Chapitre 1
KIDNAPPING
CHAPITRE 1
Kuroko sortait enfin de l'école. Il était instituteur pour une classe de moyenne section en école maternelle. Un rendez-vous avec un parent inquiet l'avait retenu plus tard que d'habitude. Ce genre de chose arrivait assez souvent et il ne pouvait pas en vouloir à ces gens de s'inquiéter pour leurs bambins. Il les enviait parfois, mais il savait que son choix de vie ne lui permettait pas d'espérer devenir parent un jour. Il se contentait donc de son boulot qui lui permettait de s'occuper quand même d'enfants. Il adorait son travail. C'était ce qu'il avait toujours rêvé de faire. Il réalisait son rêve. Il aimait aussi la vie qu'il avait construite avec son mari. Ils n'auraient jamais d'enfants ensemble, mais ils étaient heureux, tous les deux. Il s'était installé une certaine routine rassurante qui n'empêchait pourtant pas Akashi, de temps en temps, quand leurs emplois du temps le permettaient, de faire des surprises à Kuroko. Oui, il était heureux. Il ne regrettait rien de sa vie depuis qu'il avait choisi de la partager avec son rouquin d'ex-capitaine. Leur mariage sur les plages californiennes avait été le plus beau jour de sa vie. Ils avaient été entourés de tous leurs amis et même de leur famille. Il portait chaque jour fièrement son alliance gravée ST. Il ne la quittait jamais. Elle lui rappelait à chaque instant à quel point son homme était exceptionnel. Il l'aimait tellement et il était tellement aimé en retour. Il aimait son travail, mais rentrait chez lui chaque soir le sourire aux lèvres, heureux de réintégrer son doux foyer et de retrouver son cher mari.
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Akashi était encore à son bureau. Il avait encore ce dernier dossier à traiter. Et de nombreux autres pour le lendemain. Il soupira d'avance en voyant que la pile avait encore augmenté de quelques centimètres. Il regarda avec tendresse son alliance qui lui rappelait que le plus merveilleux des hommes l'attendait à la maison et que cet homme fabuleux était son mari. Il sourit si discrètement que personne ne le vit et se remit au travail. Il voulait rentrer au plus vite. Il trouvait qu'il négligeait un peu trop Kuroko, ces derniers temps, et voulait rentrer tôt ce soir, pour se faire pardonner.
Ils avaient commencé à sortir ensemble après l'Inter-lycées de leur deuxième année de lycée. Pendant un an et demi, ils ne s'étaient pas vus beaucoup. Ils communiquaient par téléphone, mail ou Skype, le plus souvent. Internet avait quand même pas mal facilité leur relation à distance, surtout avec l'aide de la webcam. Mais après leurs diplômes, pour leur entrée à l'université, ils avaient décidé d'emménager ensemble. Leur première année fut idyllique, à leurs yeux, tout du moins. Ils étudiaient beaucoup, mais savaient que l'autre n'était qu'à quelques mètres et ça, c'était le paradis pour eux. Ils savaient qu'il leur suffisait de se lever et d'ouvrir une simple porte si le manque de l'autre se faisait trop grand. Ils partageaient tous leurs repas ensemble, comme n'importe quel autre couple. Ils furent encore séparés au cours de leur deuxième année de fac. Akashi dut partir 6 mois aux États-Unis, sur ordre de son père, pour valider ses acquis en management et en éco-gestion. Les deux amoureux durent donc ressortir téléphones, boîtes mails et webcams. Après autant de contre-temps dans la mise en place de leur routine, ils furent heureux que plus rien ne vienne perturber leur projet d'être à deux, quoi qu'il arrive. Ce fut donc un Akashi fraîchement diplômé universitaire qui demanda à un Kuroko fraîchement nommé instituteur dans une école maternelle de Tōkyō de l'épouser. Ce que ce dernier accepta avec enthousiasme, en se jetant dans les bras de son nouvellement fiancé. Ils se marièrent donc sur une petite plage privée de Venice Beach, en petit comité, n'ayant invité que les amis très proches et la famille qui acceptait leur relation. C'est-à-dire pas grand monde du tout. Mais ça leur suffisait pour être heureux. Ils ne voulaient pas d'hypocrites à leurs côtés.
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Kuroko était en route pour rentrer quand il aperçut un vieux monsieur essayer de sortir un carton, qui avait l'air lourd, de son van. Il lui proposa naturellement de l'aider. Cela avait toujours été dans sa nature d'être serviable. Mais quand il fut assez proche du van, il sentit une main le pousser fortement à l'intérieur, en même temps qu'un morceau de tissu imbibé de chloroforme lui était appliqué sur le visage. En un instant, tout devint noir et le bleuté sombra dans les ténèbres.
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Akashi s'apprêtait à quitter son bureau, un dossier sous le bras, quand il entendit l'alerte sonore qui lui indiquait un nouveau mail. Soupirant, il se rassit sur son fauteuil, posa le dossier qu'il tenait et ouvrit sa messagerie. Il n'y avait rien d'écrit, juste un lien URL. Il cliqua dessus et son cœur s'arrêta de battre. Il retint son souffle et plissa les yeux. Il se demandait s'il s'agissait d'une mauvaise blague, mais la présence de son époux dans la vidéo et son état physique lui faisaient bien comprendre que c'était on ne peut plus sérieux. Kuroko avait l'air à moitié endormi. Ils avaient dû le droguer, très certainement. Il était attaché, les mains derrière le dos et les pieds ensemble, le tout relié par une corde verticale qui entravait aussi bien les membres supérieurs qu'inférieurs. Il avait des bleus sur le visage, sa lèvre inférieure saignait et sa chemise était déchirée. Ses ravisseurs essayaient tant bien que mal de lui faire lire un message, mais la drogue était encore trop présente et Kuroko n'arrivait pas à émerger du sommeil artificiel dans lequel on l'avait plongé quelques instants plus tôt. Cela lui valut un nouveau coup de poing qui enragea encore plus Akashi. Finalement, les ravisseurs se décidèrent à juste faire défiler les cartons devant la caméra, voyant qu'ils ne tireraient rien de leur otage pour le moment. Et Akashi lut avec une grande attention le message qui lui était adressé. Il en fit même des captures d'écran.
"AKASHI SEIJURO. À CAUSE DE TOI, DES PERSONNES AUXQUELLES NOUS TENIONS SONT MORTES. ELLES SE SONT SUICIDÉES PAR TA FAUTE. DES MÈRES, DES PÈRES, DES FILS, DES FILLES, DES FRÈRES, DES SŒURS. TU DOIS PAYER POUR ÇA. TU VAS SOUFFRIR AUTANT QUE NOUS AVONS SOUFFERT. TU NE REVERRAS TON MARI QUE SI TU NOUS VERSES 500 000 $ U.S. SI TU ESSAIES DE NOUS DOUBLER, NOUS NE POURRONS GARANTIR LA SURVIE DE TON MARI. NOUS N'AURONS AUCUN SCRUPULE À L'ÉLIMINER.
TU AS 48H POUR RÉUNIR LA SOMME ET LA DÉPOSER DANS LE PARC DU CENTRE-VILLE, CELUI DANS LE QUARTIER DE SHIBUYA. TU DEVRAS, ET TOI SEUL, Y ÊTRE POUR 16 H, APRÈS-DEMAIN. SI TU APPELLES LA POLICE, IL EST MORT !"
Et la connexion se coupa. L'empereur était partagé entre la rage envers les ravisseurs et le désespoir d'avoir vu dans quel état ils avaient déjà mis Kuroko en si peu de temps. Ils avaient dit 48H, cela voulait dire qu'il avait ce laps de temps pour les retrouver et leur faire payer ce qu'ils avaient fait à Tetsuya.
"La vengeance est un plat qui se mange froid" dit-on, mais pas pour Akashi. Il n'avait pas le temps. Ce serait une rage bouillonnante qui allait leur tomber dessus. Une tornade que rien ne pourrait arrêter. Ils allaient se mordre les doigts de ce qu'ils avaient fait. On ne touchait pas impunément à ce qui appartenait à AKASHI SEIJURO. Et bien sûr qu'il n'appellerait pas la police. Il n'était pas stupide.
Il décrocha son téléphone et appela tous les hommes de main qu'il avait à disposition. Il les réunit dans son bureau et leur assigna à chacun des tâches très précises. Les spécialistes informatiques travaillaient déjà sur la vidéo et le lien URL qui y menait. Ces inconnus s'étaient engagés dans une guerre sans s'en rendre compte. Une guerre qu'ils ne pouvaient pas gagner. Ils n'avaient pas dû bien se renseigner sur leur adversaire, ce qui était fatal quand l'adversaire en question était un Akashi. Le bureau du rouge s'était rapidement transformé en base stratégique. C'était de là qu'il donnait ses ordres et c'était aussi là qu'il recevait les informations de ses hommes. Il s'assura tout de même que la rançon serait réunie à temps, juste au cas où. Il n'était pas du genre à laisser les choses au hasard. Il prévoyait toujours toutes les possibilités. Et il était hors de question que quoi que ce soit lui échappe, alors que la vie de son mari était en jeu.
Tout se mettait en place assez vite, mais pas assez au goût de l'ancien capitaine. C'était le milieu de la nuit et il ne savait toujours pas où ces saletés de kidnappeurs avait caché son époux. Il culpabilisait, il se disait qu'il aurait dû insister plus pour que le bleuté accepte au moins un garde du corps. Il se disait qu'il ne l'avait pas assez protégé. S'il arrivait quoi que soit à sa moitié, il ne se le pardonnerait jamais et s'ils venaient à le tuer, il n'aurait plus aucune raison de vivre. Imaginer un monde sans Kuroko lui était impossible, alors vivre dans un monde où Kuroko ne serait plus était carrément inconcevable. Il n'en aurait jamais la force. On ne rencontre un amour comme ça qu'une seule fois en plusieurs vies.
Il devait le retrouver. NON ! Il allait le retrouver, et en vie. C'était obligatoire, indispensable pour sa propre survie, comme respirer, boire ou manger.
Il en était là dans ses réflexions quand le soleil commença à se lever. On lui proposa un thé qu'il refusa. Il ne voulait rien, n'avait envie de rien, n'avait besoin de rien, à part de Tetsuya. Son Tetsuya. Il commençait à perdre patience. Son œil gauche virait doucement au jaune/orange, signe qu'il se sentait impuissant, mais qu'il refusait catégoriquement de perdre le contrôle des événements. Il sursauta lorsque son téléphone portable vibra. Il s'en saisit rapidement, pensant que c'était l'une des équipes de terrain qui lui apportait des nouvelles. Il fut plus que déçu en voyant le nom de son père s'afficher sur l'écran. Il décrocha tout de même.
- Père, que me vaut le déplaisir de votre appel ?
- Seijūrō, toujours aussi chaleureux.
- Vous ne l'êtes pas plus que moi, à ce que je sache. Et dois-je vous rappeler que vous êtes celui qui a refusé de reconnaître mon mariage ?
- Je n'appelle pas cette union stérile un mariage. Juste un caprice de ta part pour me priver d'un héritier.
- Vous avez déjà un héritier. C'est moi. Quant à ma succession, c'est mon problème, pas le vôtre. C'est donc moi qui me chargerai de le régler. Nous avons déjà eu cette discussion. Je ne vois donc aucun intérêt à la réitérer. Si c'était pour cela que vous m'appeliez, je préfère raccrocher. J'ai des affaires plus urgentes à régler.
- Je sais.
- Et que savez-vous, exactement ?
- Je suis au courant du mail que tu as reçu il y a quelques heures.
- Et puis-je savoir comment vous l'avez su ?
- J'en ai aussi reçu un. Il stipulait que c'était une copie du tien et il y avait un lien qui menait à une vidéo.
Akashi était stupéfait. Il ne s'attendait pas à cela. Pourquoi avoir envoyé un double à son père ? Il était pourtant évident que Masaomi ne portait pas Kuroko dans son cœur. Alors en quoi le prévenir était-il utile ?
- Je me doute bien que tu te demandes pourquoi ils m'ont contacté. Je pense connaître la réponse.
- Pourriez-vous m'éclairer, dans ce cas ?
- Eh bien, dès l'instant où l'on connaît les sentiments que tu portes à cet homme, il est facile de savoir que s'en prendre à lui te blessera au plus haut point, bien plus que n'importe quoi d'autre. À partir de là, il est facile d'en déduire que te priver de lui aboutira, sans nul doute, à me priver de toi. Une réaction en chaîne, en quelque sorte.
- Je comprends. Ils s'attendent à ce que je déprime à cause de la mort de Tetsuya, voire que je me suicide, dans le meilleur des cas. Ce qui laisserait l'empire Akashi sans aucun successeur et il serait sûr de disparaître en même temps que vous.
- Je pense que c'est l'idée.
- Eh bien, ils vont être déçus. Ils m'ont gravement sous-estimé. Mais vous ne m'avez pas appelé que pour me faire part de vos théories, je me trompe ?
- Non, en effet. Je t'appelle pour te proposer mon aide. La ville est grande et tu manques certainement d'hommes de terrain. Je te propose donc de mettre mes meilleurs hommes à ta disposition.
- Et pourquoi feriez-vous cela ? Je sais que vous ne faites jamais rien pour rien.
- Tout simplement parce que je ne veux pas que mon empire disparaisse. S'il faut sauver ce "Kuroko" pour cela, eh bien soit, je m'y plierai. Certes, de façon officieuse, mais je t'aiderai.
- Je crois que je n'ai pas vraiment le choix. Je vous remercie, Père, et accepte votre offre. Je vous suis donc redevable.
Cela n'enchantait guère Akashi, mais il savait qu'il n'était pas en mesure de refuser cette aide précieuse. Le temps lui manquait bien trop pour cela. Il transmit donc à Masaomi les numéros de portables sur lesquels les chefs d'équipes pouvaient être joints, afin que les renforts sachent où les rejoindre, et raccrocha. Il savait aussi que son père ne manquerait pas de lui rappeler cette dette le moment voulu. Mais Tetsuya était en danger, il se préoccuperait donc de cela plus tard. Le plus important, à l'heure actuelle, était de retrouver son époux le plus vite possible, et sain et sauf, bien entendu.
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