Chapitre 9 : De justesse !
Julien courait dans la pseudo-forêt. Il arriva alors à l'endroit qu'il avait déjà vu. Des tas de pierre, comme partout, un promontoire, des branches, et, surtout, du sang. Beaucoup de sang. Le jeune homme se mit alors à chercher. Il fouilla dans la mousse.
Il se releva soudain.
La balise était lumineuse, non ? Il n'y avait aucune feuille morte, rien pour la recouvrir et la nuit était tombée. Il devrait la trouver sans fouiller, non ?
Il essaya de se remémorer la trajectoire de la balise lorsque Shaya l'avait percuté. Elle était allée vers le promontoire, ça, c'était sûr. Il regarda alors par là-bas. Il fouilla du regard chaque parcelle de mousse, espérant voir une lueur bleu poindre.
Fatigué, il se redressa un instant, ferma les yeux pour se reposer. Il repensa soudain à Shaya. Il ne devait pas se reposer un instant tandis qu'elle mourrait loin de lui. Il ouvrit les yeux en vitesse et fut attiré par une lueur bleue.
Le jeune homme tourna rapidement la tête et aperçut, une cinquantaine de mètres plus loin, une ellipse blanche avec un cœur bleu lumineux.
C'était la balise.
Il s'élança sans réfléchir, et s'agenouilla près de l'émetteur perdu. Il aurait bien savouré cet instant si son amie n'était pas en train d'agoniser quelques kilomètres plus loin.
Il saisit l'objet et l'enfouit entre ses bras, comme pour l'empêcher de s'enfuir.
Le jeune homme commença alors à courir le plus vite possible, dans la direction où son GPS relié à la balise centrale lui disait d'aller. Sa course effrénée dura environ un quart d'heure. Ses jambes souffraient de courir ainsi, mais il ne pouvait pas se permettre de se reposer ne serait-ce qu'une seconde.
Il se demandait s'il n'allait pas s'évanouir, quand il vit une forme allongée, saignante, aux cheveux roux à l'horizon.
Ne prêtant pas attention à ses points de côtés prononcés ni à ses jambes endolories, il redoubla de vitesse, pour atteindre la blessée au plus vite.
-Shaya ! J'ai la balise ! S'écria-t-il, autant pour la rassurer que pour se rassurer lui-même.
-Poses-la...
-Oui, oui.
Le jeune homme posa la balise à l'endroit indiqué, puis sortit en vitesse son émetteur-récepteur.
-Xiaoyu ! Cria-t-il.
La jeune fille était en pleurs, mais il n'y prêta pas attention.
-Julien ?
-Xiaoyu, appelles le vaisseau... Et dis-leur qu'ils peuvent se poser, et qu'ils faut qu'il envoient des médecins rapidement au coin avant gauche.
Julien interrompit le signal avant d'avoir reçut une quelconque réponse.
Il s'approcha de la blessée.
-Shaya... ça va ?
Il passa son bras derrière ses épaules pour la redresser légèrement et posa sa main retournée sur le front de son amie pour prendre sa fièvre.
-Julien...
-Oui ?
Shaya se redressa un peu plus, saisit le visage de Julien entre ses mains et posa ses lèvres sur les siennes.
Julien ne put s'empêcher d'exprimer sa surprise en écarquillant les yeux sur toute leur longueur. Des frissons parcouraient tout son corps, et les tièdes lèvres de la jeune fille restaient soudées aux siennes. Il se posa d'abord plusieurs questions, puis finit par prendre la tête de la rousse dans sa main libre et à l'embrasser à son tour.
Il fut sorti de sa rêverie amoureuse par un immense courant d'air et un bruit assourdissant.
Il tourna la tête.
C'était le vaisseau qui venait de se poser. À peine avait-il touché le sol que les portes avant-gauche s'ouvrirent et qu'une nuée de médecins avec un brancard sortirent en vitesse.
Ils prirent délicatement la jeune femme et la posèrent, avant de la recouvrir d'une couverture. Ils lui mirent un masque à oxygène, puis se dépêchèrent de la rentrer.
-Monsieur, vous êtes blessé aussi ? Demanda un des médecins.
-Oui, mais ça n'est rien, soignez-la d'abord, répondit Julien.
-Ne vous en faites pas, ce n'est ni la place, ni les médecins qui manquent pour la soigner. Et votre bras a l'air sacrément endommagé. Venez avec moi, ça sera mieux pour vous.
L'homme se retourna pour rentrer, mais jeta un regard admirateur au jeune homme, avant d'ajouter :
-Vous avez été très courageux... J'admire ce que vous avez fait.
Il reprit ensuite sa marche, suivit du jeune homme, un sourire de satisfaction aux lèvres.
Lorsqu'il franchit la porte ouverte, des milliers de gens étaient rassemblés pour l'accueillir.
-Bravo ! Cria l'un d'eux.
-Vous êtes nos héros !
-Vous êtes nos champions !
-Hip hip hip hourras !
Julien sentit les larmes monter à la vue de toute cette admiration, de toute cette admiration pour lui, lui le mauvais élève, celui que tout le monde apprécie mais que personne n'aime.
Il ne pouvait rien dire. Il ne pouvait que regarder les citoyens du Survie avec ses yeux rouges, gonflés par les larmes.
Il marcha ainsi jusqu'à ce que les médecins disent aux gens de partir. Il entra ensuite dans l'un des hôpitaux du vaisseau.
-Hmmm... fit le médecin après une rapide analyse.
-Qu'y a-t-il ? Demanda Julien, inquiet.
-Votre blessure n'est pas superficielle et il semblerait qu'elle soit infectée.
-C'est grave ?
-Assez, si l'on ne fait rien. Mais ne vous en faites pas, nous allons faire le nécessaire. Je vais bien désinfecter votre plaie, vous appliquer un onguent et vous donner quelques cachets. Ça sera vite réglé, ne vous en faites pas.
-D'accord...
Le médecin se dirigea vers un coin de la salle et farfouilla dans ses tiroirs avant de sortir un spray antiseptique et un coton. Il aspergea la blessure, et Julien se retint de ne pas se plaindre de la douleur que lui engendrait le liquide froid. Il avait vu la mort fondre sur lui, il pouvait bien supporter un spray, comme celui qu'avait sa mère.
Le médecin appliqua ensuite ledit onguent, une pâte blanche qui sentait les feuilles, et qui devait faire dégonfler la blessure.
Julien dût ensuite avaler quatre ignobles cachets. Le médecin ne lui apporta pour cela qu'un minuscule verre d'eau affreusement chlorée.
-C'est bon. Nous allons vous installer dans une chambre de repos avec une perfusion.
-Vous aviez dit que ça serait tout ?
-Et bien désolé, j'ai omis de préciser que vous alliez avoir une perfusion. Mais vous auriez pu vous attendre à bien pire. Vous n'aimez pas trop les perfusions ?
-Disons que je n'aime pas trop les hôpitaux. Ne le prenez pas mal, vous êtes très gentil, mais je n'aime pas rester dans un endroit où l'on soigne de graves blessés, où tout est désinfecté, où des gens sont morts...
-Très peu.
-Bon, ça n'est pas grave.
Les deux hommes se dirigèrent vers une salle où Julien s'allongea et on lui prépara sa perfusion.
-Bonne nuit, jeune homme, le salua le médecin.
La lumière s'éteignit, et Julien fut plongé dans la pénombre, et songea jusqu'à s'endormir.
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