•Chapitre 10.

MERCREDI, 12h58.

-Dom ! Thomas ! Bougez vos culs ! Y a du nouveau ! hurle Mitch.

Les deux concernés le rejoignent en une milliseconde. Dean est le dernier à arriver. Ils posent leurs regards sur la télévision qui se trouve dans le petit salon.

-L'affaire du braquage n'est toujours pas classée. Les cambrioleurs restent introuvables et inconnus. Quant à la jeune femme, Lucy Johnson, a été repérée à Washington aux côtés d'un jeune homme qui doit avoir environ vingt ans. Merci de bien vouloir suivre le témoignage d'un certain William Miller. Et par la suite, nous retrouverons le chef, Mr Harper, de la police d'Atlanta.

Dean éteint la télévision. Les autres frères fixent tous Dominic.

-Prenez tout ce qu'on a besoin et nous partons à Washington dans une heure, commande-t-il.

Ils sont prêts à se venger.

[***]

Après avoir pris une bonne douche et mis des vêtements (achetés la veille), Lucy aperçoit son reflet dans le miroir de la salle de bains. Elle a changé d'apparence et de physique. Elle a coupé ses cheveux, elle a opté un carré, elle a maigri selon elle et elle n'est plus la même personne lorsque le kidnappeur est dans ses parages.

-Qu'est-ce que je suis en train de faire ? songe-t-elle.

Elle a l'impression de connaître Antoine depuis longtemps, comme s'il n'était pas un inconnu à ses yeux. Elle lui fait confiance malgré quelques engueulades stupides et inutiles. Ce n'est plus son ennemi, mais son ami. Ça paraît complètement fou, mais vrai. Qui l'aurait cru ? Devenir pote avec un kidnappeur, un cambrioleur ?

-Lucy ! On se casse ! crie-t-il en tambourinant à la porte.
-Quoi ? Pourquoi ? lui demande-t-elle.
-Pas le temps de discuter ! Dépêche-toi !

Elle s'essuie les mains rapidement avant de quitter la salle de bains. Rassemblant toutes ses affaires, Antoine et Lucy descendent les escaliers comme si leurs vies en dépendaient. La blonde se pose beaucoup de questions auxquelles elles attendent des réponses.

-Explique-moi, Antoine ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi on doit s'en aller ?
-Continue ! dit-il en ignorant ses questions.

Lucy ne bronche pas, elle descend encore les marches. Une fois arrivés au rez-de-chaussée, Antoine donne les clés de la chambre à la dame de l'accueil. Avant de partir, Lucy prend un paquet de bonbons qui se trouvent dans un bocal. En levant la tête, elle croise le regard soupçonneux de la femme. Celle-ci commence à la dévisager et la reconnaît immédiatement. Le visage de Lucy est affiché à la télévision. Elle a tout compris.

-Merde !

Elle court vers la sortie en rejoignant son ami dans la voiture. Pendant ce temps, la dame de l'accueil appelle les flics.

Lucy ne veut pas être rattrapée maintenant, elle veut découvrir d'autres endroits et d'autres choses. Savoir qu'elle est en cavale et recherchée par deux polices américaines lui fait monter la pression. L'adrénaline est omniprésente.
Antoine allume le moteur et sort du parking.

Maintenant que le monde entier sait que Lucy Johnson se trouve à Washington, Antoine est plus que désespéré. Ils ne peuvent plus dormir dans un motel ni manger dans des restaurants. Tout le monde reconnaîtra sans doute Lucy.

-Je suis désolée, lâche-t-elle.
-C'est rien. C'est pas grave. On aurait dû faire attention et plus prudents, marmonne-t-il.
-C'est de ma faute. Où va-t-on maintenant ? demande-t-elle en ignorant son commentaire.
-J'en sais rien.

Antoine continue sa route en ne disant plus un seul mot. On entend juste des petites notes douces et aiguës provenant de la radio. Lucy pense à William, il lui manque terriblement. Elle n'imagine même pas ce qu'il doit ressentir actuellement. Sûrement du désespoir et de la mélancolie. C'est de sa faute si elle en est arrivée là. En cavale et toujours vivante. Antoine sera bientôt pourchassé lui aussi. La police d'Atlanta identifiera son visage, trouvera son nom complet et apprendra sa vie privée. Une larme roule le long de sa joue, elle l'essuie d'un revers de la manche.

Quant à Antoine, il n'en veut pas à sa nouvelle amie. Il s'en veut à lui-même, il n'aurait dû jamais emmener cette femme innocente ni l'apprendre à faire du self-défense ni à manier une arme. Il se sent coupable. Il a peur de se retrouver derrière les barreaux. Il a commis des vols. Et Lucy : aucun.

[***]

Quand le soleil se couche et qu'ils sont en plein désert, Antoine et Lucy sortent du véhicule après plusieurs heures de route. Ils n'ont aucune idée où ils sont, ils n'ont presque plus d'essence et ils n'ont rien mangé à midi. Leurs ventres crient famine.

-Heureusement que j'ai pris de la bouffe avant de partir ! s'exclame Antoine.

Ils ont seulement des paquets de chips au bacon, du chocolat au lait, des bouteilles d'eau et des bonbons. La fille et le garçon s'assoient sur le sable chaud et commencent à grignoter en contemplant le paysage et le ciel devenu orange.

-Si tu avais des pouvoirs magiques, tu choisirais quoi ? demande Antoine à Lucy.

Elle met un temps pour réfléchir.

-Connaître l'avenir. Et toi ?
-Voler comme Superman.
-Ou comme Supergirl.

Il sourit faiblement.

-On sait ce qui va nous arriver à tous les deux. On va finir par se retrouver en taule, réplique le blond.
-Ne dis pas ça. On peut encore s'échapper. On peut encore s'enfuir.
-Depuis quand veux-tu faire ça ?
-Depuis que tu m'as kidnappée. Je n'ai plus envie de rentrer chez moi.
-Tu sais que c'est dangereux ce qu'on fait ?
-Je sais et j'aime ça.

Antoine trouve que cette femme a bien changé en un jour. Hier, elle était impuissante, faible, vulnérable et aujourd'hui, elle est plus forte, sûre d'elle et confiante. Voyant qu'elle tremble légèrement dû au vent, il enlève sa veste noire et la pose doucement sur ses épaules.

-Merci, murmure la blonde.

Aux alentours de vingt-deux heures, Lucy dort à poings fermés.

-Merde. Comment je vais faire ? songe-t-il.

Antoine la porte en mode princesse en passant une main sous son cou et une autre sous ses jambes. Il se rend alors compte qu'elle est légère comme une plume. Il la pose délicatement sur la banquette arrière en prenant soin de ne pas la réveiller. Il ferme la portière et s'installe sur le siège conducteur. Il tourne sa tête à cent vingt degrés et observe longuement la jeune femme. Il la trouve tellement belle, même quand elle dort paisiblement. Il la trouve fragile. Elle ne mérite pas ça.

Alors, il commence à rouler jusqu'à trouver un autre motel sans se faire remarquer par les habitants de Richmond, qui se trouve en Virginie.

Les deux jeunes gens n'ont pas encore fini leur voyage, il vient tout juste de commencer.

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