Chapitre 8 : course-poursuite

-Bon, vu la feuille, c'est probablement une plante chlorophyllienne.

Quelle idée de vouloir étudier une plante dont personne ne connaît rien quand on n'a aucun matériel à sa disposition autre qu'un émetteur-récepteur et des sondes à eau ? On pouvait déjà voir si cette plante était constituée d'eau.

Xiaoyu sortir de sa poche un petit couteau et entailla l'épaisse tige de l'étrange plante. Elle ouvrit ensuite la petite mallette et sortit une sonde à eau. Elle l'appliqua dans la fente, et attendit quelques secondes le résultats.

Pendant cette brève attente, elle se dit que son idée était étrange. Pourquoi regarder si une plante chlorophyllienne contient de l'eau ? Elles en contiennent toutes, c'est pourquoi l'eau est un élément essentiel à la vie.

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Xiaoyu eut un hoquet de surprise. Comment était-ce possible ? Une plante sans eau ? Ou presque ? Elle devait être ailleurs. D'ailleurs, aucune sève n'avait coulé de l'entaille de la tige. Si la jeune fille entaillait plus profondément, elle risquait de couper totalement la tige. La sève devait être à l'intérieur de cette paroi rigide. Il y avait probablement de l'eau dedans. Ou dans les racines, ou dans la feuille, mais il y en avait forcément quelque part.

Malencontreusement, la feuille était bien trop haute pour que la petite asiatique ne puisse ne serait-ce que l'atteindre, alors l'analyser ?

La jeune fille rangea son matériel un instant et frappa de ses mains le plus fort possible dans la terre. Impossible de la creuser.

Elle ne saurait jamais. Du moins, pas avant la fin de cette mission.

Elle ne s'était pas aperçue que la nuit commençait à tomber.

Un étrange bruit retentit. C'était comme le hululement d'une chouette, mais plus aigu, et, par conséquent, plus effrayant. Surtout que Xiaoyu savait qu'il n'y avait pas de chouette sur cette planète.


Du promontoire des deux amis, on eut dit une sorte d'immense rocher, mais on pouvait bien distinguer les mouvements respiratoires de la « bête ». Si l'on observait bien, on pouvait en plus voir deux immenses pattes, probablement arrières, se détacher légèrement du reste du corps.

-Euh... Julien, qu'est-ce qu'on fait ? Chuchota Shaya, tremblotant légèrement.

-Je pense qu'on va faire demi-tour, et partir sans faire de bruit, cet animal vient peut-être de s'endormir pour de longues heures de sommeil...

Comme pour le contredire, la masse sombre remua légèrement, avant de s'étendre de tout son long et de se redresser sur ses deux pattes qui semblaient appartenir à un kangourou terrestre. L'animal sortit alors deux pattes avant, qui étaient rangées en lui comme les roues d'un avion pendant le vol, ou les griffes d'un chat pendant le repos.

Elles étaient presque aussi longues que ses pattes arrières, et la bête qui semblait toujours de pierre devait courir très vite.

Julien et Shaya étaient pétrifiés, les yeux écarquillés, le cœur battant la chamade, la respiration haletante.

L'animal s'avança lentement vers une pierre solitaire, la saisit de ses curieuses « mains », puis la posa soigneusement sur un des murets déjà constitués.

-Je déteste cette bête, chuchota Julien.

Une des deux oreilles qui ressemblaient à celles d'un félin remua.

-Je te déteste, Julien, susurra Shaya.

Le visage étrange de l'animal se tourna vers les deux amis, toujours pétrifiés. Il n'avait aucune expression, comme on pouvait s'y attendre pour un animal, mais il était clair que ça n'était pas bon signe pour les deux humains.

La bête se tourna totalement vers eux et sortit un peu plus ses pattes avant afin de les faire toucher la mousse sur laquelle reposaient déjà ses pattes arrières. Ses « genoux » se plièrent vers l'arrière, signe qu'elle prenait son élan avant de sauter, comme un chat après une souris.

Lorsqu'elle s'élança vers l'avant, indéniable prédateur poursuivant sa proie, Julien se retourna et courut le plus vite possible. Il devait le faire s'il voulait avoir une chance d'échapper à l'immense bête.

L'adrénaline lui empêchait d'avoir mal aux jambes, quand il entendit crier derrière lui.

-Julien ! Je peux pas courir ! Aide-moi !

Le jeune homme sentit tout son poids s'écraser sur lui. Il avait oublié Shaya ! Il se retourna et vit la jeune femme boiter, regardant successivement le monstre derrière elle et son ami, d'un air terrifié.

Elle voulut aller plus vite et s'effondra par terre. Elle se retourna vers le monstre qui s'était arrêté derrière elle et leva les bras devant sa tête comme pour se protéger. La bête prit la jeune fille entre ses crocs, la faisant hurler de douleur.

Julien écarquilla les yeux et commença lui aussi à hurler, rongé par les remords de n'avoir pensé qu'à lui.

-SHAYAAAA ! S'époumona-t-il.

Sa tête et ses jambes retombaient sous le poids de la gravité, comme s'il ne s'agissait plus que d'une poupée de chiffon.

Julien, dans un acte désespéré, ramassa un cailloux et le jeta sur l'immense bête. Celle-ci se tourna vers lui, la gueule dégoulinant du sang de Shaya, et lâcha la jeune femme sans y prêter attention. Elle atterrit sur le sol, inconsciente ou incapable de bouger.

Julien sentit son cœur le lâcher, la bête se dirigeait vers lui à une vitesse que le jeune homme ne pouvait atteindre. Il prit alors ses jambes à son cou et courut le plus vite que ses membres endoloris le lui permettaient.

Le monstre allait le rattraper. La bête prit une grande impulsion pour lui sauter dessus, quand le sol se déroba sous ses pieds. Il eut juste le temps de s'accrocher aux rebords de terre, avant de voir la bête sombrer dans une immense crevasse.

-Je suis bien avancé, maintenant ! Râla-t-il.

Il se releva tant bien que mal, sortit de la crevasse avec maladresse. Il tenta un regard vers l'immense fossé et eut un frisson. Il avait eu de la chance d'échapper à la bête, mais s'il ne s'était pas retenu au bord, il serait probablement mort à l'heure qu'il est.

Julien tourna la tête.

Shaya.

Seule au milieu du paysage désolé de la nouvelle planète, saignant à flot, ne bougeant plus, pâle comme une morte.

-Shaya ! Hurla le jeune homme.

Il s'élança vers le corps de son ami, craignant de ne découvrir qu'un cadavre. Il arriva enfin à côté d'elle et vit le sang qui continuait de couler, la respiration rapide et pénible de la jeune fille. Au moins était-elle en vie. Mais pour combien de temps ?

-Shaya, tu vas bien ?

-Je... j'ai... mal...

-Ne t'en fais pas, je vais... je vais te porter, ne t'en fais pas.

Elle ne répondit pas, respirant toujours avec difficulté. Il saisit la fille et la prit dans ses bras, en essayant de trouver une position confortable pour la jeune fille, sans lui peser trop lourd.

Il marcha ensuite sans s'arrêter.

-Je suis désolé, Shaya. Ne meurs pas, je t'en prie. Je me sentirais responsable, si tu mourrais maintenant... Je vais me dépêcher, je trouverais la balise, et ils te soigneront. Il faut juste que tu survive pendant ce laps de temps. S'il te plaît, Shaya.

Bip... bip... bip...

Julien était arrivé à l'endroit où il aurait dû poser la balise. Il ne l'avait pas.

Il posa donc Shaya, quelques mètres plus loin.

-Shaya... Il faut que j'aille chercher la balise, lui expliqua-t-il, la voix tremblante. Ça va aller ? Je... je ne veux pas qu'il t'arrive du mal durant mon absence.

-Ne t'en fais pas, ça ira très bien.

-Super... Je ne perds pas plus de temps alors, je me dépêche... Je te promets de revenir vite, ajouta-t-il en s'éloignant.

Bip... bip... bip...

C'était l'émetteur-récepteur de Xiaoyu qui venait de retentir.

En pleine nuit ? Pensa-t-elle.

Elle sortit le petit écran et aperçut une jeune fille rousse.

-Shaya ! S'étonna-t-elle.

-Xiaoyu... Je vais mourir... Dis aux autres que je vous aime tous très fort...

-Mais Shaya ! Ne meurs pas ! On tient tous à toi ! Julien n'est pas avec toi ?

-Non, il est parti chercher la balise. Je lui ai dit que tout allait bien pour qu'il y aille... Il serait resté avec moi si je lui avait dit ce que je te dis maintenant...

-Shaya ! Qu'est-ce qui se passe ?

-Je suis blessée, Xiaoyu... J'ai été mordue par une immense bête...

La blessée tourna son émetteur-récepteur vers sa blessure, montrant à la jeune asiatique la répugnante plaie qui couvrait tout son abdomen.

Des larmes perlèrent en masse des yeux de Xiaoyu. Ainsi, son amie allait vraiment mourir ? Elle allait réellement disparaître de ce monde à tout jamais ?

-Non Shaya ! Tu n'as pas le droit de mourir comme ça !

-Je vais mourir... Sur ma planète... De ma planète... Pour ma planète... Adieu Xiaoyu... Je vous aimais tous...

-Non Shaya !

Le contact s'interrompit, laissant la jeune femme seule avec ses pleurs.

-Maudite planète ! Hurla-t-elle. Tu m'auras vraiment tout pris !


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