0 - Πρόλογος

Au cœur de l'Olympiéion (Ψ), lové dans la chaleur féminine d'une jeune maîtresse, Zeus (Ξ) ne parvenait à trouver le sommeil. L'amour même avec sa farouche dryade (Ξ), sauvage comme une lionne et douce comme une biche, n'avait réussi à l'épuiser. Il s'y était pourtant donné à cœur joie... Elle – et peu importait son nom – s'était endormie sitôt leurs ébats terminés, un sourire de complaisance et de satisfaction aux lèvres. Zeus était renommé pour ses prouesses charnelles, amant d'une nuit fabuleuse qui laissait des souvenirs impérissables à l'élue du moment. Parfois, ce souvenir possédait deux bras, deux jambes, un cœur battant, la prestance d'un dieu dans un corps de mortel – jamais un monstre mi-humain, mi-animal ! Quel serait le résultat de son union avec une dryade ? Zeus n'avait eu d'enfant depuis fort longtemps, car il s'interdisait de féconder quelque génitrice tant que l'Âge d'Or des dieux ne brillerait, en cette époque sombre, de mille éclats.

Le plafond translucide de sa chambre à coucher – qu'il partageait très rarement ces temps-ci avec son épouse légitime, Héra (Ξ) – lui offrait une majestueuse vue sur le ciel paré de milliers d'étoiles. Le fin croissant de lune, attribut de sa fille Artémis (Ξ), surveillait pieusement les sujets de la nuit. Plusieurs nuits durant lesquelles Artémis ne dormirait pas.

Où était-elle en ce moment même ? La belle chasseresse ne s'était manifestée sur le mont Olympe (Ψ) depuis longtemps.

Sûrement lancée dans l'une de ses longues chasses avec ses vierges compagnes, songea Zeus.

Ce dernier sourit, s'imaginant parfaitement la chaste Maîtresse des Animaux cavaler après sa proie, l'arc prêt à tirer la flèche qui ne manquait jamais sa cible, toutes les adolescentes fort désirables à sa suite. Que rapporterait-elle, cette fois-ci ? Il était coutume qu'Artémis offrît à son père, le grand roi des dieux, sa plus belle prise. Zeus se souvenait du dernier tigre sibérien – une bête magnifique ! –, fauché d'un seul et unique trait en plein cœur. Fasciné par sa beauté, le dieu des dieux avait de nouveau insufflé la vie dans la carcasse, qui depuis guettait l'entrée de l'Olympiéion. Héra avait été si jalouse qu'on ne lui eût concédé cette créature au pelage brillant et souple, fruit du génie créatif d'un vieil aïeul qui, depuis des millénaires, s'était retiré dans les Cieux sans jamais vouloir, honteux, s'en séparer. Mais comment Artémis aurait-elle pu accepter de lui allouer l'animal ? La Chasseresse et la reine des dieux se haïssaient viscéralement.

Zeus se rappelait précisément l'épisode qui avait débuté les hostilités explicitement ouvertes entre sa fille et sa sœur et épouse. Étonnamment, ce n'était nullement l'acte d'Héra, ayant empêché Létô (Ξ) d'accoucher des jumeaux, qui avait poussé la sauvage Artémis à admonester la reine des dieux, mais la guerre de Troie (Ψ).

Lorsqu'Achille (Ξ) avait décidé de rejoindre le champ de bataille de la grandiose Ilion, Zeus avait soumis les Olympiens (Ξ) à descendre parmi les mortels en choisissant leur camp : les Achéens, guidés par Agamemnon (Ξ), ou les Troyens, sous l'égide de Priam (Ξ). Mais le roi des dieux n'aurait jamais deviné que les dieux se violenteraient de leurs propres mains aussi impunément. Bien sûr, les griefs entre eux étaient courants, et la débandade qu'était alors la guerre de Troie pouvait facilement les mettre en exergue.

Zeus rumina...

Tous s'étaient battus les uns avec les autres : Arès (Ξ) et Aphrodite (Ξ) s'étaient attiré les foudres d'Athéna (Ξ) ; Poséidon (Ξ) avait ouvertement provoqué Apollon (Ξ). Mais c'était surtout Héra, dans son apparat de marâtre intraitable, qui avait frappé Artémis avec son propre carquois, telle une jeune fille impudente qui méritait une sévère et humiliante correction :

« Comment oses-tu, gamine, te dresser devant moi ? Ne crois pas que le simple port de ton arc te permet d'affronter l'ardeur qui gonfle mes veines royales ! Bien que Zeus ton père t'eût octroyé le droit de vie ou de mort sur les parturientes comme bon te plaît, mieux vaut pour toi de rester dans tes jeux de chasse loin en plein cœur des forêts et des montagnes aux côtés de tes vierges compagnes, plutôt que de combattre là où seuls les adultes à la force vive et la sagacité irréfragable imposent leur droit ! Mais si tu veux connaître le goût de la guerre, voici une leçon qui te fera ainsi réfléchir sur tes véritables désirs, gamine, toi qui s'opposes à mon ardeur royale ! »

L'intrépide Artémis, appelant au combat, s'était réfugiée dans les jupons de son père en sanglots, ordonnant qu'Héra soit punie pour son geste.

En y repensant, Zeus trouvait la situation risible : la si farouche Artémis simplement relayée au rang de petite capricieuse. Qu'avait bien pu penser sa mère lorsqu'elle l'avait vue ainsi ? Toujours est-il qu'Artémis, depuis ce jour, vouait à Héra une aversion qui semblait à jamais inextinguible. Et le roi des dieux la comprenait fort bien : Héra était certainement la déité la plus amère sur le mont Olympe, plus encore que leur fils Arès, dieu de la Guerre...

Une bonne épouse et un bon fils tout de même...

La dryade remua. Zeus posa une main sur ses fesses et les caressa longuement. Sa peau était si douce, si tendre, si jeune... L'esprit du chêne souffla de plaisir et se serra plus fort contre l'Olympien avant d'ouvrir les yeux.

Des yeux si verts, songea Zeus en se perdant dans les iris.

— Qu'y a-t-il, mon roi ? Vous me semblez préoccupé.

— Un souverain l'est toujours lorsque l'eirếnê (Ω) ne gouverne pas à ses côtés.

La dryade se redressa, laissant le dieu profiter de la rondeur exquise de ses seins. Celui-ci se surprit à les saisir instinctivement et à caresser lascivement les mamelons.

— Peut-être pourrais-je une fois encore vous satisfaire et ainsi vous priver de ces instants pénibles ? susurra l'esprit du chêne d'un sourire espiègle.

Zeus leva les yeux au ciel : toutes les nymphes (Ξ) ne pensaient décidément qu'au plaisir charnel. Et si la fortune leur souriait dans les bras d'un Olympien, alors elles s'abandonnaient totalement, sans même réfléchir.

Pourquoi pas... Alors, de ses musculeux bras, Zeus souleva la dryade et la posa sur sa taille. Ses lèvres effleurèrent son cou, son menton...

Puis il se laissa guider.

Une heure plus tard, Zeus quitta le lit et le corps de son amante. Il marcha décisivement vers la salle du Conseil, au sommet de l'Olympe, et s'assit sciemment sur son trône. Il regarda, au loin, l'aube qui paresseusement se levait, gratifiant le monde de ses douces premières chaleurs. Un nouveau jour, une nouvelle heure, de nouvelles épreuves... et une légion d'anicroches dans son règne !

Le chaos était à ses portes depuis que sa fille Athéna avait ramené ce misérable énergumène sur la montagne sacrée. Zeus rêvait tant de le pulvériser d'un simple éclair... Mais même s'il refusait de se l'avouer, il savait au fond de lui que cela ne suffirait pas. Fort, jouissant du sang du Premier, son ennemi était bien le plus difficile à abattre. Pis, il avait réussi à berner nombre de divinités, s'en était affilié d'autres qui avaient décidé de le protéger, en dépit des lois que Zeus avait dictées.

Mais un jour, tout changerait. Il périrait, et Zeus sentait déjà la grande satisfaction que sa mort lui conférerait !

Alors, derrière lui, il entendit les pas rapides et la respiration saccadée de son philanthrope de fils, Hermès (Ξ). Toujours aussi peu vêtu, les cheveux plus brillants que jamais dans la pénombre de l'aurore, le godelureau ne s'arrêta qu'au pied du trône de son père.

— Divin et royal Père, je suis porteur de merveilleuses nouvelles !

— Qu'as-tu donc à m'apprendre, mon fils ?

Hermès, messager attitré des dieux, lui apportaient toujours quantités d'informations diverses chaque jour. Elles n'étaient généralement que des plaintes détestables de toutes les divinités qu'il gouvernait, problèmes qu'il ne prenait que rarement le temps de régler.

— Nous l'avons trouvé. Le Parjure de l'Olympe !

Zeus se leva d'un bond.

— Où ?

— Non loin de la frontière entre la France et l'Italie, au mont Thabor, au cœur d'une des montagnes d'Héphaïstos (Ξ).

Enfin !

Hécate(Ξ), jusqu'à maintenant, avait réussi à camoufler sa présence dans le monde des mortels avec sa magie. Mais depuis qu'elle était enchaînée au cœur de l'Épire, loin de tous et inaccessible, elle ne pouvait plus protéger le fils de Kháos (Ξ) !

— Tenez, Père. Voici sa position exacte.

Hermès lui tendit un parchemin comportant les coordonnées exactes du lieu où Héphaïstos avait décidé de s'installer. Zeus sourit de toutes ses dents.

— Que cette affaire ne s'ébruite pas ! fit-il. Il est temps que je m'occupe personnellement du Parjure !

Hermès opina du chef, les yeux brillants de malice, et regarda son père disparaître dans un éclair fulgurant.

— La mort te cueillera bientôt, Daímôn (Ω) !


Fin du prologue

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