Chapitre 11
Alors que Keena se dirigea pour aller déjeuner avec les autres sentinelles, elle se laissa une fois de plus emporter par ses pensées.
C'est quand même étrange ces rêves que j'ai fait à deux reprises. Sont-ils seulement des rêves ou des réminiscences de mon passé ? Si cela en est, comment ce fait-il que j'ai oublié ? Un incendie, quand même, ça marque les esprits, et en plus j'étais petite. Encore que, comme j'étais petite, peut-être que cela m'a tellement traumatisée que je l'ai enfouie dans ma mémoire au point de l'oublier. Mais non, je devrais m'en souvenir, ... à moins que ceux ne soient que des simples rêves. Mais je trouve cela bizarre tout de même... Et puis, non ce n'est pas possible, il n'y a pas que ces rêves, il y a ce flash aussi. Je ne dormais pas, j'étais bel et bien réveillée.
Il se trame quelque chose !
Réfléchissons, qu'est-ce que je sais sur moi-même ? J'ai eu un accident, ils m'ont soignée, je me suis cognée la tête, mais à par ça ? Qui suis-je ? Keena, une jeune sentinelle. Mais encore ? J'ai une famille, ça c'est sûr : un papa, une maman et peut-être une sœur.
Est-elle plus jeune ou plus vieille ? Pourquoi je ne me souviens pas d'elle ? Oh, ça fait comme...je suis dans le même cas.
Il faut vraiment que je parle à Sybille. Je suis sûre que j'ai subi quelque chose comme Kate. Il faut que j'en apprenne plus. Tout cela a forcement un lien avec les formatages et les Hybrides. Il faut que je comprenne.
Keena observa enfin autour d'elle, voir où elle se trouvait. Encore une fois, absorbée par ses pensées, elle ne regardait pas où elle marchait et se sont ses jambes qui la dirigeaient.
Elle cligna des yeux comme pour faire le point sur image, regarda les différents couloirs, les panneaux de directions et se rendit compte qu'elle était à côté des laboratoires. Elle allait faire demi-tour lorsqu'elle vu Sybille rentrer dans l'aile scientifiques.
Tiens, elle y va aussi. Elle est pourtant qu'un médecin, pas une scientifique.
Keena se dirigea vers la porte espérant pouvoir voir ce qui se passe à l'intérieur. Cependant, alors qu'elle avança vivement vers la porte, son nom retentit dans le couloir.
-Keena !
Elle s'arrêta net, telle une statue. La jeune femme fut prise d'une gêne, comme si elle était une petite fille prise la main dans le sac, alors qu'elle allait commettre une bêtise. Keena sentit sa température corporelle augmentée d'un coup et mit quelques secondes avant de se tourner vers la voix, qui l'avait interpellée. Mal à l'aise, elle finit par faire face à la silhouette.
-Oui ?
-Et bien Keena, que faites-vous, ici ? Vous n'avez pas à aller là, vous le savez. Dit-il sur un ton sec et réprobateur, accompagné d'un regard noir. Pouvez-vous m'expliquer ce que vous faites ici ?
-Euh...c'est à dire que je me dirigeais pour aller déjeuner, et puis... Est-ce que je lui dis pour mes rêves et le flash, est-ce que je lui dis que je voulais parler à Sybille et que je voulais la suivre, car je me demande ce qui se passe là-dedans.
Alors que Keena débattait avec elle-même intérieurement, Declan remarqua cet air absent chez-elle et son adorable minois se tordre dans tous les sens comme si elle avait peur ou honte de lui avouer quelque chose.
-J'ai compris, déclare le jeune homme un sourire diabolique aux lèvres.
Keena reprit aussitôt ses esprits, se crispa et le dévisagea avec de larges yeux, se demandant quoi.
-Quoi ? Pardon ?! Dit-elle confuse.
-Je vous demandez ce que vous faites, ici, alors que cette aile vous est interdite. Vous avez commencé par dire que vous alliez déjeuner, mais vous comme moi pouvons constater que vous êtes à l'opposé du réfectoire. Donc, je ne vois qu'une réponse possible.
Keena retint son souffle et afficha une expression de surprise mélangée à de la crainte à l'idée que son chef ai tout découvert, et commença :
-Je suis désolée, chef. Je sais, je ne devrais pas être là, souffle-t-elle désappointée, baissant les yeux au sol, mais...
-...mais vous avez encore laissé vos jambes prendre le contrôle, finit-il pour elle, sur un ton sévère. Je ne vous avais pas dit que je ne voulais plus que cela arrive ?
Troublée par sa phrase, elle releva la tête et le regarda.
-Alors ?
-Alors quoi, demanda-t-elle dans une incompréhension totale.
-Je ne vous avez pas dit que je ne voulais plus que cela arrive ?
-Hein ? Oh, oui ! En effet, chef, répondit-elle.
-Et qu'aviez-vous répondu ?
-Que cela n'arriverait plus, chef, dit-elle d'une voix qui descend de plus en plus comme son regard.
-Nous sommes donc d'accord, renchérit-il.
-Oui, chef.
Il eu un court silence, quand suivirent des ricanements étouffés. Keena releva sa tête et regarda autour d'elle, voir qui pouvait bien se moquer des remontrances qu'on lui faisait. Ne voyant aucune silhouette dans son champ de vision, elle releva son regard vers Declan. Mais celui-ci à la vue du regard de couleur vert-d'eau fixé sur lui, effaça immédiatement son large sourire et stoppa son rire.
Keena le regarda de biais, un air un peu suspect, n'étant pas sur de ce qu'elle cru apercevoir.
-Allez, mademoiselle, faites demi-tour et allez déjeuner, avant que je ne vous colle un avertissement.
-Oui, bien sûr, chef, répondit-elle avec politesse, tournant les talons en direction de l'aile des quartiers.
***
Alors que Keena se dirigeait vers le réfectoire, ses pensées la rattrapèrent et l'emmènent avec elles.
Quelle chance j'ai eu, il ne se doute de rien, il croit que je suis arrivée là-bas, car mes jambes m'y ont conduit. Merci, mes petites jambes. N'empêche, il y a quelque chose de bizarre et il faut que je découvre quoi.
Alors qu'elle s'arrêta pour voir où ses jambes l'avaient encore menée, elle se rendit compte qu'elle était devant le bureau de Sybille.
Non, ce n'est pas bien Keena, ne fais pas ça, tu vas t'attirer des ennuis. Toute façon, c'est peine perdue le bureau sera fermé.
Keena regarda tout autour d'elle, ne voyant personne, elle s'approcha de la porte du bureau du docteur.
-Eh ! La porte est ouverte, chuchota-telle d'étonnement pour elle-même.
La jeune femme poussa doucement la porte pour y entrer. Paff ! Fit un petit bruit, elle baissa les yeux et vit un livre parterre et s'exclama tout bas : « par le miracle du livre déserteur, cette porte n'a pas pu se fermer ».
C'est alors que la sentinelle se sentit épiée, elle jeta un œil discret en coin, mais ne vit rien, alors elle décida de regarder discrètement autour d'elle, mais toujours rien.
-Soit ! Je me fais des films, pensa-t-elle.
Elle entra et commença à ouvrir les tiroirs remplis de dossiers jusqu'à tomber sur celui qu'elle cherchait.
-Non, non, non, non. Bon sang, où est-il ?!
Elle continua sa recherche désespérée.
-Non, non, non, non, grommela-t-elle.
La petite détective improvisée ouvrit quatre tiroirs remplis chacun au moins de cinquante à cent dossiers, avant de parvenir à ses fins.
-Ah ! Eureka. Kate Nobel.
La sentinelle sortit le dossier et le posa sur le tiroir, pour plus de facilité à l'éplucher.
Alors, ma petite Kate que vais-je apprendre sur toi ? Kate Nobel, âge 30 ans, femme brune, yeux marrons, 1,70m. Oui, OK.
Allez, donnez-moi du plus croustillant, s'il vous plaît. Blablabla, lit-elle dans sa tête en survolant le dossier, suivant les lignes de son index. Blablabla, ouais, blablabla, blablabla. Ah ! Situation : Hybride instable, a subi trois formatages. Détails des déviances : conscience de la différence entre les choses normales et les vraiment normales, réminiscences de son passé d'Hybride et Civil. C'est quoi ce truc-là ? Hybride ? Civil ?
Keena se tut quelques secondes. Clac. Clac. Clac.
Mince quelqu'un arrive, je fais quoi ? J'ai pas tout lu. Il me faut plus d'infos.
La jeune intrépide en panique s'agita dans tous les sens dans le bureau, le dossier dans les mains ne sachant plus quoi faire. Elle tourna et retourna sur elle-même, et se dirigea vers la porte et regarda. Elle vit un homme, très grand, de stature plutôt musclée, les cheveux blond coupé très court, ce qui lui donne un air vraiment sévère et pas commode du tout, s'approcher à grand pas dans sa direction.
Merde, merde, merde, paniqua-t-elle !
-Monsieur, entendit-elle au loin. Elle jeta un œil et vit un homme interpeller le grand blond à l'air sadique.
Ni une, ni deux, Keena reposa le dossier sur le bureau de Sybille et en profita pour s'esquiver sans être vue. Un fois dans le hall principal, elle regarda en arrière et murmura « meeeeeerde le dossier ».
Elle resta fixée un moment sur l'aile de médecine, ne voyant personne à sa poursuite ; elle se dit que c'est bon et partit déjeuner pour de bon.
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