•Chapitre 6.

LUNDI, 8h43.

-La police d'Atlanta essaye d'identifier les hommes qui ont cambriolé la banque de cette grande ville. Apparemment, d'après les habitants, il y aurait eu cinq cambrioleurs. On n'a toujours pas de nouvelles depuis hier après-midi. Cette affaire n'est toujours pas classée. Ah, je viens de recevoir une information très importante. Une femme blonde, environ vingt-cinq ans, appelée Lucy Johnson est recherchée, portée disparue depuis le braquage. Elle serait une survivante. La police pense qu'elle a été kidnappée par...

Antoine éteint la radio ne supportant plus écouter les infos qui diffusent toutes les deux heures. Lucy regarde par la fenêtre, le paysage défilant sous ses yeux. Ils sont sur l'autoroute depuis une bonne trentaine de minutes. Aux alentours de quatorze heures, ils arriveront à Washington, avant le coucher de soleil. Antoine sera bien content, et Lucy pensera toujours à son copain et à sa meilleure amie.

Elle a envie de s'échapper. De s'enfuir. De survivre également. Mais si elle commet une grosse erreur, elle sera sans doute morte. Antoine est dangereux, selon elle.

Ils s'arrêtent à un petit restaurant à dix heures pour manger un petit bout. Ils n'ont pas pu déjeuner ce matin, pour ne pas être démasqués par les autres clients sachant que Lucy Johnson est maintenant recherchée.

-Il te faut des nouveaux vêtements et que tu changes d'apparence sinon on sera grillés.
-Quoi ? Tu veux dire que je dois, par exemple, couper mes cheveux et changer de look vestimentaire ?
-Hmm... C'est une très bonne idée ! dit-il en sortant de sa voiture.

Lucy le rejoint, en soufflant fortement. Changer d'apparence, c'est du nouveau chez elle, elle n'a jamais pensé à ça. Ils vont d'abord dans un magasin de vêtements où Lucy achète un sweat-shirt noir, un pantalon noir troué au niveau des cuisses et des Doc Martens noirs chers.

-Ça fera soixante-cinq dollars, dit la vendeuse.

La femme donne plusieurs billets gris avant de quitter le magasin.

-Tu me rejoins au restau', lance Antoine.

Elle se change dans la voiture avec du mal. Elle fixe longuement le pistolet. Putain de merde ! Qu'est-ce que je suis en train de faire ?
Ensuite, elle entre dans un salon de coiffure.

-Bonjour.
-Bonjour. Que voulez-vous ? Changer de coiffure ou couper les pointes ? l'interroge la coiffeuse.
-Euh... Je voudrai opter un carré, c'est possible ?
-Bien sûr que oui. Allez vous installer sur ce fauteuil.

Une fois que Lucy a les cheveux mouillés et parfumés, la coiffeuse lui désigne un fauteuil roulant gris. Elle s'assit et se regarde dans le miroir. Elle va couper ses cheveux, c'est tout nouveau !

-Alors, vous voulez couper jusqu'où ?

Elle montre une photo de Nina Dobrev, -une actrice jouant dans une série,- elle veut exactement le même carré qu'elle.

-Ok, c'est parti !

Après avoir payé, elle sort du salon de coiffure. Elle observe longuement sa nouvelle coupe de cheveux dans une vitre, elle se trouve plus belle qu'avant, plus adulte et plus femme.

-Waouh, lâche-t-elle simplement.

Que va-t-il en penser, Antoine ? Il la trouvera moche ou plus jolie ? La boule formant dans sa gorge, Lucy pénètre dans le petit restaurant. Elle cherche Antoine du regard, elle le trouve en train de boire un Coca regardant la télévision placée dans un coin. Plus elle s'approche vers lui, plus son ventre gargouille. Bordel. Lorsqu'elle s'assit sur une chaise, Antoine tourne la tête et son regard se pose sur la nouvelle coupe. Il en est bouche-bée.

-Waouh, tu es... splendide.

Il n'aurait jamais cru lui dire ça. C'est son otage, son ennemie, sa victime.

-Merci, rougit-elle.

Minute... Elle rougit ? se demande Antoine. Et oui, mon cher Antoine, elle rougit à cause de ton commentaire stupide. Tu viens de lui faire un commentaire, tu lui trouves splendide. Il aurait pu lui dire qu'il la trouve belle.

-Vous voulez quelque chose ? demande une serveuse à Johnson.
-Oui, je voudrai un Oasis et une gaufre au Nutella.
-Ça marche, je vous apporte ça tout de suite, sourit-elle.

Une fois partie, Lucy baisse la tête fuyant le regard du cambrioleur.

-Tu ne manges pas ?
-Un Coca me suffit, répond-il.

Pour guise de réponse, elle acquiesce. Elle reçoit sa commande quelques minutes après.
Tout en mangeant et en buvant, les deux jeunes gens parlent de tout et de rien lorsqu'Antoine essuie une tache de Nutella au coin de la bouche de Lucy avant de lécher son doigt.

-Euh... merci.

Lucy se sent soudainement gênée et honteuse.

-Il n'y a pas de quoi.

Elle a fini de manger sa gaufre, elle peut enfin poser sa question qui lui brûle tant :

-Pourquoi avoir tué ma meilleure amie ?

Antoine contracte sa mâchoire et ses muscles. Il est mal à l'aise, il veut prendre l'air, il veut se casser, il veut partir tout de suite. Il se renferme sur lui-même.

-Lucy, c'est le moment d'en parler ?
-Ouais. Je veux tout savoir.
-Je n'ai pas envie d'en parler.
-T'es sûr ? Dans ce cas, regarde en dessous de la table.

Antoine hausse les sourcils avant de regarder lentement en dessous de la table ; il découvre avec horreur que Lucy a son arme dans sa main. Elle l'a piqué juste avant d'entrer dans le salon de coiffure. Elle l'avait bien caché dans son sweat-shirt trop grand pour elle.

-Lucy, qu'est-ce que tu fous ? Tu sais au moins manier une arme ?
-Te fous pas de ma gueule, Antoine. Réponds à ma question sinon j'hésiterai pas à tirer une putain de balle dans tes bijoux de famille.

Cette fois-ci, les rôles s'échangent. Antoine est un otage tandis que Lucy est l'ennemie.

-Ok ok. Très bien. C'est simple. J'ai tué ta meilleure amie parce qu'elle allait gâcher notre plan. Elle allait révéler à tout le monde qu'on tenait des otages et qu'on volait du fric. Si t'étais à ma place, t'aurais fait quoi ?
-Si j'étais à ta place ? (Elle se penche en avant) Je l'aurais attrapée, c'est tout. Mais pas tirer une balle dans son abdomen.

Elle range l'arme dans les poches de son sweat-shirt et se lève.

-Lève-toi, on se casse, ordonne-t-elle.

Avant de se lever à son tour, il paye. Une fois dehors, il prend Lucy à part. Ils se cachent derrière un mur où personne ne peut les voir.

-À quoi tu joues ? Et si quelqu'un t'avait vu avec mon flingue ? T'as pas pensé aux conséquences ! T'as toujours pas compris qu'il faut rester discrets ! On ne se balade pas comme ça avec une arme en plein jour ! Tout ce que je veux, c'est aller à Washington. Je ne veux pas te faire du mal.
-Moi, c'est le contraire. Je veux me rendre. Je veux retrouver ma maison et mon petit ami.
-Tu veux que je te dise ? Tu peux les oublier car ça risquera jamais !

Fâchée, elle sort l'arme et est prête à tirer. Elle sait qu'elle va commettre une erreur.

-Putain Lucy, déconne pas. Sérieux. Si tu fais ça, tu te retrouveras en prison. Et on sait tous les deux que tu n'aimerai pas être là-bas. S'il te plaît, baisse ça.

Elle tremble, elle ne sait plus quoi faire. Elle veut tuer son ennemi, mais une voix lui ordonne de ne pas commettre cet acte. Alors, elle commence à sangloter en baissant le pistolet.

-Je suis désolée.
-Tout va bien. Tout va bien.

Entre temps, Antoine récupère délicatement son revolver.

-Je suis désolée, répète Lucy.
-C'est rien, c'est pas grave.

Elle s'empresse de prendre Antoine dans ses bras en sanglotant encore plus. Sur le coup, il reste surpris, mais finit par la serrer légèrement.
Au bout de quelques secondes, Lucy se décolle de lui.

-Pardon, je voulais pas faire ça...
-Arrête de t'excuser, s'il te plaît. Bon, on se casse.
-Ouais.

Elle sèche ses larmes et monte côté passager tandis que le cambrioleur monte côté conducteur. Il démarre le moteur et reprend la route. Encore quelques heures et ils arriveront à la capitale des Etats-Unis.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top