CHAPITRE 32
CASSANDRE
Heureusement que je ne suis pas une gymnaste sur le point de réaliser des figures mortelles sur une poutre suspendue à trente mètres au-dessus du sol car je serais morte en moins de quatre secondes. Garder l'équilibre sur mes talons aiguilles me demandent un effort surhumain. Je n'aurais jamais dû accepter de snifer la poudre sur la main de Clarissa. Elle a l'habitude de se droguer, elle. Moi... je le fais très rarement. Je n'aime pas perdre le contrôle.
Sauf que je l'ai déjà perdu. À chaque fois que j'enfile mon corset et mon masque pour me pavaner dans les couloirs du Lust Mansion, je ne suis plus maître de moi-même. Je suis ici contre mon gré, forcée de vendre mon corps si je ne veux pas que le chantage dont je suis victime soit mis à exécution.
Alors quand Clarissa m'a proposé une ligne... j'ai dit oui. J'avais déjà bu trois coupes de champagne, ce qui avait levé mes inhibitions. Cela explique peut-être aussi pourquoi j'ai cédé là où d'habitude, j'aurais refusé sans la moindre réflexion.
Si au départ je me suis sentie galvanisée, le mélange avec l'alcool me fait tourner la tête. Je dois me concentrer pour que les lignes autour de moi restent droites. Pour que les murs ne se couchent pas. Pour que le sol ne devienne pas une pente.
Était-ce bien de la cocaïne ?
Les drogues qui tournent ici ne proviennent pas des endroits les plus rassurants. J'ai déjà entendu des histoires sordides de poudre qui avait été mal coupé et a provoqué de nombreuses overdoses. Même de personnes habituées à en consommer.
Mon cœur bat trop vite.
Trop fort.
Je ne vais pas mourir.
Je ne vais pas mourir.
Je ne vais pas mourir.
Il ne manquait plus que l'angoisse par-dessus le reste. Il faut que je focalise mon énergie sur une tache pour oublier mon mal-être. Et ça tombe bien, je suis là pour ça.
En arrivant dans la pièce principale, la plus vaste et la plus fréquentée, j'adresse un signe de tête à Hale, la serveuse. C'est toujours elle qui sert au bar et dans les rares moments où elle ne peut pas être là, j'ai déjà vu des clients se servir.
Ce bordel a beau être un établissement de luxe, il n'en accueille pas moins tout type de personnes. Surtout les pires. Les vicieux qui prennent plaisir à la souffrance qu'ils infligent. Qui aiment dominer et posséder pour se sentir puissant. Qui jouissent de souiller un corps. Qui n'obéissent à aucune règle, qui se moquent de ce que les gens pensent, qui croient que le monde leur est du.
Ils sont là pour se servir, alors ils se servent. En filles. En alcool. Il n'y a aucun mec qui vende son corps, ici. Je me suis déjà fait la réflexion que l'établissement était réservé à une clientèle d'homme hétérosexuel. Je n'ai vu aucune femme venir en tant que cliente, non plus.
Alors que je déambule pour « montrer mes atouts » comme cela nous est demandé, Hale m'adresse un signe de la main. Je la rejoins au comptoir.
— Eh ! Bella. Le type là-bas n'arrête pas de te regarder.
— Pourquoi tu dis ça d'un air étonné ?
Ma remarque n'a rien de prétentieux. Je ne crois pas qu'on me trouve plus belle qu'une autre. C'est juste que les types qui viennent ici sont à la recherche d'une femme à baiser et j'en suis une. Je suis là pour ça. Si je n'étais pas regardée, j'aurais déjà dégagé.
Hale n'a pas dit ça au hasard.
— Parce que j'ai déjà discuté plusieurs fois avec lui et... c'est bizarre.
Je suis son regard pour découvrir de quel client elle parle. Mon cœur loupe un battement en reconnaissant le dernier client avec lequel j'ai couché. Il porte le même masque que la dernière fois, un simple objet noir uni de forme arrondie. Ses prunelles sont si sombres que j'ai dû mal à savoir s'il voit ou non. Ses cheveux bruns sont plaqués en arrière sur sa tête, accentuant l'ossature de son visage. Chaque contour en paraît plus saillant, surtout sa mâchoire glabre.
Les sensations de son corps contre le mien me reviennent. Il n'était pas comme les autres. À la fois gentleman et brutal. Il ne m'a pas ménagé mais... je ne sais pas. Quelque chose chez lui m'a paru différent de tous les autres clients avec qui j'ai eu des relations sexuelles. Je n'ai pas réussi à mettre le doigt dessus mais ça ne m'a pas quitté.
— Qu'est-ce qui est bizarre ? demandé-je à Hale.
— Il ne couche jamais deux fois avec la même fille. C'est une règle chez lui. On en a déjà parlé plusieurs fois.
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