Chapitre 20
Keena est assise dans son lit, l'oreiller immaculé, remonté dans son dos pour la maintenir. Elle regarda le verre d'eau sur sa table de chevet en polychlorure de vinyle blanc, ainsi que les cachets posés juste à côté.
Est-ce que je fais bien de les prendre ? Est-ce vraiment sans risque comme il me le promet ? Qu'est-ce que cela va vraiment me faire ? Est-ce que je vais être complètement paralysée ? Pourquoi me paralyser totalement ? Je ne me lève pas la nuit, je hurle seulement. Mais tu t'entends ma fille ? Tu hurles seulement. Est-ce vraiment normal de hurler pendant son sommeil ? Bien sûr que non. Tu déranges et effraies sûrement tout le monde avec tes conneries en plus. Allez, prend ton courage à deux mains, prend ce verre et un cachet, et avale-le. Toute façon, tu n'auras pas d'autre ni de meilleur moyen pour savoir ce qu'il en est que de les prendre. Allez, sois courageuse.
Elle prit le verre dans sa main droite, le cachet dans le creux de la gauche. Elle les observa un instant puis se lança, le cachet posé sur sa langue elle bu le grand verre d'eau pour l'avaler plus facilement. Elle reposa ce dernier, s'enfonça sous la couette grise anthracite, ferma les yeux et se laissa emporter par le sommeil.
***
-Ma fille chérie, nous sommes tellement fière de toi, lui annonça sa mère en la serrant dans ses bras.
-Et moi aussi, ajouta le père, qui prit la place de la mère une fois que celle-ci fut écartée. Je t'aime ma chérie, ne l'oublie jamais.
-Moi aussi je vous aime, répondit la jeune femme en les serrant tous les deux dans ses bras.
***
Coincée dans la voiture qui est sur le toit, Keena commença à paniquer.
-Respire, ne panique pas, se rassura-t-elle. Regarde, la voiture ne bouge plus c'est déjà ça, commenta-t-elle.
Alors qu'elle cherchait à se dégager et trouver une position bien meilleure, l'orage tonna de plus en plus fort et la fit sursauter. Et soudain, la foudre s'abattit sur le lieu de l'accident. Elle toucha d'abord les câbles électriques, qui avaient été coupés par la grue. Ceux-là, prirent vie et s'agitèrent dans tous les sens, tels des vers pour finir sur la voiture. Ces joyeux câbles dansant firent des étincelles dans tous les sens et crachèrent des bruits assourdissants. Alors Keena cria de terreur et de panique.
-A l'aide, sortez-moi de là. Aidez-moi. Je vous en prie, s'époumona-t-elle en tapant sur les parois de la voiture. Mais personne ne s'approcha, pourtant, elle voyait du monde autour. Elle voyait toutes ses paires d'yeux la fixer. Certains de terreur, d'autres de compassion, alors que les derniers ne pensaient qu'à tourner leurs vidéos sur leurs téléphones sans se soucier de la souffrance de la passagère.
Les larmes aux yeux, tambourinant au carreau, désespérée qu'on ne vienne pas l'aider, la jeune femme fut touchée une nouvelle fois par la foudre et le courant lui traversa tout le corps cette fois-ci. Elle hurla de douleur, un crie aiguë à en briser les vitres.
Juste avant de perdre connaissance, la jeune femme aperçue le creux de sa main, qui quelques minutes avant tapait dans le carreau. Celle-ci, n'était plus qu'un fragment de main, tellement l'intérieur fut brûlé par la foudre, qui s'était abattu dedans. Sous le choc, elle voulut crier, mais aucun son ne retentit. Une dernière violente secousse enveloppa tout son corps et ses yeux se fermèrent.
***
-Oh, ma tête, où suis-je ?
Elle regarda autour d'elle, les yeux mi-clos, mais ne vu rien autour, sauf un immense vide et une lumière aveuglante qui l'a fixée. Elle ne sentait quasiment pas ses membres comme s'ils étaient tous endormis. La jeune femme commença par bouger doucement les doigts pour reprendre possession petit à petit de son corps. Puis, elle sentit comme des fourmillements la parcourir dans les pieds. Fatiguée par le tambourinement dans sa tête, elle referma les yeux. C'était une douleur insupportable. C'est alors qu'un son assourdissant emplie ses oreilles, elle voulut les protéger de ses mains, mais n'arrivait pas à les bouger.
***
Bip – Bip – Bip – Bip – Bip – Bip.
Le réveil digital, réglé pour sonner à sept heures, avait une sonnerie constante et stridente. Une sonnerie aussi perçante ne pouvait avoir été conçue que pour réveiller. Elle était tellement désagréable, qu'elle réveillerait même un mort.
Keena ouvrit enfin les yeux, elle se trouvait dans sa chambre à la C.R.O.P et son réveil ne cessait de faire retentir ce bruit atroce. Elle tourna la tête. 7:05 inscrivait l'appareil. Elle leva le bras et frappa dessus pour l'éteindre.
-Merveilleuse technologie que tu es. Bénis sois-tu, s'exprima-t-elle avec bonheur.
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