Chapitre 2 : La tête dans les étoiles
-Bon, alors, vous êtes prêts à attaquer une nouvelle année ?
La voix enjouée de Shaya trahissait son envie de parler.
-Bah c'est sûr que les vacances vont me manquer ! S'écria Julien. Travailler... Tous les jours... Je suis fatigué d'avance !
Tous éclatèrent de rire, celui-ci ferait un très bon comique.
-Bah il faut bien travailler si on veut manger ! Le résonna Khadija. Tu seras obligé de travailler après, donc apprends bien et comme ça tu auras peut-être la place que tu voudras !
-Ouais...
-À propos de travail, commenta à nouveau Shaya, vous voudriez faire quoi plus tard ?
-Rien du tout, répondit nonchalamment Julien.
L'éclat de rire général se réitéra, puis Shaya répliqua, d'une voix malicieuse :
-Mais ça ça n'est pas possible, mon petit Julien !
-Je sais... C'est dommage qu'on ne fasse pas de sport ici. Tu savais que sur Terre, il y avait des gens, leur travail c'était de faire du sport ?
-Mais à quoi ça sert ?!
-À divertir les gens.
-À rien, quoi !
-Bon ! Intervint Khadija. Vous allez pas vous chamailler sur des anciennes pratiques terriennes ! On en est plus là !
-Je trouve qu'elle a raison, renchérit Stéphane. On s'en fiche un peu de ce faisaient les terriens.
-Bah c'est bien ! Il y a des gens qui passaient leur vie à faire du foot ! S'écria Julien.
-En tout cas, affirma Shaya d'une voix douce et posée, moi, je veux synchroniser l'énergie stellaire et sportive du vaisseau. Je veux faire en sorte que tout fonctionne... Ou même préparer les expéditions de nos descendants sur les planètes du système de Kepler-62 !
-Super projet, la congratula Xiaoyu.
-Merci. Tiens, on arrive.
En effet, les enclos de verre desquels apparaissaient les animaux du vaisseau. Xiaoyu, Shaya et Khadija s'avancèrent pour caresser les bête par les espaces dans les parois de verre. Julien soupira devant tant d'admiration pour de simples bêtes, tandis que Stéphane sortait son appareil photo.
Un cheval se tenait devant Khadija, animal qui avait toujours suscité l'admiration des terriens, ce que Julien ne comprenait pas. Xiaoyu, elle, caressait un beau félin aux poils longs, un chat, probablement tandis que Shaya se dirigeait vers une multitude de bêtes colossales qui semblaient toutes aussi féroces les unes que les autres.
Les cinq amis restèrent environ une heure aux côtés des animaux, à les caresser ou les prendre en photo, avant de repartir. Le soir allait tomber, leurs parents ne seraient pas contents s'ils s'attardaient ne serait-ce qu'un peu plus ici.
-Shaya ?! Où étais-tu passée ? Nous t'attendions !
Une femme d'une quarantaine d'années, aux cheveux roux et aux yeux bruns se tenait debout dans l'entrée du petit appartement.
-Mais Maman, répliqua l'intéressée, j'étais avec des amis... On est allés voir les bêtes et on a...
-Shaya !
-Mais Mam...
-Stop ! Il n'y a pas de « mais ». Tu es rentrée trop tard et tu le sais. Excuses-toi seulement.
-Maman...
-J'attends.
-Désolée.
-Es-tu sincère ?
-Bon, Maman, j'ai plus deux ans !
-Je répète : es-tu sincère ?
-Oui Maman.
-Très bien. Va à table maintenant.
La jeune femme, exaspérée par l'attitude de sa mère, se dirigea vers la longue table blanche étincelante, comme tous les objets du vaisseau.
Elle y retrouva son père, dont les rides au front et la légère calvitie trahissaient ses années supplémentaires sur sa femme. Son crâne dégarni comportait encore quelques cheveux bruns et ses yeux verts émeraude étincelants comme de vraies pierres resplendissaient au milieu de son visage vieillissant.
-Salut P'pa, lança-t-elle.
-Salut ma p'tite Shaya, lui répondit-il. Alors, comment s'est passée ta journée ?
-Oh... Bah on s'est tous présentés devant la classe et... c'est tout... Sinon je suis allée voir les animaux avec mes amis.
-Ah, tu t'es déjà fait des amis !
-Oui. J'ai rencontré une fille super sympa qui s'appelle Xiaoyu, une autre qui s'appelle Khadija, un garçon timide qui s'appelle Stéphane et un autre un peu débile qui s'appelle Julien. On a bien rigolé, tous ensemble.
-Super ma chérie.
Il fit un tendre baiser sur l'importante masse capillaire de sa fille, tandis qu'elle s'asseyait et regardait la composition du repas. Elle lui répondit par un tendre sourire qui ne fit qu'augmenter sa joie. Son père était vraiment bienveillant. Bienveillant et très gentil. Sa mère aussi l'aimait beaucoup, mais elle était plus stricte, réglementant sa vie d'adolescente excitée.
Après un copieux repas, Shaya se dirigea vers sa chambre, où l'attendait son lit. Elle s'y engouffra et attrapa un livre qui sommeillait ici depuis la veille. Elle lut rapidement le titre « Légendes du bout du monde ». Elle le rejeta négligemment. Elle opta finalement pour « Les systèmes de la Galaxie », son ouvrage préféré. Elle tourna les différentes pages lentement, comme on manierait le plus précieux des ornements avec tout l'attachement et l'excitation qu'on lui porte. Elle laissa glisser les vieilles feuilles de papier sur les différents systèmes connus, qu'elle connaissait presque aussi bien que l'ouvrage.
« Système Solaire ».
Ces mots résonnèrent dans sa tête comme la plus douce parole d'une sensible mélodie. Elle rouvrit les yeux et lut la suite, qu'elle connaissait déjà par cœur.
« Huit planètes, Quatre silicatées et quatre gazeuses. »
Elle ferma les yeux et se récita le noms de ces planètes que ses ancêtres côtoyaient mais qu'elle n'avait jamais vues.
-Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune.
Elle rouvrit les yeux. Sans fautes. Comme toujours. Quelques fois, elle regardait le ciel par les « fenêtres » du vaisseau. Fascinée par les étoiles depuis toute petite, Shaya avait appris à les repérer dans le ciel. Elle avait vu le Soleil, en tout petit. À chaque fois que le vaisseau passait près d'une étoile, la jeune femme courait aux fenêtres et prenait en notes tout ce qu'elle pouvait. Couleur, planètes, taille, et prenait des photos. Bon, on ne passait jamais très près des étoiles, sinon très peu, et la chance qu'elle assiste un jour à l'un de ces phénomènes était très rare.
Elle tourna la page.
« Proxima du Centaure »
Un sourire s'afficha sur ses lèvres.
-4,5 années lumière de la Terre, constellation du Centaure, une seule planète découverte : Proxima b, non habitable.
Les chercheurs avaient autrefois émis l'hypothèse que Proxima b eut pu être habitable. Mais cette hypothèse avait vite été éliminée après des recherches plus poussées.
Shaya, impatiente de découvrir la description de son système préféré, tourna plusieurs pages.
« Kepler-62 » lut-elle.
« Cinq planètes, Kepler-62 a : non habitable, Kepler-62 b : non habitable, Kepler-62 c : non habitable, Kepler-62 d : non habitable, Kepler-62 e : habitable, Kepler-62 f : habitable. »
Son sourire s'étirait jusqu'à ses oreilles. Ces planètes qui remplissaient tous les critères d'habitabilité étaient peut-être son avenir. Et s'ils n'étaient finalement pas habitables, qui sait ce qui leur arriverait ? Dériveraient-ils jusqu'au fin-fond de l'espace ? Ou mourraient-ils à bout de nourriture ; s'ils étaient trop loin de quelque étoile pour avoir l'énergie stellaire suffisante pour nourrir les plantes... Il n'y avait aucune chance que cela arrive durant sa vie, le système de Kepler-62 était désormais trop proche pour que son énergie n'alimente pas les plantes d'ici à ce que l'on aborde les planètes. Peut-être même mourraient-ils attirés par l'attraction de Kepler-62. Ou resteraient-ils des satellites autour d'une de ses planètes ? Au moins auraient-ils l'énergie stellaire nécessaire.
Shaya secoua la tête pour chasser ces mauvaises idées de sa tête. Elle ressentit un frisson d'excitation mêlé d'appréhension et de stress parcourir sa colonne vertébrale et fourmiller dans tout son corps.
Kepler-62.
La destination finale.
Le rêve de toute sa vie.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top