CHAPITRE 2
AXEL
Son regard s'arrondit. Ma franchise l'a déstabilisée.
— Avec votre permission, bien sûr, continué-je.
— B-bien sûr.
L'hésitation sur sa première consonne lui confère un charme difficilement explicable. Une candeur dont je n'ai pas l'habitude avec les expertes du sexe qui œuvrent ici. Cette fille a l'air différente. Moins lisse, moins formatée. J'imagine déjà les délices qu'elle me réserve.
Elle se lève, me laissant le loisir d'admirer sa silhouette au garrot. Elle doit mesure un mètre soixante cinq environ. Sa silhouette mince comporte davantage de formes au niveau des cuisses, des fesses et du ventre. Décidément, cette fille n'a rien de similaire à celles que je côtoie dans cet endroit ce qui n'est pas pour me déplaire. Mais est-elle vraiment à sa place ?
Elle me tends la main, je glisse la mienne dans ses doigts tièdes. Sa démarche paraît assurée mais son souffle erratique la trahit dans le silence des couloirs rouges du sol au plafond. Chaque pièce est entièrement insonorisée, permettant aux clients de laisser libre court à leur plaisir sans craindre d'être entendus par qui que ce soit.
Nous empruntons l'escalier qui mène au niveau supérieur où deux autres rangées de portes nous attendent. Je ne sais même pas dans laquelle nous entrons tant je suis hypnotisé par le balancement des boucles d'or sous mon nez. À chaque rebond, une fragrance sucrée me chatouille les narines. Celle-ci se mêle à l'odeur prononcée d'encens qui caractérise le bordel.
Nous entrons dans une chambre semblable à toutes les autres : un lit à baldaquin trône au centre et seuls des bougies, un tapis et des tentures décorent le reste de l'espace. Ce temple de la luxure a été pensé pour remplir sa fonction, ni plus ni moins.
— Comment vous vous appelez ? demandé-je lorsqu'elle me lâche la main.
— Je... euh... Bella.
Elle se dirige vers le lit sur lequel elle s'étend sur le flanc, face à moi. Son négligé de satin glisse de son épaule, la dénudant un peu plus. Une flammèche embrase mes veines. Je l'observe sous toutes les coutures, savourant d'avance la sensation de ma chair frottant entre les siennes. Elle ne me quitte pas des yeux, m'analysant au moins autant que l'inverse.
Bouton après bouton, je me libère de mon entrave de tissu. Je laisse ma chemise tomber à mes pieds, profitant de ce que Bella se mordille la lèvre en observant mon torse. J'aime le jeu de désir qui existe dans ce bordel de luxe. Ce n'est pas qu'un simple échange de billets contre une pénétration. C'est une transaction singulière dans la torpeur de la débauche.
— Approchez ! m'ordonne Bella.
Je m'exécute, docile. Chacun de mes pas est fait en pleine conscience. Je prends tout mon temps. Lorsque j'arrive à son niveau, elle agrippe mon jean pour défaire mes boutons et tirer dessus d'un coup sec. Mon boxer part avec lui, libérant mon sexe gonflé. Sa langue découvre mon gland, le savoure puis le déguste. L'humidité de sa bouche puis de sa gorge accélère mon rythme cardiaque. Mon pouls s'emballe jusque dans mes tempes, emplissant mes tympans d'une mélodie qui me coupe du reste du monde.
Mon souffle dérape de seconde en seconde. Lorsque je me sens proche de l'orgasme, j'arrête Bella d'une pression sur la tête. Elle recule, échevelée. Je la trouvais déjà belle, elle l'est encore davantage quand elle me prend dans sa bouche.
— Dites-moi comment je peux continuer de vous faire plaisir !
Un sourire me gagne. Sa déférence aussi est un point que j'apprécie. J'ai connu tant de milieux directs, sans aucune politesse, aucune poésie. Je n'ai pas l'esprit d'un intellectuel mais j'aime tout ce qui me sort de ma zone de confort. Ça me permet d'oublier l'espace de quelques instants la noirceur de mon âme.
— Vous n'avez rien à faire d'autre que rester docile.
Bella tressaille. Un nuage passe dans ses iris bleu-gris. Je brûle de tirer sur son masque pour découvrir à quoi elle ressemble. Je serais incapable de la reconnaître si je la croisais dans la rue et c'est tout le but de cet accessoire.
— Ne vous inquiétez pas, je suis un amant à l'écoute. Au moindre signal de votre part, tout s'arrête.
Elle opine du chef. Parfois, elle a l'air assuré. Le reste du temps, son statut de novice crève les yeux.
— Qu'allez-vous me faire ? demande-t-elle de sa voix chaude.
— Je vais vous défoncer.
Un frisson se balade sur sa peau, la couvrant de chair de poule. Mon sourire s'intensifie. Patiemment, j'attends qu'elle soit prête à passer à l'étape suivante. Il s'écoule quelques minutes durant lesquelles nous nous observons, les yeux dans les yeux, dans l'obscurité de cette chambre. Les ombres de nos corps plus ou moins dénudés se projettent contre les murs.
Bella finit par se laisser tomber sur le dos, son corps s'enfonçant dans les draps en soie qui couvrent le matelas. Elle écarte lentement ses cuisses, m'ouvrant les portes d'un Eden auquel je rêve depuis mon entrée ici. Une culotte en dentelle pourpre couvre son intimité. Je me place à genoux devant elle et frôle ses jambes du bout de mes doigts sur toute leur longueur. Une fois sur ses hanches, je tire sur son sous-vêtement pour le faire glisser sur sa peau soyeuse.
Un murmure lui échappe, sûrement parce que j'ai les mains froides. Été comme hiver, elles sont blanches et gelées. À l'image de la mort. Bella est tout le contraire : ardente et humide.
— Tournez-vous ! ordonné-je.
Elle incline la tête, intriguée. J'ai l'habitude de me faire obéir sans avoir besoin de me justifier. Les prostituées savent que ça fait partie de leur fiche de poste de suivre les consignes du client, tant qu'il respecte les conditions déterminées avant d'entrer ici.
— Pourquoi ?
Voyant que je n'ai pas l'intention de répondre, Bella pivote sur elle-même, se plaçant à quatre pattes devant moi. Je retire son négligé de satin puis je presse le bas de son dos pour l'inciter à se courber davantage. Son antre moite s'offre à moi. Je déchire l'un des préservatifs en libre accès sur le cadre de lit puis le déroule sur mon membre allongé. Je laisse mon abdomen entrer en contact avec son dos pour m'approcher au plus près de son oreille. Là, je lui réponds :
— Parce que je n'aime pas qu'on me regarde quand je baise.
Je m'enfonce en elle jusqu'à la garde, lui arrachant un gémissement. Je cesse de bouger, écoutant les réaction de son corps qui tremble de désir contre le mien. Elle ne dit rien, alors je sors complètement. Puis entre à nouveau. La même mélodie lui échappe, plus fugace, cette fois. Elle se retient. S'empêche d'être bruyante. Je n'ai pourtant pas l'intention de lui laisser le choix.
J'enroule sa tignasse blonde dans mon poing et tire dessus pour lui relever la tête. De l'autre main, j'applique une pression constante sur le bas de son dos pour la maintenir dans cette position précise. Puis j'entame un va-et-vient. D'abord lent. Modéré. Exaltant. Puis impétueux. Impérieux. Brutal et sauvage.
Mon épiderme claque sur celui de Bella dont les barrières ont volé en éclat. Elle gémit, crie, hurle. Elle perd le contrôle. Chaque fois qu'elle veut bouger, j'intensifie la pression qui la maintient dans un étau et ça décuple son plaisir. Je le sais. Dès que je ralentis un peu, je la sens pousser avec ses fesses pour m'en réclamer davantage. Alors je lui en donne encore plus. Je me fais tour à tour bourreau et génie. Je la punis et exauce ses vœux.
Mon plaisir seul est fade. Il n'a d'intérêt que lorsque la personne qui partage mes draps s'agrippe au sien comme si sa vie en dépendait. Lorsque Bella devient fiévreuse, je libère ses cheveux. Sa tête s'affaisse contre le matelas, sa courbure s'accentue. Alors que je continue de m'immiscer en elle, ma main libre part en quête de son clitoris. Je l'effleure, l'agite, le stimule.
— Oh putain !
Les gémissements de Bella perdent toute commune mesure. Sa propre voix résonne dans sa cage thoracique avant de s'extraire de sa gorge. Un cri animal s'élève du plus profond de son corps. Plus elle crie, plus je durcis. Mes veines saillantes frottent contre sa cavité qui ne cesse de se desserrer puis de se rétrécir. À l'instant même où elle atteint l'orgasme et se crispe, j'explose en elle.
Essoufflée, elle se laisse choir sur le lit, incapable de parler. Sa petite poitrine se lève et s'abaisse, à la recherche d'un peu d'air pour ne pas étouffer. Je retire la capote, la noue et la jette près d'elle. Dans la poche de mon pantalon qui trône au pied du lit, je récupère une liasse de billets que je lance près de ma semence encore tiède.
Sans un regard en arrière, je me rhabille et me tire.
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