Chapitre 17

-Comment c'est possible que vous soyez-là ? Est-ce vraiment avec vous que j'ai rendez-vous, interrogea-t-elle plus pour elle-même que pour l'individu en face.

-Je sais que tu te poses beaucoup de question Keena. Mais c'est bien avec moi que tu as rendez-vous. Sinon pourquoi serais-je là, au lieu et heure du rendez-vous.

      C'est vrai, ce n'est pas faux. La sentinelle se planta fermement sur ses jambes et examina le jeune femme. Elle aurait pu être là par pure coïncidence. Cela dit ça serait une sacrée coïncidence. Ou alors y a eu une fuite. Keena, bon sang, soit logique. Fuite d'où et de qui ? Tu étais la seule au courant. C'est donc impossible.

-Je sais ce que tu te dis. Que c'est impossible. Que tu ne peux pas avoir rendez-vous avec moi, pourtant, c'est le cas.

-Hmm.

-Une personne qui te veut du bien, lui rappela-t-elle.

-Hun... Cette formulation fit réagir Keena et la conduit à dévisager la femme. Comment ?

-C'est moi qui est écrit la lettre, Keena. Je t'observe lors de tes rondes et des choses ne trompes pas.

-Comme quoi ?

-On est pareille. Tu es une Hybride, Keena.

-Une quoi, s'indigna-t-elle. Non, vous mentez. Vous vous trompez.

-Sais-tu seulement ce qu'est une Hybride, avant de t'insurger de la sorte ?

-Non, c'est vrai, avoua-t-elle, un soupçon honteuse et méfiante. Qu'est-ce donc, demanda-t-elle rageuse.

-Une Hybride est un être humain, qui a été technologiquement modifié.

-Technologiquement ?

-Oui, on nous a implantés une puce dans la nuque. Pile au milieu, de façon à ce qu'elle ait un lien avec notre système nerveux, mais aussi avec notre colonne vertébrale. Cela dit, je t'avoue que je ne vois pas pourquoi ils ont tenu à ce deuxième lien, car jusqu'ici cela n'a jamais servi.

Bref... par le biais de cette puce, ils peuvent modifier notre cerveau. C'est grâce à cela, qu'ils nous effacent nos souvenirs ou nos pensées qui les gênent, et en intègrent de nouveaux de façon à ce qu'on réponde au mieux à ce qu'ils attendent. Ainsi, ils nous manipulent, nous contrôlent comme ils veulent. Et ce que vous appelez les DÉVIANTS, sont des personnes qui retrouvent leurs souvenirs, leurs émotions, qui ne sont plus tout simplement sous le contrôle de la puce. Tu comprends maintenant, demanda-t-elle.

-Hmm... C'est pour ça que vous ne vous souveniez plus de moi, quelques jours après votre arrestation.

-Oui. Ils m'ont reformatée comme ils disent. A leurs yeux, j'ai l'impression d'être un vulgaire programme informatique défaillant. En fait, non, ce n'est pas une impression, nous ne sommes que de vulgaires programmes pour eux, cracha-t-elle pleine de colère. Ils ne tiennent pas compte de notre humanité et de ce qu'on ressent, c'est bien pour ça qu'ils brident toutes émotions lors de nos formatages.

-En quoi, consiste le « formatage », interrogea-t-elle.

-En fait, ils nous injecte un tranquillisant, puis ils nous branchent à leur ordinateur par l'intermédiaire d'un casque qui lie notre puce à l'ordinateur. Puis ils font passer, je ne sais comment des messages nerveux pour introduire de nouveaux souvenirs et effacer les nôtres. Mais je suis sûre que tu sais de quoi je parle ... Keena, appela-t-elle, pour la sortir de ses pensées.

-Oui ?! Dit-elle en relevant les yeux vers la jeune femme.

-Tu sais de quoi je parle, n'est-ce pas ? Toi aussi, tu as des souvenirs passés, qui reviennent, je me trompe ?

-Non. Enfin si .... Mais comment le savez-vous ?

-Oh, j'ai tellement de choses à te raconter Keena. Es-tu prête à tout entendre ?

-Oui, bien sûr. Il faut que je sache. J'ai besoin de comprendre.

-Très bien, alors écoute-moi bien, on a peu de temps, donc je vais aller très vite.

-D'accord. Je suis prête.

-Bien. Alors pour te répondre, n'importe qui peut s'apercevoir que tu es une DÉVIANTE en regardant de façon attentive tes yeux. Les DÉVIANTS ont les iris qui deviennent d'un bleu très pâle limite translucide, lorsqu'ils ont des souvenirs qui les envahissent. Donc fait attention à tes yeux.

-Compris. Quoi d'autres, demanda-t-elle très vite, sachant que le temps lui était compté.

-Autre indication qui peut montrer qu'on a affaire à des DÉVIANTS, c'est le fait qu'ils soient plus émotifs, souvent ce qui apparaît le plus c'est de la nervosité, de la peur, de la colère et le plus courant encore, c'est un grand trouble face à ce monde, quand on reprend conscience de comment il est réellement. Ou quand on est assailli de souvenirs intenses.

-Comme vous lors de ma première intervention, lorsque vous criiez que votre fils n'était pas normal.

-Exactement. Mais ces crises ne sont pas toutes aussi fortes et aussi voyantes. La plus part de ceux qui se réveillent, le gardent souvent pour eux, car ils comprennent très vite, que s'ils en parlent, il va leur arriver quelque chose. Comme toi. Tu en as parlé à personne, .... n'est-ce pas ?!

-... Non, finit-elle par cracher avec difficulté. Enfin...

-Enfin quoi ?

-J'ai essayé une fois de parler au Docteur Sybille, mais elle ne m'a pas trop écoutée... alors qu'elle prononçait sa phrase, Keena repensa à ce qui c'était passé et la suite de sa phrase mourut dans l'œuf.

      Non, je ne peux pas y croire. Par la queue du diable, elle ne m'aurait pas fait ça ?!

      Un claquement de doigts la ramena à elle.

-Ce n'est pas le moment de te perdre dans tes pensées. On n'a peu de temps, je te rappelle. Que t'arrive-t-il ?

-Et bien, je crois que le Docteur m'a déjà formatée. La fois où je lui ai parlé qu'il me manquait comme des informations sur ma vie. Je suis allée dans son cabinet, elle m'a fait passer des examens, et là, c'est le trou noir. Je me suis réveillée bien plus tard dans ma chambre. Mais ils m'ont tous soutenue que je mettais évanouie et cognée; et que vu mon accident d'il y a peu de temps, ce n'est pas anormal et que j'avais besoin de repos.

-Ils t'ont menti, méfie-toi d'eux tous, Keena.

-... d'autres infos ?

-Les dernières que j'ai sont que nous sommes marqués comme du bétail.

      La sentinelle écarquilla grands les yeux à l'annonce du propos.

-Je vois que tu ne l'as pas vu. Cela ne m'étonne pas en même temps. A l'endroit où nous a été implanté notre puce, nous possédons un tatouage.

      La jeune femme se retourna, baissa un maximum son vêtement et passa l'ensemble de sa chevelure sur son épaule droite pour donner de la visibilité sur son tatouage.

      Keena tendit la main vers le symbole noir représentant un gêne dans un cercle noir épais. Stupéfaite par le symbole, elle y posa deux doigts pour le toucher comme pour voir s'il était réel, qu'elle ne rêvait pas. Mais il était bien présent, encré dans la peau de l'interlocutrice.

-Tu vois, finit par dire la femme, en remontant son pardessus à capuche et revenant face à la sentinelle. Regarde tout à l'heure en rentrant, lui conseilla-t-elle. Tu as le même, assura-t-elle.

-Je regarderai.

-Je pense que celui-ci leur permet de retrouver plus facilement l'emplacement de la puce, mais ils les aident aussi à nous différencier des PURS et peut-être d'autres qu'en savons-nous, après tout.

-Les PURS, répéta-t-elle bien plus pour en savoir d'avantage que pour l'enregistrer.

-Ce sont les humains non pucés, possédant leur libre arbitre. Libre de penser, vivre, choisir ce qu'ils veulent faire. Ils sont en pleine possession de leurs moyens quand ils décident de leurs actes aussi ignobles soient-ils. Ces gens-là, n'ont pas d'âme, tu comprends.

      Keena encaissa ces dernières informations, mais commença à se sentir de plus en plus mal. Elle eu l'impression de se prendre un bus de plein fouet. Son cœur gonfla et devint lourd comme la pierre. Ses poumons étaient comme serrés de plus en plus fort, comprimés dans sa cage thoracique. Elle manqua une inspiration, puis deux et enfin toutes les suivantes. Elle commença à avoir la tête qui tourna, et ses jambes se dérobèrent sous elle.

      Ses pensées tourbillonnèrent dans tous les sens, se rendant compte que ceux qu'elle servait avec tant de fierté n'étaient pas les bonnes personnes. Ce en quoi elle croyait, ce pourquoi elle pensait se battre n'existait pas.

      Han... Par la queue du diable, cela est donc vrai. Comment ai-je pu passer à côté du mien ? Il est vrai que je suis rarement devant un miroir et je me regarde encore moins de dos.

-C'est une vraie claque, arriva-t-elle finalement à souffler si bas que ce fut à peine audible.

      C'est à ce moment-là, que la grande brune la gifla si fort que le claquement raisonna entre les arbres. Suffisamment fort pour sortir Keena de sa torpeur, mais pas trop pour ne pas la blesser.

-Nous n'avons plus de temps, il faut que tu rentres et moi aussi. Mais il faut que tu saches une dernière chose. Je suis presque sûre qu'ils font des expériences à la C.R.O.P ou alors c'est les puces qui ont créé des problèmes. Mais en 10 ans, plusieurs personnes ont disparu. Certaines d'elles étaient atteintes de folie, elles disaient entendre des voix, tandis que les autres n'avaient jamais rien laisser entrevoir et pourtant un jour, elles se sont suicidés. Mais ça, c'est ce qui a été raconté, on ne connaît pas vraiment les faits.

-ON, répéta Keena surprise. Qui ça, ON ?

-Il n'y a plus le temps, lança la femme en remettant sa capuche et s'éloignant en courant vers le fond de la forêt.

      Keena la regarda partir, quand elle entendit soudain des pas près d'elle, aussitôt elle reprit sa position de combat et regarda partout autour d'elle, mais une fois de plus, elle ne vit personne. Pourtant, elle sentait bel et bien une présence. Elle sentait qu'il y avait quelqu'un, mais elle ne voyait jamais personne.

-Par la queue du diable, fulmina-t-elle, je sais qu'il y a quelqu'un. Sortez, je sais que vous êtes là. Elle ne bougea plus et attendit, son ouïe à l'affût du moindre bruit et ses muscles tendus près à se défendre. Quand elle entendit des feuilles craquées de nouveau, elle se dirigea vers le bruit, les muscles toujours bandés et le souffle court. Mais après plusieurs mètres, ne voyant personne, elle fit demi-tour pensant qu'elle se faisait des films et prit la direction du quartier des Instituts, pour ensuite rentrer à la C.R.O.P.

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