CHAPITRE 45


CASSANDRE


— Cassandre Caldwell qui propose de prendre le bus ? Si on m'avait dit ça, je n'y aurais jamais cru.

Assis à côté de moi, Axel m'observe de ses prunelles noires comme une nuit d'encre. Cette couleur m'a longtemps terrifiée. À moins que ce ne soit la manière dont il la projetait sur moi ?

Aujourd'hui, elle m'évoque surtout de la curiosité. Axel cache un énorme secret et je veux découvrir de quoi il s'agit. C'est la raison pour laquelle je lui ai préparé cette surprise. L'idée de passer du temps avec lui est loin de m'enchanter mais a curiosité surpasse tout.

— Si on m'avait dit que tu arriverais à m'appeler Cassandre, je n'y aurais pas cru non plus, rétorqué-je en finissant de nouer mes cheveux dans une queue de cheval haute.

Ce détail n'échappe pas à Axel qui me dit :

— Quoi que tu prépares, ça nécessite de ne pas être emmerdé par de longs cheveux. C'est sportif ?

— Tu n'arriveras pas à me faire parler.

— C'est gratuit d'essayer.

— Tout comme le bus quand on possède un abonnement.

— Abonnement que tu ne possèdes pas, souligne Axel. Puisque tu viens de payer deux tickets en montant.

— Qu'est-ce qui t'embête vraiment, McCall ? De prendre le bus ou qu'une femme ait payé pour toi ?

Il arque un sourcil. L'air dangereux que je lui connais bien refait surface.

— Je te l'ai déjà dit : je ne suis pas le macho que tu crois. Change d'angle d'attaque, tu t'épuises pour rien. Je trouve juste étonnant de te voir dans un transport en commun alors que tu es pété de fric.

— « Pété de fric », répété-je incrédule. Tu ne mâches pas tes mots.

— C'est pas comme si tu le découvrais.

Il marque un point. Je ne m'attendais juste pas à ce qu'il soit aussi frontal sur ce sujet en particulier.

— Tu m'as plus l'air du genre fille à papa qui prend le taxi.

— Je ne suis pas une fille à papa, répliqué-je sèchement.

— Oh ! J'ai touché la corde sensible.

— Ouais bah si tu ne veux pas que je te la passe au cou, ferme-la !

Axel reste stoïque plusieurs secondes... puis il éclate d'un rire franc.

— Quoi ? grommelé-je.

— Rien. Tu es... drôle. Même sans le vouloir. Je ne t'aurais pas prêté cet adjectif avant qu'on passe du temps ensemble.

Sa voix grave qui prononce ces mots... un frisson se déploie le long de ma colonne vertébrale. Mon cerveau est en mode Sherlock Holmes : la moindre phrase que ce mec déclare est passée au crible. J'essaie toujours de savoir si c'est lui le mystérieux client avec lequel j'ai couché deux fois. Celui à qui j'ai dévoilé mon identité surtout...

Jusqu'ici, je suis mitigée. À des moments, je suis convaincu que c'est lui. Je n'ai plus aucun doute, j'ai même envie de le confronter. Et à d'autres, je me dis que je suis complètement à côté de la plaque, que je me fais des films et que je tombe dans la paranoïa. S'il y a bien une personne devant laquelle je n'ai pas l'intention de me ridiculiser, c'est Axel McCall. Autant dire que je prends mes précautions et que je veux être sûre de moi à cent pourcent dans ma conclusion : qu'il soit le client ou non.

— Donc, si je récapitule, me lance Axel en énumérant les points sur ses doigts, tu n'es pas une fille à papa mais tu es vraiment pété de fric grâce à ton père. Votre relation n'est pas terrible à en juger par sa réaction pendant l'oral. Tu t'es attaché les cheveux donc tu m'emmènes faire du sport. Escalade ?

— Toujours pas, mais bien tenté.

Il se mordille la lèvre, intrigué. Son regard sombre me scanne et ne pas frémir me demande toute l'énergie du monde. J'ai beau détesté ce type... je dois avouer qu'il a aussi de bons côtés. Il n'est pas toujours le connard que j'aime dépeindre et insulter pour passer mes nerfs. Le sexisme que je lui prête est erroné, il l'a prouvé à plusieurs reprises. Il est sensé et intelligent. L'exposé lui a permis de faire montre de ses facultés cognitives.

En même temps, personne n'arrive à entrer à l'université de Princeton en étant stupide. Mais parfois, il est possible d'avoir des neurones très perforant et d'être socialement bête. Ce qui n'est pas le cas d'Axel. Il est rusé et malin. Rien qu'à la manière dont il pose les yeux sur son environnement, je sais qu'il analyse tout en permanence. Ses facultés d'observation n'ont peut-être rien d'exceptionnelles mais elles sont supérieure à la moyenne des gens.

— Je te propose un truc, me dit-il alors que je me cramponne à mon siège dans un virage.

Si le chauffeur avait prévu de nouer tuer sur le chemin, il ne s'y prendrait pas autrement.

— J'arrête de te questionner sur cette surprise que tu me réserves si tu me parles de ta relation avec ton père.


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