II - Οἱ τοῦ Διός ἀετοί (partie 3)
Héphaïstos attendit encore un peu que les aigles de Zeus s'approchent, puis lança son marteau. Pandore suivit l'action de son père avec ses flèches. Aucune ne rata sa cible, mais le nombre d'ennemis était trop important.
Ils allèrent se retrouver acculés lorsque les rapaces se mirent à luire d'une brillance argentée aveuglante. Un éclair explosa subitement et les propulsa à terre.
Lorsqu'Héphaïstos et Pandore se relevèrent, les aigles avaient disparu. Un homme, à la musculature monstrueuse pour son âge manifeste et à l'imposante barbe grisonnante où dansaient des étincelles électriques jaunâtres et bleuâtres, avait pris leur place, et se gaussait en croisant les bras sur son imposant poitrail au pectoral gauche nu.
— Mon fils ! dit simplement Zeus.
Sa voix s'était exprimée calme, presque flegmatique, et pourtant avait sonné tel le tonnerre aux oreilles de Pandore qui s'était raidie en sentant la puissance du roi des dieux. Elle se trouvait si insignifiante devant lui ! Elle ne l'avait guère vu depuis bien des lustres, pourtant il la terrifiait comme au premier jour.
Quel monstre !
— Pè-Père, répondit Héphaïstos d'une voix saccadée.
Pandore regarda ce dernier. Elle vit la main qui tenait le marteau serrer férocement le manche. L'autre ne cessait de trembler, comme pris de tétanie, et des étincelles pourpres fusaient de ses ongles noircis et brisés. Elle comprit que son père était tiraillé entre la peur et son devoir envers Athéna et Daímôn.
— Où est cet insipide Parjure de l'Olympe ? cet assassin des dieux et des hommes ? siffla Zeus avec colère.
Héphaïstos ne pipa mot, tout comme Pandore. Le dieu du Feu se contenta de toiser son père d'un regard dur.
Zeus rit à gorge déployée.
— Par tous les dieux, oserais-tu m'affronter, mon fils ?
Ces deux derniers mots et le ton ironique du roi des dieux firent mouche sur Héphaïstos.
Misérable !
Sur l'Olympe, peu après la découverte de l'acte odieux qu'Héra avait commis en jetant Héphaïstos du haut de la montagne, petit bébé bossu et incroyablement laid, les commérages avaient peu à peu empli les bouches. D'aucuns avaient proféré que la reine des dieux, pour se venger des multiples tromperies charnelles de son mari, avait décidé d'enfanter seule. Elle aurait alors mis au monde ce nourrisson boiteux, courbé, image imparfaite de l'être humain, car la femme, même déesse, ne pouvait enfanter seule, tout comme l'homme. Héphaïstos avait ouï cette histoire peu de temps après qu'il fut revenu sur le mont Olympe. Zeus n'avait jamais démenti cette odieuse affabulation, quand bien même l'eut-il fait monter sur la montagne et marié à la merveilleuse Aphrodite. C'était son pire cauchemar, et sa plus grande honte.
— Partez, Zeus ! se manifesta alors la voix de Pandore, coupant court les pensées de son père.
Zeus la toisa avec dégoût. Dieux, qu'il détestait cette misérable petite créature dont il avait instigué la création ! Elle n'avait même pas réussi à accomplir la mission pour laquelle on lui avait insufflé la vie. Zeus se demandait toujours la raison pour laquelle elle respirait encore. Il y remédierait maintenant !
— Tais-toi, misérable monstre ! tonna-t-il. Tu n'es qu'une infamie !
Le cri d'Héphaïstos qui suivit arracha un profond frisson à Pandore. Son père frappa subitement Zeus avec son marteau.
Le dieu des dieux fut propulsé en arrière avec force. Il percuta le sol et se releva aussitôt, le faciès cramoisi. Son « fils » avait osé ne serait-ce que le toucher !
Il chargea ses mains d'une énergie électrique crépitante et darda un éclair sur Héphaïstos, qui malgré sa corpulence difforme et sa lenteur, parvint à l'esquiver. La foudre explosa non loin de Pandore. La décharge qu'elle ressentit fut suffisante pour que ses jambes flageolent dans un premier temps puis se dérobent.
— Pandore ! hurla Héphaïstos.
Lorsqu'il fit volte-face vers son père, un orbe incandescent éclot et fusa vers l'ennemi. Zeus se contenta de le faucher d'un revers de main étincelant et fonça vers le Bossu avec vélocité. Il le saisit au visage et le plaqua férocement au sol. Héphaïstos sentit une douleur aiguë irradier dans tout son corps. Il se releva avec peine et toisa son père. Le mépris brillait dans ses yeux !
— Tu oses donc me défier ! tempêta le dieu du Ciel. (De violents éclairs zébraient de ses poils et ses cheveux.) Paies-en le prix, infirme !
Zeus fit apparaître un éclair dans sa main. Le javelot électrifié s'étira sur un bon mètre. Le roi des dieux tendit son bras en arrière et lança le rayon en direction de Pandore. Héphaïstos savait pertinemment que sa fille ne survivrait pas à ce nouveau choc. Alors, sans crier gare, il se projeta en bouclier humain et reçut l'éclair de plein fouet.
Il retomba, inerte et fumant.
Le roi s'avança doucement, presque péniblement. Aucune expression particulière ne transparaissait sur son visage. Il n'était guère ravi de ce qu'il venait d'accomplir, mais la sentence devait parfois avoir lieu... Là était tout le dilemme d'un souverain. Il ne lui avait fait aucun doute que son fils protégerait son « enfant », et ce, au péril de sa vie. Mais à l'instar de bien des divinités, il n'avait pu supporter la décharge foudroyante. Seul un Primordial, comme l'avait prouvé Daímôn, en était capable.
Pandore tâta le corps, d'où s'élevaient des volutes blanches, de son père en pleurant. Elle tenta de pénétrer dans son esprit mais ne parvint à percevoir l'écho de vie dans son crâne. La vérité la frappa aussi sûrement que le châtiment d'Apollon.
Père est...
— Il n'est pas mort, infamie ! cracha Zeus sèchement.
Une vilaine grimace étira le faciès de la jeune immortelle. Sans crier gare, elle se releva, dégaina son poignard et courut aussi vite qu'elle le put sur Zeus. Celui-ci esquiva le coup de stylet avec une facilité déconcertante et lui saisit le bras. Serrant fermement, Pandore lâcha un cri de douleur. Le poignard glissa de ses doigts et tomba dans l'autre main de Zeus. Elle le toisa une dernière fois... avant de sentir une effroyable douleur dans son ventre.
Elle chut ainsi, impuissante, paralysée, sa propre dague plantée à de multiples reprises dans ses intestins. Elle ouvrit faiblement les yeux, écarlates de tristesse, assaillis par les larmes. Elle vit Zeus approcher de son père, puis s'agenouiller et le toucher du bout des doigts. Elle porta une main devant elle et souffla ces simples mots :
— Páter (Ω) ... Éros...
Héphaïstos disparut alors avec Zeus dans un éclair. Pandore, ruisselante de sang aqueux, éructa un râle déchirant
Seul répondit le rugissement tonitruant et lointain de Pûr.
(suite du chapitre 2 en suivant...)
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