Chapitre 4 : quatre balises
Les cinq amis se trouvaient dans le poste de pilotage, la partie avant du vaisseau, où se trouvaient toutes les commandes de coordinations et de pilotage du vaisseau. Ils étaient englobés dans des scaphandres épais dont ils se sépareraient une fois la qualité de l'air vérifiée. Ils portaient en dessous leurs habits habituels ; un haut à col roulé sans manche gris foncé ainsi que deux longues bottes noires et des sortes de « manches » jaunâtres accrochées à ses majeurs pour Shaya ; un haut court faisant penser à un kimono avec une jupe courte et pratique pour Xiaoyu ; une longue cape noire avec en dessous pantalon et T-shirt pour Khadija ; et des tenues jean – T-shirt des plus banales pour les deux garçons.
De grosses bonbonnes d'oxygène étaient fixées dans leur dos, pour assurer leur survie en cas de mauvaise qualité de l'air.
-Voici vos sondes à dioxygène, ainsi que tous les appareils nécessaires pour mesurer la qualité de l'air, annonça Marcus Bertrand, l'homme chargé de leur préparation en tendant une petite mallette attachable aux scaphandres.
Shaya la saisit et l'attacha à sa lourde combinaison.
-Voici vos tests pour l'eau, continua-t-il en tendant une autre mallette.
Cette fois-ci, c'est Xiaoyu qui s'en empara et la fixa contre elle.
-Et voici les quatre balises.
Il tendit les quatre ellipses blanches au centre bleu, lumineuses, qui permettront au vaisseau de se poser.
Shaya se saisit de la première et l'attacha sur l'autre côté de son scaphandre, imitée par Xiaoyu, Khadija et Stéphane.
-Et moi ?! S'indigna Julien.
-Tu n'as pas de balise, mais ce n'est pas pour autant que tu n'as rien à faire. On envoie une personne de plus au cas où il y aurait un problème.
-Ah, donc je suis la roue de secours ?
-Euh... en quelque sorte, oui. Mais ne t'indignes pas, tu fais partie des cinq personnes qui vont peut-être permettre la colonisation humaine de cette nouvelle planète.
-Pourquoi peut-être ? Vous doutez de nous ?
-Non, pas de vous, de la planète. Et c'est pour ça que vous allez vérifier sa viabilité. Nous savons d'ici qu'elle est tellurique, donc les seules choses à vérifier sont l'eau et l'air. Donc vous savez ce que vous devez faire ? Nous garderons le contact avec vous, et vous nous direz quand les balises seront posées et opérationnelles. C'est compris ?
-Oui, répondit Shaya.
L'homme vissa un casque sur sa tête pour procéder à la dépressurisation, quand Chris Johnson entra, talonné par Patrick Verratti et Hellen Parker ; eux aussi en combinaisons spatiales.
-Je vous souhaite bonne chance, sourit se dernier en levant son pouce en signe d'encouragement.
-Merci, répondit Shaya. Nous allons tout faire pour réussir.
-Et surtout, leur rappela Marcus, si l'air est de bonne qualité, enlevez vos scaphandres, ils vous gêneraient plus qu'autre chose.
-Oui.
-Bonne chance, fit-il à son tour.
Les cinq amis entrèrent dans un petit module où ils furent bien à l'étroit, plutôt rond, semblait-il.
Marcus s'avança vers la porte et leur sourit une dernière fois, suivi de près par les trois directeurs, puis ferma la porte.
Un compte à rebours retentit, puis le module fut expulsé vers la planète.
Les cinq adolescents furent secoués dans tous les sens, se cognèrent contre les parois du module, mais ne se firent pas mal, protégés par les lourdes combinaisons qu'ils avaient endossées quelques minutes plus tôt.
Lorsque le module atteignit l'atmosphère de la planète, un petit bip se fit entendre et deux longues ailes se déplièrent sur les flans de la petite sphère. Il plana ensuite jusqu'à ce qu'il touche la terre ferme.
Shaya fut rassurée. La terre ferme. Au moins la planète était-elle bien tellurique.
La porte par laquelle ils étaient entrés s'ouvrit et les cinq amis, serrés comme des sardines, en sortirent avec difficulté, mais joie.
Le paysage était un mélange de vert, de brun et de violet ; le sol était recouvert d'une sorte de mousse et de petits cailloux, et d'immenses tiges vertes et violettes surmontées de feuille comme on n'en avait jamais vues sur Terre ornaient cet étrange spectacle.
N'importe quel être humain aurait ici eu l'impression d'être de la taille d'une fourmi.
-Bon, commença Shaya, on va commencer par l'air, cette combinaison me pèse, j'ai l'impression que mon poids a doublé.
Elle détacha la petite mallette, avant de réfléchir quelques secondes et de reprendre :
-En réalité, je crois que mon poids a réellement augmenté...
-Tu as trop mangé ? S'esclaffa Julien.
-Non, idiot ! Pas ma masse ! Elle est la même. Tu as pas suivi les cours de physique ? Cette planète est 1,41 fois plus grande que la Terre. La gravité artificielle du vaisseau était la même que celle de la Terre. Comme cette planète est plus grande, sa force d'attraction l'est également. Notre poids a donc augmenté. Même sans nos combinaisons, nous nous sentirions plus lourds qu'avant.
-Ça va pas être très pratique, commenta Xiaoyu.
-Je suis d'accord, continua Shaya, mais on va devoir faire avec, donc je ne vais pas me plaindre.
-Bon état d'esprit, susurra Khadija.
Déjà Shaya avait ouvert la mallette et sortait les instruments un à un.
Après plusieurs tests méticuleux, l'air fut décrété respirable.
La jeune femme ôta son casque et respira une grande bouffée d'oxygène. Elle s'empressa ensuite de se débarrasser du reste de sa combinaison, suivie par ses camarades, soulagés de voir qu'elle respirait bien.
-Bon, maintenant l'eau.
Les tests qui ne prirent pas beaucoup de temps révélèrent une eau de qualité, douce en plus, dans la « rivière » qui se trouvait en travers du champs de feuilles géantes.
-Allez. On doit maintenant trouver une surface plane. Bon, où on va ? Le terrain est assez plat, dès qu'on se sera débarrassés des feuilles, ça devrait aller. Bon, on va pas rester là.
Elle se mit en route.
Xiaoyu sortit un petit instrument, qui mesurait la toxicité des objets sur lesquels on le posait. Elle l'appuya sur la tige d'une des immenses plantes et, comme le taux de toxicité, pour un humain bien sûr, se trouvait être nul, elle appuya sa main sur la grande plante, et trouva une texture un peu particulière, semblable à celle de la rhubarbe terrestre.
-Shaya ? Demanda cette dernière.
-Oui ?
-On pourra revenir, pour voir ces plantes ?
-Évidemment. Si on ne trouve pas d'endroit où il n'y en a pas, le vaisseau va même devoir se poser dessus... Ça ne lui poserait pas de problème, mais ça serait dommage pour les plantes.
-C'est étonnant, conclut la petite asiatique.
-Bon, on va dire par là, parce que... c'est par là que se dirige la rivière, et que si on remonte à sa source, on risque de trouver une montagne.
-Oui, remarqua Julien, mais si on descend, on risque de trouver un océan !
-Oui, rétorqua Shaya, mais les balises flottent et le vaisseau peut se poser sur de l'eau. Il ne peut pas se poser sur une montagne, par contre.
Elle partit en avant, contente d'avoir gagné cette guerre intellectuelle.
-Elle m'énerve, s'indigna Julien, quand elle fut plus loin, j'ai jamais le dernier mot avec elle !
Il partit ensuite la rejoindre en accélérant le pas.
Xiaoyu, Khadija et Stéphane se regardèrent un instant, puis haussèrent les épaules, visiblement résignés à trouver la logique de leurs deux amis.
Comme la rousse l'avait prédit, le champs de feuilles se termina après quelques minutes de marche. Ils trouvèrent ensuite une grande surface recouverte seulement de quelques feuilles et autres plantes étranges. Ils marchèrent encore un instant, puis Shaya s'empara d'une sorte de bâton et traça une grande croix sur le sol caillouteux où toute nuance de vert ou de violet avait disparu. La jeune femme sortit alors une sorte de balise, mais pas du tout comme les quatre autres. Celle là était plus petite et envoyait des ondes électromagnétiques.
-Voilà. Avec celle là, on saura quand on sera au bon endroit. Elle n'est pas reliée aux balises, mais à nous et on saura la position exacte à donner aux balises. Compris ? Alors, Khadija et Stéphane, vous partez vers le Sud, puis quand vous atteignez 15 kilomètres de long, Khadija part vers l'Est et Stéphane vers l'Ouest. Xiaoyu et Julien, vous venez avec moi vers le Nord, et quand on sera à 15 kilomètres, on fera pareil ; Xiaoyu vers l'Est, Julien et moi vers l'Ouest.
-Pourquoi je viens avec toi ?
-Parce que tu crois que je vais te laisser rien foutre ? Tu viens avec moi parce que... il n'y a aucune raison, si tu veux aller avec Xiaoyu, Khadija ou Stéphane, tu peux, mais comme jusqu'ici, j'ai pris les commandes et que je m'y connais bien, je me suis dit que ça aurait été bien que tu viennes avec moi. Mais après tout, fais ce que tu veux.
Elle fit un geste négligent de la main, puis tourna le dos à la troupe et s'éloigna de quelques pas.
-Bon, d'accord. Je viens avec toi, céda-t-il.
Elle se retourna, un air de supériorité sur le visage. Elle inspira pour parler, mais à la grande surprise de tous, ne dit que :
-Bon, assez traîné. Allons-y.
Obéissant aux ordres de leur chef autoproclamée, la troupe se divisa en deux groupes, l'un partant vers le nord, l'autre vers le sud.
C'était le début d'un long périple, dont les cinq amis n'avaient pas idée.
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