Chapitre 25
Keena prit une grande inspiration une fois dehors, devant la grande grille électrique grise, qui venait juste de se refermer après son passage. Ce portail était perpétuellement fermé, afin d'empêcher toutes intrusions dans les locaux de la C.R.O.P.
Ce matin-là, il faisait un peu plus frais que les autres jours, mais cela n'était pas étonnant vu que les saisons défilaient et qu'on s'approchait dangereusement de l'hiver. La sentinelle s'emmitoufla dans le gros manteau gris au blason de la C.R.O.P. La fermeture Éclaire remontée jusqu'en haut du cou, la capuche remontée sur le haut de la tête et des gants de même couleur que la veste, mi polaires, mi matelassés.
La soldat regarda droit devant elle, le ciel était dégagé et clair. Elle se rassura, en se disant qu'un ciel pareil était forcément un bon présage pour sa recherche, qu'elle trouverait ce qu'elle veut.
Après avoir parcourut quelques kilomètres, la jeune femme arriva dans le quartier un, celui des résidences. Elle arpenta les premières rues sans grand succès, puisque celles-ci n'avaient pas de perron, ou rien à voir avec ceux de son rêve et de ses souvenirs.
C'étaient des maisons, collées les unes aux autres, aux façades de pierres, couleur ardoise pour certaines, couleur crème pour d'autres, comportant aucune marche. Les portes conduisaient directement sur le trottoir ou bien ne possédaient qu'une toute petite marche, d'à peine deux ou trois centimètres, autant dire inexistantes.
Cela faisait deux heures que Keena sillonnait des rues similaires, quand enfin elle tomba sur une maison au perron identique à son rêve. Elle s'avança d'un pas décidé et monta les cinq-six marches, une fois face à la porte, elle frappa de façon tout aussi déterminé. Une frappe forte et sèche.
La porte s'ouvrit et fit paraître un homme d'une cinquantaine d'années. Sur le moment, elle allait s'excuser et dire qu'elle s'était trompée, mais aussitôt elle se reprit. Les souvenirs qu'elle avait d'eux étaient quand elle était toute petite, il était donc normal qu'ils aient vieilli eux aussi.
-Bonjour, puis-je rentrer pour vous poser quelques questions, s'il vous plaît ?
-Oui, bien sûr, allez-y, dit-il en s'effaçant pour la laisser entrer.
Keena entra, enleva sa capuche, ses gants et sortit son carnet pour noter.
-Je vous en prie, asseyez-vous. Voulez-vous quelque chose à boire ?
-Non, je vous remercie. Si, je suis ici, c'est au nom de la C.R.O.P.
-Nous nous en doutions, affirma la femme qui arriva dans la pièce à cet instant, venant s'installer près de son mari, posant une main sur son épaule.
-Très bien. Nous sommes en train de recenser tous les habitants. Il me faudrait donc noms, prénoms, âges et savoir si vous avez des enfants.
-Oui, très bien. Nous sommes Gabriel et Gaby Rivera. Nous avons cinquante ans et nous n'avons pas d'enfant.
-D'accord, je vous remercie. Permettez-vous que je fasse le tour du propriétaire, afin que j'évalue votre niveau de vie.
-Oui, bien sûr. Mais en quoi cela est nécessaire pour le recensement ?
-En rien, cela est pour une autre étude, autant combiner deux visites en une, plutôt que de revenir vous déranger un peu plus tard.
-Oh ! Je vois, dit Gaby. Allez-y.
Keena fit le tour de la maison, mais rien ne la mit sur la piste de ses parents, tout simplement parce qu'elle n'était pas chez-eux et elle le savait. La soldat les remercia et s'en alla.
De nouveau dehors, elle se camoufla dans son manteau et poursuivit sa recherche. La jeune femme trouva très peu de maisons qui correspondaient à ses souvenirs dans ses premières rues, et les quelques unes qu'elle croisait la conduisaient nul part. Elle tomba sur un homme d'une trentaine d'années vivant seul, puis sur un couple ayant trois enfants, deux de cinq et un de dix ans. Après ce fut un vieil homme aux cheveux blanc et aux yeux perçants, accompagné d'un magnifique sourire, qui vous donne envie de sourire en retour, alors qu'il n'y a aucune raison. Cet homme était vraiment accueillant, malgré ses soixante dix ans et sentait agréablement bon. Bien qu'il fut adorable, Keena ressortit dépitée de ne pas y trouver ses parents. Elle poursuivit son chemin et frappa encore à de multiples portes, surtout quand elle arriva dans la rue où toutes les maison étaient analogues et avaient toutes ce même perron, pareil à ses souvenirs. La sentinelle les enchaîna, une à une sans succès et sortit chaque fois un peu plus abattue.
Il lui resta une dernière maison, l'homme qui lui ouvrit aurait pu être son père avec quelques années de plus. Elle lui sourit, pensant qu'il y a des chances que ça soit son père, il lui sourit en retour.
-Bonjour, je suis de la C.R.O.P, je viens pour le recensement.
-Oui, bien sûr, rentrez, installez-vous.
-Vous vivez seul ?
-Non, ma femme ne devrait pas tarder.
-Bien. Comment vous appelez-vous ?
-John.
-Chéri, je suis rentrée, cria sa femme encore dans l'entrée.
-Dans le salon mon amour, lui répondit-il.
Sa femme rentra et lui déposa un chaste baiser. Puis, elle eu un léger temps de flottement en voyant Keena assise dans leur salon.
-Oh ! Bonjour. Sarah, enchanté, se reprit-elle très rapidement.
-Bonjour. Keena, de la C.R.O.P.
-Elle est ici pour le recensement, compléta son mari.
-Oh, oui ! Bien sûr, répondit son épouse avec un sourire.
-Vous tombez bien, je commençais seulement. Noms, prénoms, âges, etc.
-John et Sarah Linken, répondit la femme prestement.
-Âge ?
-Quarante ans pour moi et trente huit pour elle, affirma John.
-Très bien. Avez-vous des enfants ?
-Malheureusement, non. Nous n'avons pas cette chance, nous sommes stériles.
-Oh ! Pardonnez-moi, je ne savais pas.
-Il n'y a pas de mal, s'empressèrent-ils de dire ensemble.
Keena les regarda stupéfaite de voir comme ils ressemblaient à ses parents, mais avec quelques années de plus, comme le serait ses parents à l'heure d'aujourd'hui. Néanmoins, résidait un problème les prénoms et le nom n'étaient pas les mêmes. Ce n'était donc pas eux, malgré cette étrange et fantastique ressemblance.
L'homme et la femme ne semblaient pas perturbés par la façon dont Keena les regardait, d'ailleurs eux aussi, la dévisageaient avec intensité, mais elle ne s'en aperçut même pas, tellement elle était obnubilée par la ressemblance frappante avec ses propres parents, et enivrée par cette douce odeur de lilas qui émanait de la femme. Elle finit malgré tout par se reprendre et demanda :
-Avez-vous des membres de votre famille encore en vie ? Si, oui, veuillez décliner leur identité et votre lien.
-Non, nous n'avons personne de notre famille.
-D'accord, très bien. Puis-je faire le tour de votre habitation ?
Un « Euhhh... » échappa de Sarah. Tandis que son mari la prit par le bras et lui dit tout bas :
-Laisse-là visiter.
-Mais, protesta-t-elle tout bas.
-Laisse-là, je te dis, lui murmura-t-il de nouveau. Je sais ce que je fais, ajouta-t-il près de l'oreille.
Sarah hocha la tête.
-Venez, par ici, dit-elle à Keena, qui visita l'ensemble de la maison, puis sortit.
Une fois sur le trottoir la soldat se couvrit une nouvelle fois. Elle était déçue de ne pas avoir trouvé ses parents, alors qu'elle avait fait toutes les maisons au perron de ses souvenirs. Un petit perron de pierre, composé d'environ cinq ou six marches, haute d'environ quinze centimètres et surmonté de chaque côté de petits murets de pierres noircis par le temps. La sentinelle qu'elle est, ne comprenait pas comment c'était possible. Avaient-ils déménagé ?
Malgré cette déception, elle avait un petit sourire, qui soulignait ses lèvres, car ce couple ressemblait terriblement à ses parents, et cela lui emplissait le cœur d'une douce chaleur d'espoir. Cependant, elle s'interrogea sur la grande ressemblance entre ce couple et ses parents. Comment cela était-il possible ? Puis, elle laissa dériver ses pensées comme à son habitude.
Par la queue du diable ! Où sont donc mes parents ? Vivent-ils ici ? Ont-il déménagé ? Pourquoi ce couple leur ressemble tant ? Néanmoins, cela m'apporte un certain calme intérieur. Une certaine forme de paix, d'accalmie, tellement c'est incroyable. Et en même temps tout cela est perturbant et grisant, tous mes sens sont excités, je ne sais plus trop où chercher, quoi chercher, que croire, que penser. Trop de questions !
Tandis que la jeune femme réfléchissait à tout cela, elle sortit son planning pour savoir où elle doit aller. Elle se rendit compte qu'elle devait faire le tour du quartier un, puis le centre ville avec le grand centre commerciale, alors elle partit en direction de celui-ci.
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