite, Jughead : le visage fatigué et les yeux presque exorbités de peur et d'angoisse. Après, il la vit, elle. Inconsciente, sur le canapé. Si elle avait été simplement endormie, ça ne l'aurait pas inquiété. Son visage était couvert d'égratignures. Son chandail était si déchiré qu'on ne voyait presque plus que le débardeur gris qu'elle portait juste en-dessous. Son œil gauche était déjà bleu, son bras était barré d'une longue entaille encore rouge : le saignement n'avait pas encore été complètement stoppé. Il évita de s'attarder sur les égratignures qui striaient ses chevilles et s'agenouilla auprès d'elle. Il ne put s'empêcher de lui caresser doucement le visage.

- Comment... ?

- Dale l'a retrouvée comme ça, un peu plus loin d'ici, répondit Jughead. Si seulement j'avais insisté pour la ramener...

- Alors vous auriez été deux dans cet état, affirma le fameux Dale, l'air ennuyé.

- Le truc, c'est que ça ne ressemble pas à une simple altercation.

- C'est un passage à tabac, conclut le Serpent.

- Je pense que quelqu'un d'autre que nous est au courant pour...tu sais...

Jughead ne voulait rien dévoiler devant Dale, alors il emmena vite son ami hors de la caravane et lui parla à voix basse.

- Quelqu'un a dû se rendre compte que Lya menait l'enquête par rapport à son père. Et puis, ce qu'on a trouvé...

- Quoi ?

- Un garde-meubles, mais rempli de preuves pour Lodge. On pense que Bennet était un...tueur à gages.

Archie écarquilla les yeux, complètement abasourdi.

- Tu déconnes ?

- Non, les notes de son journal confirment notre théorie. Si tu veux mon avis, Lya court un grand danger en s'immisçant dans leurs affaires. J'ai bien peur que le père de Veronica veuille garder tout ça très, très secret.

- De là à...

- Si tu es étonné de sa démarche, je te trouve bien naïf, Archie. On a assez côtoyé les Lodge pour savoir qu'ils sont capables de tout. Même ta...charmante petite amie.

Le ton de Jughead, méprisant, ne plut pas Archie.

- Écoute vieux, je sais que tu l'aimes pas du tout, se défendit-il. Mais elle a ses bons côtés !

- Tout ce que je sais, c'est qu'elle fait souffrir Lya, et pour ça, je ne verrai jamais ses prétendus bons côtés, Arch.

- Elle ne fait rien qui...

- Si. Elle est avec toi.

- Mais j'ai dit à Lya...

- Tu vas vraiment rompre avec elle, peut-être ? Tu es prêt à faire ça ? Parce que si tu ne l'es pas, ce n'est plus la peine de consacrer ton rare temps libre à des séances de baisers volés avec Lya. Elle en a assez vu.

- Tu es au courant ?

- Bien sûr que oui. Mets de l'ordre dans tes sentiments, c'est tout ce que je te demande...pour elle.

***

- Humf...

Le grognement attira l'attention de Dale, déjà sur le qui-vive. Il s'empressa de se redresser pour se poster au chevet de la jolie brune au visage tuméfié. Elle n'avait qu'un œil ouvert, l'autre étant bien trop amoché, et ne savait pas tellement où regarder.

- Dale ?

- Ne parle pas trop, tu vas saigner, lui conseilla-t-il avec un sourire compatissant. On t'a fendu la lèvre.

- Au point où j'en suis...

Avec beaucoup de difficultés, Elyana se redressa et se retrouva en position assise sur le canapé.

- Est-ce que tu as vu qui a fait ça ?

- Non, ils étaient déjà loin quand je suis arrivé. J'ai vu deux hommes s'enfuir, c'est tout. Je les aurais rattrapés mais...

- Non, tu as bien fait. Ils t'auraient fait du mal, à toi aussi, s'inquiéta-t-elle. Merci.

- J'ai fait ce que je devais faire, princesse.

Lya voulut glousser, mais son flanc la fit souffrir, comme si son corps voulait l'empêcher de s'amuser. Elle souleva son vêtement d'un rien et constata que, là aussi, un bel hématome gagnait du terrain.

- Tu devrais peut-être aller voir un médecin...

- Hors de question. Il voudra savoir comment, pourquoi, quand...il alertera peut-être le shérif, donc Nelly, et je ne pourrai plus sortir.

Dale soupira. Depuis qu'il connaissait Lya (depuis plus d'un an, donc), il avait eu l'occasion d'observer beaucoup de traits de sa personnalité. Ce qui l'avait toujours marqué, c'était sa capacité à avancer malgré les coups durs de la vie. Même dans sa période d'addiction, elle avait toujours un mot positif pour lui. Il avait vite compris que tout cet optimisme était avant tout de la désillusion et pourtant, il aimait ça, comme beaucoup d'autres choses chez elle. Là, il l'observa encore : elle était blessée, au plus mal, et elle lui accordait un sourire. Elle parlait, prétendait presque ne pas avoir mal. Il la vit serrer les dents avant de reprendre la parole.

- J'ai une faveur à te demander.

- Ah ?

- Ouais. J'aimerais que tu m'apprennes à me battre, avoua-t-elle avec un air plus déterminé que jamais. Je ne peux plus me permettre de laisser une chose pareille m'arriver. La prochaine fois -et il y en aura une, j'en suis certaine- je veux pouvoir me défendre.

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-Cxlxnx13

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