Chapitre 32
Quartier deux. Les anciens.
Ce coin était identique au quartier un, seul la population était différente ; puisque la première représentait la jeune génération et la seconde regroupait la population des plus âgés. Bien qu'il soit arrivé que des personnes âgés n'aient pas déménagé de suite, ou qu'il n'y ait plus de place en quartier un, ce qui avait conduit des jeunes dans le second lieu. Il paraît même que certaines personnes du secteur deux auraient disparu par le passé, justement parce qu'elles étaient trop âgées, afin de laisser la place au plus jeune. Encore fois, cela est une rumeurs des Rebelles. On ne saura jamais si cela est vrai ou non.
Declan et Keena traversaient les différentes rues procédant à leur ronde du jour, quand le jeune homme jeta des regards dans tous les sens et commença à diriger la sentinelle dans une direction éloignée du centre. Elle lui jeta un regard, il lui répondit de la même façon, accompagné d'un mouvement de tête. Elle ne questionna pas plus, elle avait compris. Ils se dirigeaient vers des ruines de bâtiments abandonnés, que la ville n'utilisait pas. Il arrivait parfois que certaines sentinelles jettent un œil voir s'il n'y avait pas de squatters, mais comme la population était bien docile et que ces lieux étaient toujours vides à leur visite, petit à petit la C.R.O.P lâcha du leste sur la surveillance de ces lieux, jusqu'à quasiment plus y aller à par une ou deux fois dans le mois. Le chef des sentinelles créant lui même les plannings et sachant que Nils ne se préoccupait plus vraiment de ces lieux dégradés, en ruine, abandonnés, prit possession de l'un de ces lieux pour y faire le repère des Rebelles.
Les ruines choisies n'étaient pas les premières qu'on trouvait en bout de quartier, il les avait pris un peu plus éloignées et cachées pour plus de sécurité. Après avoir longé quelques amas de pierres entassés, marché au milieu de ruines, parfois de vraies ruines au point de ne plus savoir de quoi il s'agissait réellement, d'autres un peu moins abîmées, qu'on distinguait les murs d'anciennes maisons, ou d'encadrements de portes ou de fenêtres. Il arrivait même pour les ruines les plus chanceuses d'avoir encore plus ou moins leurs vitres. Ces lieux étaient déserts et très abîmés.
Keena observait chaque lieu de part en part observant les moindres détails, découvrant les lieux, tandis que Declan lui restait bien sur ses gardes, toujours méfiant et à l'affût du moindre bruit au cas où il y aurait une embuscade. Mais c'était plutôt tranquille, il n'avait rien à craindre dans ce coin là. Arrivés près du repère, le jeune homme aux yeux bleu-verts stoppa la jeune fille à la chevelure flamboyante, mettant son bras devant elle, et lui faisant signe de ne pas faire un bruit. Il lui montra une direction, pour lui indiquer que le lieu de rendez-vous était là, puis lui fit d'autres signes pour lui signifier de ne pas bouger d'ici pendant qu'il ferait une inspection des lieux. La soldat hocha la tête en guise de réponse, se mit en position de défense en cas de besoin et mit tous ses sens en alerte, laissant le grand brun s'aventurer en solo dans les ruines.
Quelques minutes plus tard, Keena se retourna à vive allure en entendant une pierre tomber d'un tas, elle allait frapper quand elle vit Declan.
-Désolé de t'avoir fait peur, j'ai glissé. Tu peux venir, la voie est libre.
Keena s'engouffra dans la petite voie sombre qui s'ouvrait à elle, comme une sorte de tunnel, mais en surface. Ils prirent garde à bien baisser la tête quand cela était nécessaire et à se déporter à droite ou à gauche selon les besoins. Puis après quelques mètres parcourus, il souleva un grand drap opaque et lui fit signe de passer dessous, il la suivit de près. Puis il reprit la main, montrant le chemin à prendre. Ils longèrent un mur, et finirent par arriver à ce qui autre fois devait sûrement être l'étage, seulement il n'y avait plus de plancher. Seul une large et épaisse poutre rejoignait les deux extrémité, ils la traversèrent puis sautèrent par dessus un muret d'à peine un mètre et ils étaient arrivés. Le sanctuaire des Rebelles était là sous les yeux de Keena. Tous les attendaient installés sur des restes de murs, des rebords des vestiges de fenêtres ou tout simplement par terre, quand le sol le permettait. L'assemblée était composée de membres de tout âge. Cela allait de l'adolescente entre treize ou bien quinze ans aux personnes d'environ une cinquantaine d'années, le tout en passant par la vingtaine, la trentaine et la quarantaine. La déviance touchait vraiment toutes les générations sans exception et cela mit une claque à Keena qui pensait que cela touchait essentiellement la population inférieur aux quadragénaires.
Les Rebelles étaient très calmes et attendaient avec impatience ce que le chef allait leur dire. La sentinelle regardait attentivement chaque visage afin de les enregistrer. Au milieu de ceux-là, elle reconnut immédiatement la jolie brune à l'épaisse chevelure ondulée, Kate. Elles échangèrent un regard et un sourire. Elle poursuivit sa visualisation. Un couple, d'une cinquantaine d'années, les cheveux poivres et sel pour l'homme, et blanc-argenté pour la femme se dessinait sous ses yeux. Le couple semblait très uni, elle sourit et les replaça dans sa mémoire. C'était les Rivera. Gabriel et Gaby. Elle n'y avait vu que du feu, le jour de sa visite. Elle sentit comme un soulagement, et leur sourit avec un signe de tête, qu'ils lui rendirent aussitôt. Ils avaient les yeux brillants de joie et un sourire de compréhension. Ils ne semblaient pas lui en vouloir de sa mise en scène, complètement grotesque.
Declan prit la parole, il présenta d'abord sa binôme Keena, elle aussi DÉVIANTE comme tous ceux qui sont présents. Puis il aborda très vite leurs découvertes. Le fait qu'ils soient le pur produit d'une expérience après la guerre. Un projet ayant pour but d'enlever toutes formes de mal, de violence en l'Homme, afin de vivre dans un monde de paix et de bien être, ou plus personne ne devrait avoir peur de quoi que ce soit. Certains trouvaient ce projet beau et noble, mais le beau brun leur mit vite sous les yeux le problème de ce projet utopique. Pour y arriver, un groupe d'Hommes, c'était permit d'enlever toutes émotions à tous les autres, ils les contrôlaient grâce à la fameuse puce que tous ici avaient. Celle-ci enlevait tout libre arbitre aux personnes qu'ils sont. Cela n'était pas tolérable. Pourquoi eux pouvaient décider de tout et faire leurs propres choix, alors que les autres, pauvres cobayes qu'ils sont, devaient subir leurs lubies.
Il leur apprit également qu'ils n'étaient pas de Gaia, mais venaient tous d'Edeny. Puis clôtura tout cela avec l'annonce du nouveau projet de Nils. Le projet Indigo. Il leur expliqua que celui-ci consistait en un reformatage puissant et complet de tous les DÉVIANTS et qu'il était donc urgent de partir. Il poursuivit en disant :
-Je ne sais pas quand sera appliqué le projet Indigo. Mais ce que nous pouvons vous dire, c'est que les scientifiques s'activent à la tâche sous la pression de Nils. Le formatage va donc pas tarder. C'est pourquoi, je vous propose de fuir dans cinq jours. J'espère que vous avez tous pu commencer à trouver un maximum de vivres et de quoi vous tenir au chaud et dormir jusqu'à ce qu'on atteigne Edeny. Pour ceux qui n'ont pas pu venir, je compte sur vous pour leur transmettre le message. Maintenant, nous allons devoir vous laisser. Soyez prudents et soutenez-vous les uns les autres. Je vous dis à dans cinq jours, dans la zone déserte avec vos sacs à dos bien garnis. Le départ se fera dans la nuit vers deux heures du matin.
Les sentinelles répondirent aux quelques questions que certains avaient, dirent au revoir à leur amis, puis sortirent du repère en tout discrétion.
***
Au réfectoire, le groupe de Roc accompagné de Keena et Declan prenaient leur repas du soir. La salle n'était pas très pleine pour une fois, mais sûrement parce qu'il était plus tard que d'habitude. En même temps, avec les différentes rondes, le service du réfectoire devait proposer divers créneaux horaires pour que tous puissent manger. Ce qui fait qu'au final, le self était quasiment toujours ouvert, sauf en pleine nuit. Celui-ci était vide, néanmoins, les soldats y avaient quand même accès s'ils avaient besoin d'un petit quelque chose : un verre d'eau, du sucre, un café, mais jamais ils ne pourraient y manger un vraie repas.
Étant tous installés et plutôt isolés des rares groupes attablés, le duo de la journée rapportèrent aux autres leur réunion avec les Rebelles. Ils firent un nouveau point pour savoir où ils en étaient sur les préparatifs. Ils conclurent tous la même chose, ils avaient suffisamment de duvets et de vêtements chauds pour chacun d'entre eux, par contre pour ce qui était de la nourriture, ils n'avaient pas pu prendre grand chose. L'ensemble du groupe s'était essentiellement approvisionné en pommes, clémentines, barres de céréales et en bœuf séché sous plastique. Mais ils en avaient une très petite quantité, alors il décidèrent de s'en procurer encore plus sous les cinq jours à venir. Les plus à cheval sur une alimentation équilibrée, déplorait le fait de ne pouvoir avoir de légumes, et de se faire de vrais repas. Mais Declan expliqua très vite que c'était un cas de force majeur, qu'ils n'avaient pas trop de temps, ni le choix sur leur repas. Il fallait prendre des choses qui tiendraient au corps, qui soient facilement transportables, mais surtout qui puissent être consommés le plus simplement du monde. Ils n'allaient pas pouvoir faire de la grande cuisine, avec des casseroles et des poêles, et ça, ils devaient bien tous le garder en tête. Cette fuite n'allait pas être de tout repos. Ils allaient avoir froid, faim, et marcheraient beaucoup. Eux-mêmes ne savaient pas combien de kilomètres les séparaient d'Edeny. Mais quelle importance, le principale c'était de s'enfuir et de gagner Edeny pour retrouver leur liberté. Cependant, ils savaient que tout cela ne serait pas chose facile.
Après ces mises au point, ils se mirent d'accord sur le fait de prendre quelques vêtements chauds supplémentaires pour ceux qui n'auraient pu en avoir et de garnir leurs sacs à provisions autant qu'ils le pourraient.
***
Keena se réveilla en sursaut comme cela lui arrivait avant qu'elle n'ait ses fameux cachets magiques, qui l'aidaient beaucoup à avoir un sommeil plus calme à sa grande surprise. D'ailleurs en y pensant, elle n'avait plus jamais rêvé de sa famille. Était-ce à cause du cachet ? Bloquait-il son corps jusqu'à son cerveau ? Cela était un mystère. Pour ce qui est de ce soir-là, elle n'en avait pas pris, submergée par la fatigue, elle s'écroula directement dans son lit. Mais celle-ci fut de courte durée puisque la voilà en train de arpenter les couloirs de la C.R.O.P pour retrouver le sommeil. Ayant fait les cents pas à travers les différents couloirs de l'aile des quartiers, elle décida qu'aller taper un peu dans un sac, lui apporterait un peu de fatigue. Elle prit l'ascenseur, seulement en sortant elle se rendit vite compte qu'elle s'était trompée d'étage. Elle était plus endormie qu'elle ne le pensait finalement. Tandis qu'elle allait remonter, elle entendit deux voix dans le réfectoire. Elle s'avança pour mieux entendre.
-Alors, on se relève la nuit pour voler de la bouffe, dit l'un d'eux.
-Et alors, j'ai le droit d'avoir faim, en quoi ça te regarde, argua l'autre.
Keena reconnut tout de suite la seconde voix, bien qu'elle ne l'entendait pas souvent lors de leurs réunions, elle identifia aussitôt son propriétaire. C'était Hori, le féru d'informatique. Sans se poser de questions, elle entra dans la grande salle pour aller à sa rencontre. Bien sûr, il n'y avait personne dans la première pièce où se trouvaient les tablées. Les voix étaient plus loin qu'elle ne le pensait. La jeune soldat se dirigea vers les cuisines et tomba nez à nez avec un homme de taille moyenne, brun, les yeux noirs, vraiment très sombre à vous glacer le sang. Elle fit un bon en arrière de surprise et un peu de frayeur en le voyant se dessiner devant elle. Il faisait sombre, seules les petites lumières de veilles éclairaient les lieux ; mais Keena pu apercevoir une balafre qui traversait sa joue gauche. Elle pencha un peu plus la tête pour être sur de ce qu'elle voyait, mais c'était bien une longue cicatrice. Le jeune homme la toisa également puis la reconnut.
-Hé, mais c'est miss queue de diable.
-Quoi, demanda-t-elle sans comprendre, un air renfrogné.
-T'es la fille qui est intervenue l'autre jour dans le couloir et t'as sortie cette expression bizarre de queue du diable ou je ne sais quoi.
Keena ne répondit pas et le regarda, cherchant un angle de lumière pour mieux le voir, puis réfléchit et elle se rappela. C'était le garçon avec qui Jensen se battait l'autre fois.
-Ah, oui, je vois. L'expression c'est « par la queue du diable ».
-C'est marrant comme façon de dire. Je l'avais jamais entendu.
-Hmm. Sinon, il se passe quoi ici, questionna-t-elle, je n'étais même pas entrée que je vous entendais brailler comme deux gamins. Gamin était le bon mot pour les qualifier tous les deux. Bien que le génie en informatique était très posé, il était très jeune et l'autre soldat encore plus jeune.
-C'est Hori, il vient piquer de la nourriture en pleine nuit, annonça-t-il, tu trouves ça normal ?
-S'il a faim, il a le droit de se nourrir, répondit-elle du tac au tac.
-Mouais. Sauf qu'il l'a pas mangé de suite, il repartait avec sans le manger.
-Peut-être préfère-t-il le manger dans sa chambre tranquillement.
-Possible. Ça se tient, comme théorie.
-Ravie qu'elle te plaise, lança-t-elle. Maintenant, si on retournait dans nos chambres proposa-t-elle pour calmer le jeu.
-Oui, t'as raison.
Elle acquiesça d'un clignement des yeux, et fit signe à Hori de la suivre. Il le fit aussitôt. Alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie, le garçon les interpella.
-Hé ??
-Oui, dit-elle en se tournant.
-Tu sais, je ne viens pas voler de la nourriture non plus, je venais juste prendre une bouteille d'eau bien fraîche.
-D'accord, dit-elle.
***
-Hé bien ça y est, tu as officiellement rencontré Dunkan, dit Hori, une fois qu'ils étaient isolés dans l'ascenseur.
-Ah c'est donc ainsi que se prénomme le gamin.
-Oui, affirma-t-il avec un ricanement. Elle lui sourit en retour. Pourquoi l'appelles-tu gamin ?
-Tu as vu son visage juvénile malgré sa cicatrice, on voit clairement que c'est encore un adolescent.
-En effet, Dunkan est notre plus jeune recrue. Il n'a que seize ans.
-Seize ans, répéta-t-elle stupéfaite. Je comprends mieux son comportement.
Il eut un silence.
-Sinon, que fais-tu debout ?
-Après deux heures de sommeil, je me suis réveillée et je tournais en rond dans mon lit.
Toutes ces histoires de projets, de fuite. Ça me perturbe et m'angoisse. Du coup, j'ai décidé d'aller voir en cuisine si je pouvais pas trouver un peu de ravitaillement supplémentaires, expliqua-t-il.
-Je vois, fit-elle dans un souffle, en regardant vers le sol.
-Et toi ?
-Je me suis réveillée. Je n'arrivais plus à dormir même après avoir fait les cent pas, du coup j'ai décidé d'aller à la salle d'entraînement. Mais je suis moins bien réveillée que je ne le pensais et je me suis trompée d'étage, avoua-t-elle, un peu honteuse.
Hori ricana gentiment. Puis ils décidèrent de regagner chacun leur chambre et d'essayer de poursuivre leur nuit.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top