-19-
How can we dance when our earth is turning
How do we sleep while our beds are burning
- T'appelles qui ?
Lya maudit intérieurement son manque de discrétion puis raccrocha : Jughead ne décrocherait pas, visiblement.
- Juste un ami pour me ramener chez moi.
- Je peux t'appeler un taxi, si tu veux, même si j'aimerais bien rester avec toi plus longtemps, susurra-t-il dans son oreille.
- Non, je dois y aller, répliqua-t-elle en se libérant de son étreinte. J'ai...cours.
- Tu te rends compte qu'il est déjà dix heures, pas vrai ?
La jeune fille se massa les temps, exaspérée. L'effet du jingle jangle était complètement retombé, mais elle sentait son corps reprendre ses mauvaises habitudes. Sa main gauche trembla, et elle resserra sa poigne sur son portable pour se calmer.
- Tout va bien ? demanda Nick, faussement inquiet.
- Oui, oui, tout va très bien. Je...je dois vraiment y aller.
En dernier recours, elle appela Dale. Au moins, lui, il décrocha.
- Lya ? Tu n'es pas au lycée ?
- Non, longue histoire, soupira-t-elle. Tu crois que tu peux venir me chercher au Five Seasons ?
- Qu'est-ce que tu fiches au Five Seasons ? C'est pas vraiment ton genre, plaisanta Dale, la voix enjouée.
- Je te l'ai dit, c'est une longue histoire...alors ?
- Je serai là dans une demi-heure, s'empressa-t-il de répondre après avoir compris que quelque chose n'allait pas. Ça ira, jusque là ?
- Oui, ne t'inquiète pas. Merci, Dale.
- C'est qui, ça ? demanda Nick après qu'elle eut raccroché.
- Un ami.
- Hm, d'accord. J'espère au moins qu'on pourra, tu sais... (Devant son sourire, les cheveux de Lya se dressèrent sur sa nuque.) J'aimerais beaucoup remettre ça.
- Écoute, Nick, je...je ne sais pas ce qui m'a pris, s'excusa-t-elle. J'aurais dû m'arrêter, mais...
- Waouh, j'ignorais que les filles de Riverdale pouvaient être de telles allumeuses, s'étonna-t-il avec un rire amer.
- Pardon ?
- Tu me laisses coucher avec toi, puis tu t'enfuis, comme ça !
- Non, c'est que...je n'étais pas dans mon état normal. Et oui je t'ai demandé d'arrêter !
- Une petite dose ne fait pas de mal...
- À toi, peut-être ! s'écria-t-elle.
Lya sentait qu'elle perdait le contrôle : ses mains tremblaient et elle avait froid, malgré la chaleur qui régnait dans la pièce.
- Quoi qu'il en soit, reprit-elle plus calmement, je suis désolée de t'avoir...éconduit de la sorte. Je ne le ferai plus. C'était...mal.
- Mal ? s'offusqua-t-il. Tu rigoles, j'espère ?
Il s'approcha d'elle, l'obligeant à prendre appui sur la table.
- Je...je veux dire...
- Non, on va faire plus simple ; je sais que toi et ta belle-mère avez de gros problèmes d'argent, ricana-t-il.
- Comment... ?
- Je vous ai entendues discuter, chez Pop's. Donc, j'ai fait mes petites recherches. Tu sais que ton adorable belle-mère n'a pas payé l'électricité depuis trois mois ? Elle sera coupée le mois prochain si sa dette n'est pas réglée. Et je sais aussi qu'elle refuse ton aide. Comme c'est dommage... Tu ne voudrais pas que ça s'ébruite, pas vrai ?
Glacée de terreur, Elyana commença à réfléchir à toute vitesse. Que se passerait-il, si les gens venaient à apprendre que Nelly était fauchée ? Pas grand-chose, même si elle risquerait de perdre son crédit au sein des débats, sa réputation de banquière redoutable... Nelly était une femme exceptionnelle, mais trop fière pour son propre bien : la rumeur la détruirait. Lya souffla un grand coup.
- Tu ne me feras pas chanter, pas moi. Tu n'auras rien.
- Tu en es sûre ?
Il lui caressa la joue avant de glisser sa main sous sa robe. Lya réagit avec impulsivité : elle envoya un coup de genoux dans l'entrejambe du garçon en un éclair, avant de quitter cette chambre au plus vite. Elle ne prit pas le risque de rester devant l'hôtel et progressa le long de la rue, jusqu'à ce qu'elle rencontre Dale, sur sa moto. Il lui tendit un casque et elle enfourcha l'engin métallique. Le vent qui fouettait leur visage les empêchait de se parler, mais quand ils arrivèrent à l'entrée de la rue où vivait Lya, Dale sarrêta.
- Je te dépose chez toi ?
- Non, Nelly me croit au lycée, je...
- T'inquiète. Je t'emmène.
Soulagée et reconnaissante, Elyana resserra son étreinte autour du corps du garçon. Lorsqu'ils s'arrêtèrent devant le Whyte Wyrm, un frisson lui parcouru l'échine tandis qu'elle contrôlait tant bien que mal le tremblement de sa main gauche. Sans un mot, Dale l'emmena devant l'entrée.
- Attends, l'arrêta-t-il juste avant qu'elle ne franchisse la porte. Enfile ça.
Il lui tendait sa veste. Lya hésita un court instant avant de la prendre, mais sa tenue, trop légère pour l'endroit, la convainquit de passer sur ses épaules le cuir à l'effigie des Serpents. Elle la resserra sur sa poitrine, désireuse de cacher son corps, mais elle n'échappa pas à quelques sifflements lancés çà et là au long de son avancée vers un coin de la pièce. Dale fit taire les malins d'un regard assassin, et il prit place à côté d'elle sur la banquette.
- Tu veux me raconter ce qui s'est passé ? lui demanda-t-il, soucieux.
- Non, répondit-elle précipitamment. Je suis désolée. J'ai juste passé une très mauvaise soirée et...
Son téléphone l'interrompit : Cheryl essayait de l'appeler.
- Cheryl ? Tu n'es pas au lycée ?
- Je te retourne la question ! C'est l'intercours... Alors, dis-moi tout ; c'était comment hier soir ? Il s'est passé quelque chose d'intéressant ?
- Non, hum... Rien du tout, à vrai dire. Je ne me sentais vraiment pas bien, et je me suis endormie sur le canapé, répondit-elle, mal à l'aise, presque honteuse. C'est Dale qui est venu me chercher.
- Oh, je vois... Peut-être que c'est mieux ainsi. Par rapport à ce que tu as fait hier, Lya, je...
- On en parlera plus tard, Cheryl, tu veux bien ? murmura presque Lya, paniquée. Merci d'avoir appelé, ajouta-t-elle avant de raccrocher brusquement.
Elle sentait que Dale la regardait, qu'il voulait des réponses...des réponses qu'elle n'était pas en mesure de lui donner. Lui expliquer sa nuit signifierait lui avouer sa rechute. Enfin, rechute était un grand mot, pensait-elle. « Je n'ai pris qu'une dose, tout ira bien. », se répétait-elle en boucle. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était que ce soit vrai. Et pourtant... Elle était plongée dans ses pensées quand la main de Dale se posa affectueusement sur sa cuisse. Lya, elle, ce n'est pas la main de Dale qu'elle vit, c'était une main fine aux doigts longs et pâles, une main qu'elle sentait encore sur sa taille, ses cuisses, sa poitrine, son cou... Elle sursauta. Elle se rendit compte qu'elle pleurait quand Dale lui tendit une serviette en papier, l'air désolé. Elle évita son regard et s'essuya les joues, puis elle se leva.
- Je...je dois y aller, Dale, je suis désolée, merci pour tout.
Le pauvre jeune homme n'eut pas le temps de répondre ; sa belle était déjà partie. Elle avait prit la peine de laisser sa veste sur la table. Perchée sur des talons qui lui meurtrissaient les pieds, Elyana marchait dans la seule direction qu'elle connaissait, dans le Southside. Elle marcha quelques minutes et trouva rapidement l'endroit qu'elle cherchait : la porte n'était même pas verrouillée. Elle entra donc, et quelle ne fut sa surprise lorsqu'un petit chien célébra son entrée à grands coups de pattes et de langue. Attendrie, elle s'abaissa pour caresser la boule de poil, puis prit place sur le vieux canapé qui trônait contre la paroi. Son sac à dos sur ses genoux, elle se démenait pour trouver son crayon à papier. Elle finit par le dénicher et expira longuement en contemplant la feuille encore vierge de son carnet à dessins. « Allez, Lya, tu peux le faire. » Avec tout le calme dont elle pouvait faire preuve, elle fit glisser la mine de charbon sur le papier à grain, traçant lesquisse d'une simple silhouette féminine. Lorsqu'elle détailla son croquis achevé, elle constata avec effroi que les traits n'étaient pas précis : ils étaient brouillés, comme si la main qui leur avait donné naissance était celle d'un bambin tremblotant. Elle s'acharna pendant des heures, enchaînant croquis et gribouillis, jusqu'à arriver à une esquisse précise. Lorsque Jughead rentra enfin chez lui, Elyana pleurait sur son canapé.
- Lya ? Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il, interloqué. Waouh, tu n'as pas chômé...
S'agenouillant en face d'elle, il contempla son visage strié de larmes. Il posa une main sur le genou tremblant de sa meilleure amie.
- Raconte-moi.
La main sur son genou, Lya la reconnaissait. Jughead serait toujours Jughead. Il ne lui ferait jamais de mal, ne la jugerait jamais. Jughead serait toujours là.
- D'abord, sanglota-t-elle, je veux que tu me promettes que tu ne m'en voudras pas...même si tu aurais raison. J'ai juste besoin, que tu gardes ton calme. S'il te plaît.
- Je te le promets, Lya... Explique-moi tout.
Alors, une fois Jughead assis à côté d'elle, elle lui raconta toute l'histoire, depuis le début de la soirée. Elle lui raconta comment l'alcool et le regard d'Archie l'avaient poussée dans ses retranchements.
- De quel droit pourrait-il prétendre se préoccuper de moi ? se plaignit-elle en pleine crise de larmes. Il n'est qu'un...qu'un...hypocrite...
Lorsqu'elle lui expliqua sa nuit passée avec Nick, elle se cacha derrière ses genoux, morte de honte. Elle ne se rappelait même pas de la moitié de cette nuit-là, et pourtant, le contact de la peau de ce garçon la hantait encore. Dès qu'elle en vint au chantage, le visage de Jughead devint plus dur que jamais.
- Je ne vais pas te faire la morale, mais dorénavant, la prévint-il, j'aimerais que tu n'ailles plus à ce genre de soirée si je ne suis pas là, d'accord ?
- Oh, ça ne risque pas...
- Et pour ce qui est de ce gamin de merde, il paiera. Les gens paient toujours. D'ailleurs, Lya, il y a quelque chose que je dois...
Des bruits de pas sur le gravier les interrompirent. Lya arrêta presque immédiatement de pleurer, paniquée. L'avait-il suivie jusqu'ici ? Était-ce possible ou nageait-elle en plein délire ? Heureusement, Jughead jeta un œil par la porte pour vérifier l'identité du visiteur : Archie.
- Je te laisse deux minutes, je vais voir ce qu'il veut, d'accord ?
- Oui, oui.
Bien sûr, Lya n'attendit pas qu'il ait descendu les marches pour coller son oreille à la porte. Elle ne captait que des bribes de conversations, mais elle entendit distinctement un autre groupe de gens arriver. Là, le ton commença à monter.
- Tu rejoins les Serpents ? s'offusqua Archie.
- S'il survit, précisa Sweet Pea. Mais vas-y, retraite-nous de racailles, pour voir.
- Jughead, ces gars m'ont agressé ! argumenta Archie, toujours étonné par la décision de Jughead. Et Reggie, Veronica, Dilton...tes amis !
Lya fronça les sourcils : Archie devait être bien stupide pour penser que Jughead serait un jour ami avec Reggie.
- C'est pour ça que t'es là ? Pour m'avertir ?
- Non. Je suis venu te dire de ne plus t'approcher de Betty.
La voix du rouquin était dure, presque cruelle. Lya n'aurait jamais cru entendre de telles choses sortir de sa bouche.
- Elle ne veut plus te voir.
- N'importe quoi ! Je l'ai vue hier, elle...elle allait bien, se raisonna Jughead.
- Non, elle veut te larguer depuis des semaines, ça la ronge...depuis que tu es passé du côté obscur. Elle n'arrive pas à le faire elle-même.
- Alors elle t'envoie, toi... Ce n'est pas son genre !
- Si tu ne me crois pas, appelle-la ! s'énerva Archie. Et précise bien que tu es un Serpent, maintenant. Je parie qu'elle va adorer ça. Elle a vu quel chemin tu empruntais, Jughead, comme nous tous. Elle sait que tu ne peux pas être avec elle et avec eux. Et avoue : tu le sais aussi.
- Dis à Betty que j'ai bien reçu le message.
Il y eut un grand silence. Elyana pensa donc qu'ils s'étaient mis à murmurer, alors elle se pencha un peu plus. La porte, trop légère, la laissa basculer sur le petit palier. Elle se rattrapa avec ses mains avant de croiser le regard dArchie. Il ouvrit la bouche pour lui parler, puis se tourna vers Jughead.
- Et elle, qu'est-ce qu'elle fait là ? Elle est au courant, au moins ?
Lya ne montra aucun signe d'amertume envers Jughead : elle était de son côté, certainement pas de celui d'Archie.
- Allez, Lya, je te ramène à la maison.
- Hors de question, marmonna-t-elle en se relevant.
- Quoi ? s'étonna le garçon.
- J'ai dit : hors de question.
La colère était ce qui la contrôlait, désormais. Elle voulait qu'Archie parte, elle voulait qu'il disparaisse. Elle était obnubilée par cette pensée tandis qu'elle descendait les escaliers d'un pas rageur pour se dresser devant lui.
- Va-t'en, lui ordonna-t-elle.
- Lya...
- Je t'ordonne de partir ! s'écria-t-elle. Tu croyais quoi ? Que tu pouvais débarquer et juger ton meilleur ami comme un sous-homme ? Laisse-moi t'apprendre quelque chose, Archie : Jughead vaut mieux que toi et tous les habitants du Northside réunis. Tous ces Serpents que vous prenez tant de plaisir à dénigrer, à insulter...je n'ai jamais rien connu de si semblable à une famille ! Et toi, toi...tu n'es qu'un égoïste !
Elle lui asséna une gifle monumentale. On entendit le choc de sa main sur la joue du garçon jusqu'au dernier membre du groupe qui assistait à la scène. Mais Lya, encore insatisfaite et vengeresse, asséna de faibles coups de poings sur le torse d'Archie qui reculait toujours plus. Jughead accourut vers elle pour la prendre dans ses bras, la contrôler et intimer à Archie de partir. Cette fois-ci, il ne demanda pas qu'on le lui dise deux fois.
- Je pense qu'on va te laisser, Jughead, l'informa Sweet Pea. Mais n'oublie pas notre petit rendez-vous de ce soir.
Hochant la tête, Jughead ramena Elyana dans la caravane et l'allongea sur le canapé, où il continua de l'enlacer jusqu'à ce qu'elle se calme. Il pensa alors que ce jour-là, ils avaient tous les deux beaucoup perdu.
———
Salut tout le monde !
Que pensez-vous de ce chapitre ?
Vous trouvez que Lya a bien réagi par rapport à Archie et Jughead ?
N'hésitez pas à voter et à commenter !
-Cxlxnx13
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