Chapitre 2


CHAPITRE 2

De son côté, Kuroko n'en menait pas large. Il ne se demandait pas pourquoi il était là, il avait vaguement entendu le nom de Seijūrō être prononcé, mais il n'avait pas bien saisi le contexte de la conversation. Il se doutait bien qu'il avait été enlevé pour pouvoir l'atteindre lui. Même s'ils essayaient d'être les plus discrets possible, ils ne se cachaient pas pour autant. Il était donc facile de savoir que le jeune empereur avait quelqu'un dans sa vie et à quel point il chérissait cette personne. Celui que son mari était dans leur vie de couple était totalement différent de celui qu'il était en public. Avec lui, il était protecteur et aimant. Il savait que son amant ferait tout pour le retrouver et le sauver. Il avait confiance en lui. Ce qui lui faisait peur, c'était ce que ces brutes pouvaient lui infliger en attendant que les secours arrivent. Les douleurs qu'il ressentait un peu partout sur son corps lui avaient bien fait comprendre qu'il n'avait pas affaire à des tendres, mais plutôt à des gens sans scrupules, prêts à tout pour arriver à leur fin. Il s'était d'ailleurs découvert des muscles à des endroits que mêmes ces années de pratique intensive du basket ne lui avaient pas révélés.

Il n'avait rien mangé depuis la veille à midi. Il avait faim et soif, mais ses ravisseurs ne semblaient pas s'en préoccuper. Il avait mal aussi. On l'avait laissé à terre, toujours attaché de la même manière. Il ressentait de sérieuses courbatures en plus de ses blessures.

Soudain, il sentit un coup de pied violent s'abattre dans son estomac. Son souffle se coupa instantanément.

- On t'a jamais appris que ça s'faisait pas d'fixer les gens comme ça ? Surtout quand ils mangent. T'manques vraiment d'manières pour quelqu'un d'la haute.

Il ne s'était même pas rendu compte que son regard était dirigé vers eux, trop plongé dans ses pensées. Il se promit de faire plus attention à l'avenir. Il devait tout faire pour rester en vie. Ne jamais revoir Seijūrō n'était pas une option. Étant sûr des efforts de sa moitié pour le retrouver, il se devait, lui aussi, de faire ce qu'il pouvait. Confiant, il se laissa aller aux ténèbres et sombra dans l'inconscient où cet énième coup l'avait plongé. S'évanouir lui permettait de se libérer pendant un temps plus ou moins long de la douleur. Ces petits moments de répit lui faisaient quand même du bien. Comme tout le monde, il avait ses limites quant à sa résistance à la douleur et celles-ci étaient dépassées depuis un bon moment déjà.

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Akashi sursauta quand son téléphone professionnel sonna. Ce n'était pas dans ses habitudes, mais il avait l'impression de perdre le contrôle un peu plus à chaque minute qui passait. Il ne restait plus que quelques heures avant la fin de l'ultimatum et rien de nouveau ne lui était parvenu. Les hommes que son père avait mis à sa disposition étaient les bienvenus, mais il aurait aimé avoir des résultats plus rapides. Il ne se savait pas si impatient. Ses employés se rendaient bien compte de sa nervosité, mais tenaient leurs langues. Ils tenaient à leurs emplois et encore plus à leurs vies. D'un geste nerveux, le roux décrocha :

- Akashi Seijūrō.

- Nous les avons localisés, Akashi-sama.

- Bien. Où ?

- Une usine désaffectée, au nord de la ville. Ils sont dans les sous-sols.

- Vous pouvez intervenir ?

- Pas sans renfort. Si nous intervenons maintenant, nous risquons de blesser Kuroko-sama par accident, pendant l'intervention. L'espace dans lequel ils se trouvent est bien trop réduit.

- Bien, je vous envoie d'autres hommes. Mettez à profit le temps d'attente pour élaborer la meilleure stratégie possible. Je veux Kuroko-sama sain et sauf. Pour les autres, faites comme vous le pourrez. Je traduirai en justice ceux qui seront vivants et je me fiche de ceux qui ne s'en sortiront pas. Votre priorité est Kuroko-sama, est-ce bien compris ?

- Oui, Akashi-sama.

Il raccrocha avec un léger sourire. Il avait confiance en ses hommes. Il avait su s'entourer des meilleurs. Il savait qu'ils lui ramèneraient son aimé. Il savait aussi que le personnel de son père était fiable. Il ordonna à d'autres hommes de rejoindre les premiers, en leur indiquant l'endroit où se trouvait l'usine. Il demanda une tasse de thé à sa secrétaire et s'installa à son bureau. L'attente reprenait, insoutenable. Mais au moins maintenant, il savait où se trouvait son mari. Il attendait cependant d'avoir Kuroko dans ses bras et en vie pour se détendre complètement.

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Kuroko reprenait doucement conscience. Il entendait des bruits de cris et de coups. Des gens se battaient autour de lui. Il ne comprit pas tout de suite ce qu'il se passait. Un homme criait apparemment des ordres à d'autres hommes. Il ne saisit pas tout, juste "Akashi-sama" et son cerveau interpréta cette information comme étant synonyme de délivrance. Quelqu'un lui demanda comment il allait en l'appelant "Kuroko-sama". Il essaya de répondre, mais n'y parvint pas. Il se laissa donc de nouveau sombrer dans un état d'inconscience.

Les renforts arrivèrent et les hommes d'Akashi investirent les lieux avec méthode et professionnalisme. En moins de dix minutes, les ravisseurs furent maîtrisés. Sur les huit criminels, trois s'en sortirent avec quelques blessures, la plus grave étant une balle dans le bras droit. Quant aux autres, ils s'en sortirent indemnes. Les secours avaient été prévenus. Ils s'occupèrent en priorité de Kuroko, son état ayant l'air d'être le plus sérieux. Les trois autres blessés durent attendre d'autres ambulances. Akashi fut prévenu de la fin de l'intervention, ainsi que du nom de l'hôpital où son conjoint était conduit. Il ordonna dans l'instant qu'on lui prépare une voiture pour se rendre au chevet de sa moitié.

Assis à l'arrière de sa luxueuse berline, le roux ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Il se demandait dans quel état il retrouverait son homme. À quel point ses blessures pouvaient-elles être graves ? Il lui semblait que son chauffeur conduisait au ralenti ou tout du moins, beaucoup trop lentement. Il se redressa et jeta un œil au tableau de bord. Il constata alors que la vitesse était au maximum de ce qui était autorisé. Il se rassit donc dans le fond de la banquette et prit son mal en patience. Il venait de vivre les deux pires nuits de sa vie et la fatigue et le stress n'aidant pas, il avait les nerfs à fleur de peau. Il lui tardait vraiment de voir Tetsuya en chair et en os et ainsi se rassurer. Ses hommes lui avaient affirmé qu'il était en vie, mais n'avaient rien dit quant à son état. S'il n'avait pas une si bonne maîtrise de lui-même, il serait en train de se ronger les ongles. Si d'apparence, il avait l'air stoïque, à l'intérieur, il n'en était rien. Il bouillait d'impatience et la peur le rongeait un peu plus à chaque minute qui passait.

- Nous sommes arrivés, Akashi-sama.

Le rouge tourna la tête vers l'établissement et constata qu'ils étaient effectivement devant la clinique privée où sa famille avait l'habitude de se faire soigner. Il n'attendit pas que son chauffeur lui ouvre la porte. Il se précipita à l'extérieur du véhicule et entra précipitamment dans le hall d'accueil.

Il tenta de reprendre contenance, calma son souffle et demanda à l'infirmière qui se tenait à l'accueil où se trouvait Kuroko Tetsuya. Elle lui indiqua le service des urgences, en lui précisant qu'il serait mieux dirigé là-bas. Il s'y rendit en se retenant pour ne pas courir.

Une fois arrivé, il interpella une autre infirmière et lui réitéra sa demande.

- Il est dans le box 2, mais le médecin est en train de s'occuper de lui. Vous ne pourrez pas rentrer tout de suite, Akashi-sama.

- Quel médecin ?

- Le docteur Ishida.

- Bien, j'attendrai devant la porte.

- Comme vous le voudrez, Akashi-sama.

Il se dirigea vers la salle indiquée et patienta dans le couloir que l'équipe médicale ait fini son travail. Au bout de plusieurs longues minutes, un interne en sortit et le roux en profita pour lui demander des nouvelles de son mari. Il lui expliqua les différentes blessures que ses collègues et lui avaient relevé sur le corps du bleuté. Le jeune chef d'entreprise soupira discrètement de soulagement en apprenant que la vie de son conjoint n'était pas en danger. Il faudrait bien sûr quelques semaines pour que les différentes fractures se consolident et il faudrait certainement pas mal de rééducation, mais son pronostique vital n'était pas engagé. Cela enlevait un énorme poids de ses épaules. Il pouvait enfin souffler et se détendre. Ce fut plus serein qu'il patienta pour pouvoir enfin voir sa tendre moitié.

Une infirmière sortit à son tour et lui expliqua qu'ils allaient transférer Kuroko dans une chambre du service de traumatologie et qu'il pouvait d'ores et déjà aller l'y attendre. Il se rendit donc dans ladite chambre et patienta de nouveau. L'attente fut courte. Moins de cinq minutes plus tard, des brancardiers arrivaient et déposaient le blessé dans son lit. Ce dernier dormait, assommé par la morphine. Akashi lui prit la main et la porta à sa bouche. Il y déposa un doux baiser et s'autorisa une unique larme qui exprimait toute la peur qu'il avait ressentie ces dernières 48H, mais aussi tout le soulagement qu'il ressentait en cet instant. Son amour était sauf, enfin son cauchemar prenait fin.

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