Sombres aveux
Bonsoir tout le monde, à la demande de @MiladyCoulter, il se trouve que j'ai de sombres aveux à vous faire. Cela risque d'être choquant et sanglant, il vaut mieux avoir les tripes solides pour lire ces aveux de mes plus grands méfaits. Maintenant que vous êtes avertis, c'est parti !
Cela fait un bout de temps que je me sens surveiller. A force d'écrire des récits peu innocents, j'ai développé un sixième sens pour ça. D'aucuns pourraient dire que c'est mon instinct de tueuse qui m'a avertie de ce piège de mauvais goût. Quoiqu'il en soit, je sens cette ombre qui me poursuit depuis quelques jours. J'ai fini par faire jouer mes relations pour savoir qui me traque car je déteste cette impression. La réponse à ma question m'a faite sourire. Ils veulent savoir, mais ce n'est pas ce qui leur permettra de passer à autre chose. Ils prétendront agir pour les victimes et leur entourage voulant faire leur deuil, mais je n'y crois pas un seul instant. J'y ai longuement réfléchi et ce ne serait pas forcément une mauvaise idée. Après tout, qu'ai-je à perdre ? Pensent-ils sincèrement pouvoir m'arrêter ? Même avec des aveux signés, il leur faudrait des preuves et cela fait longtemps que j'ai tout brûlé. Cet agent de pacotille ne me fait pas peur. Pourtant, s'il croit avoir sa victoire sur moi, il me laissera enfin tranquille.
Ecrire de sombres actes sous la menace de quelqu'un qui vous observe jour et nuit, c'est frustrant et ça provoque le syndrome de la page blanche. C'est uniquement pour cette raison que j'ai voulu me défaire de ce gros blaireau. Enfin, restons poli, ces messieurs ne font que leur travail. Inutile, soit dit en passant car je n'ai jamais vu de gros poisson tomber entre leurs filets. Quelle malchance pour eux que la confrérie des auteurs sanguinaires soit si soudée... Enfin, je ne dois pas me moquer de leurs idéaux de paix et de Justice, ils risqueraient de mal le prendre et de continuer de me pourrir juste pour ça. Les policiers ont une rancune tenace, ce qui n'est pas le cas des politiciens, fort heureusement pour moi.
Je m'égare, tout ce qui vous intéresse demeure ma confession. Remontons donc à cette froide journée d'hiver. Une salle mal chauffée, un breuvage infecte posée en face de moi et deux ours mal léchés. Ceux qui doivent m'interroger n'ont pas pris le temps de soigner leur allure. Allons bon, je ferais avec, mais je trouve ça insultant ! Alors que le plus jeune semble halluciner, le vieillard du groupe, le plus expérimenté, saute tout de suite dans le vif du sujet. Ne perdant pas une seconde, son séant touche à peine le dossier de sa chaise qu'il dit d'une voix forte :
« C'est bon, vous avez votre immunité alors mettez-vous à table ! Pensez à tous ces pauvres gens que vous avez torturé voire pire. C'est le moment de vous absoudre de vos péchés et de pouvoir enfin tourner la page ! C'est le moment de passer à table !
— M'absoudre ? Serait-ce un confessionnal ? me moqué-je ouvertement après avoir poussé un léger ricanement. Soyons sérieux un instant, vous n'avez pas le bon...uniforme. Mais bon, puisque vous avez tenu votre parole, je tiendrai la mienne. Je vous en prie, lieutenant, posez donc vos questions.
— Alors on commence petit. Avez-vous déjà organisé un cambriolage dans l'un de vos romans ?
— Non, c'est bien l'un des seuls méfaits dont je peux me prétendre innocente ! Hum, je devrais peut-être essayer, mais ça impliquerait que les personnages soient pauvres et c'est compliqué. A moins de faire pleurer les chaumières, je n'y vois pas le moindre intérêt....
— Charmant, passons à la suite. Je suis sûr que vous avez un personnage important qui est un criminel, n'est-ce pas ?
— Eh bien pour tout avouer, il y en a plus d'un. Ce serait seulement un crime de dévoiler la fin de romans inachevés ou pas encore partagé. C'est pour cela que je ne donnerais point de nom, mais j'ai plusieurs criminels à mon actif. En même temps, s'ils ne me ressemblaient pas un peu, je m'ennuierai comme un rat mort.
— C'est cohérent. Et la destruction, parlons-en ! D'après les rapports, vous êtes la cause de destructions de lieux importants. Vous avez même peut-être détruit des villes, hein ? C'est le moment de tout avouer !
— Hum si je dois tout avouer, j'ai juste détruit un lycée ! Mais pour ma défense, il ne tombe pas totalement en ruines ! Il est juste amoché à quelques endroits...Non, je ne me permettrai pas de détruire une ville ! Cela impliquerait que je détruise aussi son histoire, sa culture, ses trésors...Hein, les citoyens qui mourraient ? Bah ce n'est pas important, si ?
— Votre manque d'humanité me sidère !
— Merci, ce compliment me touche !
— Ah le meurtre, vous êtes réputée pour être la plus grande meurtrière romancière de ce vingt-et-unièmes siècle Kenny Grimm ! Combien de meurtres avez-vous commis en tant qu'écrivaine ? Quelle a été la nature de ces homicides ?
— Oulah, vous savez qu'on n'est pas sortis de l'auberge si je vous raconte tous les meurtres que j'ai commis ! Dans Expérience mortelle, œuvre inachevée, nous suivons les traces d'un meurtrier en série donc forcément... Je me souviens d'éventrement, d'égorgement, d'un meurtre commis avec une fourchette, d'immolation et d'éviscération. Dans Hiver de débauche, ce sont les rêves qui contiennent les morts violentes avec l'homicide involontaire de deux enfants, la décapitation d'un homme, un jeune homme tombant dans un ravin, un jeune homme pendu avec ses propres tripes, une femme qui meurt lors d'une fusillade, le meurtre volontaire de deux enfants. Dans Idylle flamboyante, les protagonistes prévoient de brûler vifs leurs ennemis. Dans Paranoception, il y a un meurtre, mais je ne me rappelle plus le type...Et dans des projets en cours d'écriture, il y de nombreuses morts violentes comme la crucifixion, la décapitation, l'éventrement et autres joyeusetés du même genre !
— Oh mon Dieu !
— Je sais, je sais, c'est épatant !
— Passons....Votre rapport mentionne aussi que vous avez organisé une bataille....Une bataille, sérieusement ??! Quel monstre pourrait commettre de telles horreurs ?
— Alors pour ma défense, il y en a une qui se déroule dans un rêve et une autre qui n'est pas encore écrite ! Donc techniquement, on ne peut pas encore m'accuser d'avoir causé la plus grande guerre de tous les temps ! J'ai vraiment hâte de l'écrire celle-là !
— Et une évasion de prison, ce n'est pas dans votre dossier, mais je suis sûr que vous l'avez fait ! Est-ce que c'était si spectaculaire que ça ?
— Alors non, vous devez me confondre avec un autre criminel car je n'ai jamais commis ce genre de délit, c'est d'une bassesse...
— Bien, vous êtes également accusée de coups et blessures. Je le vois sur vos mains, ça se voit que vous avez l'habitude de faire du mal aux autres, ne niez pas !
— Je ne vais pas nier, j'ai blessé de nombreuses âmes pures et innocentes. Néanmoins, si celles-ci ne sont pas mentionnées plus haut, c'est qu'elles ne sont pas mortes. Je n'ai pas tué Dimitri, même s'il a failli y passer deux fois, tout comme je n'ai pas tué Warren, même s'il ne finit pas dans un excellent état. Il y a aussi Meryl qui devient folle, mais elle survit. Comme quoi, je sais laisser tranquille mes personnages principaux ! Quoique...
— Y a-t-il un type de crime que j'ai oublié ? Au point où nous en sommes, vous ne perdez rien à tout avouer. Montrez au monde à quel point vous êtes dérangé !
— D'abord, je ne suis pas dérangée, j'ai juste un génie que vous avez du mal à saisir ! Ensuite, j'avoue avoir écrit le récit d'un viol par pur besoin de traumatiser le protagoniste et non le lecteur donc je ne suis pas si sadique que ça ! Sinon, j'ai beaucoup de suicides qui reviennent avec des motivations diverses et variées, le plus touchant reste celui du jeune muet car sa mort m'a permis de faire un éloge sur le pardon. Vous devriez le lire, lieutenant, ça vous permettrait de prendre du recul sur cette affaire. J'ai potentiellement séquestre des personnages et d'autres que j'ai envoyé dans des asiles pour qu'ils puissent guérir de leurs séquelles. Vous voyez que je ne suis pas un monstre ! Bon, pour les pauvres autres que j'ai torturé pour des besoins narratifs....
— Maintenant, dénoncez-moi vos complices que je puisse les interroger à leur tour !
— Je doute que ce soit simple d'aller interroger Youtube car sans leur musique, je n'aurais pas le loisir d'écouter la musique qui nourrit mon inspiration. Tout comme il faudrait interroger les producteurs de mon ordinateur, mon fournisseur de réseau, etc...Vous allez déranger plein de monde pour rien car vous ne pouvez même pas m'enfermer.
— Racontez-moi votre pire crime et je ne serai peut-être pas trop sévère à l'avenir...Ne riez pas, je suis sûr que nous serons amenés à nous revoir et cette fois, vous n'aurez aucune échappatoire !
— Je doute que vous appréciez.
— Parlez quand même !
— Si vous y tenez, mais je vous rappelle que c'est vous qui avez insisté. Mon meurtre le plus cruel et dont je suis le plus fier, ça reste le meurtre à la fourchette. En soit, le meurtre aurait pu passer à la trappe, mais le meurtrier du roman a utilisé les troubles du sommeil de la fille de sa victime pour lui mettre le dos dessus. Evidemment, les inspecteurs n'y ont pas cru une seule seconde, mais la fille a fini par y croire et s'est suicidé derrière les froids barreaux de sa cellule...Ah, je suis encore vraiment fière de ce meurtre ! Du génie à l'état pur ! Avons-nous fini cet entretien.
— Oui, mon assistant va vous raccompagner. Prenez garde à vous, un jour, je vous aurais ! Et ce jour-là, je vous jure que vous finirez vos jours en prison !
— C'est beau l'espoir, mais en général, ça ne reste que cela de l'espoir. Concnetrez-vous sur les affaires que vous pourrez vraiment élucider. Et si nos chemins venaient à se recroiser, priez pour que ce ne soit pas dans l'un de mes romans car je n'aurais aucune pitié pour vous. A bientôt, lieutenant. ».
Je lui ai adressé un sourire moqueur et insolent, je dois l'avouer. C'est peut-être pour ça qu'il s'est enragé avant que je ne parte. Par contre, j'ai été sérieuse en effaçant derière mon passage. Si je me suis retrouvée dans cette position délicate, c'est que quelqu'un m'a trahie. Hueruesement pour moi, j'ai de nombreux contacts hauts placés et l'un d'eux a retrouvé le délateur. Je sors enfin de ce commissariat de plèbe et je vais avoir une discussion intéressante avec mon cher avocat. S'il s'était montré moins bavard, il aurait certainement pu éviter cet accrochage. Ce qu'il a fait m'a vraiment mise hors de moi et il se trouve que je me suis vengée, j'en ai eu l'occasion et j'ai maquillé ça en suicide. Je ne tromperai sûrement pas le lieutenant, mais j'ai encore de nombreux crimes à commettre avant qu'il ne me remette le grapin dessus....
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