Chapitre 20.
Izuku était totalement décontenancé. Comment se faisait-il qu'une personne possédait à la fois son apparence et son nom? Il n'en croyait pas ses yeux. Il comprit finalement la supercherie quand son jumeau maléfique se désagrégea. Il aurait dû s'en douter puisqu'il s'était déjà fait avoir par cet Alter. Himiko Toga lui apparut, le regard luisant comme un chat prêt à attaquer.
Le prisonnier se rendit alors compte de la gravité de la situation. Si elle prenait son apparence en journée, alors personne ne se rendrait compte qu'il avait disparu. La panique se répandit dans ses veines comme une traînée de poudre. Elle paraissait bonne actrice, par ailleurs. Quand elle se comportait en cet homme d'affaire, il n'y avait vu que du feu. Jamais il ne se serait douté qu'il s'agissait en réalité d'une jeune fille complètement folle.
Plus qu'à espérer qu'elle fût un faux pas et que ses proches se rendissent compte qu'il ne se comportait pas normalement. Mais ils semblaient avoir tout prévu.
-Alors, du nouveau?
-Pour l'instant, je n'ai pas encore pu trouver les informations qui nous intéressent. Il fallait que je me fonde dans le décor pour ne pas me faire repérer.
Tout à coup, elle réfugia sa main dans son décolleté et en ressortit un papier qu'elle tendit à Izuku, qui cherchait à comprendre quelles étaient leurs intentions.
-J'ai réussi à choper cette fiche en salle des profs. C'est la liste de tous les élèves de la classe 1-A. J'ai peut-être leur nom mais je ne connais pas ta relation avec eux.
Elle s'accroupit pour se retrouver à sa hauteur et lui lança un regard assuré, son sourire de cinglée ayant disparu subitement.
-Je veux que tu me dises quelle relation tu entretiens avec chacun d'eux. Et tu n'as pas intérêt à baratiner sinon je te vide de ton sang.
Face à cette menace, un frisson désagréable se propagea le long de sa colonne vertébrale. Elle semblait vraiment sérieuse et cela le déstabilisa qu'elle pût changer d'expression faciale en aussi peu de temps. Elle se mit à lui sourire l'instant d'après.
-C'est bien compris? lui demanda-t-elle d'une voix enjouée.
Il ne pouvait pas refuser. Sa vie serait en danger. Mais que ferait un héros dans cette situation? Il ne pouvait pas se permettre de mettre l'école en danger. La future génération de héros risquerait d'en pâtir s'il lui arriverait quoi que ce soit. Mais aussi, le fait qu'un élève de Yuei se fît liquider par des vilains ne risquerait-il pas de ternir l'image de l'école? Il devait absolument s'extirper de leurs griffes, en leur empêchant d'accomplir leur mission qui lui était encore inconnue. Cela ne risquerait pas d'être facile mais il devait faire tout son possible pour sauver tout le monde.
-J'accepte.
Il s'était résigné à leur donner un coup de main mais il savait que s'il ne donnait pas toutes les informations qu'ils attendaient de lui, peut-être qu'il aurait une chance de les coincer.
-Alors, parmi eux, qui fait parti de ton cercle d'amis?
Elle posa la feuille à plat sur le sol. Izuku dut se redresser pour pouvoir reconnaître les visages de ses camarades. Il prit le temps de réfléchir à la situation. Que dire et que garder pour soi?
-Uraraka Ochaco, la brune en haut à droite, et Iida Tenya, juste à côté. Ce sont les personnes avec qui je passe le plus de temps.
Shigaraki jeta un coup d'œil à Himiko, cherchant à lui demander confirmation.
-Il ne ment pas. Ils sont restés avec moi toute la journée.
Le chef de la bande se contenta de hocher la tête puis l'interrogatoire se poursuivit.
-Il y a des personnes auxquelles tu ne t'entends pas bien?
Aucune utilité à lui mentir à ce propos.
-Je m'entends bien avec toute la classe. Il y a une bonne ambiance.
-Une petite-copine?
Izuku se mit à réfléchir intensément. De toute la classe, seul son petit-ami pourrait se rendre compte de quelque chose. Ils se connaissaient très bien après tout le temps qu'ils avaient passé ensemble, en cachette. De plus, ils s'étaient disputés il y avait peu. Peut-être que Katsuki allait se rendre compte que quelque chose n'allait pas? Himiko n'était pas censée savoir qu'ils étaient en froid. Avec un peu de chance, si elle ne s'était pas approchée de lui, Katsuki aurait remarqué que quelque chose n'allait pas. Dans le cas contraire, s'il l'avait abordée dans le but de s'excuser - possibilité infime, connaissant le caractère trop fier de son chéri -, il aurait remarqué que sa façon de se comporter était contradictoire à celle de la veille. Izuku avait été très remonté contre lui. Peut-être que si Himiko avait agi innocemment, Katsuki se serait mis sur ses gardes?
-J'ai un copain: Bakugo Katsuki, le blond à la dernière ligne. Mais notre relation est gardée secrète.
Pendant quelques secondes, les vilains se turent. Ils paraissaient pensifs.
-Il t'a abordé aujourd'hui, Toga?
-Oui, mais il avait l'air sur la réserve.
-Il est du genre à cacher ses sentiments, se justifia Izuku, essayant de masquer son trouble.
Himiko le fixait intensément. Elle avait toujours ce sourire qui aurait fait pleurer n'importe quel enfant.
-Et moi qui croyait que tu étais avec la petite brune, jubila-t-elle, cachant sa bouche avec sa longue manche. Je comprends mieux ce regard insistant qu'il m'avait lancé à la fin de notre petite conversation.
-De quoi avez-vous parlé? osa demander le jeune héros.
-Il m'a demandé si je lui en voulais. Je n'ai pas compris de quoi il voulait parler alors j'ai dû me débrouiller pour feindre que tout allait bien.
Izuku échafauda un plan à la vitesse de la lumière. Il y avait une piste à creuser. Il était évident qu'ils allaient lui demander de quoi avait parlé son petit-ami pour que Himiko pût se fondre davantage dans le décor. Il fallait trouver un prétexte, afin que lorsque son imposteur en parlera à Katsuki, celui-ci se rendra compte que quelque chose n'allait pas. Ses méninges tournaient à plein régime. Vite vite. Trouver une idée.
-J'aimerais savoir de quoi il parlait pour ne pas me faire avoir la prochaine fois. De quoi parlait ton copain, Izuku?
Il se racla la gorge, le dos parsemé de sueur, refroidie par la fraîcheur de la pièce. Il analysa la situation. La seule idée qui lui était parvenue ne lui convenait pas vraiment. Mais il n'avait plus le temps d'en trouver une autre. Pas le choix. Il n'avait pas d'autres mensonges sous la main.
-On s'est disputé pour une broutille. Ça arrive à tous les couples, non?
-Sois plus précis.
Son palpitant allait le lâcher s'il ne parvenait pas à se calmer d'ici les prochaines minutes.
"Sois convaincant... Sois convaincant..."
-J'ai des problèmes familiaux et il m'a fait du mal lors d'une dispute en me disant que c'était à cause de moi si mon père n'était jamais à la maison. Je lui en ai voulu et nous n'avons pas eu l'occasion de nous revoir pour qu'il s'excuse.
Quelque part, cette situation était réelle. Depuis qu'il était tout petit, son père n'était présent que très rarement. Il était toujours en déplacement, selon les explications de sa mère quand il était sorti du coma. Mais il n'en connaissait pas les raisons alors il s'était mis à penser que c'était à cause de lui. En réalité, il n'en savait rien. Mais puisqu'il ne savait pas bien mentir, s'appuyer sur de vrais fondements lui permettait d'avoir de la sincérité dans sa voix. Il espérait simplement que Katsuki se rendrait compte de la supercherie mais aussi qu'il ne réagît pas de façon suspecte. De plus, entre cette fausse dispute et un autre élément, Katsuki allait forcément se douter de quelque chose.
Ils continuèrent à lui poser des questions sur ses habitudes. À la fin, Himiko sortit une imposante seringue de son sac de cours et attrapa le bras gauche du prisonnier qui fut pris d'un sursaut face à cette soudaine brutalité. Son pouls s'accéléra et il se débattit comme il put.
-Qu'est-ce que vous allez faire!? cria-t-il presque.
-J'ai besoin de ton sang pour ma métamorphose. Ne bouge pas, ça va aller vite.
Il sentit une piqûre dans sa fosse cubitale et il n'osa plus bouger, de peur que l'opération ne se passât pas correctement. Son cœur résonna dans tout son être. À en juger de la quantité de sang qu'elle venait de prendre, cela devait faire l'équivalent 0,2 litre.
-Avec ça, je devrais tenir jusqu'à demain soir.
Quand elle retira l'aiguille, il sentit des fourmillements au niveau du pli de son coude. Il jeta un coup d'œil à son bras et du sang continuait de s'en extraire par petites gouttes. Il chercha à frotter la plaie contre son t-shirt gris afin d'essuyer ce filet rouge. Il maintint cette position, attendant que le sang terminât de coaguler.
-Bon, je vais y aller, annonça la jeune fille en regardant l'heure sur le téléphone d'Izuku - qui était devenu le sien, désormais. Maman Midoriya risque de s'inquiéter.
-C...Comment connais-tu mon adresse?
Elle lui adressa un regard enflammé tout en avalant son sang comme s'il s'agissait de l'eau de source. Après avoir tout englouti jusqu'à la dernière goutte, elle poussa un soupir d'aise puis lui répondit, tout sourire.
-Ne me dis pas que tu n'avais pas remarqué que l'homme qui t'espionnait depuis quelques jours t'avait suivi jusqu'à chez toi? Je ne m'attendais pas à ce que je sois aussi discrète. J'avais pourtant remarqué ton regard effrayé.
Alors il n'était pas fou. Cet homme - qui n'était autre que Himiko - l'avait bel et bien pris pour cible depuis le départ. Mais cela signifiait qu'ils avaient planifié ce plan depuis longtemps. Ils étaient donc parés à toutes les éventualités. Un nœud se forma dans son estomac.
S'en sortir ne serait décidément pas si simple...
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