Chapitre 21.
Un garçon aux cheveux floraux se tenait devant le lycée Yuei, téléphone à la main. Il regardait les photos dans sa galerie. Il voulait s'occuper et apprendre à connaître la vie du propriétaire de ce téléphone. Himiko avait gardé l'apparence d'Izuku en ayant bu l'équivalent d'une tasse de son sang.
La veille encore, elle avait fait comme si rien n'était et avait passé la journée avec Ochaco et Tenya. Aujourd'hui, elle devait commencer le plan, c'est-à-dire, en apprendre plus sur les points faibles des professeurs et des élèves, et trouver un moyen de détruire l'école. Cet attentat serait d'une telle ampleur que tout le Japon s'écroulerait d'effroi. D'après leur estimation, si elle ne perdait pas de temps, les trois premiers jours d'infiltration, elle prendrait connaissance de tout ce qu'ils leur fallaient puis durant les deux jours qui suivraient, ils pourraient posés les bombes qu'ils avaient confectionné. Tout avait été planifié. La mission était simple mais efficace. Tout reposait sur les épaules de Himiko, qui ne devait surtout pas se faire repérer.
Elle fit défiler les photos. La grande majorité correspondait à des photos d'All Might. Il n'était pas difficile de comprendre qu'Izuku était un grand fan de ce héros. Elle retrouva des photos de lui avec ses amis, des sourires sur toutes les lèvres, d'autres où il était avec sa mère.
Une main se posa sur son épaule, l'incitant à lever les yeux sur son interlocuteur.
-Tu fous quoi, Deku?
Elle le reconnut de suite. Le blondinet aux yeux couleur de sa boisson favorite - à savoir, du sang bien frais - qui avait toujours cette mine renfrognée. Alors c'était lui, son petit-copain? Elle se dit que c'était tout à fait normal qu'elle ne l'eût pas compris plus tôt à en juger sa façon de lui parler. Il semblait agacé, ce qui ne donnait pas l'impression qu'ils s'entendaient bien. Elle jeta un regard autour d'eux. Personne aux alentours. Puisqu'ils sortaient ensemble, elle pensa qu'elle devrait tenter une approche.
Elle sourit, se penchant vers lui et déposa ses lèvres furtivement sur les siennes. Katsuki haussa un sourcil, ne s'attendant pas à recevoir un baiser de sa part.
-Qu'est-ce qui t'prend?
-Eh bien, je ne fais que dire bonjour à mon chéri, minauda-t-elle d'un air innocent.
Katsuki trouvait son comportement suspect, d'autant qu'ils s'étaient disputés sévèrement les jours précédents. Comment se faisait-il qu'Izuku se comportait aussi gaiement alors qu'il paraissait lui en vouloir du plus profond de son âme, deux jours plus tôt?
Il n'y fit pas très attention, se contentant de l'enlacer par le bassin, comblant l'espace qui les séparait et avec un sourire mutin, il l'embrassa avec force.
-T'es bien entreprenant, ce matin.
-Je voulais juste profiter un peu de toi, Katsuki, lui adressa l'imposteur, la bouche en cœur.
Le garçon à l'Alter d'explosion se figea à l'entente de son prénom. Il lança un regard ahuri à son copain tout en reculant. Peut-être jouait-il les amoureux transis mais qu'au fond, il lui en voulait toujours? Il se pinça les lèvres, se rappelant combien il avait été stupide de se comporter aussi lâchement juste pour ne pas lui faire part de sa douleur. Mais en jouant les insensibles, il risquait de perdre Izuku. Hors de question que cela se produisît même si les risques étaient de montrer ses faiblesses. Il le dévisagea tristement, n'osant plus le toucher.
-Tu m'en veux encore, n'est-ce pas?
Himiko comprit que quelque chose n'allait pas. Qu'avait-elle fait qui l'avait heurté? À tous les coups, Izuku ne lui avait pas parlé de certaines choses. Elle allait lui en faire baver à son retour.
-Je te l'ai pourtant dit hier. C'est oubl...
-Je sais bien que j'ai agi comme un con, le coupa-t-il. Je suis vraiment désolé...
Son regard avait changé. Il semblait en proie à une profonde détresse. Himiko crut avoir une autre personne devant elle. Comme quoi, l'amour peut changer la nature des individus.
-Ne t'en fais pas. Ça m'a fait mal quand tu en as parlé mais j'ai su remonter la pente. Tu étais énervé. Je sais bien que tes mots ont dépassé tes pensées.
Katsuki jeta des coups d'œil derrière lui. Les élèves commençaient à arriver. Il s'éloigna l'instant d'après.
-Allons plus loin. J'voudrais te parler au calme.
Sur ces mots, ils se dirigèrent vers l'arrière du bâtiment, dans leur petit coin intime. Le regard attristé de Katsuki n'avait pas échappé à Himiko qui faisait très attention à ne pas paraître suspecte. Traîner avec le petit-ami d'Izuku n'était vraiment pas la meilleure des solutions car c'était avec lui qu'elle risquait le plus de problèmes. Elle ne savait pas comment se comporter, ne savait pas quelle limite dépasser. Le moindre faux pas pouvait l'alerter, et le plan de son organisation partirait en fumée.
Katsuki regarda longuement son amour, le regard peiné. Puis, sans crier gare, il l'attrapa dans ses bras. Pendant une demi-seconde, elle ne sut comment réagir. Izuku ne lui avait-il pas dit qu'il était du genre distant? Elle sentit sa respiration dans son cou et comprit qu'il cherchait à s'apaiser. Elle passa alors ses bras dans son dos et ils restèrent immobiles quelques instants.
-J'me suis comporté comme un imbécile. T'as pas à subir mes sautes d'humeur. J'ai été vraiment con, putain...
-C'est bon... Ne t'en fais pas, je te dis. D'accord, ce que tu m'as dit m'a fait très mal. T'as touché une corde sensible mais je ne t'en veux pas.
-Je ne pensais pas que ça t'aurait touché à ce point, avoua-t-il mollement, sans briser leur étreinte.
-Excuse-moi mais dire que c'est de ma faute si mon père s'est barré de la maison, c'était évident que ça m'aurait touché.
Encore une fois, quelque chose n'allait pas. De quoi parlait-il? Il se comportait de manière étrange depuis la veille. Sur le coup, il voulut lui demander des explications mais il se ravisa. Il avait un mauvais pressentiment. Il se sépara doucement d'Izuku et le fixa longuement. Il observa les moindres traits de son visage, à la recherche d'un détail qui le percuterait. Mais rien. Ses grands yeux rappelant les prés, sa peau blanche parsemée de taches de rousseur. Il prit également le temps de les compter. Toujours vingt-trois. Peut-être que cette personne ressemblait parfaitement à Izuku, mais ce n'était pas lui. Il lui attrapa les joues, le forçant à le regarder dans les yeux.
-Dis-moi que tu m'aimes.
-Hein...?
-Dis-le-moi, Deku.
Ils ne rompirent pas le contact visuel. Himiko se dit simplement qu'il avait besoin de se rassurer alors elle s'exécuta, se forçant pour que cela parût réel.
-Katsuki, je t'aime de tout mon cœur.
Elle accompagna sa déclaration d'un sourire rayonnant, le même qu'Izuku faisait quand il était sincère. Cependant, même s'il semblait réellement l'aimer, il n'avait pas employé son surnom.
Ce n'était pas Izuku.
Il l'attrapa par la main et lui proposa d'aller en classe.
Le ventre d'Izuku criait famine. Il se sentait affaibli. Poignets et chevilles menottés, il ne pouvait rien faire pour s'en sortir. Tandis qu'il se trouvait seul, il cherchait à prendre appui sur le mur avec son dos pour se mettre debout. Il était parvenu à le faire tard dans la nuit dernière mais il ne pouvait rien faire de plus. S'il avançait, il risquait de tomber. Et longer le mur semblait trop risqué. Toutes les trente minutes, l'un des vilains venait dans sa prison pour s'assurer qu'il n'avait pas bougé. Il avait plusieurs fois tenté de se défaire de ses menottes, mais rien n'y faisait.
Il avait tellement froid qu'il sentait ses orteils se frigorifier. Il ne parvenait plus à les bouger. Ils n'étaient plus que des cailloux inertes. Son t-shirt était humide au dos et puait la transpiration. Son caleçon aussi n'était pas sec. Le sol était mouillé depuis qu'il s'était réveillé dans cet entrepôt abandonné. L'humidité lui picorait les fesses et il ne pouvait s'empêcher de se dandiner afin de se soulager.
Il passait le plus clair de son temps à dormir, attendant inlassablement que l'on vînt le délivrer. Il faisait confiance à Katsuki. Il le savait perspicace alors le moindre faux pas de la part de Himiko lui mettrait la puce à l'oreille. Et puis, il était évident que celle-ci ne penserait à l'appeler "Katchan". Il comprendrait de suite.
Alors même si la situation paraissait insurmontable, il gardait espoir. Katsuki viendrait à son secours et il pourrait dire adieu aux vilains.
Himiko salua Ochaco et Tenya d'un signe de main enthousiaste et s'éloigna, prenant un chemin qu'Izuku ne prenait jamais habituellement. Cela conforta Katsuki dans l'idée qu'il y avait anguille sous roche. Il avait décidé de le suivre discrètement. Plusieurs mètres les séparaient et l'imposteur ne semblait pas avoir remarqué sa présence. Il commença à s'inquiéter de l'état d'Izuku. Si celui qu'il suivait n'était pas cet adolescent au regard flamboyant, où se trouvait-il? Peut-être était-il en danger et cela ne fit que lui créer une sensation de brûlure dans ses paumes. L'essentiel était de s'assurer que ses hypothèses étaient vraies ou fausses. Était-ce un imposteur ou justement, son Izuku mais qui agissait étrangement? Il espérait au plus profond de lui que ce fût la seconde option, bien que les preuves qu'il avait emmagasiné jusqu'à présent démontraient le contraire.
Soudain, le garçon qu'il suivait se mit à vaciller, se tenant le front comme s'il était pris d'une migraine. Bien qu'il était loin, il put remarquer que de longues larmes beiges coulaient de son visage. Il fut pris d'un spasme de dégoût. Qu'arrivait-il à cet individu qu'il suivait? Celui-ci accéléra le pas et Katsuki fut dans l'obligation d'en faire de même. Izuku s'arrêta devant un entrepôt délabré, à l'extrémité de la ville. Que faisait-il à l'intérieur? Il ouvrit la grande porte rouillée, jeta un œil derrière lui et referma la porte.
Katsuki, qui était caché un peu plus loin, avait remarqué que la moitié du visage de son petit-copain avait laissé place à celui d'une fille aux traits fins et à l'œil doré.
Très bien. Le jeune héros eut très envie de s'infiltrer dans ces locos. Mais il se dit que cette action ne ferait que porter préjudice à son petit-ami, s'il se trouvait à l'intérieur. Il préféra retourner sur ses pas pour rejoindre le lycée afin de prévenir son professeur principal, M. Aizawa. Les seules personnes susceptibles de secourir Izuku sans encombre n'étaient autre que les héros professionnels.
Tout ce qu'il espérait était qu'Izuku tiendrait le coup en attendant l'arrivée des secours.
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